LE SALUT DANS LA BIBLE

salut

INTRODUCTION

La notion de salut occupe une place centrale dans la Bible, au point d’être considérée comme le fil rouge reliant les diverses traditions théologiques, historiques et littéraires qui composent l’Écriture. Le salut, dans son acception la plus large, renvoie à l’œuvre par laquelle Dieu libère l’humanité de la puissance du mal, de la souffrance, de l’aliénation, du péché et de la mort pour la conduire à une plénitude de vie. Toute réflexion théologique doit donc reconnaître la complexité de ce concept, dont les dimensions s’entrelacent avec l’histoire d’Israël, les prophéties, la figure du Messie, la théologie paulinienne, l’eschatologie johannique et l’espérance chrétienne.

Toutefois, parler du salut dans la Bible ne revient pas simplement à analyser une notion abstraite : il s’agit plutôt de suivre une dynamique narrative qui évolue au fil des textes. En effet, dans l’Ancien Testament, le salut est souvent collectif, national et historique : il se manifeste par la délivrance d’Israël de ses ennemis, la restauration de l’alliance et le pardon des transgressions. Dans le Nouveau Testament, le salut atteint une dimension nouvelle et plus universelle : il est incarné et accompli en Jésus-Christ, perçu comme le Rédempteur, l’Agneau de Dieu, le Sauveur du monde, celui qui inaugure le Royaume et offre la vie éternelle.

Cette étude se propose de présenter la doctrine du salut dans la Bible, en tenant compte de ses aspects historiques, linguistiques, théologiques et herméneutiques. Nous examinerons d’abord les fondements du salut dans l’Ancien Testament, en soulignant la pluralité des modèles sotériologiques (exode, libération, pardon, restauration). Ensuite, nous analyserons la conception néotestamentaire du salut, en mettant l’accent sur l’œuvre de Jésus-Christ, l’interprétation apostolique, la sotériologie de Paul, la perspective johannique et l’horizon eschatologique. Enfin, nous proposerons une synthèse théologique mettant en relief la continuité et la nouveauté de la mission salvatrice divine.

1. LE SALUT DANS L'ANCIEN TESTAMENT

1.1. Étymologie et champs lexicaux

Dans l'hébreu biblique, le terme central pour « sauver / délivrer » est יָשַׁע (yasha‘) et le nom dérivé יְשׁוּעָה (yeshuah, « salut »). D'autres termes associés sont גֹּאֵל (go'el, « rédempteur ») et שָׁלוֹם (shalom, paix / plénitude). Les versets ci-dessous illustrent ces usages et montrent que le salut biblique mêle délivrance historique, restauration relationnelle et plénitude (shalom).

Ésaïe 33:22« Car l'Éternel est notre juge, l'Éternel est notre législateur, l'Éternel est notre roi: c'est lui qui nous sauve. »

Ésaïe 41:14« Ne crains rien, vermisseau de Jacob, faible reste d'Israël; Je viens à ton secours, dit l'Éternel, et le Saint d'Israël est ton sauveur. »

Nombres 6:26« Que l'Éternel tourne sa face vers toi, et qu'il te donne la paix! »

1.2. Le salut comme délivrance historique

Le paradigme fondateur du salut est l'Exode : Dieu intervient pour libérer le peuple d'Israël de l'esclavage égyptien — action inaugurale qui façonne l'identité et la théologie soteriologique d'Israël.

Exode 2:24–25« Dieu entendit leurs gémissements, et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. 25 Dieu regarda les enfants d'Israël, et il en eut compassion. »

Exode 15 « 2 Yahvé est ma force et le sujet de mes louanges ; C’est lui qui m’a sauvé (Yeshuw'ah). Il est mon Dieu : je le célébrerai ; Il est le Dieu de mon père : je l’exalterai.

Exode 6:5–6« J'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël, que les Égyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance. 6 C'est pourquoi dis aux enfants d'Israël: Je suis l'Éternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Égyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu et par de grands jugements. »

Exode 14:13, 29–30« Moïse répondit au peuple: Ne craignez rien, restez en place, et regardez la délivrance que l'Éternel va vous accorder en ce jour; car les Égyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les verrez plus jamais. »« Mais les enfants d'Israël marchèrent à sec au milieu de la mer, et les eaux formaient comme une muraille à leur droite et à leur gauche. »« En ce jour-là l'Éternel délivra (Yasha') Israël de la main des Égyptiens; et Israël vit les Égyptiens morts sur le bord de la mer. »

Le souvenir de l'Exode devient institutionnel (mémorial et sabbat) et paradigmatique pour la fidélité de Dieu et l'expérience du salut :

Deutéronome 5:15« Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Égypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'en a fait sortir à main forte et à bras étendu: c'est pourquoi l'Éternel, ton Dieu, t'a ordonné d'observer le jour du repos. »

1.2.2. Délivrances nationales et juges

Les livres historiques multiplient les épisodes où Dieu suscite des « sauveurs » (juges) pour délivrer le peuple de l'oppression. Ces interventions réaffirment que le salut vient de Dieu et non de stratégies humaines exclusivement politiques.

Juges 2:16« L'Éternel suscita des juges, afin qu'ils les délivrassent de la main de ceux qui les pillaient. »

Juges 3:9 — Les enfants d’Israël crièrent à Yahvé, et Yahvé leur suscita un libérateur (Yasha') qui les délivra (Yasha'), Othniel, fils de Kenaz, frère cadet de Caleb.

Juges 6:14« L'Éternel se tourna vers lui, et dit: Va avec cette force que tu as, et délivre Israël de la main de Madian; n'est-ce pas moi qui t'envoie? »

La royauté davidique reprend et célèbre cette idée de salut divin au plan personnel et national :

2 Samuel 22:2–3, 20« Il dit: L'Éternel est mon rocher, ma forteresse, mon libérateur. 3 Dieu est mon rocher, où je trouve un abri, mon bouclier et la force qui me sauve, ma haute retraite et mon refuge. O mon Sauveur! tu me garantis de la violence. »« 20 Il m'a mis au large, il m'a sauvé, parce qu'il m'aime. »

1.3. Le salut dans les Psaumes

Les Psaumes donnent la pâte vive de l'expérience individuelle et communautaire du salut : Dieu sauve des ennemis, de la mort, des détresses et accorde pardon et délivrance.

Psaume 18:2, 30–31« L'Éternel est mon rocher, ma forteresse, mon libérateur… »« Les voies de Dieu sont parfaites, la parole de l'Éternel est éprouvée; il est un bouclier pour tous ceux qui se confient en lui. »

Psaume 62:1–2« Oui, c'est en Dieu que mon âme se confie; de lui vient mon salut. 2 Oui, c'est lui qui est mon rocher et mon salut; ma haute retraite: je ne chancellerai guère. »

Psaume 34:4–6, 17« J'ai cherché l'Éternel, et il m'a répondu; il m'a délivré de toutes mes frayeurs. … Quand un malheureux crie, l'Éternel entend, et il le sauve de toutes ses détresses. … Quand les justes crient, l'Éternel entend, et il les délivre de toutes leurs détresses. »

Psaume 107:6« Dans leur détresse, ils crièrent à l'Éternel, et il les délivra de leurs angoisses. »

Ps 51:8-12« Voici, tu aimes la vérité dans les ténèbres, dans ma nuit, tu me fais connaître la sagesse. Ôte mon péché avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. Fais que j’entende l’allégresse et la joie, et qu’ils dansent, les os que tu as broyés. Devant mes péchés, détourne-toi, toutes mes fautes, efface-les. Crée pour moi un cœur pur, Dieu ; enracine en moi un esprit tout neuf. »

Psaume 51:14« Rends-moi la joie de ton salut, et qu'un esprit de bonne volonté me soutienne! »

Psaume 130:7–8« Israël, mets ton espoir en l'Éternel! Car la miséricorde est auprès de l'Éternel, et la rédemption est auprès de lui en abondance. 8 C'est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités. »

Psaume 98:1–3« Chantez à l'Éternel un cantique nouveau! Car il a fait des prodiges. 2 L'Éternel a manifesté son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations. 3 Il s'est souvenu de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d'Israël; toutes les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu. »

1.4. Le salut chez les prophètes

Les prophètes reprennent la tradition historique et l'approfondissent: le salut est annoncé comme restauration nationale, transformation intérieure et accomplissement eschatologique. Ils introduisent aussi la figure du Serviteur souffrant qui apporte le salut d'une façon nouvelle.

1.4.1. Salut = restauration nationale / évènement d'alliance

Esaïe 33:2 — Yahvé, aie pitié de nous ! Nous espérons en toi. Sois notre aide chaque matin, et notre délivrance (Yeshuw'ah) au temps de la détresse !

Ésaïe 52:7« Qu'ils sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut! De celui qui dit à Sion: Ton Dieu règne! »

Jérémie 30:10« Et toi, mon serviteur Jacob, ne crains pas, dit l'Éternel; ne t'effraie pas, Israël! Car je te délivrerai de la terre lointaine, je délivrerai ta postérité du pays où elle est captive; Jacob reviendra, il jouira du repos et de la tranquillité, et il n'y aura personne pour le troubler. »

1.4.2. Salut = transformation intérieure

Ézéchiel 36:25–27« Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. 26 Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. 27 Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances. »

Jérémie 31:33« Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle… Je mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. »

Job 5:11« Il relève les humbles, et délivre (Yesha') les affligés.

1.4.3. Le Serviteur souffrant et le salut substitutif

Les « chants du Serviteur » (notamment Ésaïe 42, 49, 52–53) présentent un salut obtenu par un serviteur juste qui souffre et prend sur lui l'iniquité des autres — image fondatrice pour la lecture du salut dans le christianisme ultérieur.

Ésaïe 49:6« Il dit: C'est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d'Israël: je t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre. »

Ésaïe 53:4–5, 11« Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé; … 5, Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. … 11 Après sa souffrance, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et l'agrément de l'Éternel prospérera par sa main. »

1.4.4. Salut eschatologique et nouvelle création

Ésaïe 65:17–18« Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit. 18 Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse, à cause de ce que je vais créer; car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse, et son peuple pour la joie. »

Michée 5:2–4 (contexte / perspective messianique)« Et toi, Bethléhem Éphrata… De toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël… Il se présentera, et il gouvernera avec la force de l'Éternel… C'est lui qui ramènera la paix. »

Zacharie 9:9« Sois transportée d'allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un âne, le petit d'une ânesse. »

Conclusion de la partie I

En résumé, l'Ancien Testament présente le salut comme un phénomène pluriforme : délivrance historique (exode, délivrances militaires et nationales), expérience personnelle de délivrance et de pardon (psaumes), transformation intérieure et promesse eschatologique (prophètes). Les catégories hébraïques (yasha‘, yeshuah, go'el, shalom) montrent que le salut biblique unit action divine, relation d'alliance, transformation morale et restauration cosmique — un horizon qui prépare et aiguillonne la compréhension néotestamentaire du salut.

Le mot qui caractérise peut-être le mieux le Salut dans la Bible, c’est le mot "sortie". On est sauvé quand on sort. Il faut sortir pour être sauvé : sortir d’Égypte pour le peuple hébreu, sortir du néant pour la création, et la création est certainement le premier acte de Salut. Dieu fait sortir, dans la Bible. L’Ancien Testament appelle Dieu « Celui qui nous a fait sortir du pays d’Égypte ». C’est celui qui nous fait sortir de notre péché, qui a fait sortir Jésus du tombeau. Il a fait sortir Jonas de la baleine, il a fait sortir Lot de Sodome… Le Salut est l’arrachement à une situation périlleuse et le passage à une situation enviable. Le Salut comporte trois temps : un arrachement à quelque chose de mauvais, un passage à travers le désert, une accession à la terre promise. Guillaume de Menthière, La Croix, 26/03/2021.

2. LE SALUT DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

La seconde partie de l'étude se concentre sur la manière dont la Bible hébraïque et son vocabulaire sotériologique sont réappropriés et transformés par le Nouveau Testament. Le terme grec central est sōtēria (σωτηρία, « salut ») et le concept prend une double dimension : accomplissement historique (personne, actions et résurrection de Jésus) et portée théologique-es­chato­lo­gique (justification, réconciliation, vie éternelle, nouvelle création). Cette section développe successivement : 1) le centre christologique du salut ; 2) les formes discursives du salut dans les Évangiles ; 3) la dynamique sotériologique dans les Actes ; 4) la synthèse paulinienne (justification, union au Christ, Esprit) ; 5) la tradition johannique ; 6) autres courants néotestamentaires (catholiques, deutéro-pauliniens, apocalyptique) ; 7) dimensions théologiques (expiation, grâce, foi, sanctification, eschatologie).

2.1. Le Christ au centre du salut

Dans le Nouveau Testament, le salut est fondamentalement centré sur la personne et l'œuvre de Jésus-Christ. Jésus est appelé souvent Sōtēr (Sauveur) ou décrit comme « celui qui sauve » (par ex. Luke 19:10« Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu »). Le message chrétien affirme que la vie, la mort et la résurrection de Jésus constituent le pivot historique et théologique du salut.

Luc 19:10« Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Les titres christologiques (Messie, Fils de Dieu, Seigneur) lient l'identité de Jésus à l'accomplissement des promesses d'Israël et à une portée universelle (cf. Philippiens 2, confession de foi sur l'exaltation du Christ).

2.2. Le salut dans les Évangiles : annonce du Royaume, guérisons, pardon

Les Évangiles présentent le salut avant tout comme l'inauguration du Royaume de Dieu. Jésus annonce le Royaume (ex. Marc 1:15), accomplit des signes (guérisons, expulsions de démons, restauration sociale) et révèle le pardon des péchés — signes concrets du salut en cours d'accomplissement.

Marc 1:15« Le temps est accompli, le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle. »

Trois dimensions majeures apparaissent dans les récits évangéliques :

  • Le salut comme guérison et libération (ex. miracles qui restaurent l'intégrité corporelle et sociale ; voir passages de Matthieu, Marc, Luc).
  • Le salut comme pardon (Jésus pardonne les péchés : ex. Luc 5:20–24 ; la logique est que le pardon et la restauration relationnelle manifestent le salut de Dieu).
  • Le salut comme don annoncé et réalisé (les paroles de Jésus qui lient proclamation et actes : la proclamation du Royaume trouve sa démonstration dans les signes).

Jean 3:16« Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. »

2.3. Actes des Apôtres : expansion du salut et rôle de l'Esprit

Les Actes présentent le salut en dynamique missionnaire : après la résurrection et l'ascension, l'Esprit Saint est versé (Actes 2) et la communauté annonce que le salut est offert aux Juifs et aux païens. L'accent est mis sur la proclamation au nom de Jésus (Actes 4:12) et sur la conversion, le baptême et la réception de l'Esprit comme marques de l'entrée dans le salut. L'universalisme du salut se manifeste par l'ouverture aux nations (conversion de Cornelius, Actes 10).

Actes 4:12« Il n'y a de salut en aucun autre ; car il n'existe sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés. »

2.4. La synthèse paulinienne : péché, justification, union au Christ, Esprit

Paul offre l'analyse la plus systématique et la plus influente de la doctrine chrétienne du salut. Sa réflexion articule plusieurs pôles : le diagnostic (le péché et la mort comme réalité universelle), la solution (la grâce offerte en Jésus-Christ), le mode d'accès (la foi), et les conséquences (nouvelle existence en Christ, sanctification, espérance eschatologique).

2.4.1. Le diagnostic : le péché et la condition humaine

Paul décrit la condition humaine comme marquée par le péché (cf. Romains 3:23 ; 5:12). Ce péché n'est pas seulement des actes isolés, mais une réalité qui tient l'humanité captive et conduit à la mort.

2.4.2. La justification par la foi

Paul insiste que la justification est un don de la grâce, reçu par la foi et non par les œuvres de la loi (Romains 3–5 ; Galates 2–3). La justification signifie la déclaration de justice par Dieu à l'égard du croyant, fondée sur l'œuvre de Christ.

Épître aux Romains 3:24–25« Justifiés gratuitement par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. ... Dieu l'a présenté comme propitiation par la foi » (paraphrase de la logique paulinienne).

2.4.3. Union au Christ : mort et résurrection

Paul présente le salut comme participation à la mort et à la résurrection du Christ (baptême en Christ, nouvelle création). En mourant avec Christ, le croyant est délivré du pouvoir du péché ; en ressuscitant avec Christ, il reçoit une vie nouvelle (cf. Romains 6:3–5 ; Galates 2:20).

Romains 6:3–5« Ne savez-vous pas que tous ceux qui avez été baptisés en Jésus-Christ, c'est en sa mort que vous avez été baptisés ? »

Le salut vient nous dé-lier de notre péché. Prenons un exemple symbolique dans le livre des Juges où la belle Dalila enchaîne Samson pour connaître le secret de sa force qui réside dans sa chevelure. Samson accorde sa confiance à cette femme. Il est aveuglé par sa passion. À la vue de Samson enchaîné, les Philistins jubilent, croyant à une proche victoire, mais l’Esprit intervient :

Jg 15,14« Quand Samson arriva à Léhi, les Philistins vinrent à sa rencontre avec des cris de triomphe. Alors l’Esprit du Seigneur s’empara de Samson : les cordes qui liaient ses bras et ses mains cédèrent aussi facilement que du fil de lin brûlé. »

L’Esprit du Seigneur donne à Samson la force de se libérer des liens physiques qui le ligotaient.

Dans nos vies, nous ne sommes peut-être pas réellement liés par des cordes, mais beaucoup d’entre nous sont liés de bien d’autres manières : par l’addiction à la drogue, à l’alcool, à la pornographie, aux richesses matérielles, ou encore liés par le mensonge, la jalousie, la colère, la peur, des pensées destructrices... Toutes ces choses peuvent avoir une réelle emprise sur nos vies et nous enfermer. Mais quand l’Esprit de Dieu vient sur une personne, il lui donne le courage, la puissance de briser ces liens.

Un des plus grands enseignements bibliques est que nous pouvons être libérés de l’esclavage, du péché et de la mort.

Ro 8,2« La loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort. »

2.4.4. Le rôle de l'Esprit

Pour Paul, l'Esprit-Saint est l'agent qui opère la sanctification, produit les fruits (Galates 5:22–23) et garantit l'héritage (2 Corinthiens 1:22 ; Éphésiens 1:13–14). L'Esprit est aussi gage et avant-goût de la résurrection et de la plénitude du salut.

2.4.5. Eschatologie paulinienne

Le salut pour Paul comporte une logique « déjà / pas encore » : il est inauguré dans la résurrection, consommé à la parousie (attente de la transformation finale, résurrection des morts, renouvellement cosmique).

2.5. La tradition johannique : salut = vie, connaissance, communion

Dans l'Évangile selon Jean et dans les lettres johanniques, le salut est étroitement lié à la notion de vie éternelle (zōē aiōnios) et à la relation de connaissance et d'intimité avec le Père et le Fils. Le verbe central est souvent « croire » (piste épistémologique-relationnelle : croire = entrer en communion). Le langage johannique met aussi l'accent sur la lumière, la vérité et la victoire sur les ténèbres.

Jean 5:24« Qui écoute ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. »

La christologie de Jean (prologue : « Le Verbe était Dieu ») confère au salut une portée ontologique : entrer dans la vie du Fils, c'est participer à la vie divine.

2.6. Autres expressions néotestamentaires du salut

Outre Paul et Jean, les épîtres « catholiques » (Pierre, Jacques, Jude) et l'Apocalypse contribuent à la réflexion soteriologique :

  • 1 Pierre insiste sur le salut comme appel à une vie sainte, sur la rédemption accomplie par le sang du Christ (1 P 1:18–19), et sur l'espérance vivante en une résurrection future.
  • Jacques insiste sur la dimension éthique et communautaire du salut (la foi se manifeste dans les œuvres ; Jacques 2).
  • Apocalypse présente le salut en termes apocalyptiques et eschatologiques : victoire finale, jugement, nouvelle Jérusalem, nouvelle création (Apocalypse 21–22).

2.7. Théories et images de l'expiation dans le NT

Le Nouveau Testament emploie plusieurs images pour caractériser comment la mort de Jésus accomplit le salut : sacrifice expiatoire (cf. langage du « sang »), rachat/rançon (lutte pour la liberté), victoire sur les puissances, réconciliation, substitution. Ces images ne s'excluent pas nécessairement, mais offrent des perspectives complémentaires :

  • Substitution/expiation : Jésus meurt « pour » (hyper) les péchés — passages centraux : Romains 3, 1 Corinthiens 15:3, 2 Corinthiens 5:21.
  • Rachat / rançon : langage du rachat — cf. Marc 10:45, 1 Timothée 2:6.
  • Victoire : la mort et résurrection sont victoire sur les forces du mal — Colossiens 2:15.
  • Réconciliation : restauration de la relation entre Dieu et l'humanité (2 Cor 5:18–19).

2.8. Dimensions théologiques synthétiques

À partir du Nouveau Testament, on peut synthétiser plusieurs traits constitutifs du salut chrétien :

  • Initiative divine : le salut vient de Dieu (grâce, don).
  • Médiation christologique : Jésus est l'acteur et le moyen du salut.
  • Mode d'accès : la foi — entendue comme confiance, adhésion relationnelle — mais aussi signes liturgiques (baptême, Eucharistie) selon la tradition.
  • Rôle de l'Esprit : l'Esprit opère le renouvellement, la sanctification et garantit l'héritage eschatologique.
  • Dimension éthique : le salut produit des fruits (vie nouvelle, justice, charité).
  • Dimension eschatologique : le salut est à la fois déjà présent et en attente d'accomplissement final (nouvelle création, résurrection des morts).

2.9. Conclusion de la deuxième partie

Le Nouveau Testament reprend, transforme et accomplit les promesses et images du salut de l'Ancien Testament. Le salut devient pleinement centré sur la personne du Christ : sa parole, ses signes, sa mort et, surtout, sa résurrection. Les différentes traditions néotestamentaires — évangéliques, pauliniennes, johanniques, apostoliques, apocalyptiques — offrent des perspectives complémentaires qui font du salut une réalité multiforme : historique et spirituelle, individuelle et communautaire, présente et eschatologique.

3. LE SALUT DANS LA THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE

3.1. La nature du salut

Dans la théologie chrétienne, le salut est compris comme l’œuvre globale de Dieu qui libère l’être humain du péché, de la mort et du jugement, et le restaure dans une relation vivante avec Lui. Il inclut des dimensions juridiques (justification), relationnelles (réconciliation), morales (sanctification), spirituelles (régénération) et eschatologiques (glorification).

Le salut est également à comprendre comme un processus qui comporte un aspect passé (ce que Dieu a accompli en Christ), présent (ce qu’il accomplit dans la vie du croyant), et futur (accomplissement final dans la nouvelle création).

Éphésiens 2:8–9« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. »

Romains 5:1« Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. »

1 Pierre 1:9« Parce que vous obtiendrez le salut de vos âmes pour prix de votre foi. »

3.2. Les grandes étapes du salut

3.2.1. L’élection

L’élection désigne le choix souverain de Dieu en vue du salut. Elle ne nie pas la responsabilité humaine, mais souligne que la grâce précède la réponse de la foi.

Éphésiens 1:4–5« En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ. »

3.2.2. La vocation

La vocation ou l’appel est l’invitation de Dieu adressée à l’être humain pour entrer dans le salut.

Romains 8:30« Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés. »

3.2.3. La régénération

La régénération désigne la nouvelle naissance, œuvre de l’Esprit qui renouvelle le cœur et ouvre à la vie de Dieu.

Jean 3:5–6« Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

3.2.4. La justification

La justification est l’acte par lequel Dieu déclare juste le pécheur repentant en vertu de l’œuvre de Christ. Elle repose sur la grâce et s’obtient par la foi seule, indépendamment des œuvres.

Romains 3:24« Ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. »

3.2.5. La sanctification

La sanctification est le processus par lequel le croyant est transformé à l’image du Christ, par la puissance de l’Esprit.

1 Thessaloniciens 4:3« Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification. »

3.2.6. La persévérance

La persévérance désigne l’œuvre par laquelle Dieu garde les siens jusqu’à la fin, et la fidélité du croyant qui demeure dans la foi.

Philippiens 1:6« Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. »

3.2.7. La glorification

La glorification est l’achèvement du salut, lorsque le croyant est ressuscité, transformé et introduit dans la pleine présence de Dieu.

Romains 8:30« Ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »

3.3. Les dimensions du salut

3.3.1. Dimension personnelle

Le salut touche l’être humain dans sa condition personnelle : son cœur, son esprit, son identité, sa destinée éternelle. Il rétablit l’image de Dieu abîmée par le péché.

2 Corinthiens 5:17« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »

3.3.2. Dimension communautaire

Le salut n’est pas seulement individuel : il crée une communauté nouvelle, l’Église, corps du Christ. Le croyant entre dans un peuple racheté.

1 Pierre 2:9« Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis. »

3.3.3. Dimension cosmique

L’œuvre du salut s’étend à toute la création. Par la résurrection du Christ, le monde lui-même est promis à une restauration finale.

Romains 8:21« La création elle-même sera affranchie de la servitude de la corruption. »

3.4. Le rôle de l’Église dans l’économie du salut

L’Église est témoin, servante et messagère du salut. Elle annonce l’Évangile, célèbre les sacrements, forme les disciples et manifeste la vie de Dieu dans le monde.

Matthieu 28:19–20« Allez, faites de toutes les nations des disciples… et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. »

3.5. Le salut futur

La doctrine chrétienne du salut inclut l’attente du retour du Christ, la résurrection finale, le jugement et la nouvelle création. Le salut trouve son plein accomplissement dans la vie éternelle auprès de Dieu.

Apocalypse 21:3–4« Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes… Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. »

Partons de la définition du mot "salut" que donne saint Thomas d’Aquin. Il dit que quand un être atteint ce pour quoi il est fait, on dit qu’il est sauvé ; quand il ne l’atteint pas, on dit qu’il est perdu. Or l’Écriture atteste que nous sommes faits pour Dieu. Saint Augustin écrit au début des Confessions : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » Être sauvé, c’est atteindre ce pour quoi nous sommes faits : partager la vie divine. Ce n’est pas angoissant, c’est au contraire enthousiasmant, car nous sommes faits pour partager la vie de Dieu. Guillaume de Menthière, La Croix, 26/03/2021.

Conclusion de la partie III

La théologie systématique montre que le salut biblique n’est pas une simple délivrance spirituelle, mais une œuvre totale, touchant l’individu, le peuple de Dieu et la création entière. Centré sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, accompli par la puissance de l’Esprit et décrété par la volonté du Père, il est un don gratuit, reçu par la foi, se déployant dans la vie du croyant et s’achevant dans la gloire éternelle.

4. LES IMPLICATIONS PRATIQUES DU SALUT

4.1. Le salut et l’éthique chrétienne

Le salut n’est pas seulement une réalité spirituelle ou doctrinale; il a des conséquences concrètes dans la vie quotidienne. Selon le Nouveau Testament, la grâce qui sauve est aussi la grâce qui transforme. Le croyant est appelé à manifester par sa conduite la nouvelle identité reçue en Christ.

Tite 2:11-12« Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété. »

La vie éthique tire donc sa source de la gratitude envers Dieu. On ne mène pas une vie vertueuse pour être sauvé, mais parce que l’on est sauvé.

Éphésiens 2:10« Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. »

4.2. Le salut et la transformation du caractère

Le salut se manifeste également par la transformation progressive du caractère sous l’action de l’Esprit. Cela implique un changement intérieur, une manière renouvelée de penser et d’agir.

Galates 5:22-23« Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance. »

Ces vertus ne sont pas une simple amélioration morale naturelle, mais le résultat de la vie divine implantée dans le croyant. Elles montrent que le salut s’incarne dans une existence nouvelle, visible et cohérente.

Romains 12:2« Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence. »

4.3. Le salut et la mission

L’expérience du salut conduit naturellement à la mission. Ceux qui ont été sauvés deviennent des témoins du salut, non seulement par la proclamation, mais aussi par la manière de vivre. La mission n’est pas une option, mais une conséquence directe de la grâce reçue.

Actes 1:8« Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

La mission s’exprime ainsi par l’annonce de l’Évangile, l’amour du prochain, la justice sociale, la compassion pour les souffrants et l’engagement pour la paix.

4.4. Le salut et la vie communautaire

Le salut intègre le croyant dans une communauté, le corps du Christ. L’Église est le lieu où s’expriment les réalités nouvelles du salut : pardon mutuel, service, unité et édification commune.

Actes 2:42« Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. »

Ainsi, le salut n’est pas vécu de manière solitaire, mais en relation avec les autres. La communauté devient un signe visible du royaume de Dieu dans le monde.

4.5. Le salut et l’espérance chrétienne

L’espérance est l’une des dimensions les plus importantes du salut. Même si le salut est déjà réel, il attend son accomplissement final lors du retour du Christ. Cette espérance façonne la manière dont les croyants affrontent les difficultés, les souffrances et même la mort.

1 Thessaloniciens 5:8-9« Ayons pour cuirasse la foi et la charité, et pour casque l’espérance du salut. Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. »

L’espérance chrétienne n’est pas un optimisme vague, mais la confiance que Dieu accomplira pleinement son œuvre de salut dans sa création.

Conclusion de la partie IV

Le salut n’est pas seulement une doctrine à croire, mais une réalité à vivre. Il touche la manière d’être, de penser, d’agir, d’aimer, de servir et d’espérer. La vie chrétienne devient ainsi le déploiement concret du salut reçu en Christ et l’expression visible du royaume de Dieu au milieu du monde.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Cette étude a parcouru doctrine du salut telle qu’elle se déploie dans les Écritures. Le salut apparaît d’abord, dans l’Ancien Testament, comme l’action souveraine de Dieu qui délivre, restaure et renouvelle son peuple : il se manifeste historiquement (Exode, délivrances nationales), existenciellement (psaumes) et eschatologiquement (promesses prophétiques, chants du Serviteur). Les catégories hébraïques (yasha‘, yeshuah, go’el, shalom) montrent que le salut unit libération, rédemption, paix et restauration relationnelle.

Le Nouveau Testament reprend, réinterprète et accomplit ces motifs : Jésus-Christ est présenté comme l’accomplissement des promesses salvifiques d’Israël. Sa mission, ses signes, sa mort et sa résurrection constituent le noyau historique et théologique du salut. Les traditions néotestamentaires — paulinienne, johannique, évangélique, apostolique et apocalyptique — offrent des perspectives complémentaires : justification par la foi, union au Christ, don de l’Esprit, vie éternelle, victoire cosmique et renouvellement final.

La théologie systématique assemble ces éléments en un cadre cohérent : le salut est une initiative divine (grâce) réalisée par le Christ et actualisée par l’Esprit ; il comporte des étapes (élection, vocation, régénération, justification, sanctification, glorification) et s’exprime à la fois individuellement, communautairement et cosmiquement. L’expérience du salut transforme l’éthique, le caractère, la mission et l’espérance des croyants.

Sur le plan eschatologique, le salut est déjà inauguré et pourtant attendu dans sa plénitude : la tension « déjà / pas encore » traverse l’ensemble du Nouveau Testament et invite à une espérance active. L’accomplissement final du salut implique la résurrection des morts, le jugement rédempteur et la création renouvelée où la présence permanente de Dieu devient la condition définitive de la vie humaine.

En conséquence, toute lecture du salut doit respecter la polyphonie biblique. Cette pluralité est, en elle-même, un indice de la profondeur et de l’universalité du salut tel que la Bible le présente.

Enfin, le salut biblique invite à une praxis cohérente : il ne se réduit pas à une doctrine à retenir, mais appelle une transformation de la vie (justice, miséricorde, fidélité), une insertion dans une communauté de foi et une participation à la mission de Dieu dans le monde. Le salut est donc à la fois don, posture et tâche : don qui sauve, posture qui reçoit et tâche qui témoigne.

En somme, le salut dans la Bible est une œuvre totale et dynamique de Dieu — historique et eschatologique, individuelle et communautaire, spirituelle et matérielle — dont le centre est la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et dont l’effet ultime est la restauration de toute la création pour la gloire de Dieu.