Le salut
De quoi Dieu nous sauve-t-il ?
Certains diront du péché dans la lignée de la rédemption. D’autres diront de la mort dans la perspective de la résurrection.
Le thème du salut traverse toute la Bible, comme un refrain qui rythme le cœur de Dieu. Dieu n’a de cesse de vouloir sauver l’humanité, de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, car il est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de toute chose.
Citons quelques versets bibliques en partant de l’étymologie du nom "Jésus" pour l’Ancien Testament.
Exode 14 : 30 En ce jour, Yahvé délivra (Yasha') Israël de la main des Égyptiens ; et Israël vit sur le rivage de la mer les Égyptiens qui étaient morts.
Exode 15 : 2 Yahvé est ma force et le sujet de mes louanges ; C’est lui qui m’a sauvé (Yeshuw'ah). Il est mon Dieu : je le célébrerai ; Il est le Dieu de mon père : je l’exalterai.
Juges 3 : 9 Les enfants d’Israël crièrent à Yahvé, et Yahvé leur suscita un libérateur (Yasha') qui les délivra (Yasha'), Othniel, fils de Kenaz, frère cadet de Caleb.
Esaïe 33 : 2 Yahvé, aie pitié de nous ! Nous espérons en toi. Sois notre aide chaque matin, et notre délivrance (Yeshuw'ah) au temps de la détresse !
Psaumes 69 : 2 Sauve (Yasha')-moi, ô Dieu ! Car les eaux menacent ma vie.
Job 5 : 11 Il relève les humbles, et délivre (Yesha') les affligés.
Luc 3 : 6 Et toute chair verra le salut (soterion) de Dieu.
Luc 19 : 9 Jésus lui dit : Le salut (soteria) est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham (Zachée).
Actes 4 : 12 Il n’y a de salut (soteria) en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.
Éphésiens 6 : 17 Prenez aussi le casque du salut (soterion), et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.
Hébreux 9 : 28 De même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut (soteria).
Partons de la définition du mot "salut" que donne saint Thomas d’Aquin. Il dit que quand un être atteint ce pour quoi il est fait, on dit qu’il est sauvé ; quand il ne l’atteint pas, on dit qu’il est perdu. Or l’Écriture atteste que nous sommes faits pour Dieu. Saint Augustin écrit au début des Confessions : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. » Être sauvé, c’est atteindre ce pour quoi nous sommes faits : partager la vie divine. Ce n’est pas angoissant, c’est au contraire enthousiasmant, car nous sommes faits pour partager la vie de Dieu. Guillaume de Menthière, La Croix, 26/03/2021.
Le mot qui caractérise peut-être le mieux le Salut dans la Bible, c’est le mot "sortie". On est sauvé quand on sort. Il faut sortir pour être sauvé : sortir d’Égypte pour le peuple hébreu, sortir du néant pour la création, et la création est certainement le premier acte de Salut. Dieu fait sortir, dans la Bible. L’Ancien Testament appelle Dieu « Celui qui nous a fait sortir du pays d’Égypte ». C’est celui qui nous fait sortir de notre péché, qui a fait sortir Jésus du tombeau. Il a fait sortir Jonas de la baleine, il a fait sortir Lot de Sodome… Le Salut est l’arrachement à une situation périlleuse et le passage à une situation enviable. Le Salut comporte trois temps : un arrachement à quelque chose de mauvais, un passage à travers le désert, une accession à la terre promise. Guillaume de Menthière, La Croix, 26/03/2021.
Se dé-lier des liens du péché
Le salut vient nous dé-lier de notre péché. Prenons un exemple symbolique dans le livre des Juges où la belle Dalila enchaîne Samson pour connaître le secret de sa force qui réside dans sa chevelure. Samson accorde sa confiance à cette femme. Il est aveuglé par sa passion. À la vue de Samson enchaîné, les Philistins jubilent, croyant à une proche victoire, mais l’Esprit intervient :
Jg 15,14 Quand Samson arriva à Léhi, les Philistins vinrent à sa rencontre avec des cris de triomphe. Alors l’Esprit du Seigneur s’empara de Samson : les cordes qui liaient ses bras et ses mains cédèrent aussi facilement que du fil de lin brûlé.
L’Esprit du Seigneur donne à Samson la force de se libérer des liens physiques qui le ligotaient.
Dans nos vies, nous ne sommes peut-être pas réellement liés par des cordes, mais beaucoup d’entre nous sont liés de bien d’autres manières : par l’addiction à la drogue, à l’alcool, à la pornographie, aux richesses matérielles, ou encore liés par le mensonge, la jalousie, la colère, la peur, des pensées destructrices... Toutes ces choses peuvent avoir une réelle emprise sur nos vies et nous enfermer. Mais quand l’Esprit de Dieu vient sur une personne, il lui donne le courage, la puissance de briser ces liens.
Un des plus grands enseignements bibliques est que nous pouvons être libérés de l’esclavage, du péché et de la mort.
Libérés de l’esclavage, du péché et de la mort
Le projet de Dieu pour l’humanité est un projet d’amour et de bonheur ; il prend la forme d’actes concrets de libération et de salut. Dans l’Ancien Testament,
l’événement fondateur est celui de la libération du peuple d’Israël de la servitude en Égypte : Dieu rachète Israël de la servitude comme on rachète un esclave. Le salut, c’est la liberté et la vie, par opposition à l’esclavage et à la mort.
Dans les Psaumes nous voyons les orants assaillis par des forces du mal crier vers Dieu. Les images évoquent des ennemis réels, des maladies, des accidents ou encore la vieillesse et l’approche de la mort. Elles décrivent aussi des passions dévastatrices : la haine, le désir de vengeance. Le psalmiste supplie alors Dieu de lui pardonner et d’effacer son « péché ».
Ps 51,8-12 Voici, tu aimes la vérité dans les ténèbres, dans ma nuit, tu me fais connaître la sagesse. Ôte mon péché avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. Fais que j’entende l’allégresse et la joie, et qu’ils dansent, les os que tu as broyés. Devant mes péchés, détourne-toi, toutes mes fautes, efface-les. Crée pour moi un cœur pur, Dieu ; enracine en moi un esprit tout neuf.
Jésus vient accomplir ce mystère de salut. Il dénonce les forces de suspicion, de haine, de peur qui habitent en nous. Il ne cesse de secourir, de soulager, de guérir, à la fois les corps et les cœurs. Il pardonne les péchés.
Alors que les hommes se font de Dieu la fausse image d’un juge qui fait peur, Jésus révèle que Dieu n’est qu’amour et accueil, pardon et tendresse. Jésus nous sauve du péché et finalement de la mort.
Voir l’étude sur la résurrection
Roselyne Dupont-Roc, bibliste : Jésus montre en le vivant d’abord lui-même jusqu’au bout, que seul l’amour permet d’affronter la mort, et de la traverser. Par sa propre mort, il désarme la mort elle-même, car la mort change de sens ; au lieu d’être opaque et de conduire à la désintégration, elle devient un passage vers le Dieu qui ne cesse de donner et de redonner la vie. https://jesus.catholique.fr/questions/comment-jesus-nous-sauve-t-il/comment-jesus-nous-sauve-t-il/
Nous pouvons aussi citer ces propos de Paul :
Ro 8,2 La loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a libéré de la loi du péché et de la mort.
En conclusion, le péché nous coupe de la vie même de Dieu. Il nous enferme dans la tristesse et le mensonge. Jésus nous propose des voies de guérison et de salut. Le pardon en est une.