La colère
Nous avons tous des accès de colères face à des situations qui nous exaspèrent. Elle se manifeste d’abord intérieurement : le sang monte à la tête ou la moutarde au nez. Et puis ça explose à travers des paroles et des actes souvent non maîtrisés. Quel parent ne s’est pas emporté face à un enfant qui se vautre devant la télé ou l’ordinateur au lieu de faire ses devoirs ? Quelle femme ne s’est pas énervée face à un mari qui en rentrant du travail se réfugie dans ses occupations personnelles au lieu de lui adresser la parole ? Nous avons tous de bonnes raisons de nous mettre en colère face à des injustices ou tout simplement face à des choses qui ne sont pas conformes à nos propres désirs.
Les conditions pour une juste colère : l’objet doit être juste (la cause); l’intention doit être droite (la finalité); la réaction doit être mesurée, proportionnée (les moyens).
La colère est un vice destructeur des relations humaines. Il exprime l'incapacité à accepter la diversité de l'autre, surtout lorsque ses choix de vie divergent des nôtres. Elle ne s'arrête pas au mauvais comportement d'une personne, mais jette tout dans la marmite : c'est l'autre, l'autre tel qu'il est, l'autre en tant que tel qui provoque la colère et le ressentiment. On se met à détester le ton de sa voix, les gestes banals de la vie quotidienne, ses façons de raisonner et de sentir.
Lorsque la relation atteint ce niveau de dégénérescence, la lucidité est désormais perdue. La colère fait perdre la lucidité. Car l'une des caractéristiques de la colère est parfois qu'elle ne s'apaise pas avec le temps. Dans ce cas, même la distance et le silence, au lieu d'apaiser le poids de l'incompréhension, l'amplifient. C'est pour cette raison que l'apôtre Paul - comme nous l'avons entendu - recommande à ses chrétiens d'aborder immédiatement le problème et de tenter une réconciliation : "Que le soleil ne se couche pas sur votre colère" (Ep 4,26). Il est important que tout soit résolu immédiatement, avant que le soleil ne se couche. Si un malentendu survient pendant la journée et que deux personnes ne se comprennent plus, se sentant soudain éloignées l'une de l'autre, la nuit ne doit pas être livrée au diable. Le vice nous maintiendrait éveillés dans l'obscurité, ruminant nos raisons et nos erreurs inexplicables qui ne sont jamais les nôtres et toujours celles de l'autre. C'est ainsi : lorsqu'une personne est dominée par la colère, elle dit toujours que le problème vient de l'autre ; elle n'est jamais capable de reconnaître ses propres fautes, ses propres déficiences. Pape François, Audience générale du 31/01/2024.