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Les modalités de la relation

«Qu'il m'embrasse à pleine bouche ! Car tes caresses sont meilleures que du vin 1.»

Le Cantique des cantiques célèbre en ces termes la réalité charnelle de la relation. Le baiser et la caresse appartiennent à cet univers symbolique de la reconnaissance mutuelle. Ils constituent les prémices de l'union des corps. La séquence des gestes varie d'un couple à l'autre en fonction d’un rituel symbolique et d’une créativité propres à chacun. Dans la phase de (re)connaissance réciproque, D. Morris propose la séquence suivante :

«Les yeux sur le corps : la phase du regard. Yeux dans les yeux : le regard mutuel, ou saisir le regard de l'autre. Voix mêlées : la phase de la parole. Main dans la main : premier contact. Le bras sur l'épaule et sur la taille. Bouche contre bouche : le baiser. La main sur les parties génitales. La pénétration 2 .»

Ces différents événements s'échelonnent dans le temps. Trois d'entre eux relèvent plus particulièrement des relations sexuelles : le baiser, la caresse et l'union des corps.

A - Le baiser

Le baiser a de multiples significations. Les parents témoignent de leur amour pour leur enfant en l'embrassant. Il symbolise la réconciliation (Jacob et Esaü, Gn 33, 4), le pardon (l'enfant prodigue, Lc 15, 20), la salutation (par un saint baiser, 1Co 16, 20), ou encore la trahison (Judas, Mt 26, 48-49). Le baiser à pleine bouche, pour reprendre l'expression du Cantique des cantiques, symbolise l'amour, le désir, le don et l'accueil entre un homme et une femme.

B - La caresse

La caresse est un toucher sensuel ou érotique qui a pour objet d’éveiller la volupté du corps. J.-P. Sartre affirme que la caresse est une tentative d'incarnation du corps de l'autre :

«La caresse n'est pas simple effleurement : elle est façonnement. En caressant autrui, je fais naître sa chair par ma caresse, sous mes doigts. La caresse est l'ensemble des cérémonies qui incarnent autrui 6 .»

C - L'union des corps

L’union des corps marque à la fois un aboutissement et un commencement. Elle célèbre un passage, car rien de plus ne pourra désormais être offert à l’autre. N’est-elle pas en cela une forme de mort que la couple devra apprendre à ressusciter ? La vie même du couple en dépend. Si l’union des corps est une forme de mort/résurrection, donc de mystère pascal, elle peut d’abord être envisagée comme une incarnation de la parole originelle et un don réciproque des corps.

Citations

1 .Ct 1, 2.
2 . D. MORRIS, La clé des gestes, Grasset, 1978, p. 247.
6 . J.-P. SARTRE, L'être et le néant, Gallimard, 1983, p. 440.

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