Jésus SDF
Suivre Jésus au sens littéral, c’est accepter de devenir un sans domicile fixe, c’est apprendre à ne pas s’encombrer la vie avec des détails sans importance. Comment pourrait-on se mettre en route si notre corps et notre esprit sont surchargés de biens et de soucis matériels .
Avant même sa naissance, encore au chaud dans le ventre de sa mère, Jésus quitte déjà Nazareth pour se rendre en Galilée . La grossesse arrivant à son terme, Jésus naît dans une mangeoire à Bethléem :
Lc 2,7 « Elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans les salles d’hôtes. »
Les circonstances font de Jésus un sans-logis. Ce signe augure ce que sera sa vie publique : une route sans domicile fixe, une pauvreté matérielle afin de se rendre disponible pour sa mission, ainsi qu’une présence auprès des petits et des exclus. SDF riche de sa pauvreté, Jésus reconnaît d’ailleurs qu’il n’a pas d’oreiller où reposer sa tête :
Luc 9 58. Jésus lui dit : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête.»
Il invite ceux qui le suivent à ne pas se soucier du quotidien. Il faut certes manger, boire, dormir afin de nourrir et prendre soin de son corps, mais la vie est plus que cela :
Lc 12, 22. Puis il dit à ses disciples : « Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. 23. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.
Jésus souligne simplement que la satisfaction des besoins vitaux ne constitue pas une fin en soi. Ainsi, s’asseoir à une table, c’est d’abord accueillir l’ami ou l’étranger afin de partager et d’échanger. Bien sûr Jésus ne renie pas les plaisirs terrestres, puisqu’il transforme lui-même l’eau en un grand cru lors d’une noce (Jn 2,1-12). Cet agrément est au service de la convivialité et de la fête. N’est-il pas en effet plus important de se rendre disponible pour ses invités que de mettre les petits plats dans les grands ? Telle est la leçon que donne Jésus face à deux femmes dont l’une s’affaire et l’autre écoute :
Luc 10,38. Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. 39. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 40. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider. » 41. Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; 42. pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée. »
Que de choses futiles encombrent notre esprit et nous empêchent d’être à nous-mêmes et aux autres ! En tant que SDF, Jésus vit pleinement le temps présent sans se soucier du lendemain et nous invite à faire de même à travers cette leçon de sagesse :
Mt 6,34. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s'inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.