L'onction
En hébreu mashiah : le consacré.
Le verbe mashakh : passer la main sur quelque chose, d'où oindre, d'où l'idée de consacrer quelque chose ou quelqu’un.
Ce terme a été traduit dans la Septante par χριστός (christos) d'où le Christ.
Chrême vient de la racine grecque correspondante et a donné le nom de Christ.
Lévitique 4,5 : le prêtre (cohen - iéreus) consacré par l'onction (mashiah – christos).
Isaïe, 45,1 : Ainsi parle Yahvé à son oint (meshiah), à Cyrus.
Jean 1,41 : André dit à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie » ce qui veut dire Christ.
L’usage de l’huile
L’onction d’huile est un symbole que l’on comprend facilement au regard de ses multiples usages. L’huile est un des éléments de base de la nourriture, avec les galettes faites d’huile d’olive et de farine. L’huile sert également pour les lampes, elle est donc source de lumière. L’huile est aussi employée pour soigner les blessures et à préparer les guerriers au combat. Elle est utilisée pour les fêtes et symbolise la joie :
Pr 27,9 L’huile et le parfum mettent le cœur en joie, et la douceur de l’amitié, plus que la complaisance en soi-même.
Am 6,6 ils boivent le vin dans de larges coupes, ils se frottent des meilleures huiles.
Dans les pratiques cultuelles de l’Ancien Testament, l’onction d’huile a un caractère sacré en ce qu’elle indique une mise à part pour le service. Son action pénétrante symbolise la puissance de Dieu remplissant celui qui est oint. Il y a plusieurs onctions : celle des prêtres et des divers objets du culte ; celle des rois ; celle des lépreux guéris ; celles de certains prophètes ; celle des malades.
Le Saint Chrême est l’Huile Sainte par excellence, utilisée pour les sacrements du baptême, de la confirmation, de l’ordination, ainsi que pour la consécration des églises et des autels. Le Saint Chrême est consacré par l’évêque lors de la messe chrismale, qui a lieu une fois par an durant la semaine sainte. Le chrême est un composé d’huile d’olive et de baume, lequel est une espèce de résine très-odorante qu’on retire, par incision, de l’arbre nommé opobalsamum. D’où l’expression « être en odeur de sainteté ». Cet arbre croît dans l’Arabie et la Judée. L’huile des catéchumènes et des malades doit être d’olive pure.
Les prêtres
L’huile dont ils sont oints a une composition particulière et ne peut servir à aucun autre usage (Voir description en Ex 30,22-24). L’huile est aspergée sur tous les objets du sanctuaire afin de manifester leur sainteté. L’onction du sanctuaire lui-même se rattache à l’ancien usage d’oindre les stèles (Gn 28,18). Elle est répandue sur la tête du prêtre et ses vêtements en sont aspergés. L’onction d’huile est accompagnée d’aspersion de sang issu du sacrifice :
Ex 30,25 Tu en feras une huile d’onction sainte, un mélange odoriférant comme en compose le parfumeur : ce sera une huile d’onction sainte. 26 Tu en oindras la Tente du Rendez-vous et l’arche du Témoignage, 27 la table et tous ses accessoires, le candélabre et ses accessoires, l’autel des parfums, 28 l’autel des holocaustes et tous ses accessoires, le bassin et son socle. 29 Tu les consacreras, ils seront alors éminemment saints, et tout ce qui les touchera sera saint. 30 Tu oindras Aaron et ses fils, et tu les consacreras pour qu’ils exercent mon sacerdoce.
Lev 8,30 Moïse prit ensuite de l’huile d’onction et du sang qui était sur l’autel ; il en aspergea Aaron et ses vêtements ainsi que ses fils et leurs vêtements. Il consacra par là Aaron et ses vêtements ainsi que ses fils et leurs vêtements.
Les rois
Le prêtre ou prophète qui oint utilise une corne remplie d’huile et en verse sur le nouveau roi (1 S 10,1 ; 16,3, 13 ; 1R 1,39 ; 19,15, 16 ; 2 R 9,6 ; 12). Comme on le voit dans l’exemple ci-dessous, c’est Yahvé qui oint ; Samuel est le médiateur entre Yahvé et le roi :
1S 10,1 Samuel prit la fiole d’huile et la répandit sur la tête de Saül, puis il l’embrassa et dit : « N’est-ce pas Yahvé qui t’a oint comme chef de son peuple Israël ? C’est toi qui jugeras le peuple de Yahvé et le délivreras de la main de ses ennemis d’alentour.
Les prophètes
Il est peu probable que l’onction ait marqué rituellement le début de l’activité des prophètes. Nous n’avons qu’un exemple d’onction prophétique lorsque Elie oint Elisée en tant que prophète à sa place (1R 19,16). Les prophètes sont néanmoins mis à part par Yahvé pour une mission. Le prophète Isaïe est oint par Dieu, c’est à dire consacré en tant que messie pour annoncer une nouvelle :
Is 61,1 L’esprit du Seigneur Yahvé est sur moi, car Yahvé m’a donné l’onction (il a fait de moi un messie) ; il m’a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux prisonniers la délivrance…
Comme nous le voyons sur ce passage, l’onction est étroitement liée au don de l’Esprit.