Toussaint - Tous saints
1P 1, 15-16 : À l’exemple du Dieu saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite.
Mt 5, 48 : Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait.
La fête de la Toussaint nous rappelle que nous sommes tous appelés à la sainteté. Comment faut-il comprendre cet appel ?
Qu’est-ce que la sainteté ?
Nous confondons trop facilement la sainteté avec la perfection morale. Dans la Bible, la sainteté ne désigne pas d’abord une perfection morale, mais ce qui est séparé, ce qui se différencie, pour appartenir à Dieu. La Bible parle de peuple saint, de nation sainte, de temple saint etc. La perfection morale découle de cette appartenance.
La sainteté se rapproche du sacré à travers son étymologie (QDS). Elle s’enracine dans le sacré. L’arbre se nourrit de ses racines ; il est impossible de couper ses racines sans le faire mourir. De même, il est interdit de toucher au sacré. Par contre les fruits diffèrent en fonction de la nature de chacun. De plus les fruits se régénèrent.
Dans l’Ancien Testament, le "saint" est celui qui respecte les 613 préceptes de la loi mosaïque. Or la sainteté désigne celui qui est "séparé" des autres, celui qui est différent à travers son culte à Dieu et le respect du prochain.
Lv 20,26 Soyez à moi, saints car je suis saint, moi le SEIGNEUR ; et je vous ai séparés des peuples pour que vous soyez à moi.
Dieu est différent des autres divinités. Il se démarque des vaines idoles.
Ésaïe 44:9-20 Ceux qui fabriquent des idoles ne sont tous que vanité, Et leurs plus belles oeuvres ne servent à rien ; elles le témoignent elles-mêmes : elles n’ont ni la vue, ni l’intelligence, afin qu’ils soient dans la confusion. Qui est-ce qui fabrique un dieu, ou fond une idole, pour n’en retirer aucune utilité ? Voici, tous ceux qui y travaillent seront confondus, et les ouvriers ne sont que des hommes ; qu’ils se réunissent tous, qu’ils se présentent, Et tous ensemble ils seront tremblants et couverts de honte.
La première trace de la sainteté n’est-elle pas dans la Genèse, lorsque Dieu sépare et différencie l’adam originel en deux êtres distincts ? L’homme est saint face à la femme et la femme est sainte face à l’homme.
Des modèles à suivre ?
Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage. Pape François, Exhortation sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, Gaudate et Exultate, 11.
Le chemin de sainteté ne vise pas à imiter des "saints", car il n’en résulterait qu’une pâle copie. La vierge Marie, saint Paul saint Augustin, sainte Thérèse de Lisieux… sont des personnes uniques dans l’histoire, comme chacun d’entre nous. La sainteté est la vivante réponse à l’appel de Jésus : Suis-moi ! Réponse que chacun vit avec ses talents.
14. Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. Idem.
Le pape François donne aussi quelques caractéristiques de la sainteté : endurance, patience et douceur, joie et sens de l’humour, audace et ferveur.
Que veut dire être saint ? Qui est appelé à être saint ? On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle du grand dessein de Dieu et affirme : « C’est ainsi qu’Il (Dieu) nous a élus en lui (le Christ), dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4). Et il parle de nous tous. Au centre du dessein divin, il y a le Christ, dans lequel Dieu montre son Visage : le Mystère caché dans les siècles s’est révélé en plénitude dans le Verbe qui s’est fait chair. Et Paul dit ensuite : « Car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la plénitude » (Col 1, 19). En Christ, le Dieu vivant s’est fait proche, visible, touchable, il s’est fait entendre afin que chacun puisse puiser de sa plénitude de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14-16). C’est pourquoi toute l’existence chrétienne connaît une unique loi suprême, celle que saint Paul exprime dans une formule qui revient dans tous ses écrits : en Jésus Christ. La sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne. C’est être conformes à Jésus, comme affirme saint Paul : « Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils » (Rm 8, 29). Et saint Augustin s’exclame : « Ma vie sera vivante toute pleine de Toi » (Confessions, 10, 28). Le Concile Vatican ii, dans la Constitution sur l’Église, parle avec clarté de l’appel universel à la sainteté, en affirmant que personne n’en est exclu : « À travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui… marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire » (n. 41).
Mais la question demeure : comment pouvons-nous parcourir la voie de la sainteté, répondre à cet appel ? Puis-je le faire avec mes propres forces ? La réponse est claire : une vie sainte n’est pas principalement le fruit de notre effort, de nos actions, car c’est Dieu, le trois fois Saint (cf. Is 6, 3), qui nous rend saints, c’est l’action de l’Esprit Saint qui nous anime de l’intérieur, c’est la vie même du Christ ressuscité qui nous est communiquée et qui nous transforme. Pour le dire encore une fois avec le Concile Vatican ii : « Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres, mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par là même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie » (ibid., n. 40). La sainteté a donc sa racine ultime dans la grâce baptismale, dans le fait d’être greffés dans le Mystère pascal du Christ, avec lequel nous est communiqué son Esprit, sa vie de Ressuscité. Saint Paul souligne de manière très puissante la transformation que la grâce baptismale accomplit dans l’homme et il arrive à créer une terminologie nouvelle, forgée avec le préfixe « co » : co-morts, co-ensevelis, co-ressuscités, co-vivifiés avec le Christ : notre destin est indissolublement lié au sien. « Si par le baptême — écrit-il — dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6, 4). Mais Dieu respecte toujours notre liberté et demande que nous acceptions ce don et vivions les exigences qu’il comporte, il demande que nous nous laissions transformer par l’action de l’Esprit Saint, en conformant notre volonté à la volonté de Dieu. Benoît XVI, Audience générale du 13 avril 2011.
On ne naît pas saint, on le devient. Il ne s’agit pas d’une élection et d’une vocation qui seraient de toute éternité enfouies dans le secret de Dieu. Paul martyrisait les chrétiens avant de devenir leur fervent défenseur. Il vaut mieux être debout sur la première marche de la sainteté et essayer de monter dans l’effort que de rester assis sur l’avant-dernière et de contempler son œuvre dans la facilité.
Mt 5,3 « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.
4 Heureux les doux : ils auront la terre en partage.
5 Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.
8 Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.
11 Heureux êtes-vous lorsque l'on vous insulte, que l'on vous persécute et que l'on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.
12 Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c'est ainsi en effet qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Toussaint et Halloween
La Toussaint s'enracine dans une fête syrienne du IVe siècle. L'Eglise consacre un jour pour fêter tous les martyrs. Au VIIe siècle, le pape Boniface IV transforme un temple romain dédié à tous les dieux (le Panthéon), en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répand en Occident. Le pape Grégoire III (VIIIe siècle) déplace la fête de la Toussaint du 13 mai au 1er novembre, le lendemain d'une fête païenne. Dans l’Église byzantine, c’est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints.
L'origine d'Halloween remonte à la fête païenne celtique de Samhain. Les Celtes célébraient cette fête pour marquer la fin de l'été et le début de l'hiver, une période souvent associée à la mort dans de nombreuses cultures. "Samhain" signifie littéralement "fin de l'été".
Etymologiquement, « Halloween » vient de l’expression anglaise « All Hallows Eve », qui signifie « veille de la Toussaint ». Cette cérémonie festive, en l’honneur de la divinité Samain (dieu de la mort), permettait de communiquer avec l’esprit des morts. Ce jour-là, les portes entre le monde des vivants et celui des morts s’ouvraient : selon la légende, cette nuit-là, les fantômes des morts rendaient visite aux vivants. Cette fête permettait de se connecter avec les esprits de ceux qui étaient partis avant, cherchant leur guidance et leur sagesse. Pour apaiser les esprits, les villageois déposaient des offrandes devant leurs portes.
Les gens ont commencé à prier pour les âmes des défunts, en particulier celles qui étaient censées être "en purgatoire".
Voir l’étude sur le purgatoire
Dans certaines régions, il était courant que des mendiants pratiquaient le "souling". Ils allaient de village en village en demandant des soul cakes (gâteaux de l’âme) qui étaient faits de morceaux de pain carrés avec des raisins secs. S’ils recevaient beaucoup de gâteaux, ils promettaient beaucoup de prières pour les âmes des parents défunts du donneur. Cette tradition est considérée par beaucoup comme un précurseur du "trick-or-treating" moderne d'Halloween.
Cette fête est conservée dans le calendrier irlandais après la christianisation du pays, comme un élément de folklore, de carnaval. Elle s’implante ensuite aux Etats-Unis avec les émigrés irlandais de la fin du XIXème siècle où elle connaît, aujourd’hui encore, un immense succès. Halloween traversera ensuite l’Atlantique et arrivera en France essentiellement pour des raisons commerciales.
Avec le temps, Halloween est devenue une fête centrée sur les enfants, les déguisements, les bonbons, bien éloignée de ses racines païennes et sans comparaison avec la Toussaint, ni même avec la fête des morts.
C’est au XIe siècle, à l’abbaye de Cluny, que l’abbé du monastère bourguignon de Cluny, institua la fête des morts, que nous célébrons chaque année le 2 novembre. Cette fête des morts est tout particulièrement festive au Mexique avec la figure emblématique de Catrina.