Différences entre catholiques, orthodoxes, protestants
Le tableau ci-dessous récapitule les principales différences entre les religions chrétiennes. La diversité des rites et des sensibilités rend l'exercice difficile. Entre les 24 Églises catholiques, les innombrables Églises protestantes et les Églises orthodoxes autocéphales, existent des divergences fondamentales ainsi que des détails qui témoignent d'une histoire. Ce florilège d'Églises rend l'unité bien difficile à vivre. Mais unité ne signifie pas uniformité.
ECR = Église Catholique Romaine
ECO = Églises Catholiques Orientales
EP = Églises Protestantes
EA = Église Anglicane
Catholicisme | Protestantisme | Orthodoxie | ||
Origine | Le mot "catholique" signifie "universel". Il prend son sens avec Constantin (IVe) qui fait du christianisme la religion universelle | « Être protestant » ne signifie pas « protester » au sens moderne du terme, mais « affirmer » au sens ancien du terme. En octobre 1517, le moine augustin Martin Luther affiche ses 95 thèses contre les indulgences papales sur la porte du château de Wittenberg (Saxe). Cet acte de rupture est considéré comme le début d’un mouvement de réforme, jetant les bases d’une nouvelle religion chrétienne, le protestantisme. Léon X excommunie Luther et ses partisans le 3 janvier 1521 (bulle Decet romanum pontificem). Les deux autres grandes figures de la naissance du protestantisme sont Jean Calvin (1509-1564) et Ulrich Zwingli (1484-1531). La naissance de l'Église anglicane remonte au XVIe siècle et fait suite à un différend entre Henri VIII d'Angleterre et le pape Clément VII. Las de n'avoir aucun fils avec son épouse Catherine d'Aragon, il entreprend d'annuler son mariage. Mais le pape Clément VII, refuse de prononcer la nullité de leur union. Henri VIII décide alors de s'autoproclamer "souverain ultime", et détenant alors la plus haute autorité de l'Église en Angleterre, annule son mariage et décide d'épouser Anne Boleyn. | Le terme « orthodoxie » vient du grec ὀρθός / orthós (« droit ») et δόξα / dóxa (« opinion »). Au sens littéral « orthodoxe » signifie « la pensée droite ». La rupture entre Église d'Orient et Église d'Occident est tout autant théologique que politique. Rappelons qu’à la fin du IVe siècle, l’Empire romain se divise entre une partie orientale, centrée sur Constantinople, et une partie occidentale, centrée sur Rome. Au cœur du débat théologique, deux définitions de la Trinité qui s'opposent. Le Saint Esprit procède-t-il uniquement du Père ou du Père et du Fils (filioque) ? En 589, un concile de l’Église ajoute au Credo originel le mot latin filioque (« du Fils »). Si l’Église occidentale, latine, l’accepte, ce n’est pas le cas de l’Église orientale. Au IXe siècle, le patriarche Photius affirme que « L’Esprit procède du Père seul ». Le pape Léon IX envoie en 1053 le cardinal Humbert afin de persuader le patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire, de se plier à la volonté papale. Mais ce dernier refuse et Humbert dépose alors sur l’autel de Sainte-Sophie le 15 juillet 1054, une sentence d’excommunication. En réponse, le patriarche excommunie Humbert et ses accompagnateurs. Il faut attendre la quatrième croisade de 1204, avec le sac de Constantinople pour que le « divorce » soit consommé. Le 7 décembre 1965 marquait l’historique "Déclaration commune du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras", exprimant leur décision d’annuler réciproquement les sentences d’excommunication de l’année 1054. | |
Pape | La primauté et l’infaillibilité du Pape (Vatican I en 1870) | Pas de reconnaissance de la primauté du pape | Pas de reconnaissance de la primauté du pape | |
Hiérarchie | Pape-Evêque-Prêtre-Diacre Cardinal est un titre. | L’Église protestante unie de France est gouvernée selon le régime presbytérien-synodal. Le Conseil national compte 20 membres, hommes et femmes, ministres et membres de l’Église, luthériens et réformés. Concrètement, chaque Église locale, ou paroisse, est responsable de sa vie et de ses orientations. Elle est dirigée par un conseil dit « presbytéral », élu tous les 4 ans par l’assemblée générale. Le ministre (pasteur), nommé par le conseil, en est membre de droit. Les Églises locales d’une même région vivent une solidarité forte, y compris financière. Chacune envoie ses délégués au synode régional (annuel), qui élit un conseil régional (tous les 4 ans). Les délégués des synodes régionaux élisent le synode national (tous les 4 ans). Le synode national (annuel) fixe les grandes orientations, formule les textes constitutifs, veille à la solidarité entre tous, élit un conseil national (20 laïcs et pasteurs), lequel élit son président (pour 4 ans). | La hiérarchie du clergé distingue les patriarches, (archevêques ou métropolites), puis les évêques, les prêtres (protopresbytre, archiprêtre et prêtre dans le clergé marié ; archimandrite, higoumène et hiéromoine pour les prêtres moines) et enfin les diacres. | Voir les schémas sur le site de l'EPUDF. Compléments pour l'Eglise catholique. |
Église | Unité autour du pape et des évêques. 24 Églises : 1 occidentale (romaine) et 23 orientales. | Très nombreuses Églises indépendantes. Les grands courants : les luthériens, les réformés, les anabaptistes, les anglicans, les évangéliques, les méthodistes, les adventistes, les pentecôtistes... | Les Églises orthodoxes autocéphales sont au nombre de 14 (16 ?) : les Églises orthodoxes de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem, de Géorgie, de Chypre pour les plus anciennes (patriarcats établis lors du concile de Chalcédoine, en 451). Mais aussi d’Albanie, de Bulgarie, de Grèce, de Pologne, de Roumanie, de Russie, de Serbie et de Slovaquie pour les plus récentes. Des Églises indépendantes existent aussi. Chacune d’elles est autocéphale, c’est-à-dire dirigée par son propre synode habilité à choisir son primat (patriarche). Elles partagent toutes une foi commune, des principes communs de politique et d’organisation religieuses ainsi qu’une tradition liturgique commune. | |
Bible | 73 livres | 66 livres | 80 livres | Voir canon |
Bible | Bible et Tradition | Sola scriptura. La Bible est la seule source d’autorité. | Bible et Tradition | |
Conciles | 21 conciles : 325 - Nicée I 381 - Constantinople I 431 - Éphèse 451 - Chalcédoine 553 - Constantinople II 680-681 - Constantinople III 787 - Nicée II 869 -Constantinople IV 1123 - Latran I 1139 - Latran II 1179 - Latran III 1215 - Latran IV 1245 - Lyon I 1274 - Lyon II 1311-1312 - Vienne 1414-1418 - Constance 1431-1441 - Bâle-Ferrare-Florence-Rome 1512-1517 - Latran V 1545-1563 - Trente 1869-1870 - Vatican I 1962-1965 - Vatican II. | Les quatre premiers conciles (jusqu’à Chalcédoine inclusivement), sont reconnus par les EP. | Les sept premiers conciles (de Nicée I, à Nicée II en 787), sont reconnus par l'Église orthodoxe. | |
Sacrements | 7 sacrements | 2 sacrements (Baptême et cène), parce que ce sont les seuls sacrements formulés dans les évangiles. L'Église anglicane célèbre deux sacrements : le baptême et l’Eucharistie, ainsi que cinq autres « petits sacrements » ou rites sacramentaux : la confirmation, le mariage, l’onction des malades, la confession et l’ordination sacerdotale. | 7 sacrements | |
Baptême | Baptême par aspersion (quelques gouttes d’eau versées sur la tête du baptisé) ou par effusion (on verse de l’eau sur le baptisé), ou par immersion | Baptême par immersion | Baptême par immersion | |
Baptême | A tous les âges | Chez les luthero-réformés, qui pratiquent un baptême dit de confessants, c’est la grâce divine offerte à tous qui est mise en avant. D’où le baptême donné aux enfants, et leur qualification "pédobaptistes". Chez les évangéliques, dans les Églises dites de "professants", c’est plutôt l’engagement personnel du croyant qui prime. Donc on ne baptise pas les jeunes enfants qui ne peuvent pas professer leur foi. | Nouveau-nés | Sur la reconnaissance réciproque, voir l'article sur Aleteia |
Baptême | Il permet au chrétien d'être sauvé, purifié du péché et de devenir enfant de Dieu | le baptême est seulement un signe (seul le sang de Jésus-Christ peut nous purifier de nos péchés). | il permet au chrétien d'être sauvé, purifié du péché et de devenir enfant de Dieu. | |
Confirmation | A l'adolescence | Pas de confirmation | Le baptême et la chrismation (confirmation) constituent une seule cérémonie. | |
Première Eucharistie | Entre 8 et 10 ans | Il n'y a pas d'âge pour communier pour la première fois, cela dépend du parcours chrétien et de la motivation de l'enfant. Cependant, rares sont les enfants qui communient avant 6 ans. Les enfants baptisés tout petits communient pour la première fois vers l'âge de 8 ans | Pour les nourrissons en même temps que le baptême | |
Hospitalité eucharistique | Avec l'autorisation de l'évêque | Oui | Pas d'hospitalité | Voir l'étude |
Office | Messe | Culte | Divine liturgie | |
Office | Le code de droit canon (art. 276 et 904) invite les prêtres à célébrer la messe tous les jours. | Tous les dimanches ou toutes les deux semaines ou une fois par mois ... | Les prêtres orthodoxes célèbrent l’Eucharistie le dimanche, mais pas forcément tous les autres jours. Un fidèle doit au moins être présent. | |
Eucharistie | Pain azyme Ex 13,6 Vous mangerez des pains azymes pendant sept jours ; et le septième sera la solennité du Seigneur. | Pain levé | Pain levé Lv 7,13 En plus des gâteaux, on apporte en présent du pain levé pour accompagner le sacrifice de paix offert en louange | Les récits de la cène ne permettent pas de définir la nature du pain. |
Eucharistie | Présence réelle | Présence réelle pour les luthériens et les EA. Présence symbolique chez les calvinistes et les réformés | Les Orthodoxes croient en la présence réelle de Dieu dans l'Eucharistie après la consécration des Saints Dons | |
Eucharistie | Transsubstantation : la substance du pain et du vin deviennent corps et sang du Christ. | Consubstantation : la substance du corps et du sang du Christ cohabitent avec celle du pain et du vin mais ne la transforment pas. | La tradition orthodoxe parle d'un "changement" ou d'une "transformation" – "metamorphôsis", dans la prière eucharistique de la Divine Liturgie cela donne "metabalôn", "en les changeant" | |
Mariage | Indissoluble. Donc impossibilité de se remarier en Église (sauf cas particulier). | Le mariage au temple est une bénédiction. Il est possible de se remarier au temple. | Tout en valorisant l'indissolubilité, l'Église orthodoxe reconnaît la possibilité de remariage. | Voir les cas de séparation dans l'Église catholique |
Confession | Avec un prêtre | En tête à tête avec Dieu EA : confession et absolution sont prononcées de façon collective pendant la célébration de l’Eucharistie. | Avec un prêtre | |
Credo | Je crois la sainte Église "catholique". Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. | Je crois la sainte Église "universelle". | Le Saint-Esprit ne procède que du Père. | Voir l'étude |
Marie | Mère de Jésus Conception virginale | Mère de Jésus Conception virginale Certaines EP reconnaissent des frères et sœurs à Jésus Pas de dévotion à Marie | Mère de Jésus Conception virginale | |
Immaculée Conception (1854) | Marie a été conçue sans péché originel. | Non, car pas de références bibliques. | L'Église orthodoxe rejette l'interprétation catholique de l'Immaculée Conception, car le privilège d'être exemptée du péché originel dès le moment de sa conception priverait Marie de son lien profond avec l'humanité et diminuerait la valeur exemplaire de sa disponibilité au message divin | Voir l'étude sur le péché originel |
Assomption (1950) | Oui | Non dans la mesure où la bible ne le mentionne pas | Les orthodoxes fêtent la "Dormition". Ils professent le caractère humain de la mort de Marie. Elle aurait été immédiatement ressuscitée par son Fils et glorifiée près de lui, sans connaître la corruption du tombeau. | Assomption ou Dormition ? |
Lieu de culte | Église | Temple qui se caractérise par sa sobriété | Église avec de nombreuses icônes. Les bancs sont sur les côtés pour favoriser la prosternation. | |
Liturgie | Dans la liturgie latine, l’accent est mis sur la participation active des fidèles pendant les rites. Le prêtre célèbre face aux fidèles en langue vernaculaire (sauf rite en latin). | Le culte protestant est un espace de dialogue avec soi-même, Dieu et la communauté. L'ordre liturgique est fixé à titre indicatif et varie d’une paroisse à l’autre en fonction des héritages du lieu. | Les orthodoxes utilisent majoritairement le rite byzantin, qui repose en grande partie sur la liturgie de saint Jean Chrysostome, plus courte, mais aussi sur la liturgie de saint Basile de Césarée, jugée plus ancienne et utilisée lors de certaines célébrations comme Noël, les dimanches du Carême, etc. La tradition byzantine est complexe et mystique. Caractérisées par l’usage extensif d’icônes que les fidèles vénèrent comme symboles, les messes sont généralement célébrées dans la langue vernaculaire et sont accompagnées de chants a cappella, de poésie chantée (les instruments de musique étant proscrits). Il est également d’usage de brûler de l’encens dans l’église. Pendant le service, il existe une plus grande séparation symbolique entre le clergé, seul habilité à toucher l’autel eucharistique et « protégé » par l’iconostase, et les laïcs qui restent debout. En effet, le pope fait souvent face à l’autel pendant les parties clés de la messe et tourne donc le dos aux baptisés. Il se dirige ainsi vers l’est, la direction vers laquelle les chrétiens attendent le retour du Christ. | |
Célibat des prêtres | Obligatoire (ECR) Les ECO suivent le droit orthodoxe | Autorisé | Une personne mariée peut devenir prêtre, mais un prêtre célibataire ne peut pas se marier L'évêque est obligatoirement célibataire (moine) | |
Femmes | Exclues du diaconat et du sacerdoce | Accès à la prêtrise (EA) ou pasteurs (EP) | Exclues du diaconat et du sacerdoce | |
Saints | Invocation des saints | Pas de prière pour les saints. Vénérer les Saints, constituerait un risque : celui de détourner le croyant du seul médiateur, le Christ | Invocation des saints | |
Purgatoire | Oui | Non, car pas mentionnée dans la Bible. | Les orthodoxes ne reconnaîssentt pas l'idée d'un purgatoire temporaire où les âmes seraient censées se purifier avant d'arriver finalement au Paradis. | Voir l'étude |
Signe de croix | Toucher avec les cinq doigts (rappelant les cinq plaies du Christ sur la Croix), le front, la poitrine (cœur), l'épaule gauche puis l'épaule droite. | / | Toucher avec trois doigts (le pouce, l'index, le majeur, symbole de la Trinité), le front, puis la poitrine, puis l'épaule droite et enfin l'épaule gauche. | |
Barbe | / | / | Les prêtres portent la barbe (Lv 21,5 Les prêtres ne se feront pas de tonsure à la tête, ni ne se raseront la barbe) | |
Croix | Présente dans toutes les églises. La croix latine est constituée d'une longue branche verticale et d'une branche horizontale plus courte. Le Christ est sur la croix. | La croix (latine) est rarement présente dans les temples. Le Christ n'est pas sur la croix pour signifier la résurrection. | Présente dans toutes les églises. La croix orthodoxe est généralement représentée avec trois barres : la longue branche verticale est barrée de deux barres horizontales en haut et d’une barre oblique en bas (où se seraient reposés les pieds de Jésus). | |
Prière | / | Uniquement le Dieu Père, Fils, et Saint-Esprit, à la deuxième personne du singulier | ||
Noël | Noël le 25 décembre (calendrier grégorien depuis 1582, introduit par le pape Grégoire XIII) | Noël le 25 décembre | Noël le 7 janvier (calendrier julien introduit par l’empereur Jules César en 46 avant J.-C.). | |