L'ascension

Le credo nous invite à entrer dans un mouvement entre le ciel et la terre. Jésus descend du ciel pour se faire homme ; il descend dans les enfers, il remonte vers son Père lors de l'ascenssion, enfin il reviendra dans la gloire.

Lc 24,50 Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. 51 Or, comme il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel.

Ac 9,6 Ils étaient donc réunis et lui avaient posé cette question : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? » 7 Il leur dit : « Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ; 8 mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » 9 A ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs regards. 10 Comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se trouvèrent à leur côté 11et leur dirent : « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Dans l’évangile selon saint Luc, le récit se situe à Béthanie juste après l’envoi en mission des disciples et la promesse du don de l’Esprit Saint. Dans le livre des Actes, il se situe quarante jours après la Résurrection, à Jérusalem, au Mont des Oliviers, au cours d’un repas. Les onze Apôtres sont étonnés. Qui ne le serait pas ? Deux hommes en vêtements blancs, rappelant ceux du tombeau vide, leur annoncent le retour du Christ à la fin des temps et assurent le lien entre résurrection et Ascension.

Dans le texte des Actes, l’Ascension se passe quarante jours après la Résurrection. Ce nombre de quarante est symbolique du temps nécessaire pour se préparer. Il évoque l’Exode du peuple hébreux qui se prépare à l’entrée dans la terre promise. A travers le désert, il est guidé et sauvé par la nuée de Dieu. La nuée qui enveloppe le Christ glorifié représente l’action de Dieu qui sauve. Quarante rappelle aussi le séjour de Jésus au désert et sa victoire sur la tentation, prémice de la victoire finale du Christ sur la mort par sa Résurrection. Jésus s’est préparé durant quarante jours à son ministère public. Symboliquement, Jésus prépare les Apôtres durant quarante jours. Il va leur confier l’Eglise.

Dans un univers symbolique à trois étages – le ciel, la terre et les enfers – on utilise naturellement le terme s’élever, gravir, monter, pour atteindre le ciel. Le ciel représente la demeure de Dieu. La glorification, c’est-à-dire l’entrée dans la demeure de Dieu, va donc s’exprimer par la symbolique de l’élévation, de l’Ascension. Pour entrer dans le monde de Dieu Jésus-Christ s’est élevé : il a été glorifié. La « nuée » est un signe visible de la présence de Dieu. Cela renforce le sens théologique du ciel comme demeure de Dieu. Dérobant Jésus au regard des hommes, elle le fait entrer dans le monde de Dieu. Il abandonne sa présence corporelle pour inaugurer une présence spirituelle.

L’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit qu’il est vivant parmi nous d’une nouvelle façon; il n’est plus dans un endroit précis du monde comme il l’était avant l’Ascension; maintenant, il est dans la Seigneurie de Dieu, présent dans chaque espace et temps, proche de chacun de nous (Pape François, Audience générale du 17 avril 2013.). Avec la fête de l’Ascension, nous célébrons le fait que le paradis s’ouvre à l’humanité avec l’entrée solennelle et joyeuse du Christ au ciel à la droite du Père.

« Afin d’élever notre espérance à la suite du Christ, il a tout d’abord élevé sa chair, et pour que nous espérions que cela nous arrive également, il nous a précédés avec la même nature humaine qu’il avait assumée de nous » (Saint Augustin d’Hippone, Discours 372).

CEC 663 Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée.

Dans toute la Bible, la droite est un symbole de dignité. Dans le premier livre des Rois, la reine-mère, Bethsabée, la veuve de David et mère du nouveau roi Salomon, s'assoit à la droite de celui-ci (1Rois 2, 19). Dans le psaume 110, le Roi-Messie siège à la droite de Dieu : " Oracle du Seigneur à mon Maître : Siège à ma droile " (Ps 110 (109) 1a). En Mt. 26, 64 Jésus affirme sa messianité divine, scandalisant ainsi le Grand-Prêtre, en disant : " Vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite de la Puissance ". Et, dans le même évangile, le Jugement dernier est décrit par Jésus comme le moment où " le FiIs de l'homme... placera les brebis à sa droite ". " Les brebis " étant " les bénis de mon Père, ... les justes " (Mt 25, 33, 34, 37). Dire du Christ que désormais il siège à la droite du Père, c'est affirmer à nouveau sa divinité précédemment exprimée dans le Credo par le mot Seigneur. André Borrely.

Utilisé en rapport avec Dieu, le symbolisme du ciel ou des cieux l’est encore en relation avec le Christ. Cela se retrouve pas moins d’une trentaine de fois et dans pratiquement toutes les traditions du Nouveau Testament.

Tantôt, chez Jean en particulier, le ciel sera vu comme le lieu de provenance de Jésus, identifié au « Fils de l’homme descendu du ciel » (Jn 3, 13). Dans le seul discours du chapitre 6 où, à partir du verset 33, Jésus se présente comme « le pain de Dieu, celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde », c’est à sept reprises au moins Jn 6, 33.38.41.42.50.51.58. que cette formule « descendre du ciel » sert ainsi à exprimer l’origine transcendante de Jésus.

Le plus souvent, c’est au Christ ressuscité qu’est appliqué le symbolisme du ciel, pour rendre compte du mystère de son exaltation. Sous des formulations diverses, cela se retrouve d’un bout à l’autre du Nouveau Testament. Tantôt, comme dans la finale de Marc et le début des Actes, on proclamera qu’il a été « enlevé » au ciel [Verbe « enlever », littéralement « prendre en haut »] , tantôt qu’il est « parti » ou s’en est « allé » au ciel [Verbe « s’en aller, partir, se retirer » (poreuomai) en 1 P 3], tantôt qu’il y a été « emporté [Verbe « emporter » litt. « porter en haut » (anapherô) en Lc] », tantôt qu’après avoir « traversé les cieux » (He 4, 14) et avoir été « élevé plus haut que les cieux » (He 7, 26), il est finalement « entré au ciel » (He 9, 24). Cette application au Christ ressuscité du symbolisme céleste doit être ancienne. Sans qu’il y soit fait mention du ciel explicitement, on trouve en effet en 1 Tm 3, 16, dans ce qui semble bien être la citation d’une hymne déjà existante, la proclamation selon une triple alternance des retentissements de la résurrection du Christ au ciel et sur la terre : « (Il a été) manifesté dans la chair (sur terre), justifié dans l’Esprit (au ciel) / apparu aux anges (au ciel), proclamé aux nations (sur terre) / cru dans le monde (sur terre), enlevé dans la gloire (au ciel) ».

Puisque le ciel représente symboliquement la demeure de Dieu, proclamer ainsi que le Christ ressuscité est monté au ciel ne vise pas à décrire une trajectoire d’ordre spatial mais à exprimer le fait que Dieu l’a admis à partager sa vie et sa condition de Seigneur : « aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou se prosterne […] et que toute langue proclame que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 9-11). Dans trois passages au moins, le symbolisme de la montée au ciel est jumelé à celui de la session à la droite de Dieu [En plus du texte de Ep 1, 20, celui de Mc 16, 19 ]. C’est le cas notamment du passage de l’épître aux Éphésiens retenu comme titre à cette section : « … selon la vigueur de sa force qu’il (Dieu) a déployée en la personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite dans les cieux » (Ep 1, 20). Or, le symbole de la droite exprime quelque chose à la fois dans l’ordre de la relation et de la fonction. L’invitation à s’asseoir à la droite de Dieu, dans le Psaume 110, 1 auquel cette imagerie fait écho, témoigne à la fois d’une relation privilégiée de proximité, de vie partagée et d’une participation à son pouvoir et à son règne.

Sur les demeures d’éternité, Le témoignage du Nouveau Testament, Michel Gourgues, Dans Revue Lumen Vitae 2016/3 (Volume LXXI), pages 271 à 282.

Voir aussi l'étude dans le Notre Père : "qui es aux cieux"

Il est assis à la droite

"Etre assis” renvoie dans l’Antiquité à une manière d’exercer le pouvoir, attitude que l'on retrouve dans le mot “siéger”. Dans le vocabulaire courant, “siéger” signifie à la fois commander et être assis. Siéger signifie "Être assis à une place officielle, signe d'un pouvoir honorifique ou réel pour présider ou tenir séance".

Donc le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu (Mc 16,19).

Telle est, envers nous qui croyons, la suréminente grandeur de sa puissance, attestée par l’efficacité de sa force victorieuse. Cette force, il l’a déployée dans le Christ, lorsqu’il l’a ressuscité des morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux, au-dessus de toute principauté, de toute autorité, de toute puissance, de toute domination et de tout ce qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.” (Eph 1, 19-23).