Zachée (Lc 19,1-10)

Version de la TOB

1 Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville.
2 Survint un homme appelé Zachée ; c’était un chef des collecteurs d’impôts et il était riche.
3 Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvait y parvenir à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille.
4 Il courut en avant et monta sur un sycomore afin de voir Jésus qui allait passer par là.
5 Quand Jésus arriva à cet endroit, levant les yeux, il lui dit : « Zachée, descends vite : il me faut aujourd’hui demeurer dans ta maison. »
6 Vite Zachée descendit et l’accueillit tout joyeux.
7 Voyant cela, tous murmuraient ; ils disaient : « C’est chez un pécheur qu’il est allé loger. »
8 Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Eh bien ! Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »
9 Alors Jésus dit à son propos : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
10 En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Introduction

La Bible pourrait s’intituler « livre de la rencontre entre Dieu et l’humanité », tant cette collection de 73 livres est jalonnée de rencontres en tous genres. Dès les premières pages, nous entendons Dieu clamer « Adam où es-tu ? (Gn 3,9) ». Nous pouvons aussi citer Dieu qui se manifeste à Moïse dans un buisson ardent, à Samuel dans un songe ou encore à Job dans une tempête. Dieu cherche l’homme.

Le sommet de cette quête se révèle dans le mystère de l’incarnation dans lequel Dieu prend notre condition humaine pour se rapprocher le plus possible de sa créature. Durant les trois années de sa vie publique, Jésus arpente la Galilée, la Samarie et la Judée pour annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Il vient « au secours » des exclus, des marginaux, des malades, en somme tous les « anawim » de la société que récapitule le sermon sur la montagne à travers les Béatitudes (Mt 5,3-12).

Jésus préfère les pauvres. Un épisode montre néanmoins que les riches ne sont pas exclus de l’annonce de salut. Jésus vient à la rencontre d’un homme que Luc nomme Zachée.

Contexte

Dans l’évangile de Luc

Le récit de Zachée est propre à l’évangéliste Luc (Lc 19,1-10). Il relate la rencontre entre un riche collecteur d’impôt et Jésus.

Jésus entame sa vie publique en Galilée. Il monte vers Jérusalem (Lc 17,11). Il s’approche de Jéricho (Lc 18,35) située dans le territoire de la Judée, réduite en province romaine. Il croise un mendiant aveugle, le guérit, puis entre dans Jéricho et rencontre Zachée. Avec Zachée, nous passons du pauvre mendiant ignoré au riche notable, mais pécheur.

Le texte de Zachée est englobé dans une série de péricopes qui traitent du thème de la richesse. Au chapitre précédent, Luc relate la parabole du Pharisien et du collecteur d’impôt (Lc 18,9-14), ainsi que l’invitation à renoncer à ses richesses pour entrer dans le royaume de Dieu, à l’image du chameau qui passe par le chat d’une aiguille (Lc 18-18-27). Le thème de la richesse est aussi abordé après le récit de Zachée, dans la parabole des mines (Lc 19,11-28).

Dans la Bible

D’une manière générale, la Bible manifeste une option préférentielle pour les pauvres. L’histoire de Zachée montre que ce n’est pas tant la richesse qui entrave l’arrivée du salut, mais la capacité à accueillir la parole de Dieu. Tel est le cas du jeune homme riche (Mt 19,16-26 ; Mc 10,17-31 ; Lc 18-18-27). Jésus nous invite à nous dépouiller pour le suivre. Rien de tel avec Zachée. Jésus ne lui demande pas de tout vendre, ni même de quitter son travail.

Toute autre est la vocation de Lévi (Matthieu), lui aussi collecteur d’impôt :

Lc 5,27 Jésus vit un collecteur d’impôt nommé Lévi, assis au bureau de recette, et il lui dit : Suis-moi. Et quittant tout, il se leva et le suivit.

Le récit de Zachée nous invite à entrer dans Jéricho, ville célèbre grâce aux trompettes qui ont fait tomber ses murailles (Jos 6). Dans la conquête de la terre promise, Jéricho est la première ville avant d’entrer en Canaan. Pour Jésus, Jéricho est la dernière ville avant d’entrer à Jérusalem pour mener sa mission à terme. Alpha pour les Hébreux, omega pour Jésus, Jéricho est le symbole du passage avant l’accomplissement d’une promesse de salut.

Structure

V 1 : Contexte. Le passage de Jésus par Jéricho
V 2-3 : Présentation de Zachée et de ses intentions
V 5-6 : Jésus interpelle Zachée
V 7 : Récrimination envers Jésus
V 8 : Zachée propose de réparer ses fautes
V 9 : Jésus annonce le salut

Les 3 premiers versets nous présentent la situation des deux personnages principaux : Jésus en chemin et Zachée en recherche. La suite de la péricope se présente sous la forme d’un chiasme ABBA. Jésus encadre l’intervention des récriminants et de Zachée.

Vocabulaire

  • Zachée : Ce nom vient de « zakkaï » en hébreu, ce qui signifie : « celui qui est juste », « celui qui est pur ». N’avons-nous pas là une sorte de contradiction entre le nom et celui qui le porte ?

  • Collecteur d’impôt : Les juifs sont assujettis à un impôt romain.

    Lc 20,22 « Nous est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César ? »… 25 Jésus leur dit : « Eh bien ! rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

    Le recouvrement de l'impôt est assuré par des collecteurs d’impôt, τελώνην en grec (telōnēn), qui sont parfois désignés par le terme de « publicain » dans les anciennes traductions bibliques. Les publicains étaient regroupés en sociétés financières et avaient le "droit" de collecter l’impôt suite à une adjudication faite par Rome. Les collecteurs d’impôt directement en relation avec le « public » s’appelaient des « publicains ». Ces collaborateurs des Romains étaient profondément méprisés par le peuple juif, car ils s’enrichissaient sur le dos de leur coreligionnaire. Sur le plan religieux, les contacts avec les païens ou avec leur monnaie comportant des effigies de divinités païennes les rendent impurs. Zachée servait « César » ! Mais rendait-il à Dieu ce qui est à Dieu ? Lui qui était pur de par son nom, était-il impur par son métier ? Les Publicains se voient fréquemment assimilés aux pécheurs publics.

    Quelle était la situation exacte de Zachée ? Le texte évangélique indique qu’il était ἀρχιτελώνης (chef de collecteur d’impôt). La Vulgate traduit le terme par "princeps publicanorum". Zachée tenait une place importante dans la société. Tous les publicains qu’on rencontre en Palestine sont des Juifs et prient dans le Temple. Dans les villes, ces personnages sont très nombreux, à telle enseigne qu’ils forment comme une classe de la société, que les Juifs orthodoxes tenaient en suspicion. Bien qu’ils soient méprisés par l’ensemble des Juifs fidèles, ils apparaissaient comme de condition sociale assez relevée, et possesseurs de belles fortunes. Zachée avait donc pris à ferme des impôts romains, et son activité était régie par les règles posées par le droit romain. Il ne s’agit pas des règles contenues dans l’édit du préteur urbain, mais des règles du droit romain provincial, telles qu’elles étaient exposées dans l’édit du procurateur de Judée, et éventuellement dans les instructions que celui-ci recevait de l’empereur. Jean Dauvillier, voir lien en bas de page.

  • Fils d’Abraham : Pourquoi Zachée est-il nommé « fils d’Abraham » ?
  • Ga 3,6 Abraham eut foi en Dieu, et de ce fait, Dieu estima qu’il était juste. 7 Comprenez-le donc : les vrais fils d’Abraham, ce sont les croyants. 8 D’ailleurs l’Écriture avait prévu, au sujet des nations païennes, que Dieu en ferait des justes par la foi ; c’est pourquoi on y trouve cette bonne nouvelle annoncée à Abraham : En toi seront bénies toutes les nations. 9 Ainsi, ceux qui sont croyants sont bénis avec Abraham le croyant.

    Les publicains et les prostituées précèdent les prêtres et les anciens dans le royaume de Dieu, parce qu’ils ont cru à la parole (Mt 21,28-32).

  • Sycomore : : Il s’agit d’un arbre commun qui pousse à peu près partout. C’est aussi un arbre majestueux de grande taille à la riche frondaison, dont les larges branches horizontales à faible hauteur sont appréciées pour l’ombrage qu’elles procurent, notamment pour le pacage des animaux, et pour grimper… Amos pinçait les sycomores (Am 7, 14-15). En réalité, il les piquait pour les rendre comestibles. Les fruits étaient scarifiés avant la maturité afin d’en faire écouler le suc âcre et laiteux, mais aussi pour en accélérer le mûrissement. Les fruits étaient destinés au bétail, afin d’améliorer la lactation. Toutefois, pendant les disettes, ils servaient de farine pour les pauvres.

  • Fils de l’homme : C’est le titre que reprend le plus souvent Jésus lorsqu’il parle de lui-même. L’expression est courante dans l’Ancien Testament, tout particulièrement dans le livre d’Ezéchiel (93 fois). Il traduit l’hébreu ben adam, donc de la race de l’humanité avec une condition mortelle.

    Le livre de Daniel nous donne une vision eschatologique du Fils de l’homme :
  • Dn 7,13 « Je (Daniel) continuai de regarder les visions qui m’apparaissaient pendant la nuit : un être semblable à un homme arrivait parmi les nuages du ciel. Il s’avança en direction du vieillard, devant lequel on le conduisit. 14 La souveraineté, la gloire et la royauté lui furent données, afin que les populations de tous pays, de toutes nations et de toutes langues le servent. Sa souveraineté durera éternellement, elle n’aura pas de fin, et son royaume ne sera jamais détruit.

    Jésus reprend ce titre de « Fils de l’homme » pour manifester son humanité et sa divinité tout en laissant planer le mystère. Le titre est par ailleurs moins ambigu que celui de « messie » qui le situe dans la lignée davidique d’un roi terrestre.

    Il faut, ajouta-t-il, que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les grands prêtres et par les scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite le troisième jour. […] Celui qui aura eu honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, lorsqu’il viendra dans sa gloire et celle du Père et des saints anges » (Luc 9, 22 et 26).

    Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que je suis (Jean 8,28).

    Celui qui se sera prononcé pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se prononcera aussi pour lui devant les anges de Dieu (Luc 12,8).

    Le Fils de l’homme a le pouvoir sur terre de remettre les péchés (Marc 2,10).

    Le Fils de l’homme est maître même du Sabbat (Marc 3,1).

Interprétation théologique

Sur un arbre perché

Pourquoi Zachée cherche-t-il à rencontrer Jésus. Le récit laisse libre à toute interprétation. Le texte nous dit simplement que Zachée « cherchait à voir Jésus ». Juste le voir, pas le rencontrer ni le toucher. Est-ce de la curiosité ? Zachée veut voir un homme dont il a certainement entendu parler. A quoi peut-il bien ressembler cet homme nommé Jésus qui parle aux foules et accomplit des miracles ?

Zachée est un anonyme au milieu d’une foule qui se presse pour voir passer Jésus. La foule s’interpose. Le scénario se répète : les disciples contre les enfants (18,15-17), ceux qui marchent en tête contre l’aveugle (18,35-43). Zachée ne se décourage pas. Il court en avant et monte sur un sycomore dont les branches basses lui permettent de grimper rapidement. Il s’installe sur son arbre à l’affût, comme un chasseur, un peu caché. Cette position lui permet d’assouvir sa curiosité tout en se tenant à distance. Il veut simplement voir Jésus qui passe, sans trop prendre de risques.

Sa petite taille le handicape, mais n’est-elle pas le vecteur de la rencontre ? Zachée est obligé de monter sur l’arbre pour voir Jésus. Ainsi Zachée va se rendre visible aux yeux de Jésus dans cette posture. N’est-ce pas un principe biblique : les petits sont élevés et les grands sont abaissés. Et puis monter aux arbres, n’est-ce pas le propre des enfants ? Il faut avoir un cœur d’enfant pour accueillir le royaume de Dieu.

Laissez les enfants venir à moi, et ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas (Lc 18,16-17).

Zachée veut voir et sa demande sera exaucée comme pour l’aveugle (Lc 18,35-43). L’aveugle a suivi Jésus en rendant gloire à Dieu. Qu’en sera-t-il de Zachée ?

Deux regards se croisent

Jésus s’arrête, lève les yeux vers Zachée et croise son regard. Le regard possède ce pouvoir de parler sans mot. Il révèle une présence et manifeste les désirs et les sentiments avec beaucoup d’intensité. Poser son regard sur une personne ne laisse pas indifférent. Les amoureux ne cherchent-ils pas le regard de l’autre ? Le premier geste d’un dialogue consiste à regarder le visage de l’autre.

Jésus interpelle Zachée par son nom, preuve qu’il est un notable. La nomination a pour fonction de "consacrer" une personne parmi les autres. Elle rend présent un visage. Elle exprime dans une forme de communion : « C’est à toi que je veux m’adresser ici et maintenant et non pas à quelqu’un d’autre ». Cette différenciation est aussi un acte de reconnaissance de la présence de l’autre. Par la nomination, l’autre entre dans un champ de relation et de communication.

La réparation du préjudice

Soulignons d’abord que Zachée donne la moitié de ses biens aux pauvres. Il s’agit d’une pure libéralité, car les pauvres ne peuvent invoquer aucune malversation de la part du collecteur d’impôt. Zachée donne aux pauvres parce que Jésus est venu le visiter. Tout joyeux, il veut diffuser cette joie autour de lui.

Pourquoi Zachée rend-il le quadruple ? Le texte nous parle d’extorsions (faire du tort). En grec classique le mot συκοϕαντέω (sukofanteo) a le sens de « dénoncer ou accuser faussement ». Zachée aurait fait de fausses déclarations. Est-ce possible pour un homme nommé le « juste » ? Les juifs le traitent de pécheur à cause de ses fonctions et non pour une éventuelle malversation. Le texte ne fournit aucune explication. Peut-être a-t-il simplement commis une erreur. À moins que l’un de ses employés n’ai commis une faute et en tant que « chef », il s’engage à restituer le quadruple, une somme qui interpelle.

Un texte nous renseigne à ce sujet : il est contenu dans les Sententiae du jurisconsulte Paul (Iulius Paulus), qui écrivit à la fin du IIe et au début du IIIe siècle « Ce qui a été perçu illicitement, à titre public aussi bien qu’à titre privé, est rendu à qui ont subi cette violation avec une autre valeur égale. En revanche, ce qui a été extorqué en usant de la force est restitué avec une amende privée du triple : en outre, ils sont frappés par voie administrative : c’est en effet une autre peine que réclame l’utilité des particuliers, et une autre peine le maintien de l’ordre public.

Paul distingue entre deux hypothèses : le publicain (en fait les employés à son service, sa familia) a perçu une somme indue sans user de la violence. Par exemple, la perception a été faite à l’encontre d’une disposition explicite du tarif des douanes. Dans ce cas, le publicain doit rendre la somme indûment perçue, et en outre la victime reçoit de lui une indemnité, qui est une poena, une amende privée, égale à cette valeur. En résumé, le publicain doit restituer au double.

En revanche, si ses gens ont usé de la force, la répression est beaucoup plus grave, car l’autorité de l’État est en jeu. La victime reçoit restitution de la somme indûment perçue, et en outre une amende privée, poena, du triple de cette valeur. La restitution est donc au quadruple. En outre, on encourt une peine infligée par voie administrative, qui peut être une peine criminelle. Jean Dauvillier, voir lien en bas de page.

Zachée respecte donc la loi. Il rend le montant extorqué et une indemnité égale au triple du montant.

Le salut

Jésus ne pose aucune question à Zachée. Sans doute a-t-il entendu les détracteurs qualifier l’hôte de pécheur. Mais Jésus ne porte aucun jugement et ne lui pardonne aucune faute.

Je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde (Jn 3,17).

Le salut est entré dans la maison de Zachée en la personne de Jésus et dans la conversion de Zachée. L’économie du salut s’accomplit dans le quotidien d’un homme qui ne demandait rien, sinon de voir. Jésus vient « demeurer » (μεῖναι-meinai). Le verbe implique une durée, d’ailleurs les détracteurs disent de Jésus qu’il est allé « logé » (καταλῦσαι-katalysai). Le récit de la Samaritaine confirme cette idée de durée.

Jn 4,40 Aussi, lorsqu’ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer parmi eux. Et il y demeura deux jours.

Dans le récit de Zachée, nous ignorons le temps effectif de conversation entre les deux hommes. Jésus quitte son hôte juste après la parabole des mines (Lc 19,11-28). Cette idée de « demeure » tranche avec le « descends vite ». Aller vers Jésus ne demande qu’un geste, alors que la conversion s’étend dans la durée.

L'évangéliste Jean nous fournit l'explication de la demeure :

Vous demeurez (meine) en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. Ce qui manifeste la gloire de mon Père, c'est que vous portiez beaucoup de fruit. Vous serez alors vraiment mes disciples. Tout comme le Père m'a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela afin que ma joie demeure en vous et que votre joie soit complète. Voici mon commandement: aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner votre vie pour vos amis (15,7-13).

La joie de zachée est le signe de la demeure. Cette joie tranche avec la tristesse du jeune homme riche incapable de vendre ses biens.

Zachée exprime sa volonté de partager. Sa joie déborde à tel point qu’il manifeste devant tous son désir de repentance. La venue de Jésus convertit Zachée. L’irruption du Fils de l’homme fait de Zachée un Fils d’Abraham.

Le don du double et la réparation au quadruple sont bien plus que le rachat d’une bonne conscience. Le geste traduit sans doute une part de regret et de remords, mais il ne s’agit pas de payer le prix de la vie éternelle. La rédemption est un don gratuit qui en appelle à la conversion.

Le don de Zachée aux pauvres et aux spoliés est aussi, et peut être avant tout, un don fait au Christ lui-même. Zachée devient ici le témoin visible de la grâce de son Seigneur. Il n’est plus un pécheur : son don est le reflet de son pardon reçu. Sa parole publique est le témoignage vivant de sa foi et de sa conversion à l’évangile du Christ. En donnant et en abandonnant, une part de lui-même et de ses biens, Zachée offre au Christ, son Seigneur, le signe visible de sa conversion à la Bonne Nouvelle du règne de Dieu : un témoignage délivré, debout, devant tous. L’action de Zachée est, en quelque sorte, la réponse aux détracteurs du Christ. François Bessonnet, voir lien.

Jésus inscrit Zachée dans la lignée des croyants. Abraham a eu foi en Dieu ; il a abandonné son pays d’origine pour une aventure. De même Zachée abandonne une part de ses biens pour "suivre" Jésus à sa façon. Contrairement au jeune homme riche, Jésus ne demande pas à Zachée de le suivre concrètement. Zachée va désormais vivre la bonne nouvelle du salut dans le concret de son métier.

Que me dit le texte pour aujoud’hui ?

Les obstacles à la foi

Zachée désire voir Jésus, mais la foule lui fait obstacle. Y a-t-il autour de nous des personnes qui nous empêchent d’avoir accès à Jésus, à le confesser comme « Fils de l’homme ». Avons-nous le courage d’aller vers les gens qui ont mauvaise réputation ou tout simplement d’accepter que des gens ne pensent pas comme nous.

Vivre l’évangile au quotidien

Jésus convertit Zachée dans le quotidien de son existence. Contrairement à d’autres appels, Zachée est simplement invité à faire son métier avec honnêteté et droiture. Il est appelé à mettre son nom en conformité avec ses actes.

Le récit nous appelle à vivre l’évangile au quotidien dans nos tâches humaines. Les enjeux du monde d’aujourd’hui nous focalisent sur le rendement, la promotion et la gloire bien plus que sur l’humilité et le partage.

Le bien commun

Le récit nous parle d'impôts, sujet bien épineux. Mais les impôts nous rappellent que nous vivons en communauté et que nous partageons les mêmes biens. Le parcours Zachée met l'accent sur les biens communs. Chaque séance nous propose de vivre une (trans)formation intérieure pour apprendre à vivre en chrétien tous les jours, quelle que soit notre activité, à l'image de Zachée.

Chercher Dieu

Quels sont les arbres de nos vies ? L’arbre peut prendre de multiples figures. Il peut s’agir d’une prière, d’une visite d’un malade, d’une rencontre fortuite. Mais il est difficile d’entendre l’invitation de Jésus. Il se tient à notre porte et nous n’entendons pas toujours cet appel "je voudrais demeurer chez toi".

Conclusion

Le récit de Zachée manifeste l’économie du salut à l’aune de notre vie quotidienne, dans notre travail. Jésus vient faire la lumière dans nos ténèbres. N’est-il pas précisément venu pour « chercher et sauver ce qui était perdu (Mt 18,11) » ?

Liens

Catéchèse sur l’évangile.

Jean Dauvillier, Les obligations des publicains et le texte évangélique de Zachée.

Nicolas Morin, Zachée, un désir transformé par Jésus.

André Myre, Le fils de l’homme : un titre revendiqué par Jésus ?

Daniel Montpetit, Les publicains.

François Bessonnet, Commentaire de l’évangile.

Louis Pernot, Commentaire de l’évangile.