Yahvé Sabaoth le Dieu des armées

L’expression « Yahvé Sabaoth » est présente 257 fois entre 1 Samuel et le prophète Malachie ; la première fois :

1 Samuel 1:3 Chaque année, cet homme montait de sa ville à Silo, pour se prosterner devant Yahvé Sabaoth (Tsaba') et pour lui offrir des sacrifices.

Mais la notion d’armée apparaît dès la création :

Genèse 2:1 Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée (Tsaba').
Psaumes 33:6 Les cieux ont été faits par la parole de Yahvé, et toute leur armée (Tsaba') par le souffle de sa bouche.

Cette armée est aussi terrestre. Le peuple élu est l’armée de Dieu.

Exode 7:4 Pharaon ne vous écoutera point. Je mettrai ma main sur l’Égypte, et je ferai sortir du pays d’Égypte mes armées (Tsaba'), mon peuple, les enfants d’Israël, par de grands jugements.
Exode 12:41 Et au bout de quatre cent trente ans, le jour même, toutes les armées (Tsaba') de Yahvé sortirent du pays d’Égypte.

Le Dieu des armées manifeste sa puissance dans la libération du peuple hébreu.

Voir l’étude sur l’exode.

A la conquête de la terre promise

C’est Dieu qui fait sortir les Hébreux d’Égypte et conduit son peuple de victoire en victoire. Il mène la guerre comme en témoigne une mention d’un « Livre des Guerres de Yahvé » dans le livre des Nombres (Nb 21,14). Il prend le nom de Yahvé sabaoth, le chef des armées, roi de gloire. À travers ses hauts faits, il manifeste une puissance supérieure aux divinités égyptiennes et cananéennes. Le champ de bataille s’étend de la terre aux cieux. Le peuple hébreu n’a plus rien à craindre devant les autres nations (Dt 20,1).

Le but des auteurs bibliques est de montrer la puissance et la fidélité de Dieu à ses engagements. Dieu respecte son alliance et il agit comme tout allié militaire. Ainsi Dieu combat lui-même comme une toute-puissance invulnérable. Il livre les ennemis (1R 20,13) ; il frappe 185 000 Assyriens lors d’une bataille (2R 19,35) ; il donne une force surnaturelle à Samson pour vaincre l’ennemi dans des proportions qui dépassent toute logique militaire :

Il trouva une mâchoire d’âne fraîche, il étendit sa main pour la prendre, et il en tua mille hommes. (Jg 15,15).

Une guerre sacrale

La "guerre sacrale" n’est pas la guerre "sainte". Il s’agit d’une guerre que Yahvé mène pour son peuple, à la différence de la guerre sainte où les hommes combattent pour Dieu. C’est Dieu qui combat directement l’ennemi et le peuple n’a qu’à observer le déroulement des opérations dans un climat de prière et d’action de grâce. Dieu renverse tout sur son passage. La ville de Jéricho est prise au son des trompettes et des clameurs (Jos 6). Dieu met ses adversaires en déroute ; il les poursuit pour les exterminer ; il envoie des grêlons pour les tuer ; il interrompt même la course du soleil et de la lune pour manifester sa suprématie sur les forces naturelles (Jos 10,10-13).

Jos 10,10. Yahvé les mit en déroute, en présence d’Israël, et leur infligea à Gabaôn une rude défaite ; il les poursuivit même sur le chemin de la montée de Bet-Horôn et les battit jusqu’à Azéqa et jusqu’à Maqqéda. 11. Or, tandis qu’ils fuyaient devant Israël à la descente de Bet-Horôn, Yahvé lança du ciel sur eux, jusqu’à Azéqa, d’énormes grêlons, et ils moururent. Il en mourut plus sous les grêlons que sous le tranchant de l’épée des Israélites. 12. C’est alors que Josué s’adressa à Yahvé, en ce jour où Yahvé livra les Amorites aux Israélites. Josué dit en présence d’Israël : « Soleil, arrête-toi sur Gabaôn, et toi, lune, sur la vallée d’Ayyalôn ! » 13. Et le soleil s’arrêta, et la lune se tint immobile jusqu’à ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis. Cela n’est-il pas écrit dans le livre du Juste ? Le soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d’un jour entier retarda son coucher. 14. Il n’y a pas eu de journée pareille, ni avant ni depuis, où Yahvé ait obéi à la voix d’un homme. C’est que Yahvé combattait pour Israël.

Le célèbre épisode de David contre Goliath mentionne que Yahvé est le maître de la guerre.

1S 17,43 Goliath le Philistin dit à David : « Suis-je un chien pour que tu viennes à moi armé de bâtons ? » Et le Philistin maudit David par ses dieux. 44 Le Philistin dit à David : « Viens ici, que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. » 45 David dit au Philistin : « Toi, tu viens à moi armé d’une épée, d’une lance et d’un javelot ; moi, je viens à toi armé du nom de Yahvé Sabaoth, le Dieu des armées d’Israël, que tu as défié. 46 Aujourd’hui même, Yahvé te remettra entre mes mains : je te frapperai et je te décapiterai. Aujourd’hui même, je donnerai les cadavres de l’armée philistine aux oiseaux du ciel et aux animaux de la terre. Et toute la terre saura qu’il y a un Dieu pour Israël. 47 Et toute cette assemblée le saura : ce n’est ni par l’épée, ni par la lance que Yahvé donne la victoire, mais Yahvé est le maître de la guerre et il vous livrera entre nos mains. »

Dans cette perspective, aucune alliance avec d’autres nations toujours porteuses de fausses divinités n’est envisageable. Isaïe dénonce l’appel au secours lancé à l’Égypte face à la menace assyrienne :

Is 31,1 Malheur à ceux qui descendent en Égypte pour y chercher du secours. Ils comptent sur les chevaux, ils mettent leur confiance dans les chars, car ils sont nombreux, et dans les cavaliers, car ils sont très forts. Ils ne se sont pas tournés vers le Saint d’Israël, ils n’ont pas consulté Yahvé.

Le prophète Isaïe est envoyé en mission par le Dieu des armées.

Is 6,1 L’année de mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé. Sa traîne remplissait le temple. 2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds et deux pour voler. 3 Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint, Yahvé Sabaoth, sa gloire remplit toute la terre ! » 4 Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le temple se remplissait de fumée. 5 Je dis alors : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, Yahvé Sabaoth. » 6 L’un des séraphins vola vers moi, tenant dans sa main une braise qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel. 7 Il m’en toucha la bouche et dit : « Dès lors que ceci a touché tes lèvres, ta faute est écartée, ton péché est effacé. » 8 J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? » et je dis : « Me voici, envoie-moi ! »

Le Nouveau Testament reprend l’expression Yahvé Sabaoth à deux reprises.

Romains 9:29 Et, comme Esaïe l’avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées (sabaoth) Ne nous eût laissé une postérité, Nous serions devenus comme Sodome, Nous aurions été semblables à Gomorrhe.

Jacques 5:4 Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées (sabaoth).

Le titre est repris par la liturgie dans le Sanctus : Dominus Deus Sabaoth ; la traduction française le rend par « Seigneur, Dieu de l’univers (cf. Is 6,1 cité supra).