L’au-delà dans les religions

L’Égypte

égypte au-delà Dans l’ancienne Égypte, le pays embrasse une religion polythéiste et thérianthropique (mi-homme mi-animal) depuis la fin du IVe millénaire. Les Égyptiens adorent plusieurs dieux et élèvent leur pharaon au rang de dieu sur terre.

La mythologie égyptienne comprend de nombreux dieux, dont l’un des plus importants est Osiris qui devient le roi du royaume des morts. C’est lui qui accueille les morts dans leur passage vers l’au-delà.

La mort, dans l’Égypte antique, est un trépas et non une fin, c’est-à-dire que la mort représente un passage vers autre chose. En tant qu’étape, la mort est entourée d’un certain nombre de rites.

L’Égypte ancienne nous offre sa perception de l’au-delà dans le Livre des morts, dont l’origine remonte à 2300 av. J.-C.. Il s’agit d’un ensemble de « formules pour sortir au jour », à l’image de la perception qu’ils avaient de la mort : une seconde naissance. « Sortir au jour », c’est renaître, le corps préservé grâce à la momification ; c’est parvenir sain et sauf, grâce à des formules, dans les champs d’Ialou, synonymes de félicité éternelle. Ces formules permettent au défunt de conserver ses cinq sens :

J’y suis puissant… Je m’y épanouis et j’y suis fort, j’y mange et j’y bois, j’y laboure et j’y moissonne, j’y coïte et j’y fais l’amour, mes incantations magiques y sont puissantes ; je n’en ai pas de reproches ni d’inquiétudes, et mon cœur y est heureux (Pierre A. RIFFARD, L’après-vie est-elle sexuée et sexuelle ? Études sur la mort 2015/1, n° 147).

C’est aussi un temps pour adopter différentes formes et d’être préparé pour affronter les démons placés sur son chemin, jusqu’à l’ultime étape de son périple : le tribunal d’Osiris.

La première étape, réalisée par des prêtres, est celle de l’embaumement.

Pour les Égyptiens, l’homme dispose de cinq éléments : le djet, c’est-à-dire l’enveloppe corporelle, le shout l’ombre, le ren le nom, le bâ que l’on pourrait traduire par l’âme, et le ka, qui est une sorte de substance vitale. Le ka est ce qui fait l’homme à proprement parler, naît en même temps que l’homme et lui survit après la mort. C’est le ka, mais aussi l’âme du défunt, le bâ, qui continueront le voyage vers l’au-delà. Pour que le ka et le bâ puissent quitter l’enveloppe corporelle du défunt et rejoindre le royaume des morts, il faut que le djet ou corps soit préservé. Pour cela, les prêtres procèdent à une cérémonie d’embaumement visant à transformer le corps du défunt en momie. La momification purifie le corps et le protège de la putréfaction. Le but est de rapprocher le corps de la personne décédée de celui d’Osiris, qui fut également momifié afin de demeurer éternel. Emilie Polak, voir lien infra.

Dans la tombe, le rouleau qui contient les formules rituelles est placé près de la momie. Ce recueil se caractérise par la présence d’illustrations (ou « vignettes ») qui accompagnent les formules. Certains papyrus, destinés à de hauts dignitaires thébains, aussi bien des hommes que des femmes, sont particulièrement longs : conservé au British Museum, un exemplaire dédié à Nesetanebetisherou faisait à l’origine près de 40 mètres !

Une fois le djet préparé et conservé, le mort peut entamer son voyage vers l’au-delà. Le bâ, l’âme du défunt, et son ka, sa substance vitale, quittent le corps – dans lequel ils pourront revenir puisque le djet est conservé – afin de rejoindre le royaume des morts. Cependant, le royaume des morts n’est pas ouvert à tous. Le défunt doit franchir de nombreuses étapes. À chacune d’elles, il doit réciter une formule, inscrite dans le Livre des morts.

L’étape la plus importante reste la pesée du cœur, parfois nommée « psychostasie », et connue sous le nom de « formule pour entrer dans la Salle des deux Maât et adorer Osiris.

Le défunt, introduit par le dieu Anubis, se présente devant le tribunal présidé par Osiris. Face à lui, il prononce sa déclaration d’innocence (ou « confession négative »), dans laquelle il affirme : « Je n’ai pas fait le mal… Je n’ai pas tué… Je n’ai fait de peine à personne… Je n’ai pas volé les galettes des bienheureux [= défunts]… Je n’ai pas triché sur les terrains… Je suis pur, je suis pur, je suis pur ! » Puis il s’adresse aux 42 dieux du tribunal, en les appelant par leurs noms et en renouvelant sa déclaration d’innocence.

Anubis guide le défunt au cours de son passage entre la vie et la mort. Au centre du papyrus, se trouve une balance : sur l’un des plateaux est posé le cœur du défunt, sur l’autre une plume d’autruche, qui symbolise la déesse Mâât, déesse de la paix, de l’équité et de la justice. Si le cœur du défunt est plus léger que la plume, cela signifie qu’il s’est bien conduit au cours de sa vie et qu’il est autorisé à entrer dans le royaume des morts où l’attend Osiris, à droite du papyrus. Le défunt devient alors un osiris : il peut mener une nouvelle vie dans le royaume des morts. Au contraire, si le cœur du défunt est plus lourd que la plume, le défunt est alors dévoré par le monstre Ammit, à tête de crocodile, en bas de la balance. Horus préside le jugement de l’âme et Thot note le résultat. C’est le cœur qui est pesé afin de juger l’âme parce que le cœur est considéré comme incapable de mentir : toutes les fautes commises par le défunt au cours de sa vie sont donc mémorisées dans son cœur. Emilie Polak, voir lien infra.

Les développements ci-dessus sont extraits des études de :

Hélène Virenque
Emilie Polak

Hindouisme et bouddhisme

L’hindouisme et le bouddhisme sont deux religions asiatiques qui croient en la réincarnation. La réincarnation (retour dans la chair) désigne un processus de survivance après la mort par lequel un certain principe immatériel et individuel, l’ātman (« âme », « substance vitale », « conscience individuelle », « énergie », « esprit ») s’incarnerait à nouveau dans un autre corps, afin de poursuivre son évolution spirituelle. Le samsāra permet la transmigration des âmes : ce n’est pas la réincarnation à proprement parler, mais le voyage des âmes après la mort. Le but est de sortir du samsāra, le cycle des renaissances, pour atteindre le nirvana, la libération de ce processus.

Qu’est-ce que le karma ? Ce mot, qui vient de la racine indo-européenne « kr » signifiant action. Il désigne à la fois un acte et les fruits de cet acte. Tout acte intentionnellement positif conduit à une renaissance heureuse, tandis que tout acte intentionnellement négatif aboutit à une renaissance malheureuse. Selon le dalaï-lama, le karma serait une loi logique et compréhensible : les actions intentionnelles, favorables ou défavorables, que l’individu pose dans cette vie auront des conséquences inéluctables dans cette vie ou dans une vie ultérieure.

Le cycle des réincarnations est ce dont il faut s’évader ou ce dont il faut être délivré : renaître sans cesse dans des matrices d’êtres misérables, cause d’affliction perpétuelle, pour subir les tourments du gel et de la canicule, les craintes de toutes sortes. Revenir sans cesse à l’état d’embryon, renaître sans cesse de pitoyable façon, pour connaître les chaînes dures à porter, l’esclavage, la séparation d’avec ses parents, ses amis, la cohabitation avec les méchants, le souci de gagner de l’argent, l’angoisse lorsqu’on l’a perdu, se faire des amis, se défendre contre ses ennemis, la vieillesse à quoi il n’y a pas de remède, les souffrances de la maladie, mille et mille détresses, et pour finir, la mort — inéluctable ! Jacques Scheuer, voir bibliothèque.

Le Bouddha préconise de renoncer aux plaisirs, aux relations, à la sexualité, à toute forme d’amour, car l’attachement fait souffrir. Le désir est une source de souffrance et de trouble. Le bouddhisme enseigne à travers la notion de karma que ceux qui n’ont pas pu éradiquer le désir renaissent chargés des effets de leurs actes commis pendant leurs vies antérieures.

Afin de supprimer la douleur ou la souffrance du monde dans les renaissances successives, il faut en éliminer la racine principale : le désir et la convoitise. Quand l’homme n’éprouvera plus de désir pour les plaisirs des sens et les relations avec son (sa) bien-aimé(e), alors il pourra atteindre le Nirvãna : « la cessation de la douleur ». Le Nirvãna met fin au cycle des renaissances avec la cessation de toute existence particulière. (Tiré du livre "La bonne nouvelle de la sexualité").

Le paradis bouddhiste, le nirvana, est donc multiple et ne se résume pas à l’absence de tout, à la désintégration du « soi ». La première option que les écoles bouddhistes ont élaborée est l’enseignement du samsara continu, un cycle quasi sans fin de renaissance et de souffrance. La deuxième option est celle du nirvana, l’enseignement le plus connu relatif à l’au-delà bouddhiste. Dans cette perspective, le salut dans le bouddhisme primitif est le nirvana, processus parfois complexe d’extinction du karma par lequel est abandonné ou consumé tout ce qui constitue le « moi ». Ainsi, le nirvana n’est ni un lieu ni un état, mais la fin de la renaissance, ce qui pose la question de la nature précise de ce nirvana.

Examinons maintenant la troisième option bouddhiste qui est la doctrine, ou tradition, de la « Terre pure ». Si les deux premières « options » nient la réalité d’une permanence du « soi » ou de l’entité personnelle, cette dernière école a introduit la grande nouveauté d’une persistance personnelle après la mort. Yannick Imbert, voir bibliothèque.

Sans être le maître de l’univers, l’homme peut, en s’insérant dans le circuit d’échanges que représente la liturgie sacrificielle, se rendre agréable aux dieux et posséder un titre à leurs bienfaits : « Celui qui désire la pluie pour ses récoltes, qu’il présente l’offrande X » ; « celui qui désire la victoire au combat ou la naissance d’un fils, qu’il fasse célébrer le sacrifice Y » ; « celui qui désire le bonheur céleste en compagnie des dieux, qu’il entreprenne le rite Z ».

La présence du désir est chaque fois reconnue. Et cela ne vaut pas seulement du rite, mais de toute action humaine. Le mot karman, en effet, qui peut désigner un rite ou un sacrifice, désigne aussi toute action, toute activité productive. Agir, travailler, c’est se donner de la peine. Nul — pas plus en Inde qu’ailleurs dans le monde — ne travaille pour le plaisir de travailler. Mais il faut se conformer à la loi universelle : le manque, le désir mettent au travail ; le travail à son tour produit un résultat. De ce point de vue, le paysan aux champs, l’artisan dans son atelier, le guerrier sur le champ de bataille et le brâhmane affairé à son rituel : tous observent la même loi.

Cette loi nous paraissait jusqu’ici positive, bénéfique : la peine que l’on se donne pour combler un désir produit effectivement un résultat, un « fruit » : récolte, objet travaillé, pouvoir politique, bienveillance des dieux… Mais toute médaille a son revers : ce qu’on appelle la « loi du karman » fait aussi voir son côté négatif, ses limites inhérentes. Le résultat, le « fruit » de la peine est toujours provisoire, précaire. La récolte vendue, le paysan se remet au travail ; l’homme riche doit défendre son bien ; le roi victorieux doit demeurer sur ses gardes. L’expérience montre en outre que le désir n’est jamais totalement comblé. Le pauvre est jaloux du riche ; le riche craint de perdre son bien et souhaite devenir toujours plus riche. Il en va de même du plaisir, du pouvoir ou de la gloire. L’action la plus réussie laisse en moi un désir jamais assouvi, des projets toujours renaissants. Me voici entraîné d’un instant à l’autre, d’aujourd’hui à demain.

Jacques Scheuer, Mort, renaissance et libération selon l’hindouisme et le bouddhisme

Dans la doctrine de la réincarnation, l’histoire est cyclique. Des existences ultérieures nous permettront de corriger nous-mêmes ce qui a pu être raté dans notre vie présente. Dans le christianisme, l’histoire est linéaire.

"La doctrine de la réincarnation affirme la possibilité d’une nouvelle vie après la mort, par la transmigration de l’âme dans d’autres corps. Elle fait ainsi du corps un simple support provisoire, banalise la vie individuelle et lui enlève sa valeur singulière : le prix infini que Dieu lui accorde. Elle exclut la résurrection de la chair et aussi la réalité du pardon, puisqu’une de ses raisons serait de nous purifier de la vie antérieure. Aussi la foi chrétienne, qui tient que chaque homme est aimé par Dieu de manière unique et éternelle, et qu’il est destiné à vivre en communion avec lui, rejette formellement la doctrine de la réincarnation." Les évêques de France, Catéchisme pour adultes 1991, no. 643.

Mais son erreur principale consiste dans le refus de la sotériologie chrétienne. L’âme se sauve par son propre effort. On soutient alors une sotériologie auto-rédemptrice, totalement opposée à la sotériologie hétéro-rédemptrice chrétienne. Si l’on supprime l’hétéro-rédemption, on ne peut absolument plus parler du Christ Rédempteur. Commission théologique internationale.

Islam

Le paradis est la récompense des justes après le jugement dernier. Le Coran décrit le jardin du paradis ou jardin d’Éden dans lequel l’humanité retrouve une parfaite communion avec les biens matériels et les plaisirs qu’ils procurent.

Chaque élu bénéficie d’un palais luxueux. Des ruisseaux d’eau pure y coulent. Du miel, du lait, du vin délicieux, des fruits de toutes sortes, de la viande sont à consommer sans retenue. Les élus retrouvent, en ce paradis, leur jeunesse et leur santé. Les hommes disposent de jeunes filles vierges « des houris », vertueuses créatures, « houris aux regards chastes, qu’avant eux aucun homme ou génie n’aura déflorés (Coran S44-V54 ; S55-V74) ». Leur virginité sera perpétuellement restaurée. Des éphèbes d’une éternelle jeunesse servent les élus avec des calices, des aiguières et des coupes remplis d’une liqueur exquise (S56-V17-21). Le paradis est le lieu d’une jouissance sexuelle sans limite.

Dans l’Islam, si l’orgasme mondain donne un avant-goût du paradis, il faut bien reconnaître que la vie au paradis est un orgasme infini et éternel (Abdelwahab BOUHDIBA, La sexualité en Islam, PUF, 2015).

Tous les courants islamiques ne partagent pas cette perspective ; certains voient dans ces descriptions une allégorie de la vision béatifique d’Allah.

Le Coran utilise plusieurs mots pour parler du jardin paradisiaque :

Firdaws : le plus haut Jardin du paradis (sourate Al-Mu’minoon, 23:11).

Dār al-maqāmah : la Demeure de stabilité (sourate Fātir, 35:22).

Dār as-salām : la Demeure de la paix (sourate Yūnus, 10:25).

Dār al-’Āhirah : la Demeure dernière (sourate al-’Ankabūt, 29:64).

Al-Jannah : le Paradis, terme le plus utilisé dans le Coran et les Hadith (sourates al-Baqarah, 2:35 ; Al-i-Imran, 3:133, 3:142 ; al-Ma’idah, 5:72).

Jannat al-’adn : les Jardins d’Eden (sourate ar-Ra’d, 13:23).

Jannat al-Huld : les Paradis d’éternité (sourate al-Furqān, 25:15).

Jannat al-Ma’wā : Paradis de refuge (sourate an-Nagm, 53:15).

Jannat an-Naīm : les Jardins de délice (sourate al-Mā’idah, Yūnus, 10:9).

Maq’ad as-Sidq : le Siège de vérité (sourate al-Qamar, 54:55).

Al-Maqām al-’Amīn : le Séjour de sécurité (sourate ad-Duhhān, 44:51)

Ces épithètes qualifient et décrivent aussi, très souvent, un jardin dans lequel l’humanité retrouvera une parfaite communion avec les biens matériels et le plaisir qu’ils procurent. Cela a donné lieu à nombre de clichés concernant ce paradis. Dans la conception populaire, c’est le plaisir matériel qui est souvent souligné, le paradis dans le Coran étant conçu comme un jardin sensuel, un paradis « terrestre » dans lequel des biens charnels attendent les bienheureux.

les plaisirs sensuels sont présents à chaque étape de la description paradisiaque, comme l’explicite, en quelques mots, ce verset de la trente-septième sourate : « Et ils auront auprès d’eux des belles aux grands yeux, le regard chaste, des belles comme le blanc caché de l’œuf[9]. » Des richesses attendent les « esclaves choisis » (sourates 43:70-71 ; 55:70-71 ; 44:51-53), ainsi que des fruits et de l’honneur (sourate 37:40-43 ; 43:72-73 ; 44:55), ainsi que des garçons éternellement jeunes (sourate 76:19). En sourate 56:22-38, on peut lire une description plus étendue :

Et des houris aux grand yeux, semblables à la perle bien gardée, pour paiement de ce qu’ils œuvraient. Ils n’entendront là ni vanité, ni incrimination ; que le mot « Paix ! Paix ! ». Et les gens de la droite… ils sont parmi les jujubiers aux fruits abondants mais sans épines, et aussi parmi les acacias en lignes, parmi l’ombre étendue et l’eau qui se déverse, et les fruits abondants ni cueillis ni interdits, avec de hauts lits et des belles qu’en vérité nous avons ouvragées d’ouvrage, puis faites vierges, amoureuses, toutes du même âge – pour les gens de la droite !

Dans la vision coranique, le plaisir matériel paradisiaque est un signe de plaisir divin. L’image du jardin est symboliquement aussi celle d’un lieu de retraite, de paix, reflétant harmonie et calme[21]. En effet, les théologiens musulmans soulignent souvent que, si la création est bonne, il ne faut pas s’étonner de retrouver le plaisir de cette création dans l’état paradisiaque.

Yannick Imbert, voir bibliothèque.

Mayas, Incas, Aztèques

Mayas

Les Mayas pensaient que la mort n’était pas naturelle. Pour eux, la mort était l’œuvre des dieux, qui étaient souvent affamés. Pour la survie des dieux et des hommes, les mayas effectuaient régulièrement des sacrifices. Ils pensaient pouvoir nourrir les dieux avec leur sang, que l’énergie humaine atteigne les cieux. Ils commencèrent par sacrifier des animaux, puis après plusieurs périodes de guerre avec d’autres tribus d’Amérique, ils se mirent à sacrifier des prisonniers, des esclaves, et parfois même des enfants illégitimes.

Une personne ordinaire était enterrée sous le plancher de sa maison, avec leur bouche remplie par de la nourriture et une perle de jade, qui avait la symbolique de la vie après la mort. Des objets personnels étaient enterrés avec eux.

Incas

Contrairement aux Mayas, les Incas pensaient que la mort était une conséquence naturelle de la vie. Ils plaçaient le corps du défunt en position fœtus, pour signifier que la vie d’une personne se finit comme elle avait commencé. Comme pour beaucoup d’autres rites funéraires, lors du lavage et de l’habillement du corps, on assistait à des lamentations (comme les pleureuses en Grèce) et des danses lentes et tristes. Les Incas pensaient que le corps était dirigé par deux âmes. Après la mort, l’une de ses deux âmes se détachait du corps, pour rejoindre sa place dans la vie après la mort, en fonction de la condition sociale du défunt, mais aussi de la cause de sa mort. L’autre âme restait dans le corps, et pour la préserver, les Incas momifiaient les morts en les enterrant avec leurs affaires personnelles. Pourtant, comme les Mayas, les Incas croyaient en de multiples dieux, qui demandaient beaucoup d’offrandes. Les Incas sacrifiaient également des animaux, et parfois des enfants.

La mort était un passage d’un monde à un autre, en lien étroit avec le premier. Les défunts restaient encore cinq jours après leur décès au milieu des leurs (Ávila, 1648 : I, 311, 312, 433), puis ils allaient rejoindre leurs pairs au séjour des morts. Celui-ci était situé, pour les habitants de la Cordillère, à Caray Pampa, à Puquina Pampa, ou au Coropuna, point de départ vers le lieu définitif auquel ils arrivaient après avoir connu des épreuves, la soif, la faim, le froid, la chaleur (Guamán Poma de Ayala, 1980 : 269). La nourriture, la boisson et les vêtements que les membres de la famille leur fournissaient au moment de l’enterrement ou le cinquième jour après leur décès, ainsi qu’à certaines dates anniversaires, avaient pour but de les aider à franchir les obstacles qu’ils rencontraient dans leur voyage vers leur nouvelle destination et à répondre à leurs besoins vitaux (Doctrina christiana, 1985 : 256-257, 262, 266 ; Taylor, 1987 : 417 ; Avendaño, 1648 : I, 91 ; Polo de Ondegardo, 1916 : 7-8). https://journals.openedition.org/amerika/7133

Divinité du soleil et père des empereurs incas, Inti, le plus puissant des dieux, fit l’objet d’un culte absolu. Sacrifices, offrandes et rituels lui étaient consacrés avec d’autant plus de zèle que les Incas espéraient qu’une existence vertueuse les conduirait au paradis auprès du dieu soleil.

Les Incas ne se contentaient pas d’adorer les dieux : ils vénéraient aussi les ­fondateurs de lignage et les anciens monarques. En retour, les morts illustres assuraient la fertilité des champs et le bien-être des populations. Certains de ces personnages éminents possédaient un jumeau minéral : planté dans le sol, ce monolithe délimitait alors le territoire sur lequel les ancêtres exerçaient leur pouvoir. Un exemple ? Le double de pierre de l’ancêtre légendaire des Incas, Manco ­Cápac, se trouvait aux côtés des dieux dans le principal sanctuaire de Cuzco, le Coricancha. https://www.geo.fr/histoire/sept-choses-a-savoir-sur-les-croyances-incas-202586

Aztèques

Les Aztèques pouvaient confesser leurs fautes à un prêtre, mais pour être excusés, ils devaient faire pénitence : le plus souvent il s’agissait d’une offrande aux dieux, mais il se pouvait aussi qu’ils doivent jeûner et parfois même effectuer l’auto scarification. La majorité des personnes étaient incinérées. Pendant la crémation du défunt, on profitait de l’occasion pour brûler en même temps de la nourriture comme offrande, mais surtout l’on brûlait des chiens, car le dieu qui régnait sur l’Enfer était représenté avec une tête de chien. Même 80 jours après la crémation du défunt, ses proches devaient continuer à brûler des offrandes pour les dieux, mais aussi pour que les morts ne viennent pas hanter les vivants.

Dans la cosmologie aztèque, le voyage de l’âme vers les Enfers après la mort lui laisse quatre destinations : le verger sacré des dieux, le lieu des ténèbres, le royaume du soleil et un paradis appelé le manoir de la lune. Les morts les plus courantes finissent leur chemin vers Mictlán (Lieu des Ténèbres) avec ses neuf niveaux, ses montagnes s’écrasant et ses rivières tumultueuses, après quatre années de lutte. Ce panthéon de dieux et de déesses et l’expansion des 13 Cieux constituent la base culturelle des coutumes et des célébrations du Jour des Morts. https://wilderutopia.com/traditions/mythological-journey-to-the-aztec-lands-of-the-dead/

Tamoanchan, dans la mythologie aztèque, est un paradis terrestre de la période postclassique selon le Codex Telleriano-Remensis, la résidence principale de Xochiquetzal, la déesse de la beauté et l’amour. Dans ce lieu existait un arbre appelé Xochitlicacan. Ce lieu mythique paradisiaque était protégé par des génies appelés Amoxoaque (Tlaltetecui, Xochicahua). Certains auteurs se réfèrent au mot Timoancán comme provenant de la langue maya de la Huasteca, et signifie « montagne du serpent » ou « lieu des serpents »

Le judaïsme

De quelle manière la résurrection des morts et le monde futur se présentent-ils ? Malgré l’importance que les rabbins attribuent à l’au-delà, ils sont, quant aux images concrètes, avares de paroles et parfois contradictoires. En fouillant dans les nombreux Midrashim, on distingue toutefois quelques caractéristiques de la résurrection des morts et du monde futur, que je résumerai en cinq points, avant de les expliquer. La résurrection des morts, le monde futur et l’au-delà sont : 1) imminents ; 2) collectifs, pour tout le peuple juif ; 3) corporels ; 4) liés au pays d’Israël ; 5) ils représentent une récompense pour une vie non vécue en exil..

1) l’au-delà est imminent. Comme déjà mentionné, la notion de monde futur apparaît pour la première fois dans un texte eschatologique, 1 Hénoch (71, 15), et bien que les Sages talmudiques ne partagent pas l’idéologie des auteurs apocalyptiques, ils retiennent pourtant l’idée que l’au-delà est proche de ce monde. Dans les nombreuses paraboles rabbiniques sur le monde futur, cette idée se manifeste entre autres par le geste brusque et inattendu avec lequel le roi invite des hôtes pour son festin (c’est-à-dire que Dieu annonce le Jugement dernier), ou par le fait que le roi réclame sans délai le gage (l’âme) qu’il avait donné.

2) la résurrection des morts est collective. Le sujet de la résurrection n’est jamais au singulier. C’est tout Israël qui revivra, comme dans la Mishna Sanhédrin 10, 1 ; ce sont tous les morts juifs qui renaîtront, comme dans la deuxième des Dix-huit bénédictions ; ou encore, dans le Midrash Genèse Raba (48, 8), Abraham, assis près de l’entrée de la géhenne, a le pouvoir de sauver tous les circoncis de l’enfer. Les rabbins ne se lassent pas de souligner que c’est tout le peuple juif qui ressuscitera.

3) la résurrection est corporelle. Quant au raisonnement, je m’en remets ici ä rabbi Juda ha-Nasi, le compilateur de la Mishna, qui cherche à persuader l’empereur romain que l’âme tout comme le corps ressusciteront ä la fin des temps. Voici le récit tiré du Talmud de Babylone (Sanhédrin 91a-b) : Antonin dit ä Rabbi : Le corps et l’âme peuvent se libérer du jugement, puisque le corps peut dire que c’est l’âme qui a péché, car depuis qu’elle l’a quitté, il se trouve immobile comme une pierre dans la tombe ; tandis que l’âme peut dire que c’est le corps qui a péché, car depuis qu’il l’a quittée, elle vole dans l’air comme un oiseau. Celui-ci {Rabbi] répondit : Je vais te raconter une parabole. À quoi cela peut-il être comparé ? Un roi en chair et en os possédait un beau verger avec des fruits, et il y plaça deux gardiens, l’un aveugle et l’autre paralytique. Le paralytique dit ä l’aveugle : Je vois de belles prémices dans ce verger, viens, porte-moi sur tes épaules et allons les chercher pour les manger ! Le paralytique se mit sur les épaules de l’aveugle et ils cueillirent les fruits et les mangèrent. Au bout de quelques jours vint le propriétaire du verger et il leur demanda : Où sont les beaux fruits ? Est-ce que j’ai des jambes pour marcher ? répondit le paralytique. Est-ce que j’ai des yeux pour voir ? répondit l’aveugle. Que fit le propriétaire ? Il mit le paralytique sur les épaules de l’aveugle et les punit tous deux. Ainsi le Saint béni soit-il ramène l’âme et la met dans le corps et il les punit tous deux, selon le verset (Psaume 50, 4) : « Il crie vers les cieux en haut, et vers la terre, pour juger son peuple ». Il crie vers les cieux — c’est l’âme. Et vers la terre, pour juger son peuple — c’est le corps. Tels sont les arguments allégués par rabbi Juda ha-Nasi pour défendre la résurrection corporelle. Ici, comme dans d’autres passages, le jugement, la récompense et la punition sont une illustration de l’aspect corporel de la résurrection.

4) la résurrection et le monde futur sont liés à Erets Yisrael, à la Terre promise. Pour fonder mon hypothèse, il suffit de jeter un coup d’oeil à la « cartographie » que les rabbins esquissent de l’au-delà. Tous les endroits de cette carte font partie du pays d’Israël : la Jérusalem céleste (Yerushalayim shel ma 'la), la géhenne (gehinom), le paradis (gan eden). Il va sans dire que la Jérusalem céleste est une copie idéale de la Ville sainte, et selon le traité Taanit (5a) du Talmud de Babylone, la Jérusalem céleste forme un tout avec la capitale d’Erets Yisrael. Ensuite, la géhenne ou enfer est un terme dont l’étymologie remonte à la vallée de Ben-Hinom (ge Ben-Hinom), une vallée au sud de Jérusalem où, à l’époque biblique, des enfants étaient brûlés conformément ä un rite cananéen (Josué 15, 8 ; 2 Rois 23, 10 ; Jérémie 7, 31). Cet endroit devint le symbole de l’horreur, et selon le traité talmudique Eruvin 19a, c’est là que se trouve une des entrées de l’enfer. Selon le même passage, le paradis se trouve lui aussi en Israël : Resh Laqish dit du jardin d’Éden : S’il se trouve en Israël, sa porte est ä Bet- Shean. Pour résumer ce point, on peut dire que d’après les Sages du Talmud l’au-delà est entièrement lié à Erets Yisrael : c’est à Jérusalem que ciel, terre et enfer se touchent. Contrairement au temps de l’humiliation dans la maison de servitude, en exil, la vie future se passera en Israël, la Terre promise.

5) le cinquième point s’inscrit dans le même contexte : le monde futur représente une récompense pour une vie non vécue en exil. Une nouvelle fois, le vocabulaire se révèle être un indice du contraste de deux vies, car l’hébreu mishnique oppose le monde futur au monde d’ici-bas. Comme je l’ai déjà mentionné, les rabbins sont plus que discrets quant aux détails sur l’au-delà : ils parlent parfois du grand festin du léviathan qui attend les justes à la fin des temps. Bava Batra 74b-75a illustre ce rêve facile ä comprendre chez des hommes affamés, et le motif du festin somptueux se retrouve d’ailleurs dans les visions élyséennes de presque toutes les cultures. Excepté de tels motifs généraux, la littérature rabbinique développe cependant une notion très spécifique de l’au-delà : le tribunal céleste ou, plus exactement, la haute école talmudique céleste (yeshiva shel ma 'la). Bien qu’il n’y ait pas de passage où cette école talmudique soit explicitement identifiée au paradis, il est pourtant manifeste qu’elle accueillera les rabbins éminents après leur mort (Bava Metsia 86a) et que les garçons juifs morts trop jeunes pourront y jouir d’un enseignement donné par Dieu lui-même (Avoda Zara 3b). L’école talmudique céleste représente évidemment la projection d’une école talmudique idéale de l’époque, où l’on continue à apprendre et à discuter, et où Dieu aussi enseigne et apprend en même temps, ce qui est décrit d’une façon bien amusante dans Bava Metsia 86a. Dans ce Midrash, les sages de l’école céleste discutent sur un problème halakhique concernant la lèpre, mais comme Dieu ne partage pas l’opinion de la majorité, on convoque un expert d’ici bas ; c’est pourquoi Raba bar Nahmani doit quitter la terre pour trancher la question. Le fait assez surprenant que Dieu ne figure pas comme autorité suprême dans la halakha symbolise probablement que la discussion religieuse dans le judaïsme ne connaît ni réponses définitives ni autorités infaillibles. Mais pour revenir à la conception de l’au-delà rabbinique, la haute école céleste montre à quel point cet au-delà constitue un contrepoids à la vie d’asservissement religieux et politique vécue par les rabbins : ils pourront enfin vivre leur vie idéale dans le monde futur, où ils pourront apprendre sans être dérangés, observer les six cent treize commandements et pratiquer leur religion sans être opprimés. L’utopie des Sages talmudiques touche donc la vision d’Ézéchiel qui elle aussi s’achève par un happy end, réunissant le peuple élu avec son Dieu dans la Terre promise.

GABRIELLE OBERHÄNSLI -WIDMER, La mort et l’au-delà dans le judaïsme.