Les développements ci-dessous sont extraits du livre La bonne nouvelle de la sexualité, dont le plan est présenté sur ce lien.

La sexualité dans la Bible

Concernant la vie sexuelle, la Bible nous offre un panorama conforme à la condition humaine. La "nation sainte" n'est pas plus parfaite que les autres peuples.

La sexualité dans l'Ancien Testament

L’histoire s’ouvre sur une injonction à la procréation que Dieu adresse aux animaux et à l’humanité :

Dieu les (animaux) bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers ; et que les oiseaux multiplient sur la terre… Dieu les (l’humanité, mâle et femelle) bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. (Gn 1,22-28).

D’une manière générale, l’enfant représente une bénédiction, un cadeau de Dieu (Gn 30,20).

Hors mariage, point d’avenir, tout particulièrement pour les femmes qui se verraient privées de protection légale et de progéniture. Un homme ne peut prendre qu’une femme vierge comme épouse.

Il prendra pour épouse une femme encore vierge. La veuve, la femme répudiée ou profanée par la prostitution, il ne les prendra pas pour épouses ; c’est seulement une vierge d’entre les siens qu’il prendra pour épouse. (Lv 21,13-14).

La société est clairement organisée en mode binaire : d’un côté les hommes à qui appartient le pouvoir et, de l’autre, les femmes cantonnées dans leur rôle d’épouses et de mères. Dans le monde hébraïque, comme dans tout le Moyen-Orient, la femme occupe une situation tout à fait subalterne. Elle passe de l’autorité du père à celle de son mari comme en témoignent les verbes utilisés pour l’institution de la vie conjugale : prendre (Lv 21,13, Rt 1,4 ; Rt 4,13) et donner (Gn 29,21). L’homme prend une fille pour qu’elle devienne sa femme ; une femme est donnée pour devenir l’épouse d’un homme. L’inverse ne se produit jamais.

Des interdits structurent la vie sociale et sexuelle : adultère, inceste, onanisme, bestialité. La prostitution est tolérée.

La nation hébraïque ressemble à tous les peuples du monde.

La sexualité dans le Nouveau Testament

Jésus reste discret sur la sexualité. Il mentionne le fait que certains se font eunuques pour le royaume (Mt 19,12). Dans un autre enseignement (Jn 20,34-36), Jésus rappelle que ceux qui appartiennent à ce monde se marient, mais que ceux promis à la résurrection ne prennent ni femme ni mari. Jésus rappelle aussi les commandements, notamment l’interdit de l’adultère. Mais lorsque les scribes et les pharisiens lui amènent une femme adultère, il renvoie les détracteurs un à un en commençant par les plus vieux, puis Jésus pardonne les péchés à cette femme et la renvoie dans le monde :

Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre… Va et ne pèche plus. (Jn 8,1-11).

Paul se charge d’apporter des précisions et de poser les fondements d’une éthique sexuelle qui sera reprise par l’Église. Il énonce l’unicité du lien homme-femme par opposition à la polygamie tolérée dans l’AT :

Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. (1Co 7,2).

Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement. Il faut qu’il dirige bien sa propre maison, et qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté. (1Tim 2,1-3).

Paul se charge d’apporter des précisions et de poser les fondements d’une éthique sexuelle qui sera reprise par l’Église. L’apôtre s’attaque à l’immoralité sexuelle (porneia).

L’apôtre des Gentils apporte des innovations majeures en matière de sexualité conjugale. Il exhorte ses fidèles à avoir des relations sexuelles au sein du mariage. Le renoncement aux rapports conduirait à la prostitution ou l’adultère.

Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. (1Co 7,5).

Paul amorce une véritable révolution en ce qui concerne l’égalité des sexes et le rapport au corps du partenaire :

Que le mari remplisse ses devoirs envers sa femme, et que la femme fasse de même envers son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (1 Co 7,3-4).

En conclusion, le christianisme ne conteste pas les fondements structurels de la société. Jésus porte néanmoins un autre regard sur les femmes et sur les pécheurs. Le pardon supplante les condamnations mortifères. Le Nouveau Testament amorce aussi un virage en ce qui concerne l’égalité homme femme. Même si la femme reste sous l’autorité légale de son mari, demander à un homme d’aimer sa femme est un appel à une radicale conversion.