Disposer de son corps

disposer de son corps Les progrès scientifiques permettent une plus grande maîtrise de son corps et de sa destinée. La vie, la sexualité et la mort reposent désormais sur une volonté humaine associée à la technique. Les grands moments de l'existence ne relèvent plus uniquement d'événements naturels avec ses contingences.

Tous les progrès, animés par une curiosité sans bornes, concourent dans le sens d'une découverte de soi-même, d'un mieux être, d'une conquête et d'une plus grande maîtrise de la nature. Cet élan rejoint l'injonction de cultiver le sol que Dieu donne au premier adam. Mais cette vocation autorise-t-elle toutes les entreprises, sans courir le risque d'une aliénation et d'une perte de notre humanité ?

Les récents débats autour de l'IVG, de la fin de vie et de la transidentité témoignent d'une volonté accrue de pouvoir disposer de son corps. Nous sommes passés en quelques décennies d'une morale hétéronome à une éthique autonome. Le judéo-christianisme a marqué les esprits pendant des siècles. Il fixait les lois dans tous les domaines. Aujourd'hui chacun dispose d'une autodétermination sur son corps dans le respect de la légalité étatique.

Mais que signifie "disposer de son corps". À qui appartient le corps pour qu'il puisse en disposer ? Le corps est la personne. Je peux disposer de moi-même. Ainsi, la liberté de disposer de son corps fonde le droit reconnu à chacun d’accomplir un certain nombre d’actes qui touchent à sa propre personne. Je peux souverainement décider de ma vie et de ma mort, de ma nature et de mes enfantements.

Mais personne n'est une monade isolée. Toute décision impacte le corps social à travers ses retombées psychologiques, son coût ou encore l'avenir de l'humanité. Chaque choix prend la forme d'un effet papillon dont nous ne mesurons pas toujours l'impact à long terme.

Le monde avance vers un dessein que nous voudrions maîtriser. Le pouvoir offre une assurance, celle de façonner l'humain selon ses propres désirs, à sa propre image. Il est illusoire de vouloir arrêter la folle course en avant et la sagesse n'aura que peu d'emprise sur le désir toujours plus violent de s'affranchir des contingences de notre nature. S'autodéterminer, n'est-ce pas la décision du premier couple biblique ? La question n'est donc pas nouvelle. L'homme et la femme chercheront toujours à s'affranchir des lois qui leur sont imposées. La vie et la mort, auxquelles il faut ajouter la sexualité, car elle prolonge la première et combat la seconde, appartiennent aux lois fondamentales de la nature humaine.