Église et sodomie

templiers brûlés

L'Église a longtemps enfermé la sexualité dans une ascèse avec la procréation pour seule finalité. Elle a condamné toutes les autres pratiques sexuelles qu'elle désigne sous le terme générique de "sodomie" jusqu’au XVIIe siècle. La masturbation, la fellation, le cunnilingus, la bestialité relèvent de la "sodomie" jusqu'à cette date. Le substantif « sodomie » n’arrive d'ailleurs qu’au XIe siècle, avec Pierre Damien. Dans son Livre de Gomorrhe (écrit autour de 1050), cette invention lexicale désigne une kyrielle de péchés innommables qui tous, gaspillant la semence mâle, vont « contre nature ».

Mais si l'Église passe pour un bouc émissaire en matière de condamnation de la sodomie, l'État et les juridictions civiles combattent également cette pratique sous l'angle de l'homosexualité masculine. Les termes "homosexuel" et "hétérosexuel" n'apparaissent qu'en 1868 sous la plume de l’écrivain hongrois Karl Maria Kertbeny.

Dans la Bible

L'origine du concept de "sodomie" remonte à un épisode de l'Ancien Testament.

Gn 19,1 Les deux anges arrivèrent le soir à Sodome alors que Loth était assis à la porte de Sodome. Il les vit, se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna face contre terre. 2 Il dit : « De grâce, mes seigneurs, faites un détour par la maison de votre serviteur, passez-y la nuit, lavez-vous les pieds et de bon matin vous irez votre chemin. » Mais ils lui répondirent : « Non ! Nous passerons la nuit sur la place. » 3 Il les pressa tant qu'ils firent un détour chez lui et arrivèrent à sa maison. Il leur prépara un repas, fit cuire des pains sans levain et ils mangèrent. 4 Ils n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les gens de la ville, les gens de Sodome, du plus jeune au plus vieux, le peuple entier sans exception. 5 Ils appelèrent Loth et lui dirent : « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous pour que nous les connaissions (yada). » 6 Loth sortit vers eux sur le pas de sa porte, il la ferma derrière lui 7et dit : « De grâce, mes frères, ne faites pas de malheur. 8 J'ai à votre disposition deux filles qui n'ont pas connu (yada) d'homme, je puis les faire sortir vers vous et vous en ferez ce que bon vous semblera. Mais ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit. » 9 Ils répondirent : « Tire-toi de là ! » et ils dirent : « Cet individu est venu en émigré et il fait le redresseur de torts ! Nous allons lui faire plus de mal qu'à eux. » Ils poussèrent Loth avec violence et s'approchèrent pour enfoncer la porte. 10, Mais les hommes tendirent la main pour faire rentrer Loth à la maison, près d'eux. Ils fermèrent la porte, 11 et frappèrent de cécité les gens qui étaient devant l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand ; ils ne purent trouver l'entrée. 11 Et les hommes dirent à Lot : Qui as-tu encore ici ? Gendres, fils et filles et qui que ce soit que tu aies en ville, fais-les sortir de cet endroit. Car nous allons détruire ce lieu car grand est le cri [contre] eux devant Yahvé et yahvé nous a envoyés pour le détruire.

    Ce texte montre :
  • Lot pratique l’hospitalité. Il s’agit là d’un devoir auquel aucun homme ne saurait se soustraire ;
  • l'existence de l'homosexualité : le verbe hébreu yada désigne une relation sexuelle ;
  • la primauté de l'honneur sur la virginité des filles ;
  • les anges protecteurs ;
  • le châtiment divin.

Un autre texte tiré du livre des Juges (19) reprend ce principe de l'hospitalité dans les mêmes termes.

Voir la violence envers les femmes dans la Bible.

La Bible ne traite que de l’homosexualité masculine à cause du statut patriarcal de l’homme et à cause de la perte de la semence. La sanction est la peine de mort.

Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. Ce serait une abomination. (Lv 18,22).

Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. (Lv 20,13).

On ignore si, en dehors des Hébreux, d’autres peuples de la Haute Antiquité ont véritablement et formellement condamné l’homosexualité. Les Egyptiens semblent s’en être assez mal accommodés dans la société civile et religieuse, car la pénétration anale est considérée comme un acte de servilité qui dévalue celui qui s’y soumet. L’art rend compte de représentations d’hommes proches ou d’hommes accompagnés de jeunes garçons. Un ou deux textes, en particu- lier celui tiré d’un Texte des pyramides, parlent d’amour entre hommes, mais le Livre des morts comprend des formules claires que doit réciter le défunt, dans sa déclaration d’innocence, avant la pesée de son âme et avant de pouvoir poursuivre son voyage ; il doit jurer, homme comme femme, n’avoir pas commis l’acte avec une personne de même sexe. En Mésopotamie, à Babylone, à Ninive, à Suze, à Sumer, la liberté sexuelle semble totale avec une seule restriction, celle de la violence qui est condamnable, attitude radicalement moderne pour des peuples qui vécurent il y a 5000 ans.
Françoise Biotti-Mache - Voir le lien dans la bibliothèque.

Le nouveau Testament ne traite pas de l'homosexualité en-dehors des propos de Paul qui dénonce la sodomie hétéro ou homosexuelle, mais sans évoquer la condamnation à mort.

C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes : car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; et de même les hommes, abandonnant l’usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement (Ro 1,26-27).

Ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les pédérastes de tout genre n'hériteront du royaume de Dieu. (1 Cor 6, 9-10).

Dans l'histoire

Dans la Rome antique, l’homme libre domine et peut nourrir des relations avec ses esclaves, des prostituées, des femmes non mariées et même des hommes à condition de jouer un rôle actif. La faute morale surgit dans la « molesse », la passivité ou la soumission. Les Romains tolèrent les relations avec des « mignons », ces « jeunes garçons nus qui deviennent les échansons des banquets, se font caresser au passage par les convives, puis passent dans les chambres, quand le festin est achevé », selon les termes de Sénèque.

En Grèce, les Athéniens des classes aisées pratiquent la pédérastie, une relation pédagogique où un éraste, un citoyen mûr, enseigne les vertus morales, physiques, voire sexuelles à un jeune adolescent pour en faire un glorieux citoyen.

Face aux excès des mœurs, un mouvement ascétique se met en place (pythagoriciens, stoïciens, néo-platoniciens). Il se résume en ce précepte édicté au IVe av. J-C. :

Mais la nature a fait la semence en vue de produire des enfants, non pour la licence (CHARONDAS, Préambule des lois 62,30-33).

En 342, Constance II et Constant Ier décrètent : « Lorsqu'un homme s'accouple comme s'il était une femme […] alors nous ordonnons que les lois s'insurgent, que le droit soit armé de l'épée vengeresse, de manière à ce que les peines prévues soient infligées aux infâmes d'aujourd'hui et de demain ». (Code théodosien IX, 7, 3). Cité par Le Point, 29/08/2018.

Le 6 août 390, Théodose condamne les homosexuels au bûcher : "Tous ceux qui avilissent honteusement leur corps en le soumettant, comme des femmes, au désir d'un autre homme, et en s'adonnant ainsi à des relations sexuelles étranges, ceux-là doivent expier un tel crime dans les flammes ven.geresses, à la vue de tout le peuple". Jean-Yves Alt - Voir le lien dans la bibliothèque.

En 438, Théodose II les condamne au bûcher, sur la place publique : ainsi, ils « expireront dans les flammes vengeresses, devant le peuple » (Code théodosien IX, 7, 6). Cité par Le Point, 29/08/2018.

Le Code Justinien, Novellae (538) précise :

Par conséquent, il appartient à tous ceux qui désirent craindre Dieu de s'abstenir d'une conduite si vile et si criminelle qu'on ne la rencontre même pas chez les bêtes sauvages. Cité par Le Monde, 14/06/2012. En 542, deux évêques, Isaïe de Rhodes et Alexandre de Diospolis, surpris en flagrant délit, sont amputés de leurs pénis et traînés dans les rues de Constantinople, pour servir d'exemple à tous les prélats et à la population. Cité par Le Point, 29/08/2018.

Deux constitutions impériales, à la fin de l’Anquité, avaient introduit des normes répressives. L’une, Non patimur, avait prévu en 390 de livrer « au flammes vengeresses » les hommes coupables d’avoir pris le rôle passif des femmes dans les lupanars. L’autre, la Novelle 77 (vers 538) avait exigé de « ceux qui font des actes contraires à la nature » qu’ils « s’abstiennent de ces luxures diaboliques et illicites » sous peine de se voir infliger « les tourments prévus par les lois ».
Julien Théry - Voir le lien dans la bibliothèque.

Les pénitentiels du Moyen-Âge exposent en détail les pratiques défendues, c’est-à-dire tous les actes sexuels qui ne s’accordent pas avec la procréation dans le mariage. Le pénitentiel du moine irlandais Colomban de Luxeuil (VIe) insiste sur le péché de sodomie. Il met sur le même plan cet acte pratiqué hors conjugalité et l’homicide avec une sanction de dix années de pénitence. Au sein d’un couple, la peine se réduit à sept années, dont les trois premières années au pain et à l’eau, avec du sel et des légumes secs seulement. Le pénitentiel de Bède le Vénérable (VIIIe) condamne les relations sodomites entre époux à « seulement » trois années de jeûne.

Burchard de Worms, évêque de l’Église impériale allemande (Xe), rédige un pénitentiel à l'attention des confesseurs, particulièrement détaillé sur les questions sexuelles.

Question 120 : As-tu forniqué comme les Sodomites font, c’est-à-dire que tu as introduit ta verge dans le derrière d’un homme, t’accouplant ainsi avec lui suivant l’usage des Sodomites ? Si tu as une femme et que tu as fait cela une ou deux fois, tu devras faire pénitence dix ans aux jours établis, l’une d’elles au pain et à l’eau. Si tu as l’habitude de faire cela, tu devras faire pénitence douze ans aux jours établis. Si tu as perpétré le même crime avec ton frère de sang, tu devras faire pénitence quinze ans aux jours établis.

Question 121 : As-tu forniqué avec un homme entre les cuisses, comme certains ont l’habitude, en mettant ton membre viril entre les cuisses d’un autre et t’agitant ainsi jusqu’à déverser ta semence ? Si oui, tu feras pénitence quarante jours au pain et à l’eau.

Cité par François Gagnon, voir infra.

Faut-il entrer dans ce luxe de détails dignes d'un roman pornographique ? Théodulfe, évêque d’Orléans, soulignait déjà au VIIIe siècle :

« Bien des crimes sont énumérés dans les pénitentiels, crimes qu’il ne convient pas de faire connaître aux hommes. Aussi le prêtre ne doit pas l’interroger sur tout, de peur que le pénitent en s’éloignant ne tombe, sur l’instigation du diable, dans un vice dont il ignorait auparavant l’existence. » https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9nitentiel

Vogel indique que les fautes sexuelles arrivent toujours en tête des sujets les plus souvent abordés dans les pénitentiels. Payer démontre par ailleurs que la formation d’un code de moralité sexuelle s’établit au Moyen-Âge de pair avec la diffusion des pénitentiels. Moralité conjugale, consanguinité, fornication, sodomie, masturbation : la casuistique extraordinairement développée des péchés sexuels a souvent contribué à faire des pénitentiels des textes insidieux, peu recommandables pour les prudes personnes.
François Gagnon - Voir le lien dans la bibliothèque.

Le concile de Naplouse (Palestine-1120) condamne au bûcher toute personne qui aura commis le péché de sodomie. Ce concile est d’ailleurs le premier moment où le droit occidental fait de la sodomie un crime puni de la peine capitale.

Les canons 8 à 11 établissent des punitions pour la sodomie, première apparition de telles punitions dans le droit médiéval. Selon le canon 8, un sodomite adulte, "tam faciens quam paciens" (les parties actives et passives), doit être brûlé sur le bûcher. Si, cependant, la partie passive est un enfant ou une personne âgée, le canon 9 dit que seule la partie active doit être brûlée, et il suffira que la partie passive se repentisse, car il est présumé avoir péché contre sa volonté. Si la sodomie est contre sa volonté, mais qu'il la garde cachée pour une raison quelconque, le canon 10 dit que lui aussi sera jugé comme un sodomite. Le Canon 11 permet à un sodomite de se repentir et d'éviter la punition, mais s'il s'avère qu'il a participé à la sodomie une deuxième fois, il sera autorisé à se repentir à nouveau, mais sera exilé du royaume. https://eha-etain-meuse.over-blog.com/2022/01/16-janvier-1120.l-ouverture-du-concile-de-naplouse-qui-institue-une-milice-d-ou-emergera-l-ordre-du-temple.html

L’État promulgue également des sanctions à l’encontre des sodomites. Ainsi, l’école de droit d’Orléans (XIIIe) publie un décret qui ordonne la castration à la première faute, l’ablation du membre à la deuxième, la peine du bûcher pour la troisième (Voir Jean VERDON, Le plaisir au Moyen-Âge, Hachette, 1997).

Bernardin de Sienne, en 1427 :

Il n’existe aucun péché au monde qui détienne plus l’âme que la sodomie maudite… qui est un péché qui a été toujours détesté par ceux qui vivent selon Dieu. Bernardin de Sienne, sermon XXXIX, Prediche volgari, 1427.

Les persécutions de sodomites sont possibles parce qu’elles touchent surtout les classes privilégiées des villes telles que l'aristocratie et le clergé, qui ne se cachent pas de leurs pratiques. Un des plus célèbres est Gilles de Rais (XVe). La justice va le condamner au bûcher pour hérésie, évocation des démons et crime de sodomie sur des enfants de l’un et l’autre sexe et cent quarante meurtres et plus.

Si les procès de sodomie parvenus jusqu'à nous ne mentionnent que rarement le monde rural, cela ne veut pas dire que l'on vécût plus vertueux dans les campagnes que dans les villes ; simplement, le mode de vie très différent rendait pratiquement impossible la diffusion de l'amour socratique dans la France profonde. En revanche, la bestialité (considérée par les théologiens et les juristes comme une variante de la sodomie) y était largement pratiquée, à en juger par le nombre de laboureurs, vignerons, âniers, valets de ferme, charretiers, bergers, servantes qui furent périodiquement livrés aux flammes purificatrices (la bestialité était punie par le feu, comme la sodomie), toujours accompagnés de leur innocent complice à quatre pattes. Ces procès lèvent le voile sur l'un des aspects les moins connus de la misère sexuelle dans les campagnes. Maurice Lever - Voir le lien dans la bibliothèque.

En 1532, Charles Quint promulgue la « Constitutio criminalis carolina » qui ne vise pas seulement l’homosexualité, mais tout « acte non chaste » commis par les hommes, les femmes et les animaux, qui, tous, sont condamnés à la peine de mort par le feu.

En 1533, l’Angleterre se dote d’une loi qui fait de la sodomie, un crime royal, relevant de la seule compétence des juridictions royales et condamnant les sodomites à la pendaison.

En 1562 Pie IV décrète un Bref Apostolique pour l’Inquisition portugaise, ratifié par Grégoire XIII en 15746. Dans les deux premiers règlements de l’Inquisition portugaise – l’un de 1552 et l’autre de 1570 –, il n’y a pas de référence à la sodomie. Ce crime n’apparaît qu’en 1613, dans le règlement de D. Pedro de Castilho, considéré, même par les « fanchonos », comme un prélat « qui ne pardonnait pas les sodomites »7. Au contraire de l’Espagne, le règlement portugais précisait nettement que le Saint-Office ne s’opposait qu’au péché de sodomie parfaite, c’est-à-dire la pénétration suivie d’éjaculation dans l’anus. Les péchés de bestialité et de « mollesse » (mollitia) n’étaient pas pris en compte. Le terme mollesse comprend plusieurs actes de sensualité qui n’ont pas de rapport direct avec le coït anal : la masturbation individuelle ou à deux, la fellation, le cunnilingus, etc.8. Dans le règlement de D. Fernando de Castro (1640) est inséré le Bref du pape Paul V (1605-1621), avec des lettres du cardinal Melino, qui confirmaient le droit de l’Inquisition portugaise de chasser les sodomites, de condamner au feu surtout les criminels les plus débauchés, ceux qui permettaient ces délits dans sa propre maison ou qui restaient longtemps dans cette « perdition ». La punition était publique et exemplaire : l’autodafé, des coups de fouet jusqu’à laisser la victime ensanglantée, la confiscation des biens, l’exil ou le bûcher. Dans le dernier règlement de l’Inquisition portugaise (1774), le cardinal da Cunha répète mutatis mutandis la même casuistique antérieure, néanmoins, la condamnation à mort relevait du roi dans les cas de « motif spécial et politique ». Certes, ces cas concernent l’accusé de sodomie qui faisait partie des hautes échelles sociales du royaume... De tous les péchés, la sodomie est le plus infâme, sale et déshonorant en face de Dieu et du monde. Ce péché attaque non seulement le Créateur de la nature, Dieu, mais aussi toute la nature créée, céleste et humaine. Le seul acte de parler de ce péché est suffisant pour corrompre l’air, qui perd sa vertu naturelle. À cause de cette dépravation Dieu a envoyé le déluge sur la Terre et a détruit les villes de Sodome et Gomorrhe et aussi l’Ordre des Templiers dans toute la chrétienté. Donc, l’homme qui pratique tel péché sera brûlé et réduit en cendres. De cette manière, il ne va subsister la mémoire ni de son corps, ni de son tombeau.
Luiz Mott - Voir le lien dans la bibliothèque.

Voltaire/Condorcet (XVIIIe) : La sodomie, lorsqu'il n'y a point de violence, ne peut être du ressort des lois criminelles. Elle ne viole le droit d'aucun autre homme. Elle n'a sur le bon ordre de la société qu'une influence indirecte, comme l'amour du jeu. C'est un vice bas, dégoûtant, dont la véritable punition est le mépris. La peine du feu est atroce. La loi d'Angleterre qui expose les coupables à toutes les insultes de la canaille, et surtout des femmes qui les tourmentent quelquefois jusqu'à la mort, est à la fois cruelle, indécente et ridicule. Au reste, il ne faut pas oublier de remarquer que c'est à la superstition que l'on doit l'usage barbare du supplice du feu. Voltaire, L'amour socratique, De la sodomie, Art 19. Note de Condorcet à l'édition de Kehl. Cité par Claude Courouve, https://laconnaissanceouverteetsesennemis.blogspot.com/2012/08/voltaire-lamour-socratique-13.html

En 1750, Bruno Lenoir et Jean Diot sont surpris en pleine action par un sergent du guet. Ils ont été condamnés pour crime de sodomie, étranglés puis brûlés place de Grève. C’est la dernière fois qu’une exécution a lieu en France pour un tel crime. Les révolutionnaires dépénalisent le crime de sodomie en 1791. L’Autriche supprime la peine de mort en 1787. L’exemple français est suivi en Angleterre qui ne décriminalise pas la sodomie, mais ne connaît plus d’exécution après 1836.

L’homosexualité est un concept qui naît au milieu du XIXe siècle, dans un contexte de condamnation morale croissante, puis entre en psychiatrie à la fin du même siècle pour désigner une maladie mentale. Voir Sylvain Tousseul, Petite histoire conceptuelle de l’homosexualité, https://shs.cairn.info/revue-psychologie-clinique-et-projective-2016-1-page-47?lang=fr

L'État et l'Église marchent de concert pour condamner toutes les déviances sexuelles.

Le manuel à l’usage des confesseurs publié en 1941 reprend les interdits édictés depuis les origines : la fornication, l’adultère, la masturbation, l’inceste, l’onanisme, et la sodomie.

L’homosexualité sort de la liste des maladies mentales en 1973 aux États-Unis et en 1992 à l’international (OMS).

Enfin, le Catéchisme de l'Église Catholique (1992) précise que les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et contraires à la loi naturelle (CEC 2357-2359). Le Catéchisme n'entre pas dans le détail des pratiques sexuelles au sein d'un couple hétérosexuel marié. Il insiste sur le respect de l'autre et sur la chasteté.

CEC 2337 La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de l’homme et de la femme.
La vertu de chasteté comporte donc l’intégrité de la personne et l’intégralité du don.

Le pape François bénit une sexualité vécue dans la chasteté et l'amour tout en attirant l'attention sur le "péché de luxure".

Voir l'étude sur le péché capital de luxure.