Le péché originel
Une question toujours d'actualité
Qui ne s'est pas demandé "pourquoi le mal ?" Nous y sommes tous confrontés à des degrés divers. Et nous sommes tous condamnés à mourir dès notre naissance.
La Tradition chrétienne n'apporte pas de réponse définitive à la question du mal, mais propose un chemin de réflexion à travers la notion de "péché originel". Bien des contemporains souriront à la mention d'un tel concept, car ses développements se heurtent aux sciences. L'existence d'un premier couple vivant nu dans un paradis, puis tenté par un serpent, relève plus d'un conte que d'un récit historique pour bien des personnes. La vérité ne relève sans doute ni du conte ni de la réalité historique telle qu'elle est narrée dans la Genèse.
Lorsque nous abordons la question du péché originel, nous pensons immédiatement à Adam et Eve qui ont croqué le fruit défendu dans le Jardin d'Eden. Selon la théologie traditionnelle, cette désobéissance a entraîné une rupture avec Dieu et une disharmonie dans la création que tous des descendants du premier couple subissent, sans l'avoir mérité. La mort est entrée dans le monde suite à cette "chute" originelle. La doctrine chrétienne enseigne que Jésus est venu nous racheter de la mort par le don de sa vie sur la croix. Chacun peut donc espérer en la rédemption et donc au salut.
Mais la doctrine du péché originel ne se comprend que dans une prise en compte de la création de ses origines jusqu'à la fin de l'Histoire, fin qui nous est étrangère et qui n'arrivera qu'à la fin des temps.
Parler du péché originel est donc une entreprise vouée à l'échec pour celui qui y cherche une réponse définitive à la question du mal. Le mal est un mystère et ne saurait se résoudre ni dans une équation théologique ni dans une hypothèse anthropologique, à savoir l'existence historique d'Adam et Eve qui aurait commis l'irréparable pour les générations à venir.
Les récits de la création se situent hors du temps. S'ils appartiennent bien à l'Histoire, ils n'ont pas un caractère historique. À l'instar de tous les récits mythologiques, ils ont pour finalité d'expliquer le pourquoi et non de s'intéresser au comment.
Nous avons déjà commenté le projet originel de Dieu à travers l'étude des textes de la Genèse. Nous ne présenterons ici que la doctrine du péché originel.
Les formulations telles qu'elles se présentent dans le Catéchisme de l'Église catholique, sont-elles encore d'actualités ? Ou ne faut-il pas revoir leur contenu ?
Dans une allocution aux participants à un Symposium sur le péché originel (11 juillet 1966), après avoir rappelé les enseignements de Vatican II, Paul VI invite de façon pressante les exégètes et les théologiens à ne pas oublier que la doctrine du péché originel « est une vérité révélée par Dieu dans différents passages des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ». Cette affirmation n’interdit pas de rechercher une « définition et une présentation […] qui soient plus modernes, c’est-à-dire qui satisfassent davantage aux exigences de la foi et de la raison telles qu’elles sont ressenties et exprimées par les hommes de notre temps », conformément aux principes posés par Jean XXIII dans l’allocution inaugurale du concile. Christian Sorel, https://hal.science/hal-03964773/document
Dans cette étude nous commencerons par rappeler les textes bibliques, puis nous verrons comment Irénée de Lyon et surtout Augustin ont approfondi la question du péché originel. Ensuite nous rappellerons les textes du magistère. Enfin nous présenterons quelques hypothèses théologiques contemporaines.