La politique
Est-il possible de proposer une politique chrétienne ? C'est-à-dire une façon chrétienne de participer à l'exercice du pouvoir.
La politique est un sujet d'actualité depuis l'émergence des polis, ces cités qui nécessitent un pouvoir pour leur gouvernance. Jésus ne donne guère de consignes politiques ; il respecte le pouvoir en place. Ses paroles et ses actes exacerbent bien plus le pouvoir religieux. Le pouvoir politique finit par céder face à la pression, dans un souci de paix sociale. Et Jésus termine sa vie sur une croix, en roi déchu.
Nous assistons aujourd'hui à une querelle de pouvoir dans l'arène publique. Lorsque l'un dit blanc, l'autre affirme haut et fort que le noir sied mieux aux murs de la cité. Pourquoi n'est-il pas possible de s'entendre sur du gris ? Toute décision contient des avantages et des inconvénients. Il en ressort des contents et des mécontents. Implantez un cinéma ici, il aurait mieux été là-bas ; implantez-le là-bas, il aurait mieux été ici. Le drame de la politique est que chacun ne voit que son propre intérêt. Les défauts d'un projet, car il y en a toujours, sont alors mis en lumière, avec caricature, manipulation, voire des attaques personnelles.
Le danger de tout parti politique est l'entre soi, c'est-à-dire la perte d'une vue d'ensemble des questions sociétales. Orienter ses choix politiques avec pour unique prisme quelques sujets éthiques, tels que l'IVG, la fin de vie ou l'immigation, entraine une confusion entre ses intérêts particuliers et l'objectif d'une gouvernance générale.
Une politique chrétienne cherche à faire avancer le bien commun avant l'intérêt d'un parti. Le débat est bien sûr nécessaire pour faire avancer la réflexion et écouter les arguments adverses. Mais l'écoute se meurt au bénéfice d'un "j'ai raison".
Aimer ses ennemis prend tout son sens en politique. Il ne s'agit pas de sauter au cou de son adversaire avec des "je t'aime" emphatiques et mensongers, mais de l'assister dans ses travaux, de l'encourager dans ses tâches et de le féliciter pour ses résultats.
Le "non" systématique pour bloquer la gouvernance ne fait pas avancer la cité vers plus de paix et de justice sociale. Une fois la décision prise, il convient de la respecter et d'œuvrer ensemble dans une même direction. Un chrétien devrait dire "tu as pris la décision de peindre la maison en bleu ; j'aurais préféré le rouge, mais je vais t’aider". Est-ce une vision utopique de la politique ? L'Évangile nous invite à sacrifier notre ego au profit d'un chemin de paix et de joie ; ce chemin est jalonné de croix. La croix est folie pour les païens et sagesse pour les chrétiens.