Apocalypse - Chapitre 5 - Le livre scellé et l'agneau
Versets | Commentaire |
1 Et je vis, dans la main droite de celui qui siège sur le trône, un livre écrit au-dedans et au-dehors, scellé de sept sceaux. | |
2 Et je vis un ange puissant qui proclamait d'une voix forte : Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux ? | |
3 Mais nul, dans le ciel, sur la terre ni sous la terre, n'avait pouvoir d'ouvrir le livre ni d'y jeter les yeux. | |
4 Je me désolais de ce que nul ne fût trouvé digne d'ouvrir le livre ni d'y jeter les yeux. | |
5 Mais l'un des anciens me dit : Ne pleure pas ! Voici, il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le livre et ses sept sceaux. | |
6 Alors je vis : au milieu du trône et des quatre animaux, au milieu des anciens, un agneau se dressait, qui semblait immolé. Il avait sept cornes et sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. |
Le petit de la brebis est un animal qui a toujours été associé à la douceur et à l’innocence. C’est le symbole universel de la non-violence, de la fragilité et de l’impuissance (Es 53,7; Jr 11,19). Dans l’Ancien Testament, l’agneau est un des animaux sacrifiés pour le Seigneur. En particulier, le sacrifice de l’agneau est au centre de la fête de la Pâque juive (Ex 12). Chaque famille doit choisir un agneau mâle, sans défaut âgé d’un an. Ils doivent l’égorger le 14 du mois de Nissan au crépuscule et le rôtir pour en manger en se rappelant de la sortie d’Égypte. On prenait son sang pour en étendre sur les montants et linteaux des portes des maisons en se rappelant le même geste posé pour éviter le dernier des fléaux en Égypte. À plusieurs reprises, dans la Bible, le peuple de Dieu est représenté symboliquement comme troupeau. « Tel un berger, (le Seigneur) fait paître son troupeau … il porte les agnelets sur son sein. » (Is 40,11) Le Nouveau Testament associe Jésus au symbole de l’agneau. Jean Baptiste déclare : voici « l’Agneau de Dieu » (Jn 1,36) une expression encore employée aujourd’hui lors de célébrations liturgiques. Le lien se fait entre le sacrifice de l’agneau pascal et celui de Jésus. L’évangile de Jean spécifie même qu’il est mort au même moment que les agneaux sacrifiés pour la Pâque. Le livre de l’Apocalypse est celui qui exploite le plus l'image de l’agneau. Il choisit de le faire avec le mot grec arnion qu’on peut traduire par agnelet. Ce symbole est très fréquent pour évoquer la mort/résurrection de Jésus Christ. Il réfère probablement à l’agneau pascal et la prophétie du serviteur souffrant d’Isaïe que les chrétiens appliquent à Jésus : « Brutalisé, il s’humilie; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir. » (Is 53,7) Dans le livre de l’Apocalypse, on retrouve même un hymne pour fêter les noces de l’agneau (Ap 19) symbole de la victoire du Christ. En effet, l’apocalypse inverse la symbolique de l’agneau qui devient l’agneau vainqueur à la force guerrière des sept cornes (Ap 5,6). L’agneau revêt alors des attributs du trône, de la puissance et de la royauté. Ce symbole de douceur devient soudainement le symbole d’un pouvoir subversif très différent des rois de la terre. L’agneau sacrifié devient l’agneau glorieux, vainqueur de la mort et du mal. |
7 Il s'avança pour recevoir le livre de la main droite de celui qui siège sur le trône. | |
8 Et, quand il eut reçu le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l'agneau. Chacun tenait une harpe et des coupes d'or pleines de parfum, qui sont les prières des saints. | |
9 Ils chantaient un cantique nouveau : Tu es digne de recevoir le livre et d'en rompre les sceaux, car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue, peuple et nation. | |
10 Tu en as fait, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et ils régneront sur la terre. | |
11 Alors je vis : Et j'entendis la voix d'anges nombreux autour du trône, des animaux et des anciens. Leur nombre était myriades de myriades et milliers de milliers. | |
12 Ils proclamaient d'une voix forte : Il est digne, l'agneau immolé, de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange. | |
13 Et toute créature au ciel, sur terre, sous terre et sur mer, tous les êtres qui s'y trouvent, je les entendis proclamer : A celui qui siège sur le trône et à l'agneau, louange, honneur, gloire et pouvoir pour les siècles des siècles. | |
14Et les quatre animaux disaient : Amen ! Et les anciens se prosternèrent et adorèrent. |