
Les étapes du pardon
Le repentir
-
Comment prendre conscience de sa faute ?
- La justice, la loi
- Le tourment et le remords
- La perte de son unité qui entraîne tristesse et conflit en soi
- La parole de l’offensé
Le repentir est le premier acte du processus de pardon. Il consiste en la prise de conscience de la faute et de ses conséquences. Les facteurs déclenchant le repentir sont multiples : rencontre salutaire, réflexion personnelle, parole amicale, etc. D’autres facteurs liés à la psychologie personnelle peuvent aussi apparaître : tristesse, dégoût de soi, déprime, etc. Quelque chose me fait craquer et me fait prendre conscience que la voie que je mène me conduit à ma perte. Comme un feu rouge qui s’allumerait soudainement à la croisée des chemins de ma vie. Ce feu a peut être pris beaucoup de temps à virer au rouge dans une lente maturation intérieure.
L’Église utilise le terme de "contrition". La contrition désigne l’attitude de la personne qui reconnaît avoir mal agi, regrette d’avoir blessé l’amour des autres et de Dieu. Cette attitude conduit à vouloir changer sa manière de penser et de vivre, et à réparer les dommages causés aux autres et à soi-même.
Faut-il un repentir ?
Le pardon est avant tout une affaire sociale : la faute implique offensé(s) et offenseur(s), le pardon de même. Selon lui, un pardon qui tient place seulement dans le cœur ou l’esprit de l’offensé est insuffisant. Autant un objet ne devient don que lorsqu’on en fait don à une autre personne, autant pour le pardon. Le pardon s’inscrit inéluctablement dans une relation sociale. Pour que l’offenseur se voit vraiment pardonné, il doit se repentir ; sinon, c’est comme s’il refusait d’être pardonné. Volf énumère certaines raisons qui amènent souvent les offenseurs à refuser d’être pardonnés : le refus de reconnaître la faute, l’indifférence face au mal commis, la honte débordante, la peur des conséquences. Le repentir est une des choses les plus difficiles pour les humains et ils s’inventent toutes sortes de formes d’évasion ou de déni, plus ou moins conscientes, pour ne pas reconnaître leur culpabilité. C’est n’est souvent qu’à la suite d’un pardon accordé qu’un offenseur se sent capable de se repentir. Richard Lalonde. Voir le lien dans la bibliothèque.
L’aveu
Il n’y a pas de pardon sans parole. Parce qu’il faut des mots pour communier à une même histoire, parce qu’il faut des mots pour se dire, pour avouer sa culpabilité et s’entendre dire « je te pardonne ». N’oublions pas que la parole est tout à la fois ex-pression de soi et communion à l’autre. Quelque chose sort de moi pour rejoindre l’autre. La parole d’aveu est une invocation au pardon. Elle demande courage, humilité et confiance. Elle court le risque de s’entendre dire « je ne te pardonne pas ». L’aveu est aussi libérateur d’un fardeau. En avouant ma faute je me libère du remords qui m’emprisonnait, je demande à autrui de me venir en aide. Et puis un péché avoué n’est-il pas déjà à moitié pardonné ?

La réconciliation
Il faut être deux pour se réconcilier. Parfois, l’autre n’y est pas prêt. Ce qui nous appartient, c’est de faire notre part du chemin.
Le pardon comme son nom l’indique est un don. C’est une parole donnée à l’autre, mais cette parole suppose une réciprocité, une réception de la parole. Il ne suffit pas de tendre la main à quelqu’un, encore faut-il que la personne en danger saisisse la main.
La réconciliation marque l’aboutissement du pardon. Elle se traduit par des larmes de joie sur l’oreiller entre deux amoureux qui se retrouvent suite à une faute, ou encore par une grande fête comme dans la parabole de l’enfant prodigue (Lc 15).
Le pardon peut nous positionner dans une zone neutre, entre l’inimitié et l’amitié, entre l’exclusion et l’étreinte, mais pouvons-nous demander mieux, s’interroge Volf. C’est souvent le mieux que nous puissions faire ou que l’offenseur nous permet de faire, mais le pardon espère plus que cela. Comme le don avec lequel on porte espoir qu’il sera rendu et créera une relation, un lieu d’amitié ; ainsi va l’espoir du pardon. Il ne cherche pas une paix d’indifférence, mais une paix qui permet l’éclosion de relations renouvelées et de communion d’esprit. En tant que chrétiens, nous pardonnons parce que nous aimons. Cet amour nous pousse à plus que la neutralité, il nous pousse vers une communauté d’amour qui inclut ceux qui nous ont offensés. Richard Lalonde. Voir le lien dans la bibliothèque.
Le sacrement de réconciliation nous absout de nos péchés, c’est-à-dire restaure notre relation à Dieu. Mais, en même temps il nous renvoie à notre existence, dans notre relation aux autres. D’ailleurs la Bible ne sépare pas ces deux dimensions. Déjà le décalogue qui fixe les lois fondamentales du peuple d’Israël ordonne dans un premier temps d’aimer Dieu, puis dans un deuxième temps d’aimer son prochain. Jésus confirme cette thèse puisque les deux commandements les plus importants sont l’amour de Dieu et du prochain comme soi-même (Mt 22,36-40).
Il est donc impossible d’aimer Dieu sans aimer son prochain ; de même il est impossible de se réconcilier avec Dieu sans se réconcilier avec son prochain. Jésus veut dire que la requête du pardon n’est pas sincère et ne saurait être exaucée si celui qui prie n’a préalablement tiré au clair ses relations avec son frère (Mc 11,24 ; Mt 5,23 ; Mt 6, 14-15). Le Notre Père rappelle cette double articulation du pardon dans cette invocation du pardon divin comme nous-mêmes avons pardonné.
Cet amour de Dieu et du prochain est appelé à s’exercer tout au long de la vie. Combien de fois faut-il pardonner demande Pierre. Jusqu’à soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire infiniment (Mt 18,22).
2Co 5,17 Aussi, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu'une réalité nouvelle est là. 18 Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19 Car de toute façon, c'était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation. 20 C'est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. 21Celui qui n'avait pas connu le péché, il l'a, pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu.