Actualités religieuses

La politique (28/02/2024)

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La politique est un sujet d'actualité depuis l'émergence des polis, ces cités qui nécessitent un pouvoir pour leur gouvernance. Jésus ne donne guère de consignes politiques ; il respecte le pouvoir en place. Ses paroles et ses actes exacerbent bien plus le pouvoir religieux. Le pouvoir politique finit par céder face à la pression, dans un souci de paix sociale. Et Jésus termine sa vie sur une croix, en roi déchu.

Nous assistons aujourd'hui à une querelle de pouvoir dans l'arène publique. Lorsque l'un dit blanc, l'autre affirme haut et fort que le noir sied mieux aux murs de la cité. Pourquoi n'est-il pas possible de s'entendre sur du gris ? Toute décision contient des avantages et des inconvénients. Il en ressort des contents et des mécontents. Implantez un cinéma ici, il aurait mieux été là-bas ; implantez-le là-bas, il aurait mieux été ici. Le drame de la politique est que chacun ne voit que son propre intérêt. Les défauts d'un projet, car il y en a toujours, sont alors mis en lumière, avec caricature, manipulation, voire des attaques personnelles.

Le danger de tout parti politique est l'entre soi, c'est-à-dire la perte d'une vue d'ensemble des questions sociétales. Orienter ses choix politiques avec pour unique prisme quelques sujets éthiques, tels que l'IVG, la fin de vie ou l'immigation, entraine une confusion entre ses intérêts particuliers et l'objectif d'une gouvernance générale.

Une politique chrétienne cherche à faire avancer le bien commun avant l'intérêt d'un parti. Le débat est bien sûr nécessaire pour faire avancer la réflexion et écouter les arguments adverses. Mais l'écoute se meurt au bénéfice d'un "j'ai raison".

Aimer ses ennemis prend tout son sens en politique. Il ne s'agit pas de sauter au cou de son adversaire avec des "je t'aime" emphatiques et mensongers, mais de l'assister dans ses travaux, de l'encourager dans ses tâches et de le féliciter pour ses résultats.

Le "non" systématique pour bloquer la gouvernance ne fait pas avancer la cité vers plus de paix et de justice sociale. Une fois la décision prise, il convient de la respecter et d'œuvrer ensemble dans une même direction. Un chrétien devrait dire "tu as pris la décision de peindre la maison en bleu ; j'aurais préféré le rouge, mais je vais t’aider". Est-ce une vision utopique de la politique ? L'Évangile nous invite à sacrifier notre ego au profit d'un chemin de paix et de joie ; ce chemin est jalonné de croix. La croix est folie pour les païens et sagesse pour les chrétiens.

Sport et éthique chrétienne (30/04/2024)

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    L'optique d'une médaille olympique traverse l'esprit de tout compétiteur de haut niveau. Les candidats sont nombreux, mais les élus se limitent à trois personnes par discipline. Au-delà du résultat lui-même, quelles sont les valeurs que tout participant doit défendre ?
  • Le respect :
    • des règles : Chaque discipline contient des règles pour que le sport puisse se dérouler avec équité, afin d'offrir à chacun sa chance. La triche (dopage, gestes interdits, simulation ...) entraîne une sanction.
    • de l'adversaire : Est-il à vaincre ? L'objectif est de gagner une médaille, sans pour autant nuire à l'adversaire. Toutes les disciplines n'offrent pas le même contact avec l'adversaire (qui est toujours de même sexe). Le judo, la gymnastique, le tennis, le foot, le volley ... ne proposent pas le même affrontement.
    • de l'arbitre : L'arbitre a pour rôle de faire respecter les règles. A-t-il droit à l'erreur ? Dans le domaine du foot, nous entendons souvent des contestations sur certains faits, surtout en cas de défaite. Ce qui montre une soif de justice. Mais les spectateurs sont-ils toujours objectifs ? La passion pour son équipe n'entraîne-t-elle pas une subjectivité ?
    • du public
    • des lieux
    • de son propre corps
  • Accepter la défaite
  • Accueillir la victoire dans l'humilité
    Quels sont les points communs entre le sport et la spiritualité ?
  • L'endurance
  • La fragilité
  • La souffrance
  • Le sacrifice
  • La quête
  • Le sens

Extrait : Denis Moreau : Comment peut-on être catholique ?

Diaconat au féminin (17/04/2024)

diaconesse L’origine du diaconat remonte aux Actes des apôtres (6). Sept hommes sont ordonnés diacres par imposition des mains. Paul mentionne une diaconesse dans son Épître aux Romains (16,1-2). Les premiers siècles témoignent de la présence de diaconesses, notamment auprès de l’évêque pour l’assister lors de la célébration du baptême. Mais la Tradition de l’Église abandonne le diaconat aussi bien homme que femme.

La question de l’ordination diaconale des femmes revient régulièrement sur le tapis lors des différents synodes (Amazonie, Allemagne, Belgique) pour être évacuée par l’autorité pontificale. Aucun argument théologique ou anthropologique ne permet d’étayer ce rejet. Les femmes disposent des aptitudes requises et le "service", sens originel du mot "diaconat", n’a jamais été réservé aux hommes. Le seul motif recevable est d’ordre ecclésiologique : le risque du schisme. En d’autres termes, il faut laisser à l’Église le temps d’évoluer et non pas se focaliser sur des résultats à court terme. Mais ce qui est impensable aujourd'hui sera naturel demain.

Dans une société liquide où tout avance trop vite, il est bon de garder des points de repère. Mais le diaconat, dans sa dimension de sacrement de l’ordre, n’est pas un point de repère de la Tradition ecclésiale. En tant que sacrement du service, il concerne aussi bien les hommes que les femmes, comme le montre toute la Bible. Marthe est une figure emblématique du service de la table, même si Jésus lui reproche ses préoccupations matérielles ; la samaritaine annonce la venue du messie ; une pécheresse lave les pieds de Jésus ; enfin, Marie se déclare "servante du Seigneur" (Lc 1,38). N’est-ce pas le modèle de tout serviteur sur lequel pourrait s'appuyer l'ordination diaconale des femmes ?

Nul besoin d'être ordonné pour être serviteur ! le Saint-Père rappelle que « les femmes ont toujours eu la fonction de diaconesses sans être diacres ! ». De fait, les femmes n’ont pas attendu le sacrement du diakonos, pour assumer des services au sein de l’Église ! Mais une reconnaissance ecclésiale pour toutes les femmes de l'ombre mettrait un peu de lumière dans l'Église.

Dans un entretien accordé à la télévision américaine CBS (21 mai 2024), le pape François exclut l'entrée des femmes dans l’ordre des diacres.

« Si l’on parle de diacres munis des ordres sacrés, non ». « Mais les femmes ont toujours eu la fonction de diaconesses sans être diacres, n’est-ce pas ? Les femmes sont d’un grand service en tant que femmes, pas en tant que ministres (…) dans le cadre des ordres sacrés. »

Ces propos ouvrent une porte : la possibilité de devenir diaconesse, sans pour autant assimiler cet appel au sacrement de l'ordre.

Enfin, soulignons deux points d'actualité. Le Patriarcat grec-orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique a ordonné jeudi 2 mai 2024 une première femme diaconesse, Angelic Molen, au Zimbabwe. La justice belge a reconnu l’actuel archevêque de Malines-Bruxelles et son prédécesseur coupables de discrimination pour avoir refusé à une femme la formation pour devenir diacre (25 juin 2024).

Israël (29/04/2024)

Israël Cette élection commence avec Abraham et se poursuit avec Isaac, Jacob, Joseph. Moïse propulse la nation naissante vers la terre promise que Josué conquiert par la force. Les rois David et Salomon fondent le royaume que l'histoire retiendra sous le nom d'Israël. La suite n'est qu'une lente désintégration. L'Assyrie entame le processus de la diaspora juive. Puis Babylone, la Perse, la Grèce et enfin l'Empire romain envahissent tour à tour la terre promise.

Dans cette histoire chaotique du peuple de Dieu, nous pouvons aussi évoquer la Shoah.

L'État d'Israël renaît finalement de ses cendres le 14 mai 1948. Mais Israël n'a jamais connu la paix, même à l'époque de sa gloire.

Sans doute ne faut-il pas chercher à comprendre le choix de Dieu, car nous aurions bien des griefs à lui reprocher. Pourquoi a-t-il ainsi abandonné son peuple au cours de l'histoire ? Pourquoi ce silence déchirant dans la nuit de la souffrance ? La logique humaine n'est pas celle de Dieu.

Shema Israël !

Addiction et spiritualité (25/04/2024)

addiction L’addiction et la spiritualité tentent de répondre à l'essence fondamentale de l’être humain : vivre. La première dans une soif de pouvoir et une envie de posséder ; la seconde dans une ouverture sur autre chose que soi-même et un désir d'infini. Les deux s'opposent dans un même dessein, celui du bonheur. Les deux se nourrissent d'un toujours plus, sans jamais atteindre le Graal. La différence se situe dans l'objet du désir : éphémère dans l'addiction, éternel dans la spiritualité ; accessible aux sens charnels dans le premier ; perceptible pour l'esprit dans le second. L'addiction emprisonne alors que la spiritualité libère. L'une mène en enfer, alors que l'autre promet le paradis.

IVG et Constitution (02/03/2024)

ivg et constitution Fallait-il inscrire l'IVG dans la constitution ? Rappelons que la Constitution française est la "norme suprême du système juridique français". Son préambule renvoie directement et explicitement à un autre texte fondamental : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789. Ce texte précise "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits." Le mot 'homme" doit s'entendre ici au sens grec "anthropos", c'est-à-dire "être humain" et non pas au sens masculin du mot "homme".

Rappellons que l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est limitée à 14 semaines de grossesse. L'interruption médicale de grossesse (IMG), est possible sans délai, mais il y faut des raisons médicales. La recherche sur l'embryon est bornée au 14e jour (loi de bioéthique 2021 ; article L. 2151-5 : IV du code de la Santé publique).

L'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution ne changera pas la loi en vigueur, ni le processus médical en place. Elle assure une pérénité à la loi dans la mesure où il deviendra plus difficile d'abroger celle-ci. Mais cette innovation constitutionnelle pose une question bien plus fondamentale, à savoir quel statut donner à l'embryon ?

Les femmes, auxquelles nous associons les transsexuels hommes, réclament le droit de disposer de leur corps. Mais peuvent-elles disposer du corps d'autrui ? Une question préalable à l'inscription de l'IVG dans la Constitution se pose donc. Quel est le statut de l'embryon et du fœtus ? Ont-ils celui d'être humain, d'être vivant, de personne ou de chose ? Cette difficile question nous invite à la prudence et nous ne prétendons nullement apporter de certitudes, simplement des pistes de réflexion. Lire la suite ...

Disposer de son corps (25/03/2024)

disposer de son corps Les progrès scientifiques permettent une plus grande maîtrise de son corps et de sa destinée. La vie, la sexualité et la mort reposent désormais sur une volonté humaine associée à la technique. Les grands moments de l'existence ne relèvent plus uniquement d'événements naturels avec ses contingences.

Tous les progrès, animés par une curiosité sans bornes, concourent dans le sens d'une découverte de soi-même, d'un mieux être, d'une conquête et d'une plus grande maîtrise de la nature. Cet élan rejoint l'injonction de cultiver le sol que Dieu donne au premier adam. Mais cette vocation autorise-t-elle toutes les entreprises, sans courir le risque d'une aliénation et d'une perte de notre humanité ?

Les récents débats autour de l'IVG, de la fin de vie et de la transidentité témoignent d'une volonté accrue de pouvoir disposer de son corps. Nous sommes passés en quelques décennies d'une morale hétéronome à une éthique autonome. Le judéo-christianisme a marqué les esprits pendant des siècles. Il fixait les lois dans tous les domaines. Aujourd'hui chacun dispose d'une autodétermination sur son corps dans le respect de la légalité étatique.

Mais que signifie "disposer de son corps". À qui appartient le corps pour qu'il puisse en disposer ? Le corps est la personne. Je peux disposer de moi-même. Ainsi, la liberté de disposer de son corps fonde le droit reconnu à chacun d’accomplir un certain nombre d’actes qui touchent à sa propre personne. Je peux souverainement décider de ma vie et de ma mort, de ma nature et de mes enfantements.

Mais personne n'est une monade isolée. Toute décision impacte le corps social à travers ses retombées psychologiques, son coût ou encore l'avenir de l'humanité. Chaque choix prend la forme d'un effet papillon dont nous ne mesurons pas toujours l'impact à long terme.

Le monde avance vers un dessein que nous voudrions maîtriser. Le pouvoir offre une assurance, celle de façonner l'humain selon ses propres désirs, à sa propre image. Il est illusoire de vouloir arrêter la folle course en avant et la sagesse n'aura que peu d'emprise sur le désir toujours plus violent de s'affranchir des contingences de notre nature. S'autodéterminer, n'est-ce pas la décision du premier couple biblique ? La question n'est donc pas nouvelle. L'homme et la femme chercheront toujours à s'affranchir des lois qui leur sont imposées. La vie et la mort, auxquelles il faut ajouter la sexualité, car elle prolonge la première et combat la seconde, appartiennent aux lois fondamentales de la nature humaine.

L'intelligence artificielle - IA (15/01/2024)

intelligence artificielle L'IA s'implante dans les machines au sens large de ce terme, fabriquées par l'humanité, mais qui pointent désormais une faculté de raisonnement. Les machines intelligentes existent depuis des décennies ; citons la machine à laver que personne ne voudrait supprimer. Elle est bien supérieure à n'importe quel être humain dans son domaine. Mais elle ne fait preuve d'aucune imagination ; elle suit aveuglément le cycle d'un programme. D'autres machines sont dotées d'un véritable système expert. Citons les jeux d'échecs électroniques capables de rivaliser avec les plus grands champions ; un jour, ils les supplanteront. Avec l'IA nous franchissons un cap, car la machine sera non seulement capable de dépasser l'humanité dans ses fonctions motrices et cognitives, elle se montrera plus "intelligente", intelligente au sens d'une capacité de raisonnement, de prise d'initiative, de créativité.

Il suffit désormais de quelques clics sur internet pour obtenir un exposé correct sur de nombreux sujets (ChatGPT). Des voix et des visages enfouis dans les tombes renaissent. Demain l'IA créera des œuvres qui dépasseront la beauté d'une 9e symphonie de Beethoven ou la magie d'une Joconde. L'IA permettra à des robots de se "trans-former" en humains jusqu'à les rendre méconnaissables l'un de l'autre. Mais une œuvre parfaite issue d'une machine est-elle supérieure à une œuvre humaine avec ses défauts ? Que restera-t-il d'original à l'humanité ? Sa faiblesse, ses erreurs et une dimension inaccessible à la machine : l'amour au sens spirituel de ce terme ; non pas l'amour sentiment qu'il est possible de mimer ; non pas l'amour érotique qu'il est possible d'imiter ; mais l'amour animé par un souffle divin. Car n'oublions pas que l'être humain n'est pas que matière ; il est aussi souffle. L'IA demeurera toujours dans l'incapacité de reproduire ou de dépasser ce qui échappe aux lois naturelles et scientifiques. L'IA ne remplacera jamais le souffle divin. Depuis toujours l'être humain cherche à devenir Dieu. Bientôt la machine cherchera à devenir un être humain. Cherchera-t-elle un jour à devenir Dieu ? Une nouvelle ère commence !

L'IA favorise également le mensonge. Des fake news fleurissent désormais sur nos écrans, avec beaucoup de difficultés pour discerner le vrai du faux. Elle risque donc de gangrener la société comme un cancer. Demain, des couples exploseront à cause d'une fausse image d'adultère, des hommes politiques seront ballottés à cause d'une fausse rumeur. La vérité souffrira dans tous les domaines au détriment d'une course poursuite vers des mirages qui rapportent bien plus d'audience que la banale vérité.

Jésus nous dit "Je suis le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,6)". L"IA n'est qu'un moyen au service de l'humanité pour prendre ou non le chemin que nous propose Jésus. Mais l'humanité résistera-t-elle aux sirènes d'une tour de Babel ? L'histoire biblique montre que, quels que soient les errements humains, Dieu renouvelle sans cesse sa confiance. Le mensonge est une forme de mort. Mais Jésus a triomphé de la mort. La vérité aura le dernier mot de l'histoire.

Fin de vie (05/12/2023-11/03/2024)

fin de vie Les grandes lignes du projet de loi sur la fin de vie sont désormais connues. L'aide à mourir selon le terme consacré sera réservée aux personnes majeures, capables d’un discernement plein et entier. Elles doivent avoir une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme. Enfin, elles doivent être en état de souffrance – physique ou psychologique réfractaires, c’est-à-dire que l’on ne peut pas soulager.

La mort appartient à la vie, comme son inéluctable dernier événement. Elle est l'événement irréversible par excellence. La très grande majorité des personnes ne choisit ni le jour ni l'heure de celle-ci. Des voix réclament la possibilité de choisir le moment de mourir. Ce désir résulte de plusieurs facteurs : une souffrance physique et morale ; une perte de sens ; une profonde lassitude... Nul ne peut se mettre à la place de ces personnes. Nous naissons par notre mère, mais nous mourrons seuls. Devons-nous rester maîtres de notre destin jusque dans les ultimes instants de notre vie ? La sagesse milite pour un lâcher-prise et un abandon. Le premier se met entre les mains des médecins et des accompagnateurs de fin de vie ; le second confie ses derniers instants dans les mains de Dieu. Cet idéal de sortie se heurte à la dure réalité de la fragilité humaine. La mort dans la dignité suppose l'acceptation de ses limites. La vie dans la dignité exige le concours des autres.

Quelle voie choisir lorsque la vie ne fait plus sens ? Lorsque plus aucun projet ne vient embellir l'avenir ? Lorsque la solitude entraîne le désespoir ? Vouloir mettre un terme à un non-sens est compréhensible. La question principale n'est donc pas d'autoriser ou d'interdire l'euthanasie, le suicide assisté ou l'aide à mourir, mais d'accompagner une personne en fin d'existence et lui apporter de la joie de vivre jusqu'à l'ultime seconde. Toute demande de mort cache une demande d'amour.

L'aide à mourir a-t-elle un sens ? Est-il seulement possible d'aider une personne à traverser la porte vers l'inconnu ou l'au-delà ou le grand sommeil, selon les convictions de chacun ? L'aide se situe avant, mais pas pendant. La mort demeure une épreuve solitaire, la dernière de l'existence. N'est-ce pas plutôt une aide à vivre ses derniers instants ?

Le déni de la mort est aussi dramatique que le désir de mourir. Le premier occulte notre nature humaine, alors que le second traduit une désespérance.

La bénédiction des couples homosexuels (10/01/2024)

Le Vatican a autorisé le 18 décembre 2023 la bénédiction des couples homosexuels au sein de l'Église catholique, une évolution majeure au regard de la Tradition ecclésiale (Fiducia supplicans). Ce rite soigneusement encadré ne doit pas se confondre avec le sacrement de mariage réservé à un couple homme-femme. Rappelons aussi que le sacrement de mariage se réalise à travers l'échange des consentements et non par la bénédiction nuptiale.

Des voix se réjouissent de la bénédiction de couples homosexuels ; d'autres se scandalisent. Une telle évolution s'accorde-t-elle avec toutes les cultures ? Avant de bénir, il serait opportun de commencer par décriminaliser l'homosexualité.

Bénir, du latin bene-dicere (hébreu barak), signifie littéralement "dire du bien". Toute personne mérite d'être bénie à titre personnel, quelle que soit son orientation sexuelle. La bénédiction d'un couple signifie "dire du bien" de leur situation conjugale. Les opposants d'un tel rite considèrent les homosexuels en état de péché, or l'Église ne peut pas bénir le péché. Mais la notion de péché dépasse le cadre rigoureux de la loi. Le catéchisme juge les actes homosexuels comme "intrinsèquement désordonnés". De fait, ils ne sont pas ordonnés à la procréation, commandement sexuel donné dès le premier chapitre de la Genèse (Gn 1,28). Mais cette vocation originelle souffre d'exceptions. Comme toute règle, elle contient ses limites. Par ailleurs, le péché est une notion religieuse qui suppose une lecture de la bible et une confrontation à la personne de Jésus. Une loi détermine une faute, mais ne peut qualifier une personne de pécheresse. Il revient à la conscience éclairée au regard de Dieu de le déterminer.

La bénédiction d'un couple homosexuel relève d'un désir pastoral d'accueillir des personnes dans une situation qui contredit l'anthropologie biblique, sans les condamner. Ce geste d'Église rappelle que notre vocation ultime est celle de l'amour qui s'exprime à travers des désirs divers et non stéréotypés. Et il ne revient à personne de s'ériger en juge d'un état de vie différent de ses convictions profondes. Les couples homosexuels qui se présentent à l'église recherche une reconnaissance ecclésiale et sont en chemin avec Jésus, comme tout chrétien. « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? », s'était interrogé le pape François en 2013.

Les questions autour de l'homosexualité relèvent de l'anthropologie avant de les décliner dans le champ de l'éthique. Poser des normes pour l'être humain dans ses relations, suppose d'abord une définition de l'homme et de la femme dans leurs dimensions affectives et psychologiques, ainsi que dans leurs pulsions. Or personne ne choisit son sexe, ni son genre, ni même son orientation sexuelle. Chacun les cultive avec ses forces et ses fragilités.

La bénédiction des divorcés remariés (10/01/2024)

Le document Fiducia supplicans autorise aussi la bénédiction des divorcés remariés, ces couples n'ayant pas le "droit" au sens canonique de ce terme, de se remarier sacramentellement. Soulignons que dans la religion orthodoxe, un époux divorcé a le droit de se remarier religieusement. L’Église protestante accepte également la possibilité de bénir une nouvelle union (il n'y a pas de sacrement de mariage dans le protestantisme).

Comme nous l'avons souligné pour les couples homosexuels, la bénédiction ne constitue pas un mariage. Elle "dit du bien" sur une situation conjugale. La multiplication des séparations montre la fragilité des couples qui se fondent désormais sur les sentiments. La perspective de faire son chemin avec la même personne durant toute sa vie demeure tant que l'amour s'éprouve. Mais elle disparaît dès que la routine ou les épreuves s'installent dans le couple. Faut-il bénir les couples qui se recomposent et recherchent à nouveau le bonheur ? Ces couples désirent associer Jésus à leur vie conjugale et il serait inapproprié de les laisser au bord du chemin. Si le sacrement de mariage doit demeurer unique pour une personne, sauf nullité et dispense, alors l'Église se doit d'inventer d'autres rites pour accueillir tous les couples. Une autre piste serait de revoir les modalités de nullité et les causes de dispense. Le pape François avait déclaré en 2016 : " la grande majorité des mariages sont nuls ".

Des femmes prêtres ? (10/12/2023)

Les hommes tiennent les rênes du pouvoir depuis des siècles. Même si certaines femmes se sont illustrées (Cléopâtre, Jeanne d’Arc, mère Teresa…), la régence et la gouvernance sont restées dans les mains masculines. Depuis quelques décennies, au sein des sociétés démocratiques, des femmes accèdent au pouvoir, dans tous les secteurs de la vie économique, sociale ou politique. Mais un constat s'impose : l'Église est le dernier bastion à résister aux femmes. Certes, quelques-unes accèdent à des postes à responsabilités, mais d'une manière générale, les hommes décident des orientations, des nominations, des lois, de la liturgie et des vérités de foi. Faut-il pour autant ordonner des femmes ? Une confusion entre pouvoir et sacerdoce, gouvernance et service, empêche toute évolution dans ce domaine. L’Église est à redessiner dans son mode de fonctionnement pour laisser aux laïcs et donc aux femmes le pouvoir de décision et de gouvernance de l'Eglise. En ce sens, le sacerdoce aurait pour finalité d'assurer la « conduite du sacré ». La création d’un ministère de la gouvernance ouvert au laïcs, poserait la première pierre de cette Église, peuple de Dieu, au service de l’annonce de l’évangile. (Lire la suite...)

Des scandales sexuels (05/12/2023)

Des scandales sexuels ont éclaboussé et fragilisé l'Église. Ces scandales rappellent deux constats : les hommes détiennent le pouvoir au sein de l'Église et la sexualité est le champ éthique le plus ambivalent de la nature humaine. Sur le premier point, nous en avons déjà parlé dans la question des femmes prêtres. Sur le second, nous ne pouvons que constater la fragilité et la vulnérabilité de l'être humain. Même un homme d'Église, pourtant pétri de prières et de foi, risque de glisser sur la pente de la perversion, au détriment d'innocents. Le pouvoir exige une maîtrise de soi, sinon il devient emprise sur l'autre. Contrôler ses pulsions demeure une tâche redoutable face à la tentation. La grâce divine n'efface pas les inhérences de notre nature, mais nous aide à les porter et à surmonter les épreuves. Ces hommes méritent une condamnation. Quant au pardon, il revient à chaque victime de l'accorder sur demande du coupable. Enfin, l'Église doit tirer les leçons de cette immoralité, tout en sachant qu'aucune solution n'est magique. N'oublions pas que la majorité des abus se déroulent en famille.