La Bible, introduction générale

La Bible : une collection d'écrits

Le mot "bible" traduit le grec "biblia" qui signifie "les livres". Il s'agit donc d'une collection de livres. La bible catholique compte 73 livres répartis en 46 pour l’Ancien Testament et 27 pour le Nouveau Testament. Le canon de l'Église latine est fixé au Vème siècle (Vulgate de Jérôme). Les protestants et les juifs ne retiennent pas les livres de l’Ancien Testament rédigés en grec (livres deutérocanoniques). Les orthodoxes retiennent six livres deutérocanoniques supplémentaires.

Voir le canon de la bible.

Qui a rédigé la bible ?

Psaume 46 Issue d’une longue tradition orale, la Bible est transcrite à l’écrit à partir du IXe siècle av. J.-C. jusqu’au Ier siècle apr. J.-C. Elle est le produit d'une multitude d'auteurs. Et nous sommes incapables de déterminer ces auteurs avec certitude, même quand un livre porte le nom d'une personne. Par exemple le livre d'Isaïe est le fruit du travail d'au moins trois auteurs. Quand un livre biblique porte le nom d'un personnage, il ne s'agit pas d'une signature au sens moderne du mot. Ce nom fait office de caution, confirmant la validité et l'autorité du texte. Le critère à remplir pour qu'un écrit soit incorporé à l'Ancien Testament n'est pas la célébrité de son auteur ni sa qualité littéraire. Un texte est reconnu comme authentique, lorsqu'il reflète la vie de foi d’une communauté. La collectivité exerce un contrôle sur la production littéraire.

Concernant le Nouveau Testament, les auteurs sont mieux identifiés et correspondent en général au livre, tout en reconnaissant des incertitudes.

Ancien et Nouveau testament

La Bible se compose de deux parties : l'Ancien ou Premier Testament et le Nouveau Testament. "Le Premier rend possible le second et le Second se réfère constamment au Premier dont il a besoin pour proclamer son message propre (André Gounelle)."

La dénomination "Testament" ne reflète pas l’étymologie. Le mot testament désigne aujourd'hui un document officiel par lequel une personne communique ses dernières volontés. Les premiers traducteurs de la Bible travaillaient à partir d'une version grecque de l'Ancien Testament. Ils ont traduit le mot grec "diathèkè" en latin par "testamentum", d'où notre testament. Or, "diathèkè" signifie surtout "alliance" au sens politique et conjugal. Le terme "alliance" évoque plutôt l'idée d'engagement et de relation. Dieu conclut une alliance avec l'humanité. Le premier signe de l'alliance que nous trouvons dans la bible est l'arc-en-ciel. L'apogée de l'alliance réside dans la personne de Jésus.

« L’Ancien Testament avait pour raison majeure de préparer l’avènement du Christ Sauveur du monde, et de son royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement (cf. Luc 24,44 ; Jean 5,39 ; 1Pierre 1,10) et de le signifier par diverses figures (cf 1Cor 10,11). Compte tenu de la situation humaine qui précède le salut instauré par le Christ, les livres de l’Ancien Testament permettent à tous de connaître qui est Dieu et qui est l’homme, non moins que la manière dont Dieu dans sa justice et sa miséricorde agit avec les hommes. Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine. C’est pourquoi les chrétiens doivent les accepter avec vénération : en eux s’exprime un vif sens de Dieu ; en eux se trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine, d’admirables trésors de prières ; en eux enfin se tient caché le mystère de notre salut ». Concile Vatican II, Dei Verbum & 15

Une parole qui aborde nos questions existentielles

 La vie vous a peut-être conduits à vous poser des questions essentielles. À travers ses côtés lumineux ou ses faces d’ombre, elle vous a interrogés : qui sommes‑nous ? Où allons-nous ? Quel est le sens de notre existence ? Alors, ouvrez ce livre. Vous y rencontrerez des hommes qui se sont posé les mêmes questions que vous. Ils ont cherché, ils ont peiné comme vous. Au départ, leur recherche était peut–être tâtonnante : ils n’ont cessé de la rectifier, de l’approfondir. D’âge en âge, ils se sont transmis leurs certitudes en acceptant de les confronter aux démentis de l’histoire, aux nouvelles questions brûlantes que faisait surgir celle-ci. Plus d’une fois, ils ont été tentés d’abandonner leur quête de vérité : les crises terribles qu’ils devaient traverser ne prouvaient-elles pas que leurs idées directrices étaient illusoires ? Chaque fois, conduits par des hommes que l’Esprit de Dieu avait saisis, ils sont repartis. Toute nouvelle épreuve est devenue occasion d’accéder à une lumière plus pure. Cette lumière est celle que de pauvres hommes de Palestine disent avoir enfin perçue en un certain Jésus. En lui, ils ont reconnu le rayonnement divin venant définitivement dissiper les ombres de nos illusions humaines.

En nous racontant comment, à travers leur histoire, ils ont rencontré Dieu, ces témoins nous invitent à relire notre propre histoire pour y rencontrer à notre tour le Seigneur, soleil de notre vie ». Jean-Pierre Bagot, Jean-Claude Dubs, « Pour lire la Bible ».

Une parole culturelle

La Bible est le fruit de la production littéraire d'un peuple ancré dans une culture. Elle offre un reflet de sa vie, de ses valeurs, de ses espérances et de ses aspirations.

L'unité du peuple

Au commencement de l'histoire religieuse avec Abraham, les Hébreux sont des nomades. En tant que tels, ils ont un sentiment très vif de l'unité du clan ou de la famille, donc de la responsabilité collective et de la nécessité de préserver la pureté de sang. Ainsi la communauté cherche à protéger son identité en interdisant de contracter mariage avec d’autres clans. L’acte d’un membre d’une famille a des répercussions au niveau de l’alliance pour tous les échelons de parenté, pour tout le peuple. Il est clair qu’en termes d’incident, il s’agit d’un cas particulier. Mais, en réalité, il est question d’une norme qui est à l’œuvre et régit la vie sociale, dans le cadre de l’alliance, à partir d’une famille (lien pour approfondir le sujet).

C'est pourquoi un événement ou une situation qui entraîne l'exclusion d'un groupe représente un drame. La personne perd son identité. Cela peut survenir s'il est, par exemple, atteint d'une maladie considérée comme contagieuse. Elle doit alors éviter tout contact avec les autres.

Enfin, pour l'Israélite, l'appartenance à un peuple se vit d'abord dans la solidarité entre ceux et celles qui descendent d'une même famille, d'un même ancêtre, d’où l'importance accordée à la généalogie, comme en témoigne la Bible (voir 1 Chroniques 1-9 ; Matthieu 1,1-17).

Toutes ces coutumes juridiques et sociales sont celles du Proche-Orient à la même époque. Quelques exemples : la coutume selon laquelle une épouse stérile pouvait permettre à son mari des relations avec sa servante, le droit d’aînesse (droit de primogéniture, avantageant considérablement l'aîné dans une succession), la pratique du lévirat (obligation que la loi de Moïse imposait au frère d'un défunt d'épouser la veuve sans enfants de celui-ci). Toutes ces lois ont des parallèles dans les textes hittites et assyriens de la même époque.

Société de pénurie

En opposition avec notre société d'abondance où presque tout est à notre portée (quand on en a les moyens), le peuple d'Israël vit dans un contexte de pénurie et de pauvreté. L'aridité du sol, la rareté de l'eau rendent les biens de première nécessité précaires. Cela explique l'esprit dans lequel furent élaborées les règles de vie et les lois, dont plusieurs visaient à assurer une certaine protection aux plus démunis. Par exemple, la femme qui perdait son mari n'avait pas droit à l'héritage, celui-ci passant de père en fils, mais elle demeurait responsable de ses enfants. Cette situation était souvent très pénible (1 Rois 17, 8-16). Or, la loi prévoyait une espèce d'impôt dont les bénéfices lui étaient spécialement destinés :

Deutéronome 14, 28-29 : Tu prélèveras toute la dîme de tes produits de cette année-là, mais tu les déposeras dans ta ville ; alors viendront (...) l'orphelin et la veuve qui sont dans tes villes, et ils mangeront à satiété, pour que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes tes actions.

On veillait ainsi, dans la législation, à ce que ne soient pas remis en question les moyens de survie du peuple. En dehors du code de loi, d'autres passages de l'Ancien Testament se comprennent mieux si on tient compte du peu de ressources disponibles.

Isaïe 25,6 : Le Seigneur, le tout-puissant, va donner sur cette montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés.

Par ces images, l'auteur partage son espérance d'un salut joyeux et festif ; il parle d'abondance dans une société de pénurie pour signifier sa foi en Dieu.

Limites et frontières

L'Hébreu accorde beaucoup d'importance aux limites, car il vit dans la crainte de ce qui échappe à son contrôle, de ce qui pourrait entraîner un retour au chaos. Ainsi la Genèse s'ouvre sur un récit où Dieu maîtrise, par sa Parole, le tohu-bohu des origines (Gn 1).

Dans l'Ancien Testament, on se soucie beaucoup de définir les limites que toute personne doit respecter pour éviter de perdre le contrôle de son existence. Une abondance de lois et de règlements précise ce qui distingue le pur de l'impur, le sacré du profane, le permis de l'interdit. La transgression d’un interdit signifie une rupture par rapport à l'Alliance donnée par le Créateur, avec des conséquences pour tout le peuple.

Il est donc essentiel pour chacune et chacun de savoir ce qui risquerait de le conduire à un tel état et de savoir aussi, le cas échéant, comment réintégrer le cadre de l'Alliance, d'où ces rites précis qui amènent à constater la levée de l'impureté (par exemple Lv 14).

Jésus sans remettre en cause l’héritage juif place la charité au-dessus de la loi et des pratiques religieuses. Ainsi le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat (Mc 2,27).

Polythéisme et monothéisme

Voir l'étude sur le monothéisme.

Le culte de la fertilité

La religion cananéenne était essentiellement un culte de la fertilité. Un élément central du mythe cananéen était la mort et la résurrection de Baal, représentant la mort et la résurrection annuelles de la nature. Dans un contexte pareil, la prostitution sacrée se comprend : l'union sexuelle accomplie dans un sanctuaire était censée renouveler l'union du dieu et de la déesse ; et par une sorte de magie assimilatrice, la fertilité du sol, des bêtes et des hommes était assurée.

L'importance que l'Ancien Testament attribue à l'idolâtrie au travers de nombreux récits peut surprendre le lecteur moderne. Pour apprécier cette situation, empruntons à Derek Kidner quelques propos de son excellent commentaire du livre d'Osée :

"Il faut savoir que les dieux cananéens étaient, pour l'essentiel, les dieux de la fertilité. Pour obtenir de bonnes récoltes, le peuple d'Israël était tenté de demander leur aide – Yahvé apparaissant quelque peu incompétent en ce domaine... Or les symboles obscènes de la fertilité – l'assimilation de El ou de Baal à un taureau, les rapports sexuels pratiqués dans un sanctuaire ou sous un arbre-chapelle – n'étaient pas l'expression d'une pornographie gratuite, mais d'une croyance selon laquelle ce type de puissance et de fécondité représentait l'essence même de la vie et du monde. À cela s'ajoutait la fascination de l'interdit et de l'avilissement – le passage excitant de la claire lumière du jour de Yahvé au monde crépusculaire des dieux violents et cruels..."

Politique et religion

La religion imprègne les gestes de la vie, les relations sociales, la politique.

L'histoire politique du peuple d'Israël est mouvementée. Au sud-ouest se trouve l'Égypte, et à l'Est, la Mésopotamie, où se succèdent les empires hittite, assyrien, babylonien et perse. Les Israélites entrent régulièrement en conflit avec ces peuples, pour le meilleur et pour le pire, comme en témoigne l'exil. Il leur faut continuellement défendre leur "terre promise".

Dans la pensée politico-religieuse d'Israël, le seul roi véritable, c'est Dieu. Le roi terrestre en est le représentant, la figure visible pour le peuple. Plus qu'un gouverneur ou qu'un symbole d'unité nationale, le roi détient la vraie puissance. Les peuples attendent beaucoup et la grande majorité de ceux-ci ne sont pas à la hauteur. C’est ainsi qu’émerge une forme d'espérance appelée le messianisme, selon lequel on attend de Dieu lui-même un envoyé, un roi digne de ce nom qui gouvernera pour le bien de tous, dans l'accomplissement de l'Alliance avec Dieu.

La bible n'est pas un livre d'histoire ou de sciences

Les auteurs bibliques confessent leur foi dans le contexte culturel et religieux de leur époque. Leur préoccupation se porte sur la transmission de la parole et non sur l'exactitude des faits. Leur visée touche au pourquoi bien plus qu'au comment. Ainsi les textes de la Genèse énoncent une vérité de sens, mais pas une exactitude scientifique. De même la disparition de toute la cavalerie égyptienne dans les eaux de la mer rouge à uniquement pour but de manifester le salut du peuple grâce à la toute-puissance de Dieu et non pas de faire un reportage historique.

La bible est une histoire d'amour

Si nous lisons la Bible, nous découvrons que cette collection de 73 livres nous parle de couple, de mariage, de noces du début à la fin, de la Genèse à l’Apocalypse. L’image nuptiale traverse toute la Bible. Les prophètes Osée, Jérémie, Ezéchiel et Isaïe utilisent cette image nuptiale pour parler de l’amour de Dieu pour son peuple comme de celui d’un mari pour son épouse.

Je (Dieu) serai ton fiancé pour toujours ; je serai ton fiancé par la justice, la droiture, la grâce et la miséricorde ; je serai ton fiancé par la fidélité, et tu reconnaîtras l’Éternel. (Os 2,19-20).

Dieu aime l'humanité et il ne se lasse pas de nous le dire. Mais savons-nous l'entendre. Shema Israël !

Synthèse historique

Le tableau ci-dessous récapitule très schématiquement les grands événements de l'histoire biblique, ainsi que la datation aproximative des livres (cliquez sur le tableau pour agrandir).

Frise biblique

Bibles en ligne

bible

De nombreuses bibles sont en ligne. Voir les liens dans la Bibliothèque