L'assomption

Pape Pie XII, Consitution Munificentimus Deus - 1950

C'est ainsi que les corps des justes eux-mêmes sont corrompus après la mort, et ce n'est qu'au dernier jour qu'ils seront réunis, chacun à son âme glorieuse.

5. Or, Dieu a voulu que la bienheureuse Vierge Marie soit exemptée de cette règle générale. Elle, par un privilège tout à fait unique, a vaincu complètement le péché par sa conception immaculée, et par conséquent elle n'a pas été soumise à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle n'a pas eu à attendre jusqu'à la fin des temps pour la rédemption de son corps.

6. Ainsi, lorsqu'il fut solennellement proclamé que Marie, la Vierge Mère de Dieu, était depuis le commencement exempte de la souillure du péché originel, les esprits des fidèles furent remplis d'une plus forte espérance que le jour viendrait bientôt où le dogme de l'Assomption corporelle de la Vierge Marie au ciel serait lui aussi défini par le magistère suprême de l'Église.

Ainsi, l'accord universel du Magistère ordinaire de l'Église, nous avons une preuve certaine et ferme que l'Assomption corporelle de la bienheureuse Vierge Marie au ciel - qu'aucune faculté de l'esprit humain ne pourrait connaître par ses propres forces naturelles, en ce qui concerne la glorification céleste du corps virginal de la bien-aimée Mère de Dieu - est une vérité révélée par Dieu et que, par conséquent, tous les fils de l'Église doivent croire fermement et fidèlement. En effet, comme l'affirme le Concile du Vatican, « il faut croire par la foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole écrite de Dieu ou dans la Tradition, et qui est proposé par l'Église, soit dans son jugement solennel, soit dans son magistère ordinaire et universel, comme des vérités divinement révélées qu'il faut croire ».

https://www.vatican.va/content/pius-xii/en/apost_constitutions/documents/hf_p-xii_apc_19501101_munificentissimus-deus.html

Lumen Gentium

59. La Sainte Vierge après l’Ascension. Mais Dieu ayant voulu que le mystère du salut des hommes ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure où il répandrait l’Esprit promis par le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre. Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute souillure de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel [183], et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Ap 19, 16), victorieux du péché et de la mort.

https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html

Marie est-elle morte ?

Le 1er Novembre 1950, en définissant le dogme de l’Assomption, Pie XII a évité d’employer le terme « résurrection » et de prendre position sur la question de la mort de Marie comme vérité de foi. La Bulle Munificentissimus Deus se limite à la proclamation de l’élévation du corps de Marie à la gloire céleste, déclarant que cette vérité est un « dogme divinement révélé ». Les orthodoxes emploient le terme de Dormition. Ce terme reflète la croyance selon laquelle la Vierge est morte dans un état de paix spirituelle. Cette tradition est retranscrite durant les premiers siècles de l'Eglise dans des textes apocryphes (pseudo Jean au 5e siècle, le pseudo Jacques et le pseudo Meliton au 6e siècle) :

Un ange annonce à Marie sa mort, paisible et sereine, tel un endormissement. De là vient le terme « Dormition ». Pour y assister, les apôtres, en mission d’évangélisation dans le monde, sont amenés miraculeusement par des anges. Au moment de l’endormissement de Marie dans sa mort, son âme quitte son corps. À cet instant, le Christ apparaît. Il prend dans ses bras l’âme de Marie, représentée sur les images par un bébé en signe de sa pureté. Il amène l’âme dans le Royaume de Dieu. Les apôtres célèbrent les obsèques de Marie. À la fin, les anges emmènent le corps de Marie au Paradis où son corps retrouve son âme.

L’empereur romain d’Orient Maurice (539-602) décide de célébrer le 15 août la fête de la Dormition. À l’origine, orthodoxes et catholiques honorent la fin de la vie de la Vierge Marie de façon identique.

https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/assomption/442520-dormition-ou-assomption-quelle-difference/#_ftn1

La théologienne Barbara Hallensleben, professeur à l’Université de Fribourg et spécialiste de l’œcuménisme, éclaire la différence en s’appuyant sur la résurrection du Christ: «En Occident, une distinction est faite entre l’ascension de Jésus et l’assomption de la Mère de Dieu. Ainsi, on souligne le fait que Marie ne passe pas de la mort à la vie par ses propres forces, mais qu’elle est sauvée en vertu de la résurrection de son Fils. De son côté, l’Eglise orientale met davantage l’accent sur cet aspect en soulignant la dormition de la Mère de Dieu et donc son lien intime avec l’humanité mortelle.»

Mais en inscrivant l’Assomption comme dogme, les catholiques n’ont-ils pas un peu mis de côté la mort de la Vierge, pour se concentrer sur sa montée au Ciel? Barbara Hallensleben répond: «Le dogme de 1950 doit être compris dans son contexte historique. Cinq ans plus tôt, la Seconde Guerre mondiale a pris fin. Pendant ce conflit, la dignité de l’être humain avec son corps a été violée, voire complètement anéantie, des millions de fois. A ce moment-là, le dogme veut donner une perspective d’espérance qui dépasse l’horizon fermé du monde, devenu «totalitaire». Il souligne que tout l’être humain, corps et âme, est appelé à échapper à la destruction et de partager la vie de Dieu. Dans ce sens, le dogme de 1950 prend la mort humaine particulièrement au sérieux, mais ne s’arrête pas là.» https://www.cath.ch/newsf/15-aout-lassomption-chez-les-catholiques-la-dormition-chez-les-orthodoxes/

Les Eglises protestantes, faute de texte scripturaire, nient l’Assomption de Marie qui, après la naissance de Jésus, aurait mené une vie terrestre normale.