Quel avenir pour les paroisses ?
Les réflexions ci-dessous n'engagent que son auteur. Elles cherchent des pistes pour les décennies à venir en ce qui concerne les paroisses. Elles se limitent à des propositions au sein d'un diocèse et n'abordent pas les questions plus vastes qui toucheraient à la discipline de l'Église. La question des femmes dans l'Église est abordé dans une autre étude.
Le constat
Etymologiquement, le mot "paroisse" désigne « celui qui habite à côté, près de ». Le terme vient du grec, paroikia qui vient de para « à côté » et de oikein « habiter, séjourner », oikos « maison, habitat ». Au deuxième siècle, paroikia devient synonyme de « communauté chrétienne ». Cette communauté paroissiale est à la fois une organisation spirituelle de l’existence chrétienne, mais aussi une représentation de la communauté chrétienne dans l’espace civil romain. Le terme paroikia est appliqué pour la première fois à des communautés chrétiennes dans la lettre des chrétiens de Smyrne informant du martyre de Polycarpe vers 155 en ces termes : « L’Église de Dieu qui séjourne à Smyrne à l’Église de Dieu qui séjourne à Philomelium et à toutes les communautés de la sainte Église catholique qui séjournent en tout lieu » : les paroikiai sont toutes les communautés qui participent de la communion constitutive universelle (Église de Smyrne, 1990 : 243). Entre le IIe et le IIIe siècles, le concept de paroikia prend un sens de juridiction sous l’autorité d’un évêque. C’est au IVe siècle, avec la fin des persécutions décrétée par l’édit de tolérance par Constantin, que « l’entrée en des masses » entraîne des changements dans la façon de vivre en chrétien en un endroit. Effectivement, selon Alphonse Borras, « l’évêque ne sera plus le seul à présider l’assemblée dominicale » dans les centres urbains, « en périphérie urbaine et bientôt à la campagne, ce seront les prêtres qui présideront l’eucharistie avec des chrétiens devenus très nombreux » (Bobineau, 2010a : 83). Paroikia devient le lieu de culte décentralisé dans lequel sont célébrés les sacrements, mais sans population précisément définie (Mercator, 1997 : 16-17). La paroikia finit par s’individualiser comme une communauté distincte de l’évêque : c’est la communauté des chrétiens d’un lieu (Baslez, 2010). Olivier Bobineau : Histoire du pouvoir de la paroisse.
Depuis le concile Vatican II, le Code de droit canonique de 1983 définit qu'à chaque paroisse est attribuée un curé, titulaire de la charge pastorale. Ce nom de curé signifie « chargé du soin des âmes » (curatus animarum).
La France compte en 2022 environ 10000 paroisses pour autant de prêtres diocésains (plus 3000 prêtres religieux). Voir les statistiques. Mais la majorité de ces prêtres dépassent 70 ans et le renouvellement ne sera pas assuré. La survie du christianisme passe par des aménagements drastiques. Car les moyens mis en oeuvre jusqu'ici pour ralentir la crise n'ont pas eu les effets escomptés. Le regroupement des paroisses, la formation des laïcs et leur investissement dans les paroisses butent sur cette réalité : les attentes spirituelles et sacramentelles ne sont plus assurées et la vocation missionnaire de l4eglise est laissée à l'abandon. Les assemblées liturgiques se vident inexorablement faute de prêtres et de chrétiens. Le territoire, notamment rural, perd toute référence au christianisme.
Le pape François n'hésite néanmoins pas à affirmer :
La paroisse n’est pas une structure caduque ; précisément parce qu’elle a une grande plasticité, elle peut prendre des formes très di- verses qui demandent la docilité et la créativité missionnaire du pasteur et de la communauté (...) La paroisse est présence ecclésiale sur le territoire, lieu de l’écoute de la Parole, de la croissance de la vie chrétienne, du dialogue, de l’annonce, de la charité généreuse, de l’adoration et de la célébration. À travers toutes ses activi- tés, la paroisse encourage et forme ses membres pour qu’ils soient des agents de l’évangélisation. Elle est communauté de communautés, sanc- tuaire où les assoiffés viennent boire pour conti- nuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire. Pape François, exhortation apostolique Evangelii Gaudium 28.
Le système actuel repose sur une structure paroissiale qui a fait ses preuves dans un monde christianisé. Mais est-il adapté pour remplir sa vocation d'annonce de l'évangile en l'absence de prêtres ?
Deux étapes se dessinent :
- 1 – Celle où un curé est maintenu dans la paroisse
- 2 – Celle où les communautés se construisent sans curé
La première maintient les structures paroissiales alors que la seconde les dissout au profit de communautés gouvernées par des laïcs.
Les paroisses avec curé
Les pistes ci-dessous ne concernent que l'avenir des paroisses et la mission des prêtres. Elles ne traitent pas du rôle de l'évêque, ni de celui des diacres. Le modèle proposé doit bien évidemment s'adapter au fonctionnement structurel des paroisses.
Le projet
- Construire la paroisse de demain
- A travers la mise en place d’une Gouvernance Paroissiale qui devra :
- Prendre les décisions pour la paroisse (ce n’est pas un secrétariat du curé, mais une instance de décision)
- Décharger le curé de toute tâche qui ne relève pas de son ministère
- Offrir une vue d’ensemble afin de mieux identifier les rôles et les responsabilités de chacun
- Coordonner les multiples activités
- Assister les services dans leurs missions
- Faciliter la communication au sein de la paroisse, entre les services et en va et vient entre le terrain et la structure
- Assurer le lien fonctionnel avec le diocèse
- Dans le cadre du projet paroissial : servir, annoncer, célébrer ainsi que dans la mise en oeuvre des orientations pastorales : la solidarité, la réconciliation, l’éducation, la catéchèse et la formation
La gouvernance paroissiale
- Des laïcs en responsabilité qui vont conduire la paroisse
- Des prêtres et diacres qui vont accompagner les acteurs, les services, la gouvernance au titre de leur ministère
- L'Équipe d'Animation Paroissiale (EAP) devient une EAP de décision et de conduite
- Constitution de l’EAP
- Le curé
- Le coordinateur paroissial
- Les « référents » des pôles ou adjoints
- Laïcs En Mission Ecclésiale (LEME)
- Les « référents » des pôles ont notamment pour rôle :
- de remonter à l’EAP ce qui est vécu sur le terrain dans les services
- d’assurer le soutien, le suivi et la coordination des services
- de veiller à la communication des informations au sein de leur pôle et avec les autres pôles
- de proposer des formations aux acteurs de leurs services
- Les services sont animés par un responsable qui réfère ses activités au référent de pôle en fonction d’une organisation à définir au sein de chaque pôle
- Un coordinateur paroissial est nommé sur la paroisse. Les missions seront définies avec le curé de la paroisse. L’objectif est de décharger le curé de toutes les préoccupations qui ne relèvent pas directement de son ministère.
Des pôles de gouvernance
Un pôle se définit par un regroupement de services en une entité coordonnée par un « référent ».
Le pôle Servir
La solidarité auprès des personnes qui vivent une situation de pauvreté, des exclus et de toutes les personnes en souffrance est une mission importante pour tous ceux qui veulent vivre l‘Evangile en vérité.
Ce pôle a pour vocation d’ouvrir la paroisse vers l'extérieur en assurant un lien avec les différentes équipes des mouvements d'Eglise et des associations.
Le pôle Servir comprend notamment :
- Le service évangélique des malades
- L’accompagnement des familles en deuil
- L’accompagnement des personnes âgées en maison de retraite
- Secours catholique, CCFD, AED, ...
- Le service d’accueil des personnes séparées, divorcées, remariées
- ...
Le pôle Célébrer
Le pôle Célébrer a pour mission :
- la recherche d'une liturgie toujours plus proche de la communauté et des personnes extérieures
- le soutien de l'assemblée pour des célébrations toujours plus participatives et toujours plus priantes
Il est composé de :
- la Commission Liturgique Paroissiale
- les équipes liturgiques
- les animateurs liturgiques
- la chorale
- les musiciens
- les équipes de fleurs et décoration
- les équipes de préparation matérielle des célébrations
- les messes des jeunes, messes des familles
- la fête paroissiale
- la journée du pardon
- la liturgie de la parole pour enfants
- enfants de chœur
- le calendrier liturgique
- les groupes de prière
- ...
Pôle Annoncer
Le pôle Annoncer a pour mission :
- de préparer aux sacrements de baptême, confirmation 1ère eucharistie et mariage
- d’accompagner les enfants, les jeunes, les catéchumènes à travers la catéchèse, l’éveil à la foi ou l’aumônerie
- de proposer une formation à tous ceux qui souhaitent :
- prendre une responsabilité
- acquérir des connaissances théologiques, bibliques
- approfondir la foi
Le pôle Annoncer regroupe les services :
- catéchuménat
- aumônerie des jeunes
- éveil à la foi
- catéchèse
- catéchèse spécialisée (M.A.S. Diapason)
- préparation aux sacrements d’initiation (baptême, 1ère communion, confirmation)
- préparation au mariage
- la formation sur la paroisse ou en lien avec le diocèse
- le parcours alpha
- soirées cinéma
- ...
Pôle Communiquer
La communication a pour mission de :
- rendre visible cette vie paroissiale tant à l’intérieur de la communauté qu’à l’extérieur
- accueillir les personnes dans l’Eglise
- veiller à une relation adaptée avec toutes les personnes se situant en marge ou en dehors de l'Eglise
- remplir des tâches de secrétariat
- assurer la diffusion de l’information
- faciliter le fonctionnement de la paroisse en mettant à disposition de tous les informations nécessaires
- gérer l’outil informatique de la paroisse
Le pôle Communiquer regroupe les services :
- accueil presbytère
- affichage église
- archives paroissiales
- bulletin paroissial
- gestion du site internet
- gestion de l’annuaire paroissial
- polycopie-reproduction
- ...
Pôle Administrer
Le pôle Administrer a pour mission de gérer les affaires économiques de la paroisse
- le budget
- les ressources humaines
- la comptabilité
- les besoins et services matériels
- les travaux
- les projets immobiliers
Le pôle Administrer regroupe les services suivants :
- le C.A.E.P. (Conseil pour les Affaires Economiques Paroissiales) avec un référent par clocher
- la comptabilité qui gère toute la comptabilité de la paroisse et la trésorerie
- le denier de l’Eglise
- l’entretien des églises, des presbytères, des salles paroissiales, des espaces verts
- la cuisine
- l’ouverture des portes des églises
Le référent du pôle Administrer est l’économe paroissial.
Des communautés sans curé
suite à disparition des paroisses
La paroisse est encore spontanément associée à la territorialité. D’ailleurs, la territorialité est un des principes essentiels de l’organisation de l’Église catholique latine. Dans les faits, bon nombre de catholiques, en ville, participent à la vie paroissiale qui n’est pas celle de leur domicile, mais de leur élection. Par contre, en campagne, les fidèles se retrouvent dans la paroisse du lieu.
Les paroisses rurales seront les premières à fermer leurs portes. Pour pallier cet inexorable destin, il faut anticiper et regrouper les forces vives du christianisme. La disparition des paroisses "pseudo-territoriales" permettrait de regrouper des forces ecclésiales pour construire de véritables communautés chrétiennes. Au "chacun prêche pour sa paroisse" se substitue "tout le monde fait Eglise en communauté".
Créer des communautés
Il nous faut donc travailler à construire des communautés où règne la fraternité et l'accueil, la joie et l'ouverture. Cela s’applique à toutes les formes de regroupements ecclésiaux : communautés de vie consacrée nouvelles ou anciennes, instituts séculiers, associations de fidèles. Cela
s’applique aussi à ces réalités que sont les paroisses. Elles doivent devenir de plus en plus de véritables communautés.
Nos paroisses sont appelées à devenir des communautés missionnaires, des communautés ouvertes, hospitalières. Les modèles de communautés existantes pourraient servir de base de réflexion (Foyers de charité...).
Ces communautés auraient la charge de :
- la gouvernance des lieux
- la célébration des sacrements
- le ressourcement spirituel
- la formation
- l'envoi en mission
Elles ne seraient pas affiliées à une territorialité.
Les prêtres envoyés par le Conseil épiscopal et acceptés par la communauté se verraient confiés une mission sacerdotale au service de cette communauté.
Une gouvernance laïque
Le code de droit canonique précise : « Le curé est le pasteur propre de la paroisse qui lui est remise en exerçant, sous l’autorité de l’Évêque diocésain dont il a été appelé à partager le ministère du Christ, la charge pastorale de la communauté qui lui est confiée, afin d’accomplir pour cette communauté les fonctions d’enseigner, de sanctifier et de gouverner avec la collaboration éventuelle d’autres prêtres ou de diacres et avec l’aide apportée par des laïcs, selon le droit. » (Code de Droit Canonique – C. 519)
La paroisse s'est longtemps accommodée du modèle hiérarchique, avec à sa tête un curé, nommé par l'évêque, et des laïcs au service du curé.
Rappelons-nous la scène du film "Des hommes et des dieux", où l'abbé se voit reprocher sa manière d'agir : « Nous ne t'avons pas élu pour décider seul ! ». L'Église est Peuple de Dieu, corps du Christ avant d'être constitution hiérarchique.
Un prêtre est ordonné en vue du sacerdoce, c'est-à-dire littéralement "la conduite du sacré". La gouvernance ne relève pas du sacré, mais d'une mission particulière. Le prêtre est-il formé pour gérer une véritable "entreprise" ? Est-ce sa vocation ? Ne risque-t-il pas de perdre du temps à de multiples tâches non sacerdotales ?
Une gouvernance laïque rémunérée permettrait aux prêtres d'être déchargés de tout ce qui ne relève pas du "sacer-doce". La frontière entre le sacré et le profane devrait être définie et actée dans un cahier des charges, de manière à ce qu'il n'y ait notamment pas confusion entre le for interne et le for externe. Les charges réservée au prêtre pourraient se résumer en :
- Présider les sacrements
- Etre le garant de l'othodoxie de la liturgie
- Veiller au respect du droit canonique
La gouvernance serait assurée par un Conseil de Communauté et pourrait se décliner à travers les pôles :
- Administrer : Comptabilité, RH, économie, ...
- Annoncer : Formations, catéchèse, spiritualité ...
- Servir : Missions, accueil ...
- Célébrer : Sacrements
- Communiquer : Informations, supports de communications, éditions, ...
Créer de nouveaux ministères
- Ministère de la gouvernance : pour toutes les personnes en charge de la gouvernance des communautés
- Ministère de la mission : pour toutes les personnes envoyées en mission
Une liturgie joyeuse
La présidence
Le prêtre préside, le peuple célèbre. Tous les rites sont ordonnés sous la présidence d'un ministre reconnu par l'assemblée. Il accomplit les gestes et professe les paroles que nul autre n'est en droit de poser.
La joie
Certaines célébrations sont vivantes et joyeuses. D'autres se soldent dans la rangaine et la tristesse. La beauté liturgique est un fort vecteur missionnaire.
Les sacrements constituaient autrefois la porte d'entrée de l'Eglise. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'Eglise se doit d'inventer d'autres rites festifs, joyeux et fraternels pour attirer les foules. Le parcours Alpha est en ce domaine un modèle à développer. L'attraction fonctionne bien mieux que le prosélytisme.
L'agencement
La grande majorité des lieux de culte propose un agencement où les fidèles sont assis en rang devant l'autel du sacrifice (Ancien Testament) et non pas regroupés autour de la table de la cène (Nouveau Testament).
Une Église chrétienne
Faut-il continuer à penser Église catholique (romaine en occident) ? Ne faut-il pas s'associer aux autres Eglises chrétiennes pour célébrer et annoncer la bonne nouvelle de l'évangile ? Les nouvelles communautés pourraient se construire dans le respect des traditions respectives.
Des chrétiens en mission
Une idée de la paroisse de Cuisery (71)
Une conviction : Il faudrait que dans chaque communauté humaine, chaque village, chaque quartier, il y ait une visibilité concrète de l'Eglise, à travers des chrétiens qui s'en sentent responsables là où ils sont. Ces chrétiens se répartiraient les tâches, la représentativité, l'information, en fonction de leurs charismes et de leurs possibilités dans le respect du "principe de subsidiarité" = chacun fait ce qu'il sait faire et ce qu'il peut faire, en fonction de son âge, de ses connaissances, de ses goûts, de ce que l'Esprit suggère... "il vaut mieux que beaucoup fassent un petit peu plutôt que peu fassent beaucoup!" Jean-François Arnoux
L’annonce de l’Évangile ne peut plus se baser comme autrefois sur un fond culturel chrétien qui unifiait l’ensemble de la société : elle est en concurrence avec d’autres discours religieux ou philosophiques qui prétendent eux aussi à la vérité absolue.
Impossible de transmettre l’Évangile d’une façon crédible, s’il n’y a pas chez le disciple une véritable rencontre de Jésus, s’il n’y a pas un
« être avec Jésus » qui transforme toute l’existence et lui donne un sens. S’il y a une chose que le monde d’aujourd’hui recherche, c’est
l’authenticité. D’abord et avant tout, il a besoin de témoins, c’est-à-dire de personnes qui sont habitées par une rencontre, celle de Jésus.
L’institution ecclésiale ne reposerait plus uniquement sur le seul curé, jadis le ministre par excellence de la paroisse et par surcroît le représentant de l'autorité, mais sur les communautés.
Des expériences missionnaires voient le jour, par exemple :
Mission Isidore
Former les laïcs et les prêtres
La théologie n'est pas un domaine réservé aux vocations religieuses et sacerdotales. Tout chrétien doit se former, sous peine de devenir gnostique (enfermé dans son savoir).
- Former les laïcs à la théologie.
- Former les laïcs à la gouvernance des communautés.
- Former les prêtres au partage des responsabilités.
- Former à l'écoute.
19 Dans une Église synodale, la conversion primordiale est celle de l'écoute, fruit majeur du parcours
synodal : d'abord l'écoute de l'Esprit Saint, véritable protagoniste du Synode, puis
l'écoute mutuelle, fondement de la mission.
34. Il semble donc extrêmement opportun de créer un ministère de l'écoute
et de l'accompagnement reconnu et éventuellement institué, qui rende
concrètement réalisable une caractéristique si distinctive d'une Église synodale.
54. Une Église synodale missionnaire repose fondamentalement sur la
capacité à écouter, ce qui implique la reconnaissance que nul n'est autosuffisant
dans l'exercice de sa mission et que chacun a une contribution unique à offrir tout
en ayant à apprendre des autres. La formation à l'écoute s’impose donc comme un
premier prérequis essentiel.
Comment être une Église synodale en mission ? Instrumentum laboris
pour la deuxième session (octobre 2024).
Des ouvertures
En Allemagne, les diocèses d'Essen et de Rottenburg-Stuttgart autorisent les laïcs hommes ou femmes à baptiser des enfants de moins de 14 ans. Ils justifient cette réforme par une situation d’urgence dictée par le manque de prêtres, mais aussi le souci de plus d’égalité entre hommes et femmes. Généralement réservé aux prêtres et diacres, le sacrement peut être donné par des laïcs dans des situations d’urgence, selon le droit canonique.
Concernant le sacrement de mariage, en l’absence de prêtre ou de diacre, l’évêque diocésain, sur avis favorable de la conférence des Évêques et avec l’autorisation du Saint-Siège, peut déléguer des laïcs pour assister aux mariages (canon 1112). Dans l’impossibilité de trouver un assistant dans le mois ou en cas de danger de mort, le droit canonique reconnaît la validité des mariages célébrés uniquement devant deux témoins (canon 1116).
Ces deux exceptions pourraient s'étendre dans les prochaines décennies.
Conclusion
Les hommes tiennent les rênes du pouvoir depuis des siècles. Même si certaines femmes se sont illustrées (Cléopâtre, Jeanne d’Arc, mère Teresa…), la régence et la gouvernance sont restées dans les mains masculines. Depuis quelques décennies, au sein des sociétés démocratiques, des femmes accèdent au pouvoir, dans tous les secteurs de la vie économique, sociale ou politique. Mais un constat s'impose : l'Église est le dernier bastion à résister aux femmes. Certes, quelques-unes accèdent à des postes à responsabilités, mais d'une manière générale, les hommes décident des orientations, des nominations, des lois, de la liturgie et des vérités de foi. Faut-il pour autant ordonner des femmes ? Une confusion entre pouvoir et sacerdoce, gouvernance et service, empêche toute évolution dans ce domaine. L’Église est à redessiner dans son mode de fonctionnement pour laisser aux laïcs et donc aux femmes le pouvoir de décision et de gouvernance de l'Eglise. En ce sens, le sacerdoce aurait pour finalité d'assurer la « conduite du sacré ». La création d’un ministère de la gouvernance ouvert au laïcs, poserait la première pierre de cette Église, peuple de Dieu, au service de l’annonce de l’évangile.
Ces aménagements ne se conçoivent que dans le temps et ne sauraient s'imposer de manière péremptoire. Mais l'urgence de la situation milite pour engager le processus. Les communautés ci-dessus pourraient dans un premier temps se mettre en place à travers un regroupement de paroisses. Puis s'élargir à tout le territoire en fonction de la raréfaction des prêtres.