Le paradis
Le paradis se définit par l'harmonie entre l'humanité et l'univers. Ses attributs sont la perfection, la paix, la pureté et la plénitude. Le mal, la souffrance et la mort sont absents de ce lieu de délices.
Dans le cadre du projet biblique, Dieu nous propose de vivre nus dans un jardin paradisiaque. Tous les couples rêvent de ce paradis terrestre dans lequel ils pourraient vivre insouciants et nus en parfaite harmonie avec la nature. Qui n’a pas feuilleté un catalogue de voyage en s’imaginant seul à deux sur une île déserte ou tous les désirs seraient assouvis sans aucune entrave au bonheur ? La Bible n’échappe pas à ce mythe puisque dès les premières pages du livre de la Genèse, elle invite le lecteur à pénétrer dans le jardin d’Éden.
Genèse 2:8 Puis l'Eternel Dieu planta un jardin (Gan) en Eden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.
Nous y découvrons le premier homme et la première femme en tenue d’Adam et d’Ève, c’est-à-dire dans leur parure naturelle, sans honte aucune :
L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte. (Gn 2,25).
La volonté inaugurale du créateur de l’univers est d’offrir à l’homme et à la femme un cadre paradisiaque. Mais que signifient les mots hébreux "gan" et "Eden", dans la culture de l'époque ?
Genèse 13:10 Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que l'Eternel eût détruit Sodome et Gomorrhe, c'était, jusqu'à Tsoar, comme un jardin (Gan) de l'Eternel, comme le pays d'Egypte.
Deutéronome 11:10 Car le pays dont tu vas entrer en possession, n'est pas comme le pays d'Egypte, d'où vous êtes sortis, où tu jetais dans les champs ta semence et les arrosais avec ton pied comme un jardin (Gan) potager.
1 Rois 21:2 Et Achab parla ainsi à Naboth:Cède-moi ta vigne, pour que j'en fasse un jardin (Gan) potager, car elle est tout près de ma maison. Je te donnerai à la place une vigne meilleure; ou, si cela te convient, je te paierai la valeur en argent.
Cantique des cantiques 4:12 Tu es un jardin (Gan) fermé, ma soeur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine scellée.
Cantique des cantiques 5:1 J'entre dans mon jardin (Gan), ma soeur, ma fiancée; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait. -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour !-
Cantique des cantiques 6:2 Mon bien-aimé est descendu à son jardin (Gan), Au parterre d'aromates, Pour faire paître son troupeau dans les jardins (Gan), Et pour cueillir des lis.
Esaïe 58:11 L'Eternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides, Et il redonnera de la vigueur à tes membres; Tu seras comme un jardin (Gan) arrosé, Comme une source dont les eaux ne tarissent pas.
Ezéchiel 31:9 Je l'avais embelli par la multitude de ses branches, Et tous les arbres d'Eden, dans le jardin (Gan) de Dieu, lui portaient envie.
Joël 2:3 Devant lui est un feu dévorant, Et derrière lui une flamme brûlante; Le pays était auparavant comme un jardin (Gan) d'Eden, Et depuis, c'est un désert affreux : Rien ne lui échappe.
Genèse 18:12 Elle rit en elle-même, en disant : Maintenant que je suis vieille, aurais-je encore des désirs ('Eden) ? Mon seigneur aussi est vieux.
Psaumes 36:8 Ils se rassasient de l'abondance de ta maison, Et tu les abreuves au torrent de tes délices ('Eden).
Esaïe 51:3 Ainsi l'Eternel a pitié de Sion, Il a pitié de toutes ses ruines; Il rendra son désert semblable à un Eden ('Eden), Et sa terre aride à un jardin de Dieu. La joie et l'allégresse se trouveront au milieu d'elle, Les actions de grâces et le chant des cantiques.
Ezéchiel 28:13 Tu étais en Eden ('Eden), le jardin de Dieu; Tu étais couvert de toute espèce de pierres précieuses, De sardoine, de topaze, de diamant, De chrysolithe, d'onyx, de jaspe, De saphir, d'escarboucle, d'émeraude, et d'or ; Tes tambourins et tes flûtes étaient à ton service, Préparés pour le jour où tu fus créé.
Éden signifie « délices » en hébreu. « Jardin d’Éden » se traduit par « jardin de plaisir » ou « paradis » dans la bible des Septante en langue grecque. Le mot grec paradeisos est tiré du persan "apiri-daeza" qui désigne un verger entouré d’un mur. La Vulgate de saint Jérôme, en langue latine, traduit « jardin d’Éden » par paradisum voluptatis (Gn 2,8). Ce qualificatif latin est à la racine du mot français « volupté ». Nous retrouvons ce sens dans le livre du prophète Amos 1,5 : domo voluptatis, c’est-à-dire « maison des plaisirs ». Les livres d’Isaïe et d’Ézéchiel interprètent l’Éden comme « jardin de Dieu » (Is 51,3 ; Ez 28,13).
Cette notion de délices est reprise par saint Bernard dans le sermon 42,7.
Lieu de délices, où les justes étanchent leur soif au torrent des délices ; lieu de la splendeur, où les justes rayonnent d'un éclat semblable à la splendeur du firmament ; lieu d'allégresse où une allégresse éternelle rayonne sur leurs têtes ; lieu de l'abondance, où rien ne manque à ceux qui voient Dieu ; lieu de la douceur où le Seigneur se montre à tous dans sa tendresse ; lieu de la paix, où Dieu s'est construit une demeure dans la paix ; lieu de l'admiration, où ses oeuvres se laissent admirer ; lieu du rassasiement, où nous serons comblés lorsque sa gloire apparaîtra ; lieu de vision, où l'on verra la grande vision. Bernard de Clairvaux, Sermons divers, SC 518, Cerf 2007, p. 293.
Jésus a ouvert la porte du paradis en descendant aux enfers. « Premier né d’entre les morts », il est aussi le seul dans le Nouveau Testament à utiliser le terme « paradèisos », qu’il prononce sur la croix. Il le promet au bon larron, crucifié à sa droite :
Amen je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis (Luc 23,43).
Le paradis du "Jardin d'Éden" est une réalité à construire, une promesse à vivre au quotidien. Le paradis de l'au-delà est son accomplissement dans l'éternité. Mais il n'est pas une transposition matérialiste du Jardin d'Eden.
Cette vision pourrait être, d'un côté, la représentation d'un paradis perdu et, de l'autre, celle du paradis promis. Ce n'est pas un hasard si l'horizon d'un univers paradisiaque, qui est situé par la Genèse (c. 2) aux origines mêmes du monde, par Isaïe (c. 11) et par l'Apocalypse (cc. 21-22) est situé à la fin de l'histoire. On voit ainsi que l'harmonie de l'homme avec son prochain, avec la création et avec Dieu est le dessein poursuivi par le Créateur. Ce projet a été, et est, sans cesse bouleversé par le péché humain qui s'inspire d'un plan alternatif, présenté dans le livre même de la Genèse (cc. 3-11), dans lequel est décrite l'affirmation d'une tension progressive en conflit avec Dieu, avec son semblable et même avec la nature. JEAN PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 17 janvier 2001, L'engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure
Le paradis n’est pas un lieu de conte de fée, ni un jardin enchanté. Le paradis est le baiser de Dieu, Amour infini, et nous y entrons grâce à Jésus, qui est mort en croix pour nous. Là où il y a Jésus, il y a la miséricorde et le bonheur; sans Lui, il y a le froid et les ténèbres. A l’heure de la mort, le chrétien répète à Jésus: «Souviens-toi de moi». Et même si plus personne ne se souvenait de nous, Jésus est là, à nos côtés. Il veut nous emmener dans le lieu le plus beau qui existe. Il veut nous y emmener avec ce peu ou ce grand bien qu’il y a eu dans notre vie, afin que rien ne soit perdu de ce qu’il avait déjà racheté. Et dans la maison du Père, il apportera également tout ce qui en nous a besoin de rachat: les fautes et les erreurs de toute une vie. Tel est l’objectif de notre existence: que tout s’accomplisse, et soit transformé en amour.
Et à cet instant, enfin, nous n’aurons plus besoin de rien, nous ne verrons plus de façon confuse. Nous ne pleurerons plus inutilement, parce que tout est passé; même les prophéties, même la connaissance. Mais l’amour non, lui demeure. Parce que «la charité ne passe jamais» (cf. 1 Co 13, 8). PAPE FRANÇOIS, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 25 octobre 2017.
L'expression « vie éternelle » cherche à donner un nom à cette réalité connue inconnue. Il s'agit nécessairement d'une expression insuffisante, qui crée la confusion. En effet, « éternel » suscite en nous l'idée de l'interminable, et cela nous fait peur; « vie » nous fait penser à la vie que nous connaissons, que nous aimons et que nous ne voulons pas perdre et qui est cependant, en même temps, plus faite de fatigue que de satisfaction, de sorte que, tandis que d'un côté nous la désirons, de l'autre nous ne la voulons pas. Nous pouvons seulement chercher à sortir par la pensée de la temporalité dont nous sommes prisonniers et en quelque sorte prévoir que l'éternité n'est pas une succession continue des jours du calendrier, mais quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité. Il s'agirait du moment de l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps – l'avant et l'après – n'existe plus. Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. Benoît XVI, Spe salvi, 12. https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20071130_spe-salvi.html
CEC-1024 Cette vie parfaite, cette communion de vie et d'amour avec la Très Sainte Trinité, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée "paradis". Le ciel est la fin ultime de l'homme et la réalisation de ses aspirations les plus profondes, l'état du bonheur suprême et définitif.
1025 Vivre au paradis c'est "être avec le Christ". Les élus vivent "en lui", mais conservant, en effet, leur véritable identité, leur propre nom.
1027 Ce mystère de communion bénie avec Dieu et avec tous ceux qui sont en Christ dépasse toute possibilité de compréhension et de description. L'Écriture en parle avec des images: vie, lumière, paix, banquet de noces, vin du Royaume, maison du Père, Jérusalem céleste, ciel: "Les choses que l'œil n'a pas vues, ni les oreilles entendues, ni jamais pénétrées dans le cœur de l'homme ceux-ci ont préparé Dieu pour ceux qui l'aiment". (1 Cor 2,9).
1028 A cause de sa transcendance, Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation immédiate de l’homme et qu’Il lui en donne la capacité. Cette contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église " la vision béatifique "
1042 A la fin des temps, le royaume de Dieu viendra à sa plénitude. Après le jugement universel, le juste régnera pour toujours avec Christ, glorifié dans le corps et l'âme, et le même univers sera renouvelé:
Alors l'Église "aura son accomplissement [...] dans la gloire du ciel, quand le temps viendra pour la restauration de toutes choses et quand le monde entier, aussi, avec l'humanité, sera intimement uni à l'homme et à travers il arrive à sa fin, il sera parfaitement récapitulé dans le Christ".
1043 Ce renouvellement mystérieux, qui transformera l'humanité et le monde des Écritures, est défini par l'expression: "les nouveaux cieux et une nouvelle terre" (2 P 3,13). 639 Ce sera la réalisation définitive du plan de Dieu de "récapituler en Christ toutes les choses, celles du ciel comme celles de la terre". (Ef 1,10).
1044 Dans ce nouvel univers, 640 la Jérusalem céleste, Dieu habitera parmi les hommes. Il "essuiera toute larme de leurs yeux; il n'y aura plus de mort, ni de deuil, ni de lamentation, ni de trouble, car les premières choses ont disparu".(Ap 21,4).
1045 Pour l'homme, cet accomplissement sera la réalisation définitive de l'unité du genre humain, voulue par Dieu depuis la création et dont l'Église dans l'histoire est "comme un sacrement". Ceux qui seront unis au Christ formeront la communauté des rachetés, la "Cité Sainte" de Dieu (Ap 21,2), "l'Epouse de l'Agneau" (Apocalypse 21: 9). Il ne sera plus blessé par le péché, par les impuretés, par l'amour-propre, qui détruisent ou blessent la communauté terrestre des hommes. La vision béatifique, dans laquelle Dieu se manifestera inépuisable pour les élus, sera une source éternelle de joie, de paix et de communion mutuelle.
1046 Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde communion du destin entre le monde matériel et l'homme:
"La création elle-même attend avec impatience la révélation des fils de Dieu [...] et nourrit l'espoir d'être libérée de l'esclavage de la corruption [...]. Nous savons bien que toute la création gémit et souffre jusqu'à aujourd'hui dans les douleurs de la naissance; ce n'est pas le seul, mais nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit, gémissons intérieurement, attendant l'adoption comme fils, la rédemption de notre corps".(Rm 8, 19-23).
1047 Ainsi, même l'univers visible est destiné à être transformé, "afin que le monde lui-même, restauré dans son état primitif, soit, sans aucune entrave, au service des justes", participant à leur glorification dans le Christ ressuscité.
1048 "Nous ignorons le moment où la terre et l'humanité seront accomplies, et nous ne savons pas comment l'univers sera transformé. L'aspect de ce monde, déformé par le péché, passe certainement à travers. Nous savons cependant, de la Révélation, que Dieu prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre, dans laquelle la justice habite, et dont le bonheur satufera de façon écrasante tous les désirs de paix qui montent dans le cœur des hommes".
La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ Jean 17,3.
Connaitre Dieu, voilà la finalité de l'existence, le sens ultime de la vie. Le verbe connaitre signifie "entrer dans l'intimité de", en hébreu (yada). Le verbe grec (γινώσκωσιν) utilisé par Jean n'a pas cette richesse. Mais le verset permet l'interprétation hébraïque, car Dieu est amour (1Jn 4). Et l'amour n'est pas de l'ordre du savoir, mais bien de la relation intime. La vie éternelle consistera donc en une plénitude d'amour, car nous "pénétrerons" l'amour absolu et infini.
Le paradis est "un état" de vrai bonheur, de plénitude de vie et d'amour.
Je désire vous dire que nous sommes attendus au Paradis par l’Éternel Amour ! Nous devons penser au Paradis ! La carte de notre vie chrétienne, jouons-la en pointant sur le Paradis ! Cette certitude et cette attente ne nous détournent pas de nos engagements terrestres ; au contraire, elles les purifient et les intensifient, comme en témoigne la vie de tous les Saints.
Notre vie est une marche vers le Paradis où nous serons aimés et aimerons pour toujours et de manière totale et parfaite. On naît uniquement pour aller au Paradis. Jean-Paul II – Discours aux jeunes de la paroisse romaine de San Basilio, 11 mars 1979.