La paresse

paresse Ce péché capital est bien plus que de rester au lit le matin lorsque le réveil sonne ou encore de remettre au lendemain ce que l’on pourrait faire le jour même. Il s’appelait autrefois l’acédie : « la tristesse du bien divin ». L’acédie est une sorte de dépression d'ordre spirituel, s'exprimant par le dégoût, l'abattement, le découragement, qui enlève tout intérêt pour la prière, les sacrements, la lecture de la parole de Dieu.

Saint Thomas ajoute une autre définition de l’acédie : le dégoût de l’action (pas d’effort). C’est l’envie de rien faire : fait-néant. Toutes nos actions ont une finalité qui nous rapprochent ou nous éloignent des autres et de Dieu. Le paresseux se replie sur lui-même dans l’ennui et la tristesse. Il ne fait que ce qu’il veut et cherche de multiples compensations à sa vie intérieure. Les plaisirs immédiats sont privilégiés au détriment de l’effort. La table (gourmandise) et l’écran sont les deux mamelles auxquelles est suspendu le paresseux. Le paresseux est souvent affalé devant son écran en train de picorer des cacahouètes.

Il ne faut pas confondre l’acédie avec la dépression qui a les mêmes symptômes : la mélancolie, la tristesse, l’envie de rien. La dépression est une maladie qui relève de la psychologie, l’acédie est un mal responsable. La difficulté est de déterminer où commence notre responsabilité. Le dépressif ne peut pas s’en sortir seul, l’acédique ne veut pas s’en sortir, il se complaît dans son mal-être. Mais l’acédie se greffe facilement sur les blessures.

L'acédie est définie comme le "démon de midi" : elle nous surprend au milieu de la journée, lorsque la fatigue est à son comble et que les heures à venir semblent monotones, impossibles à vivre. Dans une description célèbre, le moine Évagre représente ainsi cette tentation : « l’œil de celui qui est sous l’acédie cherche continuellement les fenêtres, et son esprit fantastique est habité de ses visiteurs. […] Quand il lit, celui qui est sous l’acédie bâille souvent et se laisse facilement gagner par le sommeil, il plisse les yeux, se frotte les mains et, détournant les yeux du livre, fixe le mur ; puis, les tournant à nouveau vers le livre, il lit encore un peu [...] ; enfin, baissant la tête, il dépose le livre en dessous, s’endort d’un sommeil léger, jusqu’à ce que la faim le réveille et le pousse à s’occuper de ses besoins » ; en conclusion, « celui qui est sous l’acédie n'accomplit pas avec sollicitude l'œuvre de Dieu »

Les lecteurs contemporains voient dans ces descriptions quelque chose qui rappelle beaucoup le mal de la dépression, tant d'un point de vue psychologique que philosophique. En effet, pour ceux qui sont saisis par l'acédie, la vie perd son sens, prier devient ennuyeux, toute bataille semble dénuée de sens. Même si nous avions nourri des passions dans la jeunesse, elles nous paraissent aujourd'hui illogiques, des rêves qui ne nous ont pas rendus heureux. Alors on se laisse aller et la distraction, l'absence de pensée, apparaissent comme la seule issue : on aimerait être hébété, avoir l'esprit complètement vide... C'est un peu comme mourir par anticipation, et c’est déplorable. Pape François, Audience générale du 14/02/2024.

Pr 6,6-11 Va vers la fourmi, paresseux ! Observe son comportement et deviens sage : elle n'a ni chef, ni inspecteur, ni supérieur; en été elle prépare sa nourriture, pendant la moisson elle récolte de quoi manger. Paresseux, jusqu'à quand resteras-tu couché? Quand te lèveras-tu de ton sommeil? Tu veux somnoler un peu, te reposer encore, juste croiser les mains pour dormir? Voilà que la pauvreté te surprend comme un rôdeur, et la misère comme un homme armé.

Pr 19,15 La paresse fait tomber dans l'assoupissement, Et l'âme nonchalante éprouve la faim.

Pr 19,24 Le paresseux plonge sa main dans le plat, Et il ne la ramène pas à sa bouche.

Pr 20,4 A cause du froid, le paresseux ne laboure pas; A la moisson, il voudrait récolter, mais il n'y a rien.

Pr 20,13 N'aime pas le sommeil, de peur que tu ne deviennes pauvre; Ouvre les yeux, tu seras rassasié de pain.

Pr 21,25 Les désirs du paresseux le tuent, Parce que ses mains refusent de travailler.