La généalogie de Jésus chez Matthieu

La généalogie de Jésus se décline en deux versions, chez Luc et chez Matthieu. Celle de l’évangéliste Matthieu présente une particularité remarquable : la présence de 5 femmes. cinq femmes

Mt 1,1 Livre des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham : 2 Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères, 3 Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram, 4 Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassôn, Naassôn engendra Salmon, 5 Salmon engendra Booz, de Rahab, Booz engendra Jobed, de Ruth, Jobed engendra Jessé, 6 Jessé engendra le roi David. David engendra Salomon, de la femme d’Urie, 7 Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abia, Abia engendra Asa, 8 Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias, 9 Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Akhaz, Akhaz engendra Ezékias, 10 Ezékias engendra Manassé, Manassé engendra Amôn, Amôn engendra Josias, 11 Josias engendra Jéchonias et ses frères ; ce fut alors la déportation à Babylone. 12 Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, 13 Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Eliakim, Eliakim engendra Azor, 14 Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akhim, Akhim engendra Elioud, 15 Elioud engendra Eléazar, Eléazar engendra Mathan, Mathan engendra Jacob, 16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle a été engendré Jésus, que l’on appelle Christ. 17 Le nombre total des générations est donc : quatorze d’Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ.

    Remarques liminaires :

  • Les 4 premières appartiennent à l’Ancien Testament, de la période d’Abraham à David.
  • La femme d’Urie n’est pas nommée alors que son nom est connu (Bethsabée).
  • Jésus naît de Marie. Il est le seul à ne pas être engendré par un homme.
  • Les 5 femmes ont une histoire mouvementée :
    • Tamar, la double veuve, se déguise en prostituée pour se donner à son beau-père, Juda.
    • Rahab, la prostituée de Jéricho permet à deux espions hébreux de préparer l’assaut de la ville.
    • Ruth la Moabite, se glisse aux pieds de Booz à des fins sexuelles et se fait épouser par lui.
    • Bethsabée, l’épouse d’Urie le Hittite est prise de force par le roi David après que celui-ci ait fait assassiner Urie.
    • Marie, la mère de Jésus, tombe enceinte avant les noces, d’un enfant qui n’est pas de son futur époux Joseph.

Comment interpréter la présence de ces cinq femmes ? Méritent-elles de figurer dans cette liste plus que d’autres ? Marie, sans nul doute, mais pas les quatre de l’Ancien Testament. D'autres femmes sont bel et bien nommées dans les récits bibliques. Sarah, femme d’Abraham, porte et donne naissance à Isaac (Gn 21, 1-3). Rebecca, femme d’Isaac, porte et donne naissance à Jacob (Gn 25, 20-26). Léa première femme de Jacob porte et donne naissance à Juda (Gn 29, 35).

Selon le site de la CEF, le terme "engendrer" signifie : Procréer, produire, donner la vie. Acte de donner naissance à un enfant (l’engendrement d’un fils). Être à l’origine de… Les femmes ne mériteraient-elles pas la première place en ce domaine ?

La première explication relative à la présence des femmes est leur état de pécheresses que Jésus est venu sauver. Mais toutes le sont à l'exception de Marie. Et les hommes le sont autant sinon davantage.

Deuxième explication, les femmes représentent une ouverture sur les nations, c'est-à-dire les non-juifs. Bethsabée est peut-être une hittite, comme son mari ; Ruth est moabite ; Rahab vient de Jéricho. Tamar, araméenne, peut par contre être considérée comme israélite. Marie appartient au peuple hébreu. Ces femmes ne sont pas toutes représentantes de peuples étrangers.

On a souvent focalisé la discussion sur les quatre premières (Thamar, Rahab, Ruth, et « celle d’Urie ») en expliquant leur présence soit par le fait qu’elles étaient toutes les quatre pécheresses (comme si les autres personnes reprises dans la généalogie n’étaient pas aussi des pécheurs), soit parce qu’elles étaient des étrangères. Ainsi, leur présence témoignerait du fait que Jésus est venu sauver les pécheurs (cf. 1,21) ou encore que l’offre du salut s’ouvre également aux étrangers, aux non-Juifs (cf. 2,1-12; 15,21-28; 28,18-20), deux thèmes qui reviennent effectivement chez Matthieu. Mais on a porté également le regard sur l’ensemble de la série des cinq femmes, en constatant qu’il y avait quelque chose d’irrégulier dans leur relation avec le « père » de leur enfant. Dans ce cas, la présence des quatre premières femmes préparerait le lecteur à la présence de la cinquième, Marie, ainsi qu’à la formulation ambiguë de la naissance de son fils. Une autre piste souligne l’action courageuse et décidée de ces femmes dans des situations d’ambiguïté et même de défaillance de leurs partenaires masculins devant leurs obligations (Harg). Elles sont vues également comme des modèles de grande foi parmi les païens (Hutchison) ou comme des modèles de cette plus grande justice mise en exergue par Matthieu, surtout dans le Sermon sur la Montagne (Warner). Plus globalement, la présence des quatre premières femmes, marquées par leurs irrégularités morales et/ou ethniques, témoignerait de la foi dans le Dieu d’Israël qui conduit l’histoire de ce peuple vers l’avènement du Messie, même à travers les irrégularités et les insuffisances humaines (Vôgtle). On propose encore que la place de ces quatre femmes dans la généalogie de Matthieu fasse partie d’une apologie contre une accusation de naissance illégitime de Jésus; celle-ci impliquerait le rejet de sa qualité de Messie (Freed). Ou encore que ces femmes, objets d’évaluation contradictoire dans le judaïsme, notamment à cause de leurs liens avec David, sont citées justement en faveur de la réalisation du messianisme davidique par Jésus (Johnson).

Osborne Thomas P. Les femmes de la généalogie de Jésus dans l’évangile de Matthieu et l’application de la Torah. In: Revue théologique de Louvain, 41ᵉ année, fasc. 2, 2010. pp. 243-258; doi : 10.2143/RTL.41.2.2049212 ; https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2010_num_41_2_3827

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L’insertion des trois premiers noms surprend, car la tradition rabbinique valorise davantage les matriarches d’Israël. L’auditoire matthéen pouvait ainsi s’attendre aux noms de Sarah, Rebecca, Rachel ou Léa, mais en sélectionnant des femmes aux histoires sulfureuses, Matthieu prend à rebours les attentes usuelles. À travers ces noms, il active des thèmes aussi nobles que la persévérance et l’accueil, mais aussi vils que le péché et le mensonge. E. De Luca résume poétiquement le pouvoir évocateur de ces noms : « Les femmes, ces femmes, ne chancellent à aucun moment. Aucune d’elles, qui n’ont même pas eu le réconfort d’une prophétie, d’une voix directe, n’hésite. Elles vont contre les règles et sacrifient leur exception. Leur élan est plus solide que celui des prophètes, ce sont des saintes du scandale. Elles n’ont ni pouvoir ni rang, et pourtant elles président au temps ». L’écriture généalogique habituelle est perturbée par ces dissonances féminines qui rompent avec la (re)lecture idéale de l’histoire d’Israël. La généalogie matthéenne reproduit le déroulement inflexible des générations avec pour seul objectif la naissance de Jésus, mais dans cette série d’engendrements sont greffées des femmes étrangères. Leur nom suffit à balayer le spectre de la pureté du sang.

La recherche s’est intéressée à la présence de ces femmes et les courants de type féministes n’ont pas manqué d’en trouver des raisons. Plusieurs hypothèses circulent, mais il s’agit ici de noter que ces insertions troublent le déroulement logique de la généalogie et nuisent aux accords parfaits avec le passé. Ces écarts déstabilisent l’auditoire et l’incitent à relire autrement la succession généalogique proposée.

La présence de Bethsabée, évoquée à demi-mot, nuit au bon déroulement de la généalogie. Le nom d’Urie est incrusté : Urie, l’homme honnête, trahi par sa femme et son roi, nuit à David. Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses pour expliquer cette dérangeante présence de Bethsabée. Parmi elles, il faut souligner les effets produits par le détournement du langage pour évoquer l’union irrégulière entre Bethsabée et David. L’expression sélectionnée projette en l’auditoire des images de déshonneur, de violences sexuelles et guerrières, de fautes et de culpabilité. Le personnage de David n’est pas idéalisé : en dépit de ses brutalités et de ses mensonges, la lignée royale a été garantie. Matthieu expose l’histoire coupable de David et construit la lignée des ascendants de Jésus au milieu du sang et de la misère plutôt que dans la paix et l’abondance. La généalogie matthéenne ne purifie pas la lignée du Christ.

Une partie du verset 16 opère en revanche une rupture significative : « Marie, de laquelle a été engendré Jésus ». L’expression retenue brise le rythme de l’écriture généalogique instauré dès le début du texte. Le verbe « engendrer » est employé à la voix passive : Joseph n’est pour rien dans la conception de Jésus. Sur un plan strictement textuel, Joseph n’engendre pas Jésus. Cette rupture, à la portée plus théologique qu’historique, prépare l’auditoire au récit qui suit immédiatement cette généalogie et qui raconte l’annonce à Joseph, au cours d’un songe, par un ange du Seigneur, qu’il ne doit pas craindre de prendre pour épouse Marie, sa fiancée enceinte, car « ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (1,20). Dès la généalogie, Mt exprime l’idée d’une élection divine de Jésus, en détournant l’écriture généalogique de sa vocation à dire la filiation. Par des jeux d’accords et de désaccords, Matthieu parvient à exprimer en langage généalogique l’élection de son personnage principal. Ce verset 16 rompt une série d’engendrements humains et annonce la venue de Jésus à l’initiative d’un autre, ici confié à la voix passive, mais explicitement désigné comme étant Dieu lui-même quelques versets après (1,18-25). L’élection divine suspend la filiation humaine et démontre la supériorité de Dieu sur les hommes dans la maîtrise de leur histoire.

Céline Rohmer, « L’écriture généalogique au service d’un discours théologique : une lecture de la généalogie de Jésus dans l’évangile selon Matthieu », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires [En ligne], 17 | 2017, mis en ligne le 06 janvier 2017, consulté le 27 août 2025. URL : http://journals.openedition.org/cerri/1697 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cerri.1697.

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Voilà quatre femmes qui précèdent Marie et qui, par leur comportement, laissent songeur. Pourquoi elles plutôt que Sarah, plutôt que Rebecca ou Léa ? Cette généalogie est subversive parce que toutes ont en commun d’avoir transgressé la morale, les usages, les frontières. Toutes ont en commun de donner à Jésus une filiation bien particulière qui dit quelque chose de l’esprit qui règne dans la famille et dont pourra hériter quiconque se situera dans le sillage du Christ, à commencer par ceux qui revendiquent le titre de chrétien.

Universalisme

Le premier point notable est l’universalisme qui règne dans cette généalogie qui franchit les frontières d’Israël pour passer par des figures étrangères. Bien avant que les mages arrivent, les grand-mères de Jésus font déjà souffler un vent du large qui donne à penser qu’il n’y a pas de fantasme de race dans l’élaboration de l’identité chrétienne. La pureté ne se fait pas non plus en fonction de la religion, car ces femmes étrangères, si elles honoraient le Dieu vivant au plus profond de leur être, n’étaient pas les esclaves d’une forme particulière de la religion. Et les hommes qui les ont connues n’ont pas jugé qu’elles étaient indignes de la promesse divine d’une vie rendue féconde au prétexte qu’elles ne suivaient pas les 613 commandements de la Torah. Ces hommes les ont plutôt honorées de cet élan tout religieux qui sait reconnaître par delà les frontières, les marqueurs identitaires, la véritable valeur des personnes, la véritable humanité des individus. L’universalisme, dont cet évangile est porteur, relativise aussi bien la morale, que la race, que la religion qui ne tiennent plus lieu d’ultime si nous accordons du crédit à l’Évangile. Cette généalogie est subversive.

Responsabilité

Le deuxième point notable est le sens des responsabilités dont ont fait preuve ces femmes. Transgresser la morale pour que l’histoire ne s’arrête pas soudainement, voilà ce dont il est question ici. Voilà des femmes qui se sont levées contre le vent de la fatalité pour faire valoir l’esprit de liberté qui anime les enfants de Dieu, celles et ceux dont le cœur bat de l’intensité de ces paroles qui font exister ce qui n’est pas, qui font advenir ce qui n’a plus d’espoir. Dans le tohu-bohu de la vie, ces personnes font retentir les paroles qui font émerger la vie du chaos. Ce sont ces paroles qui disent et redisent « sois ». « Sois lumière ». « Sois un firmament ». « Sois une terre habitable ». « Sois grouillant de vie ». « Sois ! ». « Sois » en dépit de l’usure du quotidien. « Sois » en dépit de l’hostilité. « Sois » en dépit de tes faiblesses. « Sois » en dépit du qu’en-dira-t-on. « Sois » en dépit de la doxa, des effets de mode, de la pensée ambiante. « Sois » de telle manière que tu te mettes à faire histoire. Ne baisse pas les bras. N’abandonne pas. Ne te laisse pas aller à la résignation. Engendre ! Sois l’auteur d’un nouvel arbre généalogique, redonne de l’élan à la promesse, réinjecte du possible dans le cours des événements. Ne laisse pas les choses en l’état, car tout système laissé à lui-même tend à s’épuiser. Alors, réinjecte de l’énergie, réinjecte du désir, réinjecte de l’audace, réinjecte des questions, réinjecte de nouveaux défis à relever, réinjecte de ta singularité, en dépit des difficultés. Subvertie la réalité !

Ces femmes sont autant de figures théologiques qui révèlent que le cours de l’histoire relève de notre responsabilité personnelle. Ces femmes révèlent qu’elles n’ont pas attendu sagement des jours meilleurs en rentrant la tête dans les épaules et en attendant que ça se passe. Elles révèlent notre capacité de subversion. Elles ont incarné, ici et maintenant, l’espérance divine, quitte à emprunter des chemins de traverse, quitte à sortir des sentiers battus. Elles ont incarné ce désir d’une vie portée à son absolu. Et c’est en incarnant cela qu’a pu s’incarner le désir divin, cette volonté d’une vie où la justice ne cède pas devant les contingences du moment, d’une vie où les individus ne sont pas écrasés par les intérêts de quelques-uns, d’une vie où l’histoire n’est pas en panne, d’une vie que Jésus a lui-même incarnée au point qu’on l’a appelé Christ, ce qui peut être rendu par la périphrase « l’espérance de Dieu devient histoire ». Jésus est celui dont la Bible, des les premiers mots qui le concernent, dit qu’il est le fruit du travail laborieux de Dieu qui inspire à des hommes et à des femmes des initiatives pour produire des ressorts à l’histoire lorsque celle-ci est malmenée et risque de s’achever par un épuisement des solutions.

Pas plus que les bébés n’arrivent tous seuls dans les choux ou dans les roses, l’avenir ne tombe pas tout cuit du ciel. L’avenir est engendré par ces femmes et ces hommes qui suscitent et ressuscitent la passion de vivre et d’ouvrir la vie à l’universel. Aussi bien par sa structure que par l’histoire qu’elle raconte, cette généalogie, ce livre de la genèse de Jésus nous appelle à bousculer le train-train de l’histoire, à prendre appui sur des points choisis et non subis, à donner du sens au moindre aspect du quotidien, à ne pas s’enfermer dans le registre des certitudes, ni celles du sol, ni celles du sang, ni celles de la religion. Car la foi nous porte par delà ces considérations, par delà ces contingences. La foi dont cet évangile va nous parler consiste à arracher notre vie à tout ce qu’il y a de mortel, jusqu’à vider intégralement le tombeau de notre existence et à faire trôner notre histoire en bonne place. Oui, le livre de la genèse de Jésus parle déjà de la dynamique de Pâques, qui est une dynamique de subversion.

James Woody. Voir le lien dans la bibliothèque.

L’enfantement de chacune des femmes présentes dans la généalogie de Matthieu 1 montre des irrégularités, et même une inapplication apparente de la Loi. Tamar aurait initialement dû être lapidée, mais ne l’a pas été, car Juda s’est rétracté : inapplication de la Loi. Rahab et sa maison auraient dû être mises à mort, mais n’ont pas été victimes de la loi de l’interdit. Boaz, d’après la loi de l’époque, n’aurait pas dû épouser Ruth. David, si la loi avait été appliquée, aurait dû être lapidé à cause de ses actions, mais ne l’a pas été. Même Marie, mère de Jésus, aurait dû être lapidée d’après Deutéronome 22 : 20-21. Toutes ces inapplications de la Loi donnent naissance au Messie. Pour chacune de ces femmes, il y eut une grâce, une exception, une singularité qui a fait que la lignée a pu continuer. A l’époque, être juste veut dire appliquer la Loi. Mais Matthieu pointe vers une réalité autre ; l’accomplissement de la Loi telle que Dieu la veut. L’aveugle application des règles a plusieurs fois failli exterminer la lignée du Christ. Et cela nous fait réfléchir sur la manière dont nous pensons la Loi. Lula Deroeux. Voir le lien dans la bibliothèque.

La sexualité est à la source de l’engendrement, or ces cinq femmes témoignent d’une vie sexuelle particulière. Tamar se déguise en prostituée pour s’assurer d’une descendance. Rahab, belle prostituée, met ses talents au service de l’ennemi. Bethsabée est victime d’un adultère. Ruth provoque une rencontre sexuelle en se couchant aux pieds de Booz. Marie engendre dans la virginité.

Ces quatre femmes, comme Marie, mère de Jésus, «ont eu une union irrégulière avec leur partenaire. Dans tous les cas cités par Matthieu, la filiation a suivi un détour imprévu. La maternité de Tamar est le fruit d’un inceste. Rahab et Ruth n’appartenaient pas au peuple choisi. Et Bethsabée a donné naissance au futur roi Salomon suite à un abus de pouvoir du roi David. Dans les cinq situations, la naissance des enfants s’est produite hors norme.» Avec cette clé de lecture, on comprend le choix de Matthieu qui «prépare ses lecteurs, dès le début de son récit, à accueillir l’inattendu dans la naissance de Jésus. Matthieu n’est pas seulement allé chercher des femmes au passé sulfureux, il a choisi quatre femmes qui ont été réhabilitées dans la tradition.» Jocelyn Rochat. Voir le lien dans la bibliothèque.

En conclusion, plusieurs pistes se dégagent pour interpréter la présence de ces 5 femmes dans la généalogie de Jésus. Les étrangères témoignent de l'ouverture du salut aux nations ; les pécheresses montrent que les voies de Dieu passent par notre condition humaine dans ses faiblesses ; Marie offre son corps au mystère de l'incarnation. Toutes symbolisent l'alliance de Dieu avec l'humanité dans leur chair.

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