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Histoire de la messe

Du 1er au 4e siècle

Durant les 4 premiers siècles, l’eucharistie est célébrée à la maison. « Ils rompaient le pain à domicile », dit Luc de la première communauté chrétienne (Ac 2, 46). Le repas eucharistique se passe d’abord dans le cadre des repas habituels. Puis (Paul y fait allusion en 1 Co 11) le culte eucharistique se différencie de ces repas habituels pour éviter sans doute à la fois les abus (voire les ivresses) et les inégalités, et aussi pour donner au repas eucharistique son caractère unique.

Le christianisme se répand dans tout le bassin méditerranéen. C’est la période des martyrs, celle de la mise en place de la vie de l’Église avec ses épiscopes, ses presbytres, ses diacres.

Seul l’évêque préside l’Eucharistie. Les baptisés y participent. Les catéchumènes sont introduits progressivement à ce Mystère : ils ne participent qu’à la liturgie de la Parole, de même que les pénitents. Dès ces premiers temps on trouve l’essentiel du déroulement de la messe : le rassemblement, la proclamation de la Parole et son explication, une grande prière universelle, où beaucoup peuvent intervenir, le baiser de paix à ce moment-là, puis l’apport du pain et du vin, ensuite la prière d’action de grâce, dans laquelle se situe le récit de l’institution de l’Eucharistie.

C’est le président de la célébration qui dit la prière d’action de grâce : elle est de sa libre inspiration, dans la tradition juive de la prière synagogale, et avec bien sûr l’événement central où l’on fait mémoire de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. L’assemblée répond à la fin par un "amen". Les diacres assurent le service de la communion. Cette communion sera portée aux absents dès la fin du rassemblement. Il n’ y a pas de réserve eucharistique.

Le plus ancien récit de la célébration de l’Eucharistie dont nous disposons – celui qui nous est parvenu vers l’an 155 par Justin Martyr – montre déjà que s’était formée une nouvelle unité comprenant deux parties fondamentales : la rencontre avec la Parole de Dieu dans une liturgie de la Parole et ensuite « l’Eucharistie » en tant que « logiké latreia ». « Eucharistie » est la traduction du mot hébreu « berakah », remerciement, et désigne le noyau central de la foi et de la prière juive à l’époque de Jésus. Benoït XVI, Il significato della communione, 2018.

Le jour du soleil, comme on l'appelle, tous ceux qui habitent les villes ou les campagnes se réunissent dans un même lieu, et on lit les récits des apôtres ou les écrits des prophètes, selon le temps dont on peut disposer. Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour exhorter à l'imitation de ces sublimes enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions; et, comme nous l'avons dit, la prière terminée, on apporte du pain, du vin et de l'eau, et celui qui préside fait les prières et les actions de grâces avec la plus grande ferveur. Le peuple répond: Amen, et la distribution et la communion générale des choses consacrées se fait à toute l'assistance; la part des absents leur est portée par les diacres. Ceux qui sont dans l'abondance et veulent donner, font leurs largesses, et ce qui est recueilli est remis à celui qui préside, et il assiste les veuves, les orphelins, les malades, les indigents, les prisonniers et les étrangers: en un mot, il prend soin de soulager tous les besoins. Si nous nous rassemblons le jour du soleil, c'est parce que ce jour est celui où Dieu, tirant la matière des ténèbres, commença à créer le monde, et aussi celui où Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita d'entre les morts; car les Juifs le crucifièrent la veille du jour de Saturne, et le lendemain de ce jour, c'est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses disciples, et leur enseigna ce que nous avons livré à vos méditations. Justin, 1ère Apologie, 67. https://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/iif.htm

Du 4e au 8e siècle

À partir de la fin du IVe siècle, le diacre clame à la fin de la célébration : « Ite missa est » c'est-à-dire « Allez, c’est la messe est (dite).» Le mot "messe" est tiré de cette envoi en mission.

La célébration se partage en deux parties. La première, appelée la liturgie de la Parole ou liturgie des catéchumènes (ceux qui se préparent au baptême), est composée de lectures bibliques (choisies en fonction du sermon), d’instructions et de prières. La deuxième partie, dont sont exclus les non baptisés et les pénitents, comprend l'offertoire et l’action de grâces qui consacre le pain et le vin. Le pain consacré est du pain ordinaire, parfois apporté de la maison. Si l’évêque est de droit le prédicateur de la liturgie, les prêtres peuvent prendre la parole, voire présider.

Églises et basiliques se construisent. C’est à cette période que les vêtements liturgiques se généralisent, empruntés aux habitudes impériales. L’évêque de Rome acquiert une autorité importante, sans primauté absolue sur toutes les Églises. La partie pénitentielle de la liturgie se développe, introduisant notamment le kyrie chez les Grecs. Le latin, adopté à Rome vers le 3e siècle, est utilisé par l’Église d’Occident de façon plus générale. Le chant grégorien fait son apparition au VIIIe siècle, ce qui a pour effet d’écarter le peuple de la participation à la messe.

Au moyen-âge

À partir du VIIIe siècle, on n’emploie plus de pain fermenté pour la communion, mais des hosties blanches et rondes en pain azyme, tandis que le vin consacré (vin rouge) n’est distribué aux fidèles qu’à de très rares occasions. Il n’y a plus de fraction du pain et les offrandes faites par l’assemblée se réduisent à quelques pièces de monnaie. La communion est reçue dans la bouche, et non plus dans les mains, par les fidèles désormais agenouillés au banc de communion.

Les fidèles deviennent passifs et assistent à la messe comme à un spectacle, dans l’attente de la descente de Dieu sur l’autel. Aussi les fidèles, désireux de contempler ce qui était caché dans le sacrement, firent-ils pression sur les clercs pour qu’ils leur montrent l’hostie au moment précis où s’accomplissait le mystère divin. Telle est l’origine du rite de l’élévation de l’hostie pendant la messe !

Vers le XIIIe siècle, la construction de cathédrales éloigne encore un peu plus le peuple de la célébration. Il y a une coupure entre le prêtre et l’assemblée et cela d’autant plus que les messes seront récitées à voix basse par le célébrant.

Du Concile de Trente au 20e siècle

Au XVIe siècle, les fidèles récitent le chapelet pendant que le prêtre célèbre. C’est par le chant que le peuple participait à la « messe chantée », alors que pour la « messe basse » seul le choriste répondait au prêtre.

La Réforme protestante pousse l’Église catholique à réaffirmer sa théologie du sacrifice eucharistique.

Au XVIIe siècle : traduction des missels en langue populaire

1905 : restauration de la communion fréquente. Le pape Pie X en 1905 décrète que la communion peut se faire dès l’âge de raison (7 ans). Début de la création des cantiques populaires.

Vatican II : Restauration des liturgies en langues locales, reprise de la concélébration face à l’assemblée, valorisation de la liturgie de la Parole avec notamment l’instauration d’un cycle triennal de lectures bibliques, nouvelles prières eucharistiques.