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Les ruptures de l'alliance

La fidélité de Dieu

Dieu apparaît comme le Dieu de l’alliance, ou ce qui est la même chose comme le Dieu de la promesse. Car il n’y a pas d’alliance sans promesse. Et le contenu de la promesse, c’est toujours, sous des formes diverses, que Dieu sera fidèle à sa parole, qu’il accompagnera et conduira son peuple et qu’il le conduira vers un accomplissement, vers un pays de paix et de bonheur, vers la cité sainte, vers la nouvelle Jérusalem. Le contenu de la promesse, c’est la présence de Dieu auprès de son peuple à travers le déroulement de l’histoire. Roger Mehl, La fidélité de Dieu.

Confesser que l’alliance est l’initiative de Dieu, c’est reconnaître que sa continuation dépend de Dieu, non de l’humanité. Si l’alliance dépendait d’une quelconque manière de nous, elle serait vouée à l’échec. Elle demeure toutefois l’initiative souveraine de Dieu, et il achève ce qu’il a commencé.

Il est important de noter cela. On présente parfois l’idée selon laquelle Dieu fait peut-être le premier pas pour établir son alliance, mais qu’ensuite c’est à son peuple de la continuer. Dieu a commencé les choses, mais nous devons les achever. Encore une fois, je ne nie pas ici la grande responsabilité que tout enfant de l’alliance a — nous reviendrons plus tard sur le thème de notre responsabilité dans l’alliance. Ce qu’il faut comprendre ici c’est que Dieu, qui instaure son alliance, la mène aussi à la perfection. Il agit continuellement pour restaurer la relation d’alliance, pour accorder à son peuple une libération et un renouvellement dont il a grandement besoin.

À certains moments clés de l’histoire du peuple de Dieu, où tout semble perdu et qu’il n’y a plus d’issue, nous voyons que l’Éternel Dieu fait les pas décisifs pour ouvrir de nouvelles voies et qu’il le fait en raison de son alliance. Il est entré dans une relation avec son peuple, et a fait cela avec un serment de fidélité envers son propre nom. Il respecte sa parole. Clarence Stam (pasteure)

Dieu n’est pas homme pour mentir, un fils d’Adam pour se rétracter. Va-t-il dire et ne pas agir, prononcer une parole et ne pas l’exécuter ? (Livre des nombres 23, 19)

Aucun des engagements pris par le Seigneur en faveur de la maison d’Israël ne resta sans effet : tout arriva. (Livre de Josué 21, 45)

Tu sauras donc que c’est le Seigneur ton Dieu qui est Dieu, le Dieu vrai qui garde son Alliance et sa fidélité pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements. (Deutéronome 7, 9)

Lv 16,40 « Mais ils confesseront leur faute et celle de leurs pères, en disant qu’ils ont commis un sacrilège envers moi, qu’ils se sont même opposés à moi, 41 que je me suis alors opposé à eux et les ai amenés dans le pays de leurs ennemis ; ou bien, un jour, leur cœur incirconcis s’humiliera et leur châtiment s’accomplira. 42 Je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, je me souviendrai aussi de mon alliance avec Isaac, et aussi de mon alliance avec Abraham ; je me souviendrai du pays. 43 Ainsi, quand le pays sera abandonné par eux, quand il accomplira ses sabbats pendant le temps où ils le laisseront dans la désolation, quand leur châtiment s’accomplira parce qu’ils auront rejeté mes coutumes et pris mes lois en aversion, 44 même alors, quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les aurai pas rejetés ni pris en aversion au point de les exterminer et de rompre mon alliance avec eux, car c’est moi, le SEIGNEUR, leur Dieu. 45 Je me souviendrai, en leur faveur, de l’alliance conclue avec leurs aïeux que j’ai fait sortir du pays d’Egypte sous les yeux des nations, afin que pour eux je sois Dieu, moi, le SEIGNEUR. »

Exode 2:24 Dieu entendit leurs gémissements, et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob.

Exode 6:5 J'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël, que les Égyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance.

Lévitique 26:42 Je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, je me souviendrai de mon alliance avec Isaac et de mon alliance avec Abraham, et je me souviendrai du pays.

Lévitique 26:45 Je me souviendrai en leur faveur de l'ancienne alliance, par laquelle je les ai fait sortir du pays d'Égypte, aux yeux des nations, pour être leur Dieu. Je suis l'Éternel.

Deutéronome 4:31 car l'Éternel, ton Dieu, est un Dieu de miséricorde, qui ne t'abandonnera point et ne te détruira point: il n'oubliera pas l'alliance de tes pères, qu'il leur a jurée.

Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. (1 Corinthiens 9)

Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. (2 Timothée 2, 13)

Pour le meilleur et pour le pire

La pluie et le beau temps

Toutes les alliances comportent des jours heureux et des jours de pluie. Les couples peuvent en témoigner. Si Dieu s’est marié pour le meilleur, il a aussi hérité du pire. Mais tous les amoureux le savent, après la pluie vient le beau temps. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une pluie diluvienne que Dieu signe son premier pacte visible avec l’humanité. Dans le récit du déluge, Dieu regrette la création de l’humanité à cause du mal qu’elle commet à longueur de journée (Gn 6,5-7). Il décide de l’exterminer. Un seul homme trouve grâce à ses yeux : Noé. Dieu lui demande de construire une arche afin de garder en vie un mâle et une femelle de chaque espèce. L’auteur souligne que Dieu est le maître des forces de la nature, parce qu’il en est le créateur et aussi que le péché n’a pas sa place dans son royaume. Le texte affirme avec la force des mots et le choc des images que le mal ne saurait triompher, mais aussi que la mort n’a pas le dernier mot. Dieu accepte de repartir sur de nouvelles bases. Ce sens nous est dessiné sous la forme symbolique de l’arc-en-ciel, signe de l’alliance de Dieu avec l’humanité, lien entre la terre et le ciel dans les couleurs de la vie (Gn 9,9-17).

Dieu dessine l’arc-en-ciel dans les nuées pour signifier son alliance. Cette théographie est une relecture dans la foi d’un événement purement scientifique. Les auteurs ignorent tout des lois de la lumière. Chacun sait désormais que les gouttes d’eau et les rayons de soleil se marient sous les couleurs chatoyantes de l’arc-en-ciel. Noé l’interprète comme une écriture majestueuse de Dieu dans le ciel. Dieu paraphe là son intervention salvifique auprès de l’homme. L’arc-en-ciel est comme un anneau nuptial que Dieu passe au doigt de la terre. Il est un signe visible à la fois pour Dieu et pour l’humanité. Cela n’empêche ni les raz-de-marée ni les tsunamis de déferler, mais il symbolise une présence et un engagement sans cesse appelés à se renouveler, notamment dans les épreuves. L’arc-en-ciel divin n’en finit pas d’illuminer nos larmes humaines. Il symbolise la confiance inébranlable de Dieu en l’humanité. (Extrait du livre Dieu tout-puissant, mythe ou réalité)

Les idoles

La Bible dénonce avec beaucoup d’humour l’inutilité des idoles :

Ceux qui fabriquent des idoles ne sont tous que vanité, et leurs plus belles œuvres ne servent à rien ; elles le témoignent elles-mêmes : Elles n’ont ni la vue, ni l’intelligence, afin qu’ils soient dans la confusion. Qui est-ce qui fabrique un dieu, ou fond une idole, pour n’en retirer aucune utilité ? (Is 44,9-10).

Ces dieux sont comme une colonne massive, et ils ne parlent point ; on les porte, parce qu’ils ne peuvent marcher. Ne les craignez pas, car ils ne sauraient faire aucun mal, et ils sont incapables de faire du bien. (Jr 10,5).

Maintenant ils continuent à pécher, ils se font avec leur argent des images en fonte, des idoles de leur invention ; toutes sont l’œuvre des artisans. On dit à leur sujet : que ceux qui sacrifient baisent les veaux ! (Os 13,2).

Le veau d’or. Dieu convoque régulièrement Moïse sur le mont Sinaï pour une rencontre au milieu de la nuée. Moïse y demeure quarante jours et quarante nuits (Ex 24,18). Il reçoit les tables de la loi écrites des doigts de Dieu (Ex 31,18). Même si le chiffre 40 est symbolique, le temps paraît bien trop long pour les Hébreux qui perdent patience :

Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s’assembla autour d’Aaron, et lui dit : Allons ! fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons ce qu’il est devenu. (Ex 38,1).

Les Hébreux perdent foi en leur Dieu libérateur. Ils veulent un dieu disponible immédiatement, un dieu visible qui satisfait leur désir d’avancer vers la terre promise. Ils renient leur Dieu au bénéfice d’un animal en métal fondu. Ils se tournent vers une autre divinité façonnée de leurs mains.

Les tables viennent d’en haut, le veau d’en bas. Les tables ont été écrites par Dieu, le veau a été fondu par des êtres humains. Les tables se donnent à lire, et donc elles sont à interpréter ; le veau se donne à voir ici et maintenant : il apparaît comme une évidence. Les tables sont une promesse d’avenir. Le veau emprisonne dans le passé, constitué qu’il est de l’or emporté d’Égypte… En fabriquant un veau d’or, Aaron a fabriqué de la religion à bon compte. Une religion qui met en forme les rêves et les détresses des humains. Elle métamorphose les rêves en objets et elle exorcise les détresses. Mais ce faisant, cette religion masque l’attente de Dieu, difficilement supportable quand celle-ci dure (Moïse tardait à descendre de la montagne). Cécile TURIOT, Lectures figuratives de la Bible, Cahier Évangile n° 139, Cerf, 2007, p. 30-32.

L'alliance nouvelle

Jr 31,2 Ainsi parle le SEIGNEUR : Dans le désert, le peuple qui a échappé au glaive gagne ma faveur. Israël va vers son rajeunissement. 3 De loin, le SEIGNEUR m’est apparu : Je t’aime d’un amour d’éternité, aussi, c’est par amitié que je t’attire à moi. 4 De nouveau, je veux te bâtir, et tu seras bâtie, vierge Israël. De nouveau, parée de tes tambourins, tu mèneras la ronde des gens en fête… 8 Je vais les amener du pays du nord, les rassembler du bout du monde. Parmi eux, des aveugles, des impotents, des femmes enceintes et des femmes en couches, ils reviennent ici, foule immense. 9 Ils arrivent tout en pleurs, ils crient : « Grâce ! » et je les pousse : je les dirige vers des vallées bien arrosées par un chemin uni où ils ne trébuchent pas. Oui, je deviens un père pour Israël, Ephraïm est mon fils aîné.

Jr 31,31 Des jours viennent – oracle du SEIGNEUR – où je conclurai avec la communauté d’Israël – et la communauté de Juda – une nouvelle alliance. 32 Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte. Eux, ils ont rompu mon alliance ; mais moi, je reste le maître chez eux – oracle du SEIGNEUR. 33 Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël après ces jours-là – oracle du SEIGNEUR : je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. 34 Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : « Apprenez à connaître le SEIGNEUR », car ils me connaîtront tous, petits et grands – oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus.

L'oracle de 31,3.1-34 commence par annoncer une "alliance nouvelle"; c'est le seul texte de l'Ancien Testament qui emploie cette expression (v.31) qui aura une grande importance. Pourquoi une alliance nouvelle ? Parce que la première, celle du Sinaï, est brisée : « L'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Égypte, eux l'ont rompue. Mais moi je reste leur maître » (v.32). Cette alliance était conditionnelle : Dieu s'engageait envers Israël si celui-ci lui était fidèle et gardait sa loi. « Je mets aujourd'hui devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction... choisis la vie ! » (Dt 30,15-20). Mais les faits ont prouvé l'infidélité permanente d'Israël : si le royaume du Nord a disparu, c'est qu'il n'a pas gardé sa foi en son Dieu.

À moins que Dieu ne change précisément le cœur de l'homme : « Je donnerai ma Loi (Tora) au milieu d'eux et sur leur cœur je l'écrirai ; je serai Dieu pour eux et eux seront un peuple pour moi » (v.33). Ce que l'homme ne peut faire, Dieu peut le faire, lui qui crée l'homme. Comment cela ? Faut-il qu'il crée une autre humanité qui ignorerait le mal, et donc la liberté ? Et que deviendrait Israël ? Non, l'alliance nouvelle qu'annonce Jérémie est toujours conclue avec Israël : cela ne change pas. Ce qui change, c'est la relation entre Dieu et son peuple. L'alliance à venir ne sera plus conditionnelle, elle sera gratuite, inconditionnelle et reposera uniquement sur la volonté de Dieu de faire vivre et de sauver Israël, même infidèle, même indigne.

Pour que l'homme soit rénové, il faut que Dieu "change" sa relation avec lui ; au lieu de la malédiction qui menace le pécheur, c'est le pardon qui est finalement annoncé. Pour casser l'engrenage Loi – péché – punition, le Dieu de Jérémie invente une alliance toute neuve où la Loi devient le désir même de ce que Dieu veut, l'Esprit de Dieu dans l'esprit de l'homme.