L'envie - la jalousie

eros L’envie concerne les choses, la jalousie les personnes. La jalousie est toujours inspirée par un égoïsme exclusif. Le jaloux veut être seul à jouir d'un bien et il ne souffre aucun concurrent. Le jaloux est captatif, exclusif dans sa relation. Il a besoin d’être préféré.

L’envie naît d'un sentiment d'humiliation. L’autre me fait ressentir ma non-valeur, voire ma non-existence; « l’autre prend toute la place, du coup, je n’en ai plus aucune ».

Le jaloux et l'envieux sont plus dans la critique que dans la louange. Les symptômes de la jalousie : Quand quelqu’un est heureux, on n’arrive pas à s’en réjouir. Refus de se réjouir du bonheur d’autrui ou satisfaction de son malheur : dans la Bible, le premier à souffrir de l’envie est Caïn, qui tuera son frère Abel dont il pense qu’il est le préféré de Dieu.

Et nous arrivons au deuxième vice que nous examinons aujourd'hui : la vaine gloire. Elle va de pair avec le démon de l'envie et, ensemble, ces deux vices sont caractéristiques d'une personne qui aspire à être le centre du monde, libre d'exploiter tout et tout le monde, objet de toutes les louanges et de tous les amours. La vaine gloire est une estime de soi exagérée et sans fondement. Le vantard possède un "moi" encombrant : il n'a aucune empathie et ne se rend pas compte qu'il existe d'autres personnes que lui dans le monde. Ses relations sont toujours instrumentales, marquées par la prévarication de l'autre. Sa personne, ses réalisations, ses succès doivent être montrés à tous : c'est un perpétuel mendiant d'attention. Et si des fois ses qualités ne sont pas reconnues, il se met dans une colère féroce. Les autres sont injustes, ils ne comprennent pas, ils ne sont pas à la hauteur. Dans ses écrits, Évagre le Pontique décrit l'amère histoire de certains moines frappés par la vanité. Il arrive qu'après ses premiers succès dans la vie spirituelle, il se sente déjà arrivé et se précipite dans le monde pour en recevoir les louanges. Mais il ne réalise pas qu'il n'est qu'au début du voyage spirituel et qu'une tentation le guette, qui le fera bientôt tomber. Pape François, Audience générale du 28 février 2024.

Ec (Sirac) 14,9. L'homme jaloux n'est pas content de ce qu'il a, la cupidité dessèche l'âme.

Jc 4,2. Vous convoitez et ne possédez pas ? Alors vous tuez. Vous êtes jaloux et ne pouvez obtenir ? Alors vous bataillez et vous faites la guerre.

Saint Cyprien : "L'envie est la racine de tous les maux ; elle est une source de désastres, une pépinière de péchés, une matière à fautes. De là découle la haine, de là procède l'animosité. C'est l'envie qui enflamme la cupidité ; cet homme ne sait plus se contenter de ce qu'il possède parce qu'il en voit un autre plus riche que lui. C'est l'envie qui allume l'ambition à l'aspect d'un rival plus élevé en honneurs. .. De là les oppositions, les révoltes : l'envie va se transformer en orgueil ; elle fait d'un rival un pervers; et ce que l'on poursuit dans les autres, c'est moins la personne que sa fonction" (De Zelo et livore, VI).

Grégoire le Grand énumère ainsi les filles ou rejetons de la jalousie : «De la jalousie naissent la haine, le murmure malveillant, le dénigrement, la satisfaction de voir le prochain en difficulté, et la déception de le voir prospérer ». (Moral.,31, cap. 45).