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La loi

Le rôle de la loi

D'une manière générale, la loi est une prescription définie par une autorité fixant les droits et les devoirs de chacun. La loi a été élaborée pour indiquer les chemins sûrs, les ravins (la vie et la mort dont parle le Deutéronome 30). La loi nous donne des points de repère. La loi est faite pour faire grandir l’homme en pleine humanité, pour nous apprendre à faire notre métier d’homme appelé à faire le bien.

La loi édictée sous la forme d’un interdit est donc bien plus que quelque chose de défendu. En effet comme l’indique l’étymologie du mot inter-dit, il s’agit avant tout d’une parole entre deux personnes. Le feu rouge est l’exemple le plus simple : il s’agit d’un interdit, d’un code, d’une parole entre deux automobilistes pour que les deux puissent vivre. De même l’interdit de l’adultère est une parole de vie pour le couple.

Enfin, la loi nous rappelle aussi que nous vivons en société, en communauté et que nous ne devons pas fixer nos propres règles : à propos d’une mère qui venait de tuer sa fille lourdement handicapée « par amour », l’avocat général s’adresse ainsi au jury : « Juger, c’est comprendre. Et pour comprendre, il faut essayer de se mettre à la place de l’autre. Et là, on n’y arrive pas. La peur de l’avenir de l’enfant, la douleur, l’absence de communication, le poids du regard des autres, on peut les imaginer, rien de plus … Est-ce qu’il était vraiment irrésistible pour elle de commettre ce geste ? Non. Vous ne devez pas vous placer dans la morale interne de l’accusée. Ce serait la porte ouverte à tout. On ne peut pas accepter que quelqu’un fixe ses propres règles. »

La loi naturelle

Voir le document : Commission théologique internationale : À la recherche d'une éthique universelle. Nouveau regard sur la loi naturelle.

Y a-t-il des valeurs morales objectives capables d’unir les hommes et de leur procurer paix et bonheur ? Y a-t-il une loi dans la nature même de l’homme qui donc serait commune à tous les hommes ?

Le terme « loi naturelle » est ambigu. Qui dit « loi naturelle » pense à la nature, passible de n'importe quelle manipulation. Or, « la loi naturelle, c'est ce qui fait que l'homme "est", résume le moraliste canadien le P. Réal Tremblay, membre de l'Académie pontificale de théologie. C'est quelque chose d'incontournable, de propre à l'homme, quelle que soit sa condition physique, mentale, sa naissance. Benoît XVI définit ainsi la loi naturelle comme « le message éthique inscrit dans l'être humain », quel qu'il soit.

La loi naturelle affirme en substance que les personnes et les communautés humaines sont capables, à la lumière de la raison, de discerner les orientations fondamentales d’un agir moral conforme à la nature même du sujet humain et de les exprimer de façon normative sous forme de préceptes ou commandements.

Les traditions de sagesses à travers l’histoire de l’humanité témoignent de l’existence d’un patrimoine de valeurs morales commun à tous les hommes, quelle que soit la manière dont ces valeurs sont justifiées à l’intérieur d’une vision du monde particulière. Par exemple, la « règle d’or » (« Ne fais à personne ce que tu n’aimerais pas subir » (Tb 4, 15) se retrouve sous une forme ou sous une autre dans la plupart des traditions de sagesse.

L’examen des grandes traditions de sagesse morale atteste que certains types de comportements humains sont reconnus, dans la plupart des cultures, comme exprimant une certaine excellence dans la manière pour l’homme de vivre et de réaliser son humanité : actes de courage, patience devant les épreuves et les difficultés de la vie, compassion pour les faibles, modération dans l’usage des biens matériels, attitude responsable vis-à-vis de l’environnement, dévouement au bien commun... Ces comportements éthiques définissent les grandes lignes d’un idéal proprement moral d’une vie « selon la nature », c’est-à-dire conforme à l’être profond du sujet humain. Par ailleurs, certains comportements sont universellement perçus comme objets de réprobation : meurtre, vol, mensonge, colère, convoitise, avarice.

Tout être humain qui accède à la conscience et à la responsabilité fait l’expérience d’un appel intérieur à accomplir le bien. Il découvre qu’il est fondamentalement un être moral, capable de percevoir et d’exprimer l’interpellation qui, comme on l’a vu, se retrouve à l’intérieur de toutes les cultures : « Il faut faire le bien et éviter le mal ». C’est sur ce précepte que se fondent tous les autres préceptes de la loi naturelle. Traditionnellement, cette connaissance du premier principe de la vie morale est attribuée à une disposition intellectuelle innée qu’on appelle la syndérèse (faculté de reconnaître le bien). Il y a au plus profond de nous-mêmes un appel à faire le bien. Cet appel à faire le bien est ancré au plus profond de nous-mêmes. Il est antérieur à nous-mêmes, offert par une transcendance que nous appelons Dieu.

Cet appel à faire le bien ne suffit pas, ni la saisit des principes universels. Il faut encore que notre conscience juge comment y répondre concrètement.

La loi de gradualité

Dans sa compréhension de la loi de l’Église et de son application, le pape reprend et développe en premier lieu la notion de gradualité que Jean Paul II avait déjà proposée en 1981 dans l’exhortation Familiaris consortio (nos 9 et 34, cf. Amoris Laetitia 293-295). Cette notion vise à prendre en compte la finitude humaine et notre nécessaire conversion continuelle face aux exigences d’une vie juste et bonne. Nous sommes des êtres insérés dans l’histoire, faibles et habités par les effets du péché. Dans le chemin vers la sainteté auquel tout chrétien est appelé (cf. Lumen gentium, chapitre V), on ne peut pas exiger de celui-ci qu’il puisse appliquer toute la loi morale, entièrement et d’un coup, mais il faut au contraire l’aider à avancer sur un chemin de croissance, dans la durée  Il s’agit de toujours viser le bien souhaitable et de s’efforcer à le faire – ce n’est pas une gradualité de la loi ni la diminution de ses exigences – mais sa mise en œuvre demande un apprentissage progressif en fonction des situations et des possibilités de chacun. La vie morale est toujours un chemin (cf. AL 295). Et il serait immoral d’exiger de quelqu’un de faire ce dont il est incapable. Thomasset Alain, « Les conversions d’Amoris lætitia », Études, 2017/4 (Avril), p. 65-78. DOI : 10.3917/etu.4237.0065. URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2017-4-page-65.htm