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Le magnificat

Sources

Magnificat (Luc 1, 46-55) Cantique d’Anne (1 Samuel 2, 1-10) Autres sources
46 Marie dit alors: "Mon âme exalte le Seigneur, 1 Alors Anne fit cette prière : « Mon cœur exulte en Yahvé, ma corne s'élève en mon Dieu, ma bouche est large ouverte contre mes ennemis, car je me réjouis en ton secours. Ps 34, 4 Magnifiez avec moi Yahvé, exaltons ensemble son nom.
Is 61,10 Je suis plein d'allégresse en Yahvé, mon âme exulte en mon Dieu, car il m'a revêtu de vêtements de salut, il m'a drapé dans un manteau de justice, comme l'époux qui se coiffe d'un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux.
47 et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, Ps 9,2 j'exulte et me réjouis en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut.
48 parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante.
Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, Gen 30,13 Léa éclatait de joie et s’écriait :"Quel bonheur pour moi, car les filles m'ont proclamé bienheureuse"
49, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses
Saint est son nom, 2 Point de Saint comme Yahvé, car il n'y a personne excepté toi , point de Rocher comme notre Dieu.
50 et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe 3. Ne multipliez pas les paroles hautaines, que l'arrogance ne sorte pas de votre bouche. Un Dieu plein de savoir, voilà Yahvé, à lui de peser les actions.
4. L'arc des puissants est brisé, mais les défaillants sont ceinturés de force.
52 Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles 8. Il retire de la poussière le faible, du fumier il relève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles et leur assigner un siège d'honneur; car à Yahvé sont les piliers de la terre, sur eux il a posé le monde. Sir 10,14-15 Le Seigneur a renversé le trône des puissants et fait asseoir à leur place les doux. Le Seigneur a déraciné les orgueilleux et a planté à leur place les humbles" ()
Ps 113,7-8 De la poussière il relève le faible, du fumier il retire le pauvre, pour l'asseoir au rang des princes, au rang des princes de son peuple.
53 Il a comblé de biens les affamés 5. Les rassasiés s'embauchent pour du pain, mais les affamés cessent de travailler. La femme stérile enfante sept fois, mais la mère de nombreux enfants se flétrit.
et renvoyé les riches les mains vides. 6. C'est Yahvé qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en remonter.
7. C'est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit, qui abaisse et aussi qui élève.
54 Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, 9. Il garde les pas de ses fidèles, mais les méchants disparaissent dans les ténèbres, car ce n'est pas par la force que l'homme triomphe .
55 selon qu'il l'avait annoncé à nos pères en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais!" 10. Yahvé, ses ennemis sont brisés, le Très Haut tonne dans les cieux. Yahvé juge les confins de la terre, il donne la force à son Roi, il exalte la vigueur de son Oint. »

Extraits du commentaire sur le Magnificat de Martin LUTHER (1521)

Marie confesse que la première œuvre de Dieu en elle est le regard jeté sur elle ; c'en est aussi la plus grande, car toutes les autres sont contenues dans celle-là et découlent d'elle. En effet, là où les choses en viennent au point que Dieu tourne son visage vers quelqu'un pour le regarder, là il n'y a que grâce et félicité et tous les dons et les œuvres suivent nécessairement... Marie montre qu'elle-même estime cette œuvre comme la plus grande, quand elle dit : "Voici, à cause de ce regard sur moi, toutes les générations me diront bienheureuse".

Note bien ces termes ! Elle ne dit pas qu'on dira beaucoup de bien d'elle, qu'on célébrera sa vertu, qu'on exaltera sa virginité ou son humilité, ni qu'on chantera quelque chanson sur ce qu'elle a fait ; non, c'est seulement à cause du regard que Dieu a jeté sur elle qu'on la dira bienheureuse ; c'est vraiment là rendre honneur à Dieu si purement qu'on ne pourrait le faire plus purement. Par là, nous devons apprendre quel est le véritable honneur dont nous devons l'honorer. Comment doit-on s'adresser à elle ? Regarde bien les mots du texte biblique ; ils t'apprennent à parler ainsi : "O toi, bienheureuse vierge et "mère de Dieu" comme tu as été rien du tout, insignifiante et méprisée, et pourtant Dieu t'a regardée avec tant de grâce et de richesse et il a accompli en toi de grandes et belles choses !

Oh ! Heureuse et bienheureuse es-tu depuis cette heure jusque dans l'éternité, toi qui as trouvé un tel Dieu.

Marie n’énumère pas en détail les bienfaits dont Dieu l’a comblée ; elle les résume d’un mot : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. » En d’autres termes : tout ce qu’il a daigné accomplir en moi est merveilleux. C’est tout ! Quelle leçon pour nous ! Marie montre en cette circonstance que plus l’âme est recueillie, plus elle est sobre en paroles. Marie sent son incapacité absolue à exprimer avec des mots ses pensées et ses sentiments. Voilà qui explique l’exceptionnelle richesse de ces quelques phrases jaillies du fond du cœur, si difficiles à pénétrer sauf pour ceux qui ont éprouvé, en partie du moins, des sentiments analogues. En parlant des « grandes choses » que Dieu a réalisées en elle, Marie fait uniquement allusion à sa Maternité divine. Cette grâce initiale explique toutes les autres faveurs de Dieu, si nombreuses et si sublimes. Elle résume ce qui fait son honneur et sa joie ; elle nous permet de comprendre pourquoi Marie occupe, à la tête de l’humanité, un rang unique et absolument exceptionnel. Qui pourrait l’égaler ? Elle est la mère de Jésus qui a pour Père le Tout-Puissant ! Elle-même ne trouve pas d’expression pour désigner une pareille grâce. Dans les transports de sa ferveur, elle parle simplement « des grandes choses » qu’il est impossible d’expliquer par des mots. Marie est Mère de Dieu : c’est son principal titre de gloire ; il englobe et résume tous les autres. Seule une méditation silencieuse et prolongée peut nous permettre de saisir ce qu’a d’exceptionnel ce privilège de Marie. »

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Commentaire de Jean-Marie LUSTIGER