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L'Esprit

Introduction : Mille visages

L'Esprit est ce qu'il y a de plus intime et de plus caché en Dieu. Il est insaisissable, sans forme, ni visage, ni nom propre. Son nom (hébreu ruah, grec pneuma, latin spiritus) est un nom commun emprunté aux événements naturels du vent et de la respiration. L'Esprit n'est pas maîtrisable. Comme le vent, il souffle où il veut (Jn 3, 8).

Il échappe à toute emprise du savoir. Il ne se laisse enfermer dans aucune image. Il est le Dieu inexprimable et insondable. Il est le Dieu inconnu et inconnaissable qui pénètre l'homme et la femme dans leur chair, afin de les transformer. L'Esprit est au commencement de toute chose. Il est le signe invisible de la parole. Il est source de liberté et de communion.

Si, dans l’Ecriture, l’action de l’Esprit-Saint est signalée à chaque étape de l’histoire du salut, lui-même semble vouloir rester dans l’ombre. Saint Augustin remarque qu’à la différence du Père et du Fils, on n’a guère étudié son « caractère propre », ni scruté son mystère. Son visage se dérobe. Ce qu’il est, c’est son secret. Il n’est pas étonnant que, chez les théologiens, il passe pour l’"inconnu", ou le « méconnu ». Pour ainsi dire vidé (kénose) des « traits d’une personne particulière », il ne se rend visible qu’au moyen de symboles : le souffle, le vent, le feu, la colombe... Marcel NEUSCH.

Israël fait montre d'originalité quand il parle d'une rûah de Dieu; car même si, dans le Proche-Orient ancien, il y a divinisation du vent (Amon-re en Egypte) ou si le vent est considéré comme un instrument de la divinité (dans les cultures mésopotamiennes, par exemple), on ne parle jamais du dieu comme ayant un esprit. L'origine de l'attribution de la rûah à Dieu en Israël demeure toutefois problématique. Est-elle anthropomorphique, où l'être humain, devenu conscient de son propre souffle (respiration), aurait ensuite attribué un souffle à Dieu, comme on lui a attribué des mains, un visage, etc? ou théomorphique, où la rûah étant d'abord de Dieu, est transmise à l'être humain, la rûah de l'être humain n'étant rien en elle-même, mais dérivée de celle de Dieu ? Odette Mainville, De la rûah hébraïque au pneuma chrétien.

Le nom "Esprit saint"

Les symboles de l'Esprit saint

  • Souffle : le souffle de Dieu planait sur les eaux
  • Nuée : La nuée lumineuse ou bien obscure. Elle conduit Israël dans le désert (Exode 13, 20-22), elle demeure au sommet du Sinaï et dans le cœur de Moïse (Exode 24, 12-18), et elle apparaît au sommet de la « haute montagne » de la Transfiguration (Luc 9, 34-35)
  • Colombe : baptême de Jésus (Matthieu 3, 16)
  • Eau : source de vie, eau vive de la Samaritaine, eau du baptême
  • Huile : onction
  • Feu : les langues de feu de la Pentecôte
  • Paraclet (avocat, défenseur) : (Jean 14, 26)
  • De multiples appellations

  • Esprit saint (Lc 11,13)
  • Esprit de sainteté (Rm 1,4)
  • Esprit de vérité (Jn 14,17)
  • Esprit d’adoption (Rm 8,15)
  • Esprit de grâce et de supplication (Za 12,10)
  • Esprit de Dieu (Gn 1,2)
  • Esprit de vie (Rm 8,2)
  • Esprit de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance et de crainte de l’Éternel (Is 11,2)
  • Esprit "saint"

    Parmi les trois personnes de la Trinité, l’Esprit est le seul à être qualifié de «saint». On aurait pu faire référence au Père très saint, par exemple, ou au Fils plein de sainteté. Eh bien non. Seul l’Esprit est dit «saint». Pourquoi ce traitement particulier ? Sans doute parce qu’il n’y avait pas d’équivoque possible pour le Père et le Fils, mais que le terme esprit avait plusieurs significations et qu’il fallait dégager un sens tout neuf.

    Ps 51,11 Détourne ton regard de mes péchés, Efface toutes mes iniquités. 12 O Dieu ! crée en moi un coeur pur, Renouvelle en moi un esprit (ruah) bien disposé. 13 Ne me rejette Pas loin de ta face, Ne me retire pas ton esprit saint (ruah qad-se). 14 Rends-moi la joie de ton salut, Et qu'un esprit de bonne volonté me soutienne !

    Jg 9,23 puis Dieu envoya un esprit mauvais entre Abimélek et les propriétaires de Sichem et les propriétaires de Sichem devinrent infidèles à Abimélek.

    1S 16,14 L'esprit de l'Eternel se retira de Saül, qui fut agité par un mauvais esprit venant de l'Eternel.

    Mc 5, 1-20 Esprit impur, sors de cet homme !

    Dans la langue hébraïque, la racine QDS donne qadosh et qodesh, duel qui désigne le sacré et la sainteté dans l’Ancien Testament. La racine de base sémitique QD signifie « couper », « diviser », « séparer ». La racine QDS a donné hagios et hieros en grec, puis sacer et sanctus en latin, enfin sacré et saint en français. Est saint ce qui appartient à Dieu : temple saint, saint nom, saintes assemblées, nation sainte…

    Ez 39,7 Je ferai connaître mon saint nom au milieu de mon peuple d'Israël, et je ne laisserai plus profaner mon saint nom; et les nations sauront que je suis l'Eternel, Le Saint en Israël.

    Dt 28,9 Tu seras pour l'Éternel un peuple saint, comme il te l'a juré, lorsque tu observeras les commandements de l'Éternel, ton Dieu, et que tu marcheras dans ses voies.

    Comment reconnaître l'Esprit de Dieu ?

    1Jn 4,1 Mes bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s’ils sont de Dieu ; car beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde. 2 A ceci vous reconnaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu, 3 et tout esprit qui divise Jésus n’est pas de Dieu ; c’est l’esprit de l’antichrist,

    Esprit et vie

    Notion physique de l'Esprit (ruah)

    Le mot hébreu ruah revêt de multiples significations : vent, souffle, air, humeur, esprit mauvais ou impur…

    Le mot hébreu ruah exprime à l’origine l’idée de vent qui soulève les flots, qui agite les arbres, le vent créateur du mouvement où l’homme primitif trouva sans doute sa première émotion religieuse : ce qui remue est animé.

    Le vent frappait aussi l’imagination parce qu’il révélait sa présence dans l’invisibilité, l’immatérialité et le mystère.

    Gn 3,8 Or ils entendirent la voix du SEIGNEUR Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour.

    Jr 2,24 Une ânesse sauvage habituée à la steppe ! En chaleur, elle renifle le vent ; son rut, qui peut le refouler ? Tous ceux qui la cherchent n’ont pas à se fatiguer, ils la trouvent en son mois.

    Jb 37,21 On ne peut fixer le soleil qui resplendit dans les cieux, lorsqu'un vent passe et en ramène la pureté.

    Ex 14,21 Moïse étendit sa main sur la mer. Et l'Eternel refoula la mer par un vent d'orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent.

    Os 8,7 Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête.

    Nb 11,31 L'Eternel fit souffler de la mer un vent, qui amena des cailles, et les répandit sur le camp.

    Ps 1,4 Il n'en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe.

    Ps 18,11 Il (le Seigneur) était monté sur un chérubin, et il volait, Il planait sur les ailes du vent.

    Qoh 1,6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.

    Jn 1,4 Mais l'Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s'éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage.

    Jn 3,8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient et où il va…

    https://emcitv.com/bible/strong-biblique-hebreu-ruwach-7307.html

    Au commencement de la vie

    Gn 1,1 Commencement de la création par Dieu du ciel et de la terre. La terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle (ruah) de Dieu planait à la surface des eaux.

    Gn 2,7 Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine (nismat) de vie, et l’homme devint un être vivant (néfesh haya).

    Jb 33,4 L'esprit (ruah) de Dieu m'a créé, Et le souffle (nismat) du Tout-Puissant m'anime.

    Jb 17,1 Mon souffle (ruah) se perd, Mes jours s'éteignent, Le sépulcre m'attend.

    Ps 33,6 Les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel, Et toute leur armée par le souffle (ruah) de sa bouche.

    Ps 31,6 Je remets mon esprit (ruah) entre tes mains

    Ps 104,29 Tu caches ta face : ils sont tremblants (les animaux); Tu leur retires le souffle (ruah) : ils expirent, Et retournent dans leur poussière. 30 Tu envoies ton souffle (ruah) : ils sont créés, Et tu renouvelles la face de la terre.

    Qoh 3,19 Car le sort des fils de l'homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme meurt l'un, ainsi meurt l'autre, ils ont tous un même souffle (ruah), et la supériorité de l'homme sur la bête est nulle; car tout est vanité. 20 Tout va dans un même lieu; tout a été fait de la poussière, Et tout retourne à la poussière.

    Qoh 12,1 Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse… 7 avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l'esprit (ruah) retourne à Dieu qui l'a donné.

    Sg 15, 7 (grec) Ainsi ce potier (idolâtre) qui pétrit laborieusement de la terre molle… 11Car il ignore celui qui l’a façonné, qui a soufflé en lui une âme (psychè) active et insufflé un esprit (pneuma) qui fait vivre.

    Ez 37,1La main de l'Éternel fut sur moi, et l'Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements. 2Il me fit passer auprès d'eux, tout autour; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs. 3Il me dit: Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre? Je répondis: Seigneur Éternel, tu le sais. 4Il me dit: Prophétise sur ces os, et dis-leur: Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel! 5Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel, à ces os: Voici, je vais faire entrer en vous un esprit, et vous vivrez; 6je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. Et vous saurez que je suis l'Éternel. 7Je prophétisai, selon l'ordre que j'avais reçu. Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os s'approchèrent les uns des autres. 8Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les couvrit par-dessus; mais il n'y avait point en eux d'esprit. 9Il me dit: Prophétise, et parle à l'esprit! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent! 10Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse.

    Lc 1,35 L'ange lui répondit : « L'Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira comme d'une ombre. C'est pourquoi l'enfant qui va naître sera saint, on l'appellera Fils de Dieu.

    Mt 1,18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.

    Rm 8, 11 Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

    L'intériorité

    Ps 142,4 Mon esprit est abattu au dedans de moi, Mon coeur est troublé dans mon sein. 5 Je me souviens des jours d'autrefois, Je médite sur toutes tes oeuvres, Je réfléchis sur l'ouvrage de tes mains. 6 J'étends mes mains vers toi; Mon âme soupire après toi, comme une terre desséchée. 7 Hâte-toi de m'exaucer, ô Eternel ! Mon esprit se consume. Ne me cache pas ta face !

    Pr 15,4 La langue douce est un arbre de vie, Mais la langue perverse brise l’âme (ruah).

    Les destinataires de l’Esprit dans l’A.T.

    L'élection

    A la différence de la Nouvelle Alliance, l’Esprit n’était accordé qu’à certains ; à savoir sur ceux qui avaient un ministère, une fonction particulière. Ainsi, il est donné aux 70 anciens d’Israël, aux chefs et aux rois du peuple (à Moïse, Josué, aux différents juges, à Saül, David), à ceux qui sont responsables de la construction du Tabernacle ; aux prophètes (pour transmettre la Parole de Dieu).

    En cela il y a une grande différence avec la Nouvelle Alliance : le Saint Esprit venait sur certains hommes mais ponctuellement. Il est dit, par exemple, à propos de Samson : « L’Esprit de l’Eternel commença à l’agiter » (Juges 13,25) ; ou d’Ezéchiel : « Dès que le Seigneur m’eut adressé ces paroles, l’Esprit entra en moi » (Ezéchiel 2,2), « L’Esprit entra en moi et me fit tenir debout. Et l’Eternel me parla » (Ezéchiel 3,24). Dieu leur accordait cette grâce pour un but précis (annoncer sa Parole, gouverner le peuple) mais cela se limitait à cette responsabilité. L’action du Saint Esprit était incomplète par rapport à la période qui commencera à la Pentecôte.

    Jg 3.10 L'esprit du SEIGNEUR fut sur lui et il jugea Israël.

    Jg 6.34 L'esprit du SEIGNEUR revêtit Gédéon, qui sonna du cor, et le clan d'Avièzer fut convoqué à le suivre.

    Jg 11.29 L'esprit du SEIGNEUR fut sur Jephté.

    Jg 13.25 C'est à Mahané-Dan, entre Çoréa et Eshtaol, que l'esprit du SEIGNEUR commença à agiter Samson.

    Jg 14.6 L'esprit du SEIGNEUR pénétra en lui et Samson, sans avoir rien en main, déchira le lion en 2 comme on déchire un chevreau.

    Jg 14.19 Alors l'esprit du SEIGNEUR pénétra en lui. Samson descendit à Ashqelôn, tua 30 de ses habitants…

    Jg 15.14 Lorsqu'il arriva près de Lèhi, les Philistins vinrent à sa rencontre en poussant des cris, mais l'esprit du SEIGNEUR pénétra en lui (Samson) : les cordes qui étaient sur ses bras devinrent comme des fils de lin consumés par le feu et ses liens se décomposèrent autour de ses mains.

    L’annonce de la nouvelle alliance

    Plusieurs prophéties allaient dans ce sens : un jour, le peuple de Dieu connaîtra une dimension plus profonde. Le Saint Esprit sera répandu sur tous et non plus sur certains seulement :

    Par la suite, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur tout être humain. Vos fils et vos filles deviendront prophètes, je parlerai par des rêves aux plus âgés parmi vous et par des visions à vos jeunes gens. Même sur les serviteurs et sur les servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là… Alors toute personne qui fera appel au Seigneur sera sauvée.» (Joël 3,1-5)

      Puis, d'en-haut, le Seigneur répandra sur nous son Esprit. Alors le désert deviendra un verger et le verger une forêt. Le droit sera chez lui dans ces terres aujourd'hui désertiques, et la justice régnera dans le verger. La justice produira la paix, elle créera pour toujours la tranquillité et la sécurité. Mon peuple habitera une oasis de paix, il vivra en sécurité, au repos et sans souci. (Is 32,15-18)

      « Le Libérateur va venir pour ceux qui se convertiront de leurs péchés, l’Eternel le déclare. Voici l’alliance que je fais avec eux : mon Esprit ne se retirera pas de toi, ni de tes enfants, ni des enfants de tes enfants, dit l’Eternel, dès maintenant et à jamais » (Is 59,20-21).

      Je répandrai sur vous une eau pure, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre cœur dur comme la pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit et je ferai de vous des gens qui vivent selon mes lois et qui obéissent à mes commandements pour les appliquer (Ez 36,25-32).

    Les dons de l'Esprit

    Les 6/7 dons de l'Esprit chez Isaïe

      Is 11,1 Puis un rameau sortira du tronc d'Isaïe, Et un rejeton naîtra de ses racines. 2 L'Esprit (ruah) de Dieu reposera sur lui : Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel.

      Dans le texte hébreu, comme dans la traduction française, il n'y a que 6 dons. Mais dans la traduction grecque de la Septante (IIe siècle av. J.-C.), comme dans la traduction latine (IVe siècle ap. J.-C.), les traducteurs ont utilisé deux mots différents pour traduire la crainte du Seigneur, à la fin du verset 2 et au début du verset 3 : eusebeia et phobou (en grec), pietatis et timoris (en latin). Les traducteurs de la Septante avaient déjà fait ce choix en Proverbe 1,7, n'hésitant pas à dédoubler le verset hébreu pour rendre compte dans leur langue de la richesse de signification du mot hébreu qui signifie à la fois la piété et la crainte. Cela fait donc 7 dons.

    La sagesse

      Dt 34,9 Josué, fils de Noun, était rempli d'un Esprit de sagesse, car Moïse lui avait imposé les mains.

    Sg 7,22 Car il y a en elle (la sagesse) un esprit (pneuma) intelligent, saint, unique, multiple, subtil, mobile, distinct, sans tache, clair, inaltérable, aimant le bien, diligent, 23indépendant, bienfaisant, ami de l’homme, ferme, assuré, tranquille, qui peut tout, surveille tout et pénètre tous les esprits, les intelligents, les purs, les plus subtils. 24Aussi la Sagesse est-elle plus mobile qu’aucun mouvement, à cause de sa pureté, elle passe et pénètre à travers tout. 25Elle est un effluve de la puissance de Dieu, une pure irradiation de la gloire du Dieu souverain ; c’est pourquoi nulle souillure ne se glisse en elle.26Elle est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache de l’activité de Dieu et une image de sa bonté. 27Comme elle est unique, elle peut tout ; demeurant en elle-même, elle renouvelle l’univers et, au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes. 28Car seuls sont aimés de Dieu ceux qui partagent l’intimité de la Sagesse. 29Elle est plus radieuse que le soleil et surpasse toute constellation. Comparée à la lumière, sa supériorité éclate : 30la nuit succède à la lumière, mais le mal ne prévaut pas sur la Sagesse.

      La sagesse : elle fait goûter la présence de Dieu, dans un plus grand compagnonnage avec lui, et un plus grand dynamisme missionnaire. C’est le don contemplatif par excellence.

    Et la sagesse est précisément ceci : c’est la grâce de pouvoir voir toute chose avec les yeux de Dieu. C’est simplement cela : voir le monde, voir les situations, les conjonctures, les problèmes, tout, avec les yeux de Dieu. Voilà la sagesse. Parfois nous voyons les choses selon ce qui nous plaît ou selon l’état de notre cœur, avec de l’amour ou avec de la haine, avec de l’envie… Non, ce n’est pas l’œil de Dieu. La sagesse, c’est ce que fait l’Esprit-Saint en nous afin que nous voyions toutes choses avec les yeux de Dieu. C’est cela, le don de la sagesse. L’Esprit-Saint rend « sage » le chrétien. Pas dans le sens où il aurait réponse à tout, il saurait tout, mais dans le sens où il « connaît » Dieu, il sait comment Dieu agit, il sait quand quelque chose vient de Dieu ou quand ça ne vient pas de Dieu ; il a cette sagesse que Dieu donne à notre cœur.

    Si nous écoutons l’Esprit-Saint, il nous enseigne cette voie de la sagesse, il nous offre la sagesse qui consiste à voir avec les yeux de Dieu, à entendre avec les oreilles de Dieu, à aimer avec le cœur de Dieu, à juger les choses avec le jugement de Dieu. (Catéchèse du Pape François).

    L'intelligence

      Ex 35,30 Moïse dit aux Israélites : Voyez, l'Eternel a désigné Betsaleel, fils d'Ouri, descendant de Hour, de la tribu de Juda. 31 Il l'a rempli d'Esprit de Dieu (ruah) qui lui confère habileté, intelligence et compétence pour exécuter toutes sortes d'ouvrages, 32 pour concevoir des projets, pour travailler l'or, l'argent et le bronze, 33 pour tailler des pierres à enchâsser, pour sculpter le bois de manière à réaliser toutes sortes d'ouvrages.

    Lc 24, 25-27 Et Jésus leur dit : Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

    Lc 10,21 En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants.

      En déclarant que « nul ne peut dire «Jésus est Seigneur» sinon par l’Esprit Saint » (I Co 12,3), saint Paul met en relief une donnée de foi fondamentale : s’il est vrai qu’on ne peut être chrétien sans confesser que Jésus est Seigneur (Rm 10,9), il est tout aussi vrai que le chrétien ne peut accomplir cette démarche sans une intervention spéciale de l’Esprit.

      Comme il est écrit, nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, et ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. En effet, c’est à nous que Dieu a révélé tout cela par l’Esprit (1 Co 2,9-10).

      L’intelligence : elle aide à entrer dans le mystère de Dieu, à comprendre de l’intérieur la foi, les Écritures, à distinguer l’erreur de la vérité. Par ce don, chaque chrétien peut devenir un authentique théologien.

    Il ne s’agit pas ici de l’intelligence humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons être plus ou moins dotés. C’est au contraire une grâce que seul l’Esprit Saint peut répandre et qui suscite chez le chrétien la capacité d’aller au-delà de l’aspect extérieur de la réalité et de scruter les profondeurs de la pensée de Dieu et de son dessein de salut.

    Lorsqu’il s’adresse à la communauté de Corinthe, l’apôtre Paul décrit bien les effets de ce don – c’est-à-dire ce que fait en nous le don de l’intelligence – et Paul dit ceci : « nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit » (I Co 2,9-10).

    Il est clair alors que le don de l’intelligence est étroitement lié à la foi. Quand l’Esprit-Saint habite notre cœur et illumine notre esprit, il nous fait grandir jour après jour dans la compréhension de ce que le Seigneur a dit et accompli.

    Il y a un épisode de l’Évangile de Luc qui exprime très bien la profondeur et la force de ce don. Après avoir assisté à la mort en croix et à la sépulture de Jésus, deux de ses disciples, déçus et accablés, quittent Jérusalem et retournent dans leur village qui s’appelle Emmaüs. Pendant qu’ils sont en chemin, Jésus ressuscité s’approche et commence à parler avec eux, mais leurs yeux, voilés par la tristesse et le désespoir, ne sont pas capables de le reconnaître. Jésus marche avec eux, mais ils sont si tristes et si désespérés qu’ils ne le reconnaissent pas. Mais quand le Seigneur leur explique les Écritures, afin qu’ils comprennent qu’il devait souffrir et mourir pour ensuite ressusciter, leur esprit s’ouvre et, dans leur cœur, l’espérance renaît (cf. Lc 24,13-27).

    Et c’est cela que l’Esprit-Saint fait avec nous : il nous ouvre l’esprit, il nous ouvre pour que nous comprenions mieux, pour que nous comprenions mieux les choses de Dieu, les choses humaines, les situations, tout.

    Le conseil

      Sg 7,7 Aussi ai-je prié et le discernement m’a été donné, j’ai imploré et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. 8Je l’ai préférée aux sceptres et aux trônes, auprès d’elle, j’ai estimé néant la richesse ; 9je ne l’ai pas comparée à la pierre inestimable car tout l’or du monde, face à elle, ne serait qu’un peu de sable et l’argent, devant elle, paraîtrait de la boue. 10Plus que la santé et la beauté je l’ai aimée, et je décidai de l’avoir pour lumière, car sa clarté ne connaît pas de déclin. 11Mais avec elle, elle m’a apporté tous les biens à la fois, elle tenait dans ses mains une richesse incalculable.

    Ps 143,10 Enseigne-moi à faire ta volonté ! Car tu es mon Dieu. Que ton bon esprit me conduise sur la voie droite !

    Sg 1,5 Car le saint Esprit (pneuma) qui éduque fuit la duplicité, il s’écarte des pensées folles, il est mis en échec quand survient l’injustice.

      Le conseil : c’est le don du discernement spirituel. Il ajuste ce qu’il convient de faire ou d’éviter, de dire ou de taire. Il dispose à voir clair en soi et dans les autres.

    A travers le don de conseil, c’est Dieu lui-même, par son Esprit, qui éclaire notre cœur en nous faisant comprendre la manière juste de parler et de nous comporter et la voie à suivre.

    Le conseil est donc le don par lequel l’Esprit-Saint rend notre conscience capable de faire un choix concret en communion avec Dieu, selon la logique de Jésus et de son Évangile. De cette façon, l’Esprit nous fait grandir intérieurement, il nous fait grandir positivement, il nous fait grandir dans la communauté et nous aide à ne pas être à la merci de notre égoïsme et de nos façons de voir. Ainsi, l’Esprit nous aide à grandir et à vivre en communauté. La condition essentielle, pour conserver ce don, est la prière.

    C’est l’Esprit qui nous conseille, mais nous devons faire de la place à l’Esprit, pour qu’il puisse nous conseiller. Et faire de la place, c’est prier : prier pour qu’il vienne et qu’il nous aide, toujours.

    La force

      Jg 14, 6 L'esprit de l'Eternel saisit Samson; et, sans avoir rien à la main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau.

    Mi 3,8 Mais moi, je suis rempli de force, de l'esprit de l'Eternel, Je suis rempli de justice et de vigueur, pour faire connaître à Jacob son crime, et à Israël son péché.

    Ac 1, 8 Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

    2 Co 12, 9 Ma grâce te suffit, dit le Seigneur, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.

      La force : "Antidote à la paresse et au découragement« . Elle donne la persévérance dans l’épreuve, le courage du témoignage. Elle soutient les martyrs mais aide aussi au quotidien à accomplir son devoir d’état et à vivre le combat spirituel. C’est l’héroïsme de la petitesse. (Livre des Maccabées).

    Avec le don de force, en revanche, l’Esprit-Saint libère le terrain de notre cœur, le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, de sorte que la Parole du Seigneur soit mise en pratique de façon authentique et joyeuse. C’est une véritable aide, ce don de force, il nous donne la force, il nous libère aussi de beaucoup de freins.

      Il y a des moments difficiles et des situations extrêmes dans lesquels le don de force se manifeste d’une manière extraordinaire, exemplaire. C’est le cas des personnes qui doivent affronter des expériences particulièrement dures et douloureuses, qui impliquent leur vie et celle de leurs proches.

    Il ne faut pas penser que le don de force n’est nécessaire que dans certaines occasions ou situations particulières. Ce don doit constituer la note de fond de notre être de chrétien, dans l’ordinaire de notre vie quotidienne.

    La science

      Sg 13,1 Vains sont tous ceux-là, des hommes par nature, chez qui l’ignorance de Dieu s’est installée : à partir des biens visibles, ils n’ont pas été capables de connaître celui qui est, pas plus qu’ils n’ont reconnu l’Artisan en considérant ses œuvres… 5Car la grandeur et la beauté des créatures conduisent par analogie à contempler leur Créateur.

      La science : elle permet de reconnaître Dieu à l’oeuvre dans la nature et dans l’histoire, de recevoir le monde comme un don de Dieu. Elle donne le sens de la précarité de l’univers.

    La science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don particulier, qui nous porte à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec toutes les créatures.

    Quand nos yeux sont éclairés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu dans la beauté de la nature et dans l’immensité du cosmos et nous poussent à découvrir comment tout nous parle de lui et de son amour. Tout ceci suscite en nous un grand étonnement et un sentiment profond de gratitude ! C’est aussi la sensation que nous éprouvons lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit de l’esprit et de la créativité de l’homme : devant tout cela, l’Esprit nous pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

    La crainte/piété

      Sg 1,11 La crainte du Seigneur est gloire et fierté, joie et couronne d’allégresse. 12La crainte du Seigneur réjouit le cœur, donne joie, gaieté et longue vie. 13Pour qui craint le Seigneur, tout ira bien à la fin, au jour de sa mort, il sera béni. 14Le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, pour les fidèles, elle a été créée avec eux dans le sein maternel. 15Parmi les hommes elle a fait son nid, fondation d’éternité, avec leur descendance elle restera fidèlement. 16La plénitude de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, elle enivre les hommes de ses fruits. 17Leur maison tout entière, elle la remplit de ce qu’ils désirent et leurs greniers de ses produits. 18La couronne de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur qui fait fleurir la paix et la bonne santé. 19Elle fait pleuvoir la science et la connaissance intelligente, elle exalte la gloire de ceux qui la possèdent. 20La racine de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, et ses rameaux sont une longue vie.

    Eph 4,2 En toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour.

    Col 3,12 Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.

    Jr 2,1 La parole du SEIGNEUR s’adressa à moi : 2 Va clamer aux oreilles de Jérusalem : Ainsi parle le SEIGNEUR : Je te rappelle ton attachement, du temps de ta jeunesse, ton amour de jeune mariée ; tu me suivais au désert, dans une terre inculte.

      La crainte : ce n’est pas la peur de Dieu mais le sens de sa grandeur. La conscience de l’infinie distance entre le Tout-Autre et nous, ses créatures. Ce don suscite une attitude d’humilité et d’émerveillement.

    La crainte de Dieu, en revanche, est un don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits devant Dieu et devant son amour, et que notre bien se trouve dans l’abandon entre ses mains, avec humilité, respect et confiance.

    C’est ce que fait l’Esprit-Saint dans nos cœurs : il nous fait nous sentir comme des petits enfants dans les bras de notre papa. En ce sens, nous comprenons bien alors combien la crainte de Dieu vient assumer en nous la forme de la docilité, de la reconnaissance et de la louange, comblant notre cœur d’espérance.

    Lorsque nous sommes envahis par la crainte de Dieu, nous sommes alors poussés à suivre le Seigneur avec humilité, docilité et obéissance. Mais il ne s’agit pas d’un comportement résigné, passif, ou même plaintif, mais de l’étonnement et la joie d’un fils qui se reconnaît servi et aimé par son Père. La crainte de Dieu ne fait donc pas de nous des chrétiens timides et soumis, mais elle génère en nous le courage et la force ! C’est un don qui fait de nous des chrétiens convaincus, enthousiastes, qui ne sont pas soumis au Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et conquis par son amour !

      La piété : elle fait entrer dans l’expérience de la paternité de Dieu, de sa proximité, de sa tendresse. Elle nous donne la confiance de l’enfant. Elle nous rend proche aussi des autres.

    "Le don de piété que nous donne l'Esprit-Saint nous rend doux, nous rend sereins, patients, en Paix avec Dieu, au service des autres avec douceur«  Il s’agit d’une relation vécue avec le cœur : c’est notre amitié avec Dieu, qui nous est donnée par Jésus, une amitié qui change notre vie et nous remplit d’enthousiasme, de joie. C’est pourquoi le don de piété suscite en nous avant tout la gratitude et la louange.

    La piété est donc synonyme d’un authentique esprit religieux, d’une confiance filiale en Dieu, de cette capacité à le prier avec amour et simplicité qui est propre aux personnes humbles de cœur.

     Si le don de piété nous fait grandir dans la relation et la communion avec Dieu et nous pousse à vivre comme ses enfants, en même temps, il nous aide à reverser cet amour aussi sur les autres et à les reconnaître comme nos frères. Et alors, oui, nous sommes mus par des sentiments de pitié - et non de pieuserie ! - à l’égard de celui qui est à côté de nous et de ceux que nous rencontrons tous les jours.

    Le don de piété signifie être vraiment capable de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin. Il y a un rapport très étroit entre le don de piété et la douceur. Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend tranquilles, patients, en paix avec Dieu, au service des autres avec douceur.

    Don de prophétie

      Nb 11,25 Moïse sortit et rapporta au peuple les paroles de l'Eternel, puis il rassembla soixante-dix hommes choisis parmi leurs responsables, et les plaça autour de la Tente. L'Eternel descendit dans la nuée et lui parla ; il prit de l'Esprit (ruah) qui reposait sur lui et le donna à ces soixante-dix responsables. Quand l'Esprit se fut posé sur eux, ils se mirent à parler sous son inspiration, comme des prophètes c'est l'unique fois que cela leur arriva. 1S 10,6 L'esprit de l'Eternel te saisira (Saül), tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme.

    1S 23,2 L'esprit de l'Eternel parle par moi, Et sa parole est sur ma langue.

    Is 42,1 Voici mon serviteur, que je soutiendrai, Mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon esprit sur lui; Il annoncera la justice aux nations. Is 61,1 L'esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur moi, Car l'Eternel m'a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance

    Jl 3,1 Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions. 2 Même sur les serviteurs et sur les servantes, Dans ces jours-là, je répandrai mon esprit.

    Lc 1,67 Zacharie, son père, fut rempli du Saint Esprit, et il prophétisa, en ces mots?

      La parole est portée par un souffle. Le Père est celui qui parle. Le Fils est la parole unique.

    L’Esprit Saint est comme le souffle qui accompagne la parole, le déplacement d’air ou plutôt la vibration de l’air qui provoque les ondes sonores. Le souffle est le produit de la parole. Si je parle, il y a déplacement d’air. En même temps, parler suppose de respirer avant et après, de reprendre son souffle. La respiration accompagne la parole. De même, l’Esprit Saint est le support de la parole, de la vérité, ce qui inspire l’annonce de l’évangile.

    L'Esprit est au commencement, comme la parole (Gn 1). Tous deux agissent ensemble. La parole n'est d'ailleurs parole que par le souffle qu'elle véhicule. Dans le sacrement de mariage, la parole de l'homme et de la femme ne revêt un caractère sacramentel que dans la puissance inaugurale du souffle de l'Esprit. Tout comme l'Esprit saisit le prophète pour qu'il rende témoignage à la parole (1Sa 10, 6-10), il s'empare de l'homme et de la femme pour qu'ils deviennent les témoins de la parole de Dieu. Tout comme l'Esprit inspire la parole du roi David (2Sa 23, 2), et repose sur le serviteur pour qu'il porte aux nations la parole de salut (Is 42, 1; Mt 12, 18), le don de l'Esprit permet à l'homme et à la femme de devenir les témoins de Dieu par leurs actes et leur parole (Ac 1,8). L'Esprit envoie en mission afin de rendre témoignage à la parole (Ac 8, 29). Il souffle dans le don de la parole qui fonde l'alliance.

    La parole est inséparable de l'Esprit qui la suscite et lui donne forme. L'Esprit donne une parole de sagesse ou une parole de connaissance (1Co 12,8). Il investit la parole en-deçà et au-delà de la parole. Il la précède et annonce sa réalisation.

    «L'Esprit, c'est Dieu à la fois dans sa différence absolue et dans sa communication au plus intime de l'homme; Dieu comme l'inconnu au-delà de toute parole et comme l'inspirateur du non-dit où se murmure, en-deçà des énoncés et dans les failles des discours humains, la vérité de toute parole (L.-M. CHAUVET, Symbole et sacrement, Cerf, p. 525).»

    Dons spirituels (charismes) chez Paul

    1Co 12,4 Il y a diversité de dons de la grâce (charismaton), mais c’est le même Esprit (pneuma) ; 5diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; 6diversité de modes d’action, mais c’est le même Dieu qui, en tous, met tout en œuvre. 7A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. 8A l’un, par l’Esprit, est donné un message (logos) de sagesse, à l’autre, un message (logos) de connaissance, selon le même Esprit ; 9à l’un, dans le même Esprit, c’est la foi ; à un autre, dans l’unique Esprit, ce sont des dons (charis) de guérison ; 10à tel autre, d’opérer des miracles, à tel autre, de prophétiser, à tel autre, de discerner les esprits, à tel autre encore, de parler en langues ; enfin à tel autre, de les interpréter. 11Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui le met en œuvre, accordant à chacun des dons personnels divers, comme il veut.

    Ro 12,6 Et nous avons des dons (charismata) qui diffèrent selon la grâce (charin) qui nous a été accordée. Est-ce le don de prophétie ? Qu’on l’exerce en accord avec la foi. 7L’un a-t-il le don du service ? Qu’il serve. L’autre celui d’enseigner ? Qu’il enseigne. 8Tel autre celui d’exhorter ? Qu’il exhorte.

    Il est difficile de préciser des distinctions entre dons de l'Esprit et charisme. Les terminologies ne connaissent pas de définitions précises. Dans le langage courant le terme "charisme" est souvent synonyme de qualités spécifiques qui caractérisent les personnalités dans leurs relations, leurs situations ou leurs activités. Les 7 dons de l’Esprit correspondent davantage à une qualité « intérieure » de la personne ; alors que les charismes sont tournés vers l’extérieur.

    Les fruits de l'Esprit

      Ga 5,13 Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. 14 Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 15 Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. 16 Je dis donc: Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. 17 Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. 18 Si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes point sous la loi. 19 Or, les oeuvres de la chair sont manifestes, ce sont l'impudicité, l'impureté, la dissolution, 20 l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, 21 l'envie, l'ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. Je vous dis d'avance, comme je l'ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n'hériteront point le royaume de Dieu. 22 Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance; 23 la loi n'est pas contre ces choses. 24 Ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 25 Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit. 26 Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres.

    2Co 3,6  Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie.

    Ro 7,6 Mais maintenant, morts à ce qui nous tenait captifs, nous avons été affranchis de la loi, de sorte que nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit et non plus sous le régime périmé de la lettre.

    Ro 8,2 Car la loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort.

    R 8,13 Car si vous vivez de façon charnelle, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir votre comportement charnel, vous vivrez. 14En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu : 15vous n’avez pas reçu un esprit qui vous rende esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. 16Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

    2Co 3,6 C’est lui qui nous a rendus capables d’être ministres d’une Alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie.

    La Loi est un code externe devant lequel tous les hommes sont trouvés coupables, donc condamnés, alors que l’Esprit en nous nous rend capables d’accomplir ce que la Loi commandait.

    La loi condamne tous ceux qui n’obéissent pas à ses commandements, mais elle ne peut rendre l’homme parfait. Elle fait mourir parce qu’elle exige de l’homme ce qu’il est incapable de tenir (voir Romains 7,5). Elle place tous les humains sous la sentence de mort. La nouvelle alliance n’abolit pas la Loi mais, comme Jérémie l’a prophétisé, par l’Esprit, la Loi est maintenant gravée dans nos cœurs.

    L’Esprit est une loi intérieure, c’est la sainteté se présentant à l’homme non plus comme norme extérieure qui repousse, irrite, condamne, tue, mais comme grâce, force intérieure qui transforme, ranime, vivifie. L’Esprit rétablit l’homme dans la communion avec Dieu et dans la vie.

    Voir Commentaire. 

    La Pentecôte

      Voir l'étude comparative entre les récits de Babel et de Pentecôte. 

    Le baptême dans l'Esprit

     

    L'annonce

      Lc 3, 16-17 Jean répondit à tous : « Moi, c’est d’eau que je vous baptise ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ; il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et pour recueillir le blé dans son grenier ; mais la balle, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

    Lc 11,13 Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent.

    Jn 3,5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit.

    Jn 16,7 Il est bon pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas vous ne recevrez pas l’Esprit saint.

    L'envoi

      Jésus envoie ses disciples en mission dans toutes les nations afin de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Nous trouvons ici les paroles que reprendra la liturgie du baptême.

    Mt 28,19-20 Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.

    Le jour même de la Pentecôte, 3000 personnes sont baptisées (Ac 2, 38-41). Les Actes des apôtres relatent de multiples baptêmes en Samarie (8,12), à Damas (9,17), à Césarée, premier baptême d’un non-chrétien (10,44), à Philippes (16,15), à Ephèse (19,15). Le baptême s’ouvre à des non-juifs comme en témoigne le baptême de Corneille et de son entourage. Ou encore le baptême de l’eunuque éthiopien par Philippe. L'Esprit de la Pentecôte donne aux disciples la conviction intérieure et le courage de témoigner de Jésus (voir Ac 1,8; 4,29). Il fait d'eux des « prophètes » (Ac 2,17-18), c'est-à-dire des témoins de la présence et de l'action de Dieu dans notre monde. Tous ceux et celles qui croient en Jésus Christ sont appelés à recevoir l'Esprit prophétique de la Pentecôte, comme la suite du récit des Actes le montre bien (voir Ac 8,14-17; 11,15-17; 19,5-6).

    Baptême d’eau, baptême d’Esprit

    Dans les Actes des apôtres, le baptême de l’eau se rapporte surtout au pardon des péchés et le rite d’imposition des mains concerne le don de l’Esprit. Un épisode des Actes des apôtres vient illustrer l’importance que les premiers chrétiens attachaient à la différence entre le baptême de Jean et celui qu’ils pratiquaient eux-mêmes. Quand Paul arriva à Ephèse, il y trouva une douzaine de disciples qui avaient reçu le baptême de Jean.

    Ac 19,16  Tandis qu'Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir traversé le haut-pays, arriva à Éphèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez embrassé la foi ? » Ils lui répondirent : « Mais nous n'avons même pas entendu dire qu'il y a un Esprit Saint. » Et lui : « Quel baptême avez-vous donc reçu ? » - « Le baptême de Jean », répondirent-ils. Paul dit alors : « Jean a baptisé d'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus. » À ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus ; et quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser.

    Ac 8,14-21  Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'Esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l'Esprit Saint. Mais quand Simon vit que l'Esprit Saint était donné par l'imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l'argent. « Donnez-moi, dit-il, ce pouvoir à moi aussi : que celui à qui j'imposerai les mains reçoive l'Esprit Saint. » Mais Pierre lui répliqua : « Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d'argent ! 21.  Dans cette affaire il n'y a pour toi ni part ni héritage, car ton cœur n'est pas droit devant Dieu.

    Ac 2,38  Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit. Lc 12,31 C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. 32 Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir.

    Enfant de Dieu

    L’Esprit fait de nous des enfants de Dieu : il nous baptise, nous plonge dans sa présence, nous régénère, nous fait naître à la vie que Dieu donne, nous assure que nous sommes adoptés par Dieu, il habite en nous et demeure en nous.

    1 Corinthiens 12,13 Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, que nous soyons juifs ou non-juifs, esclaves ou hommes libres ».

    Romains 8,14-16 Ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. En effet, vous n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la crainte : non, vous avez reçu l’Esprit qui fait de vous des fils adoptifs de Dieu. Car c’est par cet Esprit que nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ! L’Esprit Saint lui-même et notre esprit témoignant ensemble que nous sommes enfants de Dieu.  

    Le paraclet

    Le terme grec Paraclet est composé de deux éléments (para-klêtos). Le préfixe suggère une proximité, une présence. La racine renvoie au verbe « appeler » (kaleïn), de παρακαλέω (parakaléo), « appeler auprès de soi ».

    En dehors du Nouveau Testament, le terme Paraclet est utilisé dans un cadre juridique. Chez Philon d’Alexandrie par exemple, il est utilisé dans le sens de « défenseur d’une cause ». Il exprime donc une fonction semblable à celle de l’avocat aujourd’hui. Chez les rabbins, le mot prend le sens d’« intercesseur ». Il est alors utilisé dans le cadre du jugement divin, devant le tribunal de Dieu.

    Dans les chapitres 14, 15, 16 du quatrième Evangile, Jésus Lui-même annonce la venue et la mission de l'Esprit. Il est nommé le Paraclet.

    La forme verbale παρακληθήσονται (paraklèthèsontai) est utilisée dans Matthieu 5,4 dans le sermon sur la montagne :

    Mt 5,4 Heureux les affligés, car ils seront consolés (auront quelqu’un auprès d’eux) !

    La forme nominale παράκλητος (paraklètos) est appliquée une fois à Jésus

    1Jn 2,1 Si quelqu'un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste par excellence.

    Cinq autres occurrences se situent dans le discours de l'adieu de l'Évangile de Jean. Le Paraklêtos y est déclaré être l'Esprit de vérité, l'Esprit Saint.

    Jean 14, 16-17 . « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraklêtos, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. »

    Jean 14, 25-26 . « Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous. Mais le paraklêtos, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. »

    Jean 15, 26-27 . « Quand sera venu le paraklêtos, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »

    Jean 16, 7-11 . « Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le paraklêtos ne viendra pas vers vous ; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement : en ce qui concerne le péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. »

    Jean 16, 13-14 . « Quand le paraklêtos sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. Tout ce que le Père a est à moi ; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend de ce qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera. »

    Ce nom qui ne s’associe pas facilement à une notion connue a pourtant plusieurs significations : consolateur, défenseur, avocat… Et elles sont toutes vraies ! Il est à la fois consolateur et défenseur. Il prend le parti de l’accusé au tribunal. Selon la tradition ancienne, un paraclet pouvait se tenir à côté du condamné lors du procès. Il n’avait rien à dire, sa seule présence fermait la bouche de l’accusateur. Le tribunal ne pouvait pas alors condamner celui pour qui le paraclet intercédait.

    Voilà ce que Jésus promet à ses disciples : un avocat qui les sort d’une difficulté en se portant à leurs côtés. Quelqu’un qui apporte la consolation de n’être pas seul dans l’épreuve, ou de trouver le soutien nécessaire pour en sortir. Il est comme un avocat qui souffle à l’oreille de son client sa défense. Il ne se tient pas à côté de lui pour parler à sa place. Mais il agit de l’intérieur, il souffle ce qu’il a à dire en le tenant fermement dans l’amour de Dieu.

    Il est clair qu’il ne s'agit pas d'un terme neutre ; il ne s'agit pas d'une chose, mais de la Grâce en personne, le Don de Dieu (comme dit la parole sacramentelle de la confirmation), ou mieux encore la Personne-Don (pour reprendre une expression de Jean-Paul II).

    En conclusion

    Souffle de Dieu au commencement de toute vie

      L'Esprit est le souffle de Dieu au commencement de toute vie. Les écritures offrent de nombreux exemples de cette présence originelle du souffle de Dieu. L'Esprit plane à la surface des eaux lorsque Dieu crée le monde par la puissance de sa parole (Gn 1, 1). Dieu insuffle son souffle dans les narines de l'homme pour qu'il devienne un être vivant (Gn 2, 7). Il vient ranimer les ossements desséchés (Ez 37). Il renouvelle l'alliance (Is 60, 81). Il crée un nouveau pays où règnent le droit et la justice (Is 32, 15-16). L'Esprit vient sur Marie afin que le verbe se fasse chair (Lc 1, 35). La mission de Jésus s'accomplit avec la force de l'Esprit (Lc 4, 1; 4, 14). L'Esprit est aussi aux origines de la vie de l'Église à la Pentecôte (Ac 2, 1-4). Il redonne vie aux corps mortels (Rm 8, 11). En somme, il est présent dans toute l'économie du salut. La création, l'humanité de Dieu et la naissance de l'Église manifestent une radicale nouveauté dans la mouvance de l'Esprit. L'Esprit est source d'une vie nouvelle (Rm 7, 6).

    Le passage de l'Esprit transforme également le cours naturel des choses. L'Esprit possède une force de pénétration inépuisable et mystérieuse aussi bien lors de phénomènes naturels que dans le corps humain. Il précipite les murs à terre (Ez 13, 14). Il refoule la mer (Ex 14, 21). Il enveloppe Gédéon comme dans un manteau (Jg 6, 34). Il pénètre Samson pour lui donner une force surhumaine. Son tarissement entraîne la mort (Jb 34, 14; Qo 12, 7). L'Esprit remplace le cœur de pierre par un cœur de chair (Ez 36, 26). Il pénètre jusqu'au fond des entrailles (Pr 20, 27). Il transporte dans des visions divines (Ez 8, 3). Il conduit Jésus dans le désert (Mt 4, 1). Il distribue des dons différents afin de former un seul corps dans le Christ (1Co 12).

    Ainsi, la puissance créatrice de l'Esprit inaugure des temps nouveaux. Il ouvre sur un horizon en opérant une séparation avec le passé. Tout commencement est, par définition, une rupture dans le temps, un événement eschatologique. L'Esprit annonce ce qui n'est pas encore donné. Il est la vie même de ce qui est toujours en devenir. Il est toujours en mouvement, comme le vent. Il ne s'attarde pas sur le passé dans la nostalgie d'un paradis perdu. Il accomplit ainsi une libération intérieure. Il est source de liberté.

    En étant au commencement, l'Esprit dévoile le manque. Sa fonction créatrice inaugure un temps nouveau dans lequel se creuse le désir. Il accomplit la séparation pour projeter sur le chemin du pas encore. Il transforme dans le dessein d'une mission prophétique où parole et corps sont tendus vers un horizon eschatologique. Il ouvre la porte du royaume; en effet, «nul s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3, 5).»

    Source de liberté et de communion

    L'Esprit libère de l'esclavage de la loi. «Tout m'est permis, mais tout ne me convient pas», déclare Saint Paul (1Co 6, 12). A la problématique du permis et du défendu se substitue celle du savoir ce qui est en accord ou non avec la vie nouvelle du chrétien transformé par l'Esprit. Ainsi, la loi est pour l'homme et la femme, non pas une limite à leurs activités, mais

    Le signe en ce monde d'une parole et d'un Esprit qui éclairent et permettent la communauté (communion) des hommes (Ch.-M. GUILLET, Représentation de Dieu, Représentation de la loi, Le Supplément, 135, 1980, p. 511).

    L'Esprit souffle et inspire les consciences; l'Esprit est à la source de tout amour. L'Esprit ne dispense pas d'accomplir la loi. Il libère de sa domination (Ga 5, 18). Ainsi, l'homme et la femme ne sont pas esclaves de la loi. Ils se laissent guider par le souffle de l'Esprit, afin que la loi habite leur cœur. L'Esprit, source de liberté, ouvre à la reconnaissance de l'autre. Il libère d'une loi qui condamne l'autre. Il suscite le pardon. La loi qui juge et qui lapide n'a plus d'emprise sur celui qui vit dans l'Esprit. Les fruits de cette liberté sont l'amour, la paix et la joie (Ga 5, 22).

    L'Esprit libère aussi des tentations charnelles comme l'enseigne saint Paul. Les tensions intérieures sont animées par le désir charnel. La chair laissée à elle-même est source de libertinage, impureté, débauche (Ga 5, 19). Mais la chair n'est pas le mal et l'Esprit le bien. La chair est le lieu où l'Esprit vibre. Et si saint Paul oppose l'Esprit à la chair (Ga 5, 17), il donne à ce mot un sens particulier, le mot «chair» désigne chez cet apôtre, non seulement la finitude humaine, mais aussi sa condition pécheresse et mortelle. L'Esprit est en ce sens celui qui donne la vie, alors que la chair tend à la mort (Rm 8, 6). Au-delà de la définition du mot «chair» chez saint Paul, l'homme et la femme sont inévitablement confrontés à des désirs charnels dont la maîtrise leur échappe. La volonté laissée sous l'emprise de la chair oriente le combat vers la défaite. L'Esprit apparaît alors comme l'agent qui offre une alternative. En desserrant l'étau de la tentation, il rend libre. L'Esprit vient en aide à notre faiblesse (Rm 8, 26), non par magie, mais par grâce.

    La trinité

    Qui est donc l’Esprit Saint ? A cette question le croyant répond en disant qu’il est une « personne » divine, la troisième de la Sainte Trinité après le Père et le Fils. Et sur quoi fonde-t-il son affirmation ? Consciemment ou non, il la fonde sur le fait du baptême donné « au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ». On pourrait presque dire que toute la théologie trinitaire s’appuie sur la finale de l’Evangile de saint Matthieu (Mt 28,19-20) mise en œuvre dans la pratique du baptême. C’est à ce texte scripturaire et à sa mise en œuvre dans la vie chrétienne que se réfèrent inlassablement les Pères de l’Eglise au cours des premiers siècles quand ils veulent parler de la Trinité, et plus particulièrement de l’Esprit Saint.

    Le mystère trinitaire n’est pas exposé comme un pur objet de savoir, il est dévoilé dans le contexte de la mission solennelle que le Christ donne à son Eglise après sa résurrection, mission par laquelle s’achève l’Evangile de Matthieu. Les Trois nous sont révélés en liaison avec l’ordre de faire des disciples en baptisant les nations et en leur apprenant à garder les commandements prescrits par le Christ. Dans ce contexte, le disciple qui reçoit le baptême et s’engage à la suite du Christ découvre l’existence du mystère trinitaire dans l’acte vital même par lequel il est mis en relation avec elle. Il ne s’agit pas de la transmission d’un savoir abstrait qui resterait extérieur à celui qui aurait à le recevoir. Dieu se révèle Trinité pour entrer en relation avec l’homme comme un Dieu Trine, et dans l’acte même (le baptême) par lequel s’établit entre la Trinité et l’homme cette relation. L’homme se trouve par-là impliqué dès le début dans le mystère qui lui est révélé. Baptisé au nom des Trois (εἰς ὄνομα avec l’accusatif qui exprime ici un mouvement, un engagement), l’homme est en quelque sorte consacré à la Trinité. Cela implique qu’il s’engage envers elle, comme le confirme le v. 20 où il est question d’apprendre à « garder les commandements ».

    La comparaison qui est le plus souvent employée pour évoquer le rôle de l’Esprit dans l’activité révélatrice de la Sainte Trinité, est celle de la lumière. Origène présente le Père comme la lumière en son jaillissement originel, le Fils comme le rayonnement de cette lumière, et l’Esprit Saint comme son irruption en nous. Le Père resplendit, le Fils enseigne, et l’Esprit Saint « œuvre de sorte que l’homme conçoive et annonce comme il convient » ce qui lui vient du Père. Reprenant et transposant à peine une formule d’Athanase d’Alexandrie qui se retrouve équivalemment chez Basile de Césarée, on pourrait dire que si le Père est le soleil, et le Fils, le rayon de lumière qui en émane, l’Esprit Saint est comme « le point d’impact en nous » du trait lumineux pénétrant en nous et y rendant présente la lumière.
    Joseph Wolinski, Le mystère de l’Esprit Saint, https://books.openedition.org/pusl/9192?lang=fr

    10. Dans sa vie intime, Dieu «est amour», un amour essentiel, commun aux trois Personnes divines : l'Esprit Saint est l'amour personnel en tant qu'Esprit du Père et du Fils. C'est pourquoi il «sonde jusqu'aux profondeurs de Dieu», en tant qu'Amour-Don incréé. On peut dire que, dans l'Esprit Saint, la vie intime du Dieu un et trine se fait totalement don, échange d'amour réciproque entre les Personnes divines, et que, par l'Esprit Saint, Dieu «existe» sous le mode du don. C'est l'Esprit Saint qui est l'expression personnelle d'un tel don de soi, de cet être-amour. Il est Personne-amour. Il est Personne-don. Cela nous montre, au sujet du concept de personne en Dieu, une richesse insondable de la réalité et un approfondissement dépassant ce qui se peut exprimer, tels que seule la Révélation peut nous les faire connaître. Jean-Paul II, Encyclique sur l’Esprit-Saint.

    Rm 5,5 L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné.

    Bibliographie

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