Le nom "dieu"
Étymologie du mot « Dieu »
Selon le dictionnaire des racines des langues indo-européennes, la racine est dei- et elle comporte l'idée de briller. De là dérive 3 thèmes :
1. dei-wo (ciel, lumineux, considéré comme divinité)
· sanskrit : devah (dieu)
· grec : dios (divin)
· latin : deus (dieu) dius, divus, divinus (divin) divinitas (divinité) divinar (deviner)
2. dyew (dieu du jour lumineux)
· sanskrit : dyauh (ciel lumineux)
· grec : zeus
· latin : Jupiter (ju + pater : dieu le père)
· français : jeudi (jour de Jupiter) jovial (qui concerne jupiter)
· anglais : tuesday (jour de Tiu : mardi)
3. dyen (jour lumineux)
· latin : diem, d'où dies (jour) diarium (journal, anglais : diary) diurnus (diurne, de jour)
Les noms de Dieu dans la bible
El
-
El (235 fois dans l'Ancien Testament); son utilisation montre qu'il comporte une notion de force, de puissance, de pouvoir. Élohim : C’est un mot pluriel, dont le singulier est Éloah. C’est le mot le plus employé pour désigner Dieu dans la bible ; on le retrouve dès le premier verset de la création en Gn 1,1. Les païens employaient parfois ce nom pour désigner leurs divinités.
- Un pluriel de majesté, mais cette hypothèse est peu vraisemblable.
- La Trinité : le Père, le Fils et l'Esprit. En Genèse 1:26 nous lisons : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance ». Mais le concept de Trinité lui-même n'apparait qu'avec Tertullien (IIe). Nous pouvons y lire une relation au sein de Dieu.
- Le polythéisme. Cette hypothèse n'est pas à exclure à une période où le monothéisme commence à s'affirmer.
- Une délibération au sein de la cour céleste. Voir par exemple le prologue du livre de Job.
La racine du mot est perdue. Eloah et Elohim pourrait signifier "Lui qui inspire la crainte et la révérence" ou "Lui en Qui l'on trouve refuge contre la peur."
Le pluriel Elohim suggère :
Son sens premier est pouvoir. Ainsi, dans Genèse XXXI, 29, il est associé à la main Yech léel yadi (ma main a le pouvoir). Ailleurs, il désigne le puissant Nabuchodonosor dans Ezéchiel XXXI, 11 : yéétnéou beyad el goyim (je les livrerai dans la main du puissant des nations). Dans Genèse XIV, 18, il sert aussi à désigner l’être suprême : vehou cohen léel ‘elion (il est le prêtre du Dieu suprême). On notera cependant que, dans ce cas, el est un nom commun, associé à l’adjectif ‘elion qui signifie élevé ou très haut. Pour qui douterait de notre affirmation sur le sens de el, mentionnons que dans Psaumes LXXXI, 10, on a l’expression Lo ihyéh vekha el zar, qui signifie qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère. Berechit lu par un physicien, par Henri Bacry https://shs.cairn.info/revue-pardes-2001-2-page-85?lang=fr
Mais alors, quand il s’agit de nommer Dieu ? La tradition biblique nous alerte sur la difficulté théologique de nommer l’Innommable, Celui sur lequel nous n’avons pas prise, d’où ce commandement: «Tu ne prononceras pas le Nom.» Dieu a certes un nom… mais qui ne se prononce pas. Les rédacteurs des récits bibliques nous ont donc proposé un collectif, Elohim, un pluriel de dieux dans lequel chacun peut retrouver le sien. Cependant, pour que l’on ne se fourvoie pas dans des dédales théologiques, l’hébreu biblique accorde systématiquement au singulier le verbe dont Elohim est le sujet, ce qui donne en traduction littérale: « Et les dieux a dit…». Comment traduire cette merveilleuse subtilité grammatico-théologique dans nos langues modernes ? Dieu crée, l’homme nomme. Écrit par Jean-Bernard Livio. https://www.choisir.ch/religion/bible/item/4282-dieu-cree-l-homme-nomme
Le Tout-puissant — El-Shaddaï
Dieu se fit connaître sous un autre nom aux patriarches ; ce nom est mentionné pour la première fois en Genèse 17:1 : « Et l’Éternel apparut à Abram, et lui dit : Je suis le Dieu Tout-puissant (El Shaddaï )». Il semble que le mot « El » signifie la force, la toute-puissance. Certains pensent que « Shaddaï » a le même sens, tandis que d’autres préfèrent le traduire par autosuffisance ou autosuffisant.
Le Très-haut — Elion
« El » s’emploie également avec « ELION » et se traduit alors par le « Dieu Très-haut ».
Ps 47,2 C'est Yahvé, le Très-Haut, le redoutable, le grand Roi sur toute la terre.
Au Psaume 91, on trouve ce titre de « Très-haut » en rapport avec Shaddaï (le Tout-puissant) :
Psaumes 91,1. Qui habite le secret d'Elyôn passe la nuit à l'ombre de Shaddaï
Ces exemples sont intéressants en ce qu’ils prouvent que c’est Dieu, le Dieu unique, qui se révèle aux hommes sous ces noms différents désignant des relations distinctes.
Seigneur — Adonaï
« Adonaï » est traduit par « Seigneur ». En ce qui concerne la racine du mot, il signifie Maître, Gouverneur, Propriétaire. Mais la forme « Adonaï » ne s’emploie que pour Dieu, et Dieu au sens de Celui qui a pris le pouvoir et qui est dans une relation de Seigneur vis-à-vis de ceux qui invoquent son nom.
Gn 15,2. Abram répondit : Mon Seigneur (Adonaï) Yahvé, que me donnerais-tu ? Je m'en vais sans enfant...
Je suis celui qui suis - YHWH
Voir l'étude détaillée sur le nom Yahvé
Tableau récapitulatif
Classification | Expression française | Equivalents en hébreu |
Forme simple |
Dieu Eternel Seigneur |
El, Elah ou Elohim YHWH Adon ou Adonaï |
Forme composée avec El |
Dieu Tout-Puissant Dieu Très-Haut Dieu d'éternité Dieu puissant |
El Schaddaï El Elyon El Olam El Gibbor |
Forme composée avec YHWH |
Eternel Dieu Seigneur Eternel Seigneur des armées |
YHWH Elohim Adonaï YHWH YHWH Sabaoth |
La Divinité hébraïque est étrange. Elle se veut unique et pourtant elle se présente sous plusieurs noms distincts : Élohim, YHVH, Chaddaï, ‘Elyon. Ces noms sont-ils interchangeables comme le laisseraient entendre certaines traductions de la Bible ? S’ils l’étaient, cela indiquerait qu’il existe une symétrie entre ces divers noms. Étant spécialiste de la symétrie en physique, je suis sensible à toute espèce de symétrie apparente ou réelle. La multiplicité de noms a poussé certains esprits à émettre l’hypothèse que la Bible est composée de différents textes rassemblés par des copistes très scrupuleux. Ces textes sont appelés yahviste, élohiste, sacerdotal, etc. La raison évoquée par les partisans d’une telle compilation s’appuie sur le fait que certains textes apparaissent deux fois ou plus avec des noms différents de la Divinité. Il y a ainsi deux textes concernant la création du monde, l’un avec Élohim comme sujet, l’autre avec YHVH comme sujet. Cependant, selon la tradition juive, les noms ne sont pas interchangeables et correspondent à des aspects distincts de la Divinité hébraïque. Qui croire ?
Disons de suite que cette symétrie est intenable pour les raisons suivantes :
1. Un nom et un seul est nom propre : le Tétragramme YHVH. Les autres noms sont soit des noms communs (el, éloha et son pluriel élohim) soit même des adjectifs (‘élyon, chaddaï). Reconnaître ces faits revient à rejeter l’idée que le Dieu d’Israël a plusieurs noms équivalents.
Ajoutons les remarques suivantes : la différence entre un nom propre et un nom commun est importante. Tout d’abord un nom propre est toujours INTRADUISIBLE et désigne, compte tenu du contexte, un être UNIQUE. Le nom de YHVH étant un nom propre est donc intraduisible et, pour montrer qu’il ne désigne qu’un seul Être, il suffit d’invoquer le Chéma’qui l’affirme solennellement : Écoute Israël, YHVH est nos Elohim, YHVH est UN. À l’opposé, un nom commun a plusieurs significations qui, selon le contexte, sont traduites quelquefois par des mots différents.
2. Les tenants de la multiplicité font fi de la tradition rabbinique qui interprète cette apparente multiplicité. Jamais la Divinité ne se présente sous la forme Je suis Élohim, mais toujours de la façon Je suis YHVH.
3. Une lecture attentive des textes montre que les contextes relatifs aux différents noms n’ont pas la même signification. Ainsi, c’est Élohim et non YHVH qui crée l’homme à son image (Gn 1). C’est Élohim qui ordonne le sacrifice d’Isaac, mais YHVH qui amène l’agneau de substitution (Gn 22).
Berechit lu par un physicien par Henri Bacry. https://shs.cairn.info/revue-pardes-2001-2-page-85?lang=fr