Le sacrement des malades

L'onction des malades, appelée chez les catholiques « extrême-onction » avant le concile Vatican II, et sacrement des saintes huiles chez les orthodoxes, est un sacrement des Églises catholique romaine, orthodoxes et anglicane. Plusieurs Églises évangéliques pratiquent aussi l'onction d'huile pour les malades, mais ne la considèrent pas comme un sacrement. L'onction est faite avec une huile bénite et est célébrée par un prêtre.

« Par l’Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église toute entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’Il les soulage et les sauve ; bien mieux, elle les exhorte, en s’associant librement à la passion et à la mort du Christ à apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu » (Vatican II – Lumen Gentium n° 11).

Origine

Ancien Testament

Administrée par le prêtre lors du sacrifice d’expiation, une onction spéciale contribue à réintégrer le lépreux guéri dans la communauté :

Lev 14,26-29 Le prêtre versera de l’huile dans le creux de sa main gauche et, de cette huile qui est dans le creux de sa main gauche, il fera avec son doigt sept aspersions devant Yahvé. Il en mettra sur le lobe de l’oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite, sur le gros orteil de son pied droit, à l’endroit où a été posé le sang du sacrifice de réparation. Ce qui lui reste d’huile dans le creux de la main, il le mettra sur la tête de celui qui se purifie en faisant sur lui le rite d’expiation devant Yahvé.

Nous avons ici une quadruple onction en plus des 7 aspersions. La dernière sur la tête marque l’effacement de l’impureté. L’huile appliquée sur l’oreille, le pouce, l’orteil ont une signification toute particulière : d’abord l’écoute, ensuite les actes, pour en arriver au principe même de cette nouvelle vie, la marque de la foi en Yahvé.

Nouveau Testament

Mt 4,23 Puis, parcourant toute la Galilée, Jésus enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Règne et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.

Jésus a manifesté la compassion de Dieu pour les hommes qui souffrent. Il guérissait l'homme tout entier, âme et corps, et fit participer ses disciples à son ministère de compassion et de guérison :

Mt 10,5 Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin des païens et n'entrez pas dans une ville de Samaritains ; 6allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. 7 En chemin, proclamez que le Règne des cieux s'est approché. 8 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

Mc 6,12 Ils partirent et ils proclamèrent qu'il fallait se convertir. 13 Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d'huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient.

Mc 16,17 Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, 18 ils prendront dans leurs mains des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, cela ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains à des malades, et ceux-ci seront guéris. »

Jacques associe l’onction des malades à la prière et à la confession des péchés.

Jc 5,13-16 Quelqu’un parmi vous souffre-t-il ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il joyeux ? Qu’il entonne un cantique. Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Église et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance.

Dans la Tradition

Tradition apostolique d’Hippolyte (vers 215) – Bénédiction de l’huile par l’évêque après la prière eucharistique « qu’elle procure le réconfort à ceux qui en goûtent et la santé à ceux qui en font usage ».

La superstition est vue comme une « infirmité » (IV ou V) siècle. « quand quelqu’un de ceux qui sont tombés dans cette grande infirmité se convertira, qu’on lui offre comme moyen de guérison, comme à celui qui est malade corporellement, l’huile de la prière bénite par les prêtres, l’eau de la prière ».

Au IIIe siècle, le rituel de l'onction des malades est employé principalement en vue de la guérison du corps, cette onction prend progressivement la forme du dernier sacrement des mourants (et plus seulement des malades), à partir notamment de l'époque carolingienne et de son association avec le viatique (dernière communion) et la dernière confession (in articulo mortis). On l'appellera alors extrême-onction.

    Le Concile de Trente (14ème session, novembre 1551) réaffirme la foi catholique face à la Réforme protestante.
  • que c’est un sacrement institué par le Christ. Et pas seulement un rite reçu par la tradition (on dit même que c’est le cinquième sacrement).
  • que le ministre « l’Ancien » évoqué par la lettre de St Jacques est un prêtre ou l’évêque et pas un membre âgé et respectable de la communauté.
  • Laisse entendre que ce n’est pas que le sacrement des mourants.
  • « On y déclare aussi que cette onction doit être faite aux malades, à ceux surtout dont l’état est si dangereux qu’ils semblent arrivés à la fin de leur vie, ce qui lui a fait aussi donner le nom de sacrement des mourants. Si les malades, après avoir reçu l’onction recouvrent la santé, ils pourront de nouveau recevoir l’aide et le secours de ce sacrement au cas où ils viendraient à tomber pareillement dans une situation critique pour leur vie ».

Le rituel

La constitution de 1972

Paul VI, Constitution apostolique Sacram unctionem infirmorum, 30/11/1972. Traduction à partir du site https://www.vatican.va/content/paul-vi/en/apost_constitutions/documents/hf_p-vi_apc_19721130_sacram-unctionem.html

L'Église catholique professe et enseigne que l'onction sacrée des malades est l'un des sept sacrements du Nouveau Testament, qu'elle a été instituée par le Christ et qu'elle est « évoquée dans Marc (Marc 6 : 13) et recommandée et promulguée » aux fidèles par Jacques, l'apôtre et frère du Seigneur. Si l'un d'entre vous est malade, dit-il, qu'il fasse venir les anciens de l'Église, et qu'ils l'oignent d'huile au nom du Seigneur et prient pour lui. La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le ressuscitera et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné (Jacques 5 : 14-15).

Depuis l'Antiquité, des témoignages de l'onction des malades se retrouvent dans la Tradition de l'Église, en particulier dans sa Tradition liturgique, tant en Orient qu'en Occident. À cet égard, il convient de noter particulièrement la lettre qu'Innocent Ier, notre prédécesseur, a adressée à Decentius, évêque de Gubbio, et la vénérable prière utilisée pour bénir l'huile des malades : "Envoyez, ô Seigneur, votre Saint Esprit, le Paraclet", qui a été inséré dans la prière eucharistique.

Au cours des siècles, dans la Tradition liturgique, les parties du corps du malade à oindre avec l'Huile Sainte ont été définies plus explicitement, de différentes manières, et diverses formules ont été ajoutées pour accompagner les onctions de prière, qui sont contenus dans les livres liturgiques de diverses Églises. Au Moyen Âge, dans l'Église romaine prévalait la coutume d'oindre les malades sur les cinq sens, selon la formule : « Per istam Sanctam unctionem et suam Piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus quidquid deliquisti », adaptée à chaque sens.

Par ailleurs, la doctrine concernant l'onction sacrée est exposée dans les documents des conciles œcuméniques, à savoir le concile de Florence et en particulier le concile de Trente et le concile Vatican II.

Après que le Concile de Florence eut décrit les éléments essentiels de l'onction des malades, le Concile de Trente déclara son institution divine et expliqua ce qui est donné dans l'épître de saint Jacques concernant l'onction sacrée, notamment en ce qui concerne la réalité et les effets du sacrement : « Cette réalité est en fait la grâce du Saint-Esprit, dont l'onction enlève les péchés, s'il en reste encore, et les restes du péché ; elle soulage et fortifie aussi l'âme des malades, éveillant en eux une grande confiance dans la miséricorde divine, grâce à laquelle, étant ainsi soutenu, ils supportent plus facilement les épreuves et les travaux de leur maladie, résistent plus facilement aux tentations du diable, « aux aguets » (Gen. 3, 15), et retrouvent parfois la santé corporelle, si cela est opportun pour la santé de l'âme. » Le même Concile a également déclaré que dans ces paroles de l'Apôtre, il est dit avec suffisamment de clarté que « cette onction doit être administrée aux malades, spécialement ceux qui sont dans un état tel qu'ils semblent avoir atteint la fin de leur vie, d'où on l'appelle aussi le sacrement des mourants. ». Enfin, il déclare que le prêtre est le propre ministre du sacrement.

Le Concile Vatican II ajoute ce qui suit : « L'Extrême-Onction, qu'on peut aussi et plus justement appeler Onction des malades, n'est pas un sacrement réservé à ceux qui sont sur le point de mourir. L'un des fidèles commence à être en danger de mort par maladie ou par vieillesse, le moment approprié pour qu'il reçoive ce sacrement est certainement déjà arrivé. Le fait que l'usage de ce sacrement concerne l'Église entière est démontré par ces paroles : « Par l'onction sacrée des malades et la prière de ses prêtres, toute l'Église recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, lui demandant d'alléger leurs souffrances et de les sauver (cf. Jacques 5, 14). Elle les exhorte en outre à contribuer au bien de tout le Peuple de Dieu en s'associant librement à la passion et à la mort du Christ (cf. Rom. 8, 17 ; Col. 1, 24 ; 2 Tim. 2:11-12; 1 Pt. 4:13)."

Tous ces éléments devaient être pris en considération dans la révision du rite de l'Onction Sacrée, afin de mieux adapter aux conditions actuelles les éléments qui étaient sujets à changement.

Nous avons cru bon de modifier la formule sacramentelle de manière à ce que, compte tenu des paroles de saint Jacques, les effets du sacrement puissent être mieux exprimés.

De plus, comme l'huile d'olive, qui jusqu'alors était prescrite pour l'administration valide du sacrement, est introuvable ou difficile à obtenir dans certaines parties du monde, nous avons décrété, à la demande de nombreux évêques, qu'à l'avenir, selon le certaines circonstances, on pourrait aussi utiliser une autre huile, à condition qu'elle soit obtenue à partir de plantes, dans la mesure où elle ressemble davantage à la matière indiquée dans les Saintes Écritures.

En ce qui concerne le nombre d'onctions et les parties du corps à oindre, il nous a semblé opportun de procéder à une simplification du rite.

C'est pourquoi, puisque cette révision touche sur certains points au rite sacramentel lui-même, nous déterminons, de notre autorité apostolique, que ce qui suit doit être observé à l'avenir dans le rite latin :

On administre le sacrement de l'onction des malades à ceux qui sont dangereusement malades, en les oignant sur le front et les mains avec de l'huile d'olive ou, si cela est opportun, avec une autre huile végétale, convenablement bénie, et en disant une seule fois les mots suivants : "PER ISTAM SANCTAM UNCTIONEM ET SUAM PIISSIMAM MISERICORDIAM ADIUVET TE DOMINUS GRATIA SPIRITUS SANCTI, UT A PECCATIS LIBERATUM TE SALVET ATQUE PROPITIUS ALLEVIET. « Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève ».

En cas de nécessité cependant, il suffit qu'une seule onction soit appliquée sur le front ou, en raison de l'état particulier du malade, sur une autre partie du corps plus appropriée, la formule entière étant prononcée.

Ce sacrement peut être répété si le malade, après avoir reçu l'onction, se rétablit puis retombe malade, ou si, au cours de la même maladie, le danger devient plus aigu.

Dans la pratique, le rituel opère une distinction entre les malades et les mourants. Pour les malades, nous sommes dans une pastorale qui s’organise autour de la visite des malades, autour de la communion des malades, autour de l’onction des malades. Pour les mourants, nous sommes globalement dans des situations où domine l’urgence.

Voir le site Liturgie et sacrements

Comme tous les sacrements, l’onction des malades est une célébration d'Eglise, qu’elle ait lieu en famille, à l’hôpital ou à l'église, pour un seul malade, ou tout un groupe. Elle peut être célébrée lors d'une messe. Les principales étapes :

  • Salutation ou rite de l’eau bénite
  • Préparation pénitentielle
  • Textes bibliques
  • Prière fraternelle. Intentions
  • Imposition des mains (en silence)
  • Prière sur l'huile
  • L’onction sur le front et sur les mains
  • Prière après l’onction. Intentions de prières
  • Notre Père
  • Communion, si elle a lieu
  • Bénédiction trinitaire

Qui peut recevoir le sacrement

Can. 1004 – § 1. L’onction des malades peut être administrée au fidèle qui, parvenu à l’usage de la raison, commence à se trouver en danger pour cause de maladie ou de vieillesse.

§ 2. Ce sacrement peut être réitéré si le malade, après guérison, tombe de nouveau gravement malade, ou si, au cours de la même maladie, le danger s’aggrave. Can. 1005 – S’il y a doute que le malade soit parvenu à l’usage de la raison, ou que sa maladie soit dangereuse, ou qu’il soit décédé, le sacrement sera administré.

Can. 1006 – Le sacrement sera donné aux malades qui, lorsqu’ils étaient conscients, l’ont demandé au moins implicitement.

Can. 1007 – L’onction des malades ne sera pas donnée à ceux qui persévèrent avec obstination dans un péché grave manifeste.

CEC 1515 Si un malade qui a reçu l’Onction recouvre la santé, il peut, en cas de nouvelle maladie grave, recevoir de nouveau ce sacrement. Au cours de la même maladie, ce sacrement peut être réitéré si la maladie s’aggrave. Il est approprié de recevoir l’Onction des malades au seuil d’une opération importante. Il en va de même pour les personnes âgées dont la fragilité s’accentue. Si la maladie s’aggrave, si une nouvelle maladie se déclare, au seuil d’une opération importante, le malade peut recevoir une nouvelle fois ce sacrement. Il en va de même pour les personnes âgées dont la fragilité s’accentue.

Peut-on donner l’onction des malades à une personne inconsciente ? D’une manière générale, l’Eglise demande la participation consciente du malade, pour recevoir ce sacrement. Toutefois, en cas de doute sur l’état de conscience du malade, ou en cas de danger de mort imminent, le prêtre est amené à discerner s’il doit conférer ou non ce sacrement.