Abus sexuels
Après le rapport de la CIASE, après le scandale du fondateur de la communauté de l'Arche, Jean Vanier, l'Église est à nouveau éclaboussée par les affaires sexuelles de l'abbé Pierre. Ce fondateur d'Emmaüs, icône médiatique, à qui bien des Français auraient donné le bon Dieu sans confession, est "un grand pécheur" selon les termes du pape François.
Ces scandales rappellent que la sexualité est le champ éthique le plus ambivalent de la nature humaine. Nous ne pouvons que constater la fragilité et la vulnérabilité de l'être humain. Même un homme d'Église, pourtant pétri de prières et de foi, risque de glisser sur la pente de la perversion, au détriment d'innocents. Le pouvoir exige une maîtrise de soi, sinon il devient emprise sur l'autre. Contrôler ses pulsions demeure une tâche redoutable face à la tentation. Un homme investi de la charge sacerdotale reste un homme comme les autres, avec son histoire et ses pulsions.
Le célibat, imposé au sein de l'Église catholique romaine, est-il facteur de risque en matière sexuelle ? Cet état de vie n'est pas une vocation. La vocation originelle et naturelle de tout homme : former une seule chair, avec une femme. La vocation sacerdotale ne supplante pas cette vocation. À contrario, la vie de couple ne supprime pas magiquement l'histoire personnelle ni les pulsions. Elle offre un cadre pour vivre une sexualité active. Endiguer sa sexualité dans un vœu de continence relève de l'héroïsme. Libérer sa sexualité dans une chasteté conjugale témoigne de notre humanité.
La grâce divine inhérente à tout sacrement n'efface pas les inhérences de notre nature, mais nous aide à les porter et à surmonter les épreuves. Les auteurs des scandales sexuels méritent une condamnation. Quant au pardon, il revient à chaque victime de l'accorder sur demande du coupable. Enfin, l'Église doit tirer les leçons de cette immoralité, tout en sachant qu'aucune solution n'est magique. N'oublions pas que la majorité des abus se déroulent en famille.