Le sacrement de réconciliation

Le sacrement de réconciliation comme son nom l’indique parle de conciliation, c’est-à-dire d’une démarche amiable, au besoin avec l’aide d’un tiers, pour parvenir à un arrangement ou un accord suite à une brouille ou à un conflit. L’objectif du sacrement est de se ré-concilier -se concilier à nouveau - avec Dieu, avec son frère, avec soi-même. Cet objectif passe par le pardon que nous sommes invités à recevoir ou à donner.

Histoire

L’Église a-t-elle le pouvoir de pardonner les péchés ? Pendant sa vie terrestre, Jésus annonce qu’il donnera à son Église, à Pierre et aux apôtres, le "pouvoir de lier et de délier" (Mt 16,19) c’est-à-dire de remettre ou non les péchés. Après sa résurrection, lorsqu’il apparait à ses disciples, Jésus donne l’Esprit Saint en disant : "Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." (Jean 20, 22-23). Jésus donne la mission de pardonner, et c’est par le pouvoir de l’Esprit Saint que les apôtres peuvent remettre les péchés. Jésus a donc donné à l’Église le pouvoir de pardonner les péchés.

L'institution

Comme nous l'avons vu, la confession existe déjà dans l'Ancien Testament. L'Eglise chrétienne vient "accomplir" le rite de la confession. Dans L’Ancien Testament, le pécheur doit confesser son péché et de purifier avec de l'eau.

Ne 9,1 Le vingt-quatrième jour de ce mois, les fils d’Israël, vêtus de sacs et couverts de terre, se rassemblèrent pour un jeûne. 2Ceux qui étaient de la race d’Israël se séparèrent de tous les étrangers et se mirent en place pour confesser leurs péchés et les fautes de leurs pères. 3 Ils se levèrent à leur place, et on lut pendant un quart de la journée dans le livre de la Loi du SEIGNEUR, leur Dieu ; pendant un autre quart, ils firent leur confession et se prosternèrent devant le SEIGNEUR, leur Dieu.

Jean-Baptiste s'insctit dans le prolongement des rites de l'ancien Testament et proclame un baptême d’eau pour la conversion.

Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés (Acte 2,37-38).

Dans l'Église, le premier signe du pardon du péché est le baptême. Nous l'affirmons dans le Credo : « Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. »

L'époque ancienne (I au VI siècle) : la pénitence antique

Les baptisés peuvent encore pécher suite à leur baptême. L'Eglise met alors en place un "second baptême" sous la forme d'un "sacrement de pénitence". Les fidèles ne peuvent le recevoir qu'une seule fois. Cette forme de pénitence ne concerne que ceux qui avaient péché gravement : meurtres, apostasie, adultère... Le pécheur doit avouer son péché en secret à l'évêque. S'en suit une période de pénitence publique variable en fonction des régions. Elle s'achève dans la réconciliation solennelle à Pâques (absolution de l'évêque).

Le Haut Moyen-Âge (VII au XII siècle) : la pénitence tarifée

Non réitéralbe, la pénitence antique est jugée trop dure. De plus les fidèles ne la recevoivent que sur leur lit de mort. C'est alors qu'apparaît une forme nouvelle, la pénitence tarifée, c'est-à-dire une «pénitence» donnée selon la gravité des fautes. Ce sont les moines irlandais (saint Colomban) qui ont introduit cette forme de pénitence dans l'Église.

L'aveu se réalise en secret. Une fois la pénitence accomplie, le pécheur repenti retourne auprès du prêtre et reçoit l'absolution. Mais avec le temps, la pénitence tarifée aboutit à des aberrations. Certains pécheurs n'avaient pas assez d'une vie pour accomplir la pénitence. Il s'est alors introduit un système de substitution aux peines exigées : pèlerinages, messes à célébrer, aumônes, indulgences... et même paiements à des personnes pour s'acquitter à sa place des peines reçues. Luther (XVIe) combattra se système.

Du Moyen-Âge à nos jours (XII au XX siècle) : la confession

À partir du XIIe siècle une théologie du pardon s'élabore avec trois points importants : l'aveu, la contrition et l'absolution. L'aveu constitue la principale pénitence, comme acte de foi et d'humilité. La satisfaction (pénitence et réparation) devient un complément lié à la démarche de venir se confesser. Au Concile du Latran, en 1215, le lien est établi avec l'eucharistie : aller se confesser une fois l'an permet de recevoir la communion à Pâques. C'est à ce moment-là que le secret est imposé aux confesseurs. Cette façon de faire se généralise au Concile de Trente (1545-1563).

Vatican II

À la suite du Concile Vatican II, un nouveau rituel du sacrement de pénitence met en valeur l’aspect ecclésial du sacrement de pénitence et donne sa place à la lecture de la Parole de Dieu. Il instaure les célébrations pénitentielles. Le rituel prend en compte toute la vie chrétienne comme lieu de conversion et de réconciliation. On parle du sacrement du pardon et de la réconciliation, indiquant par le fait même les dimensions essentielles de ce sacrement.

C’est une rencontre avec Dieu qui se réalise par le moyen d’une rencontre avec un prêtre. À la lumière de la Parole d’amour de Dieu qu’est la Bible, on reconnaît ses péchés, non pas en se regardant, mais en regardant l’amour de Dieu pour nous. Le péché est une rupture de communion avec Dieu, un manquement à l’amour. Il porte en même temps atteinte à la communion avec l’Église, Corps du Christ. Le sacrement de réconciliation exprime et réalise une conversion qui apporte à la fois le pardon de Dieu et la réconciliation avec l’Église faite de nos frères et soeurs dans la foi. Cette rencontre nous transforme spirituellement et humainement. Liturgie catholique.

Conversion, pénitence, pardon, réconciliation, confession : chacun de ces mots peut d’une certaine façon être utilisé pour désigner ce sacrement ; mais il faut cependant noter qu’aucun à lui seul ne peut l’exprimer de façon adéquate. Conversion marque d’abord la changement radical d’orientation de toute vie. Pénitence exprime l’ensemble des actes de l’homme par lesquels ce changement d’orientation s’opère et fructifie tout au long de la vie. Pardon renvoie à l’initiative de Dieu qui fait miséricorde. Réconciliation désigne surtout le but, et le résultat de tout la démarche : l’amitié renouée entre Dieu et l’homme.

La célébration

Le rituel

    Le rituel comporte 4 étapes :
  • La contrition. Parmi les actes du pénitent, la première place revient à la contrition, qui est le regret du péché commis avec la résolution de ne plus pécher. C'est de cette contrition intérieure que dépend la vérité de la pénitence.
  • La confession. La confession des fautes fait partie du sacrement de pénitence. Elle naît de la connaissance de soi-même devant Dieu et de la contrition des péchés. C'est dans la foi au Dieu qui pardonne que le croyant examine sa conscience et reconnaît sa faute. Par la confession, le pénitent « ouvre son coeur » au ministre; celui-ci exerce un « jugement spirituel » au nom du Christ (in persona Christi), en vertu du « pouvoir des clés» qui lui a été donné pour remettre ou retenir les péchés.
      La confession est soumise au secret :
    • Canon 983, § 1. « Le secret sacramentel est inviolable; c'est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d'une autre manière, et pour quelque cause que ce soit. »
    • Canon 1388 § 1. « Le confesseur qui viole directement le secret sacramentel encourt l'excommunication latae sententiae réservée au Siège Apostolique; celui qui le viole d'une manière seulement indirecte sera puni selon la gravité du délit. »
  • La satisfaction : signe de conversion et de pénitence. La vraie conversion s'accomplit par la « satisfaction pour les péchés », le changement de vie et la réparation des dommages causés. Le genre et l'ampleur de la satisfaction seront adaptés à chaque pénitent. Elle doit, en effet, être pour lui remède pour sortir du péché et renouveler sa vie. C'est ainsi que le pénitent, « oubliant ce qui est derrière lui » (Ph 3, 13) s'insère à nouveau dans le mystère du salut et s'élance vers l'avenir.
  • L'absolution. Au pécheur qui manifeste sa conversion au ministre de l'Église, Dieu accorde son pardon par le signe de l'absolution : ainsi le sacrement de pénitence trouve son accomplissement.

Le refus du sacrement

    Le prêtre peut conditionner l’absolution au fait pour le pénitent d’aller se dénoncer en cas de crime grave.

    Rappelons que le confesseur peut et même doit refuser de donner l’absolution s’il apparaît que le pénitent ne remplit pas l’une ou l’autre des trois conditions requises :
  • la vive détestation de son péché,
  • le ferme propos de ne pas recommencer,
  • l’intention résolue de le réparer en faisant pénitence. La contrition nous porte à vouloir réparer notre péché du mieux que nous le pouvons. Or si nous avons blessé la communauté, il faut aussi "payer" pour cela.

Conclusion

Il n’existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit qui demande à être réconcilié avec le Père. FRANÇOIS, Lettre apostolique « Misericordia et misera », 21/11/2016, 12.

Dieu nous a créés sans nous, il n'a pas voulu nous sauver sans nous» (S. Augustin, serm. 169, 11, 13: PL 38, 923).