Hérésies

Le Credo affirme explicitement la divinité de Jésus (Voir : Introduction - Deux credos). Cette affirmation ressort des multiples controverses des premiers siècles de l'Eglise. Les hérésies qui ont fleuri au cours des siècles ont donné lieu à de nombreux débats qui ont permis à l’Église de définir et de structurer sa doctrine, tout particulièrement le credo.

Le gnosticisme

Cette hérésie recouvre de multiples ramifications. Centrée sur la notion de connaissance (« gnôsis » en grec), la gnose fonde le salut de l’homme sur une connaissance supérieure des choses divines, communiquée par révélation uniquement à des initiés, ainsi que sur un rejet de la matière, soumise aux forces du mal.

Le monde est vu comme une souillure, une prison créée par un créateur mauvais et régie par la chair. Dans cette prison, l’âme étouffe et oublie ses origines divines. Les gnostiques ont postulé l’existence d’un créateur mauvais pour tenter de donner une réponse au problème du mal. Pour les gnostiques, il existe un Dieu parfait, mais absolument étranger au monde : il a créé non pas le corps, mais l’esprit. Quant au créateur, le « démiurge », il est perçu comme inférieur, mauvais, voire ennemi de l’homme.

Puisqu’ils jugent la matière mauvaise, les gnostiques, ou du moins beaucoup d’entre eux, prônent une vie ascétique pour dégager l’âme de son emprisonnement : une vie solitaire, éloignée des tentations du monde et dédiée à la méditation intérieure. C’est ce que préconise par exemple l’Évangile (apocryphe) selon Thomas. (La Croix 2018/11/23).

D’une façon générale, les gnostiques croient que le salut s’obtient à travers une connaissance ésotérique, la gnose. Cette gnose révèle au gnostique sa véritable essence, c’est-à-dire une étincelle de l’Esprit divin qui habite dans son intériorité, laquelle doit être libérée du corps, étranger à sa véritable humanité. C’est seulement de cette façon que le gnostique revient à son être d’origine en Dieu, dont il s’était éloigné par une chute primordiale. https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2018-02/une-lettre-pour-rappeler-la-doctrine-du-salut-chretien.html

Le docétisme

Les docètes (en grec dokêtai, du verbe dokein : « paraître ») ont représenté une tendance hérétique dans le christianisme dès le Ier siècle : le Christ, au cours de sa vie terrestre, n'avait pas un corps réel mais seulement un corps apparent, comme celui d'un fantôme. Bien qu'on trouve dans le Nouveau Testament (dans la Ire Épître de Jean, 4, 2, par exemple) des allusions à ses premières manifestations, le docétisme reçut une élaboration plus ample au IIe siècle, du fait que les gnostiques, qui enseignaient que la matière est mauvaise, en firent un point important de leur doctrine. Il s'est en effet développé à partir de spéculations sur l'imperfection ou l'impureté fondamentale de la matière. Des docètes plus radicaux ont soutenu que le Christ était né sans aucune participation à la matière et que toutes les actions et les souffrances de sa vie, y compris la crucifixion, n'étaient que des apparences. Ils niaient donc la Résurrection et l'Ascension. D'autres, plus modérés, attribuaient au Christ un corps éthéré et céleste, mais manifestaient des opinions divergentes au moment d'établir dans quelle mesure ce corps participait aux actions et aux souffrances réelles du Christ. Le docétisme fut l'objet des attaques de tous les adversaires du gnosticisme, en particulier d'Ignace d'Antioche au IIe siècle. (Encyclopédie Universalis).

L’arianisme

Les disciples d’Arius affirmaient que le Fils de Dieu n’était pas Dieu ni égal à Dieu, mais une créature inférieure à Dieu. Le Fils, disaient-ils, n’est pas éternel, car étant né de Dieu, il n’existait pas avant d’être né. Ce monothéisme étroit rejetait les mystères centraux du christianisme, l’Incarnation et la Trinité.

La volonté d'Arius est de sauvegarder, dans la théologie trinitaire, l'originalité et la prééminence du Père. En effet, le Père est agénnètos, non engendré. Or les participes passés des ver­bes gennaô (engendrer) et gignomaï (naî­tre, devenir) ne se distinguaient pas nette­ment. Entraîné par ce lien très artificiel entre deux verbes de sens différents, Arius dit que le Père est non engendré et non devenu — ce qui est orthodoxe —; mais il en vient à proclamer que le Fils est non seu­lement engendré — ce qui est juste —, mais aussi devenu, c'est-à-dire qu'il n'a pas tou­jours été. "Engendré" indique qu’il n’est pas soumis à la génération qui est la nôtre, car avant sa naissance il existait déjà, tandis que nous-mêmes sommes "créés".

Le même participe (agénnètos), qui signifie en fait que le Père se distingue du Fils en tant qu'il est non engendré, per­met à Arius, à la faveur d'un glissement de sens, de dévaloriser le Fils en le subordon­nant radicalement au Père, en en faisant une sorte de créature du Père, même si cette créature a été créée avant tous les temps. La théologie trinitaire est ainsi faussée : le Fils, selon Arius, serait ontolo­giquement inférieur au Père, il ne serait pas vraiment Dieu.

Dans l'année 318, le prêtre Arius entre en conflit avec son évêque, Alexandre d'Alexandrie. Ce dernier réunit une cen­taine d'évêques d'Egypte et de Libye et avec eux, il anathémisa les erreurs d'Arius et l'excommunia.

Devant le succès de la doctrine du prêtre Arius, Constantin s'inquiète d’un schisme qui remettrait en question l'unité de l'empire. Il convoque lui-même un concile œcuménique à Nicée en 325 pour apaiser les esprits. À la suite de la condamnation de l'arianisme par le concile, l'empereur ordonne l'exil d'Arius.

Le concile de Nicée résolut le problème à l’aide d’un mot : le Fils est homoousios, c’est-à-dire de même nature que le Père. Bien que distinct de lui, il n’est qu’un seul Dieu avec lui.

Pélagianisme

Saint Augustin mettra en sa plume et son talent au service de l’Église pour combattre la première hérésie née en Occident : le pélagianisme. C’est un moine anglo-celte, né en Grande-Bretagne ou en Irlande, Pélage, qui, entre 400 et 410, va propager sa doctrine autour du bassin méditerranéen. Cette doctrine se fondait sur la possibilité pour l’homme de se sauver par sa seule volonté. C’était donc nier le pouvoir de la grâce et la nécessité des sacrements. Par la suite, Pélage ira jusqu’à réfuter la réalité du péché originel, l’inclinaison de l’homme au péché venant de l’habitude et, donc, du manque de volonté. De fait, le sacrement du baptême devenait totalement inutile.

Le concile d'Orange de 529, est un concile régional qui est présidé par l'archevêque d'Arles, Césaire d'Arles. Ce concile condamne le semi-pélagianisme et donne une formulation théologique de la grâce telle qu'elle avait été prônée par Augustin d'Hippone, contre ceux qui, comme Jean Cassien, Faust de Riez et Vincent de Lérins, donnaient un rôle plus important au libre arbitre.

Voir le texte du Concile.

Nestorianisme

Hérésie de Nestorius, évêque de Constantinople (v. 380-451) qui essaye d’expliquer les deux natures dans le Christ, pour cela il affirme l’existence de deux personnes, l’une divine, le Fils du Père, l’autre humaine, le fils de Marie. Nestorius pensait que le titre théotokos (mère de Dieu) allait produire de la confusion. Il a préféré appeler Marie « Christotokos », porteuse du Christ ou mère du Christ. Par ce titre, Nestorius voulait affirmer que Marie n’a pas donné naissance au Fils de Dieu, mais à l’homme Jésus. Il disait qu’une femme ne pouvait pas porter en elle la divinité pendant neuf mois. Il disait que Dieu ne pouvait ni porter des couches, ni souffrir, ni mourir. La question sera résolu au concile d’Ephèse en 431 et Marie recevra le titre de théotokos, cad, mère de Dieu, celle qui a mise au monde Dieu.

Monophysisme

Les monophysites affirment que Jésus Christ n’a qu’une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, Selon ce concile, Jésus-Christ est à la fois vrai Dieu et vrai homme en «une seule personne et deux natures, sans confusion».

Voir l'étude sur Marie, mère de Dieu