Le genre et le transsexualisme

Le sexe définit l’appartenance à une des deux catégories biologiques qui dérivent de la dyade originaire, femme et homme. En revanche, le genre est la manière dont on vit, dans chaque culture, la différence entre les deux sexes.

(Jean Matos) Le concept de genre est né aux États-Unis dans les années 70. Des courants féministes radicaux vont chercher à dénaturaliser la différence sexuelle puisqu’elle engendre de l’inégalité. Selon eux, l’identité sexuelle de chacun résulte uniquement d’une construction porteuse de stéréotypes sexués (au sein d’une culture), elle n’est pas déterminée par le sexe biologique inscrit dans le corps humain : chacun doit ainsi pouvoir s’émanciper de sa corporéité (sexe) pour construire son identité (genre) selon ses désirs, quitte à assumer un genre qui ne coïncide pas avec son sexe.

Le problème réside en une séparation entre sexe et genre. De cette séparation découle la distinction entre diverses « orientations sexuelles » qui ne sont plus définies par la différence sexuelle entre homme et femme, mais peuvent prendre d’autres formes, déterminées seulement par l’individu radicalement autonome, par l’envie personnelle.

Le principe de la théorie du genre s’appuie sur la distinction radicale chez la personne humaine entre son sexe biologique et son identité sexuelle. Si le sexe biologique est déterminé dès la naissance, l’identité sexuelle est le fruit d’un climat culturel et d’un conditionnement social. Le garçon qui joue avec un camion et la petite fille avec une poupée serait ainsi le résultat de représentations sociales et culturelles transmises, sans relation avec le sexe biologique. L’être humain doit donc demeurer libre de construire sa propre identité sexuelle.

Le but de la théorie du genre est donc de « libérer » l’individu de tout cadre normatif donné par la nature, la société, la tradition, la religion et de permettre à chacun de choisir librement son identité, son orientation sexuelle et sa forme de famille.

L’identité humaine est laissée à une option individualiste, qui peut même évoluer dans le temps. Or, « c’est du sexe que la personne humaine reçoit les caractères qui, sur le plan biologique, psychologique et spirituel, la font homme et femme, conditionnant par-là grandement son acheminement vers la maturité et son insertion dans la société.

Il est vrai qu’il y a des hommes qui se sentent mal dans leur peau d’hommes et des femmes qui se sentent mal dans leur peau de femme. Ce mal être n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est l’affirmation que tout est culturel, ce qui est bien évidemment faux. Nous naissons masculin ou féminin, sauf bien sûr les cas d’intersexuation.

Il faut certes combattre les stéréotypes du style : les garçons ne doivent pas pleurer ou les filles n’ont pas le sens de l’orientation, mais il faut surtout éduquer les jeunes à devenir ce qu’ils sont. Deviens ce que tu es ! L’erreur de la théorie du genre est de faire croire qu’en naissant biologiquement fille, on pourra vivre comme un homme et vice versa. La médecine et la psychologie aident à vivre la dysphorie de genre, mais n'accomplissent pas la mutation.

À lire : Peut-on disposer de son corps ?

Ces personnes souffrent, mais pas seulement du regard que la société porte sur elles. Elles souffrent parce qu’elles sont nées dans un corps qui ne leur ressemble pas et traversent un cheminement médical et hormonal très violent, confrontées à des problématiques très dures sur le plan affectif. L’enjeu est d’entendre cette souffrance mais en sortant du mythe qu’il est possible de s’autodéterminer... Il est urgent de se saisir de ces questions ; urgent également de former les personnes en charge de l’éducation affective et sexuelle. Il faut arrêter un enseignement un peu « fleur-bleue » et intégrer les questions de la puberté difficile, de la recherche sexuelle. La dysphorie de genre porte en elle une haine du corps reçu. Il est urgent de comprendre l’origine de cette haine et de redire la bonne nouvelle qu’est le corps humain. Pauline Quillon. https://dioceseparis.fr/la-theorie-du-genre-en-10-29379.html

En fait, le débat est très mal posé. Il ressemble à un conflit entre des gentils et des méchants, chacun considérant les autres comme les méchants. Finalement, nous ne pourrons avancer qu’en nous mettant profondément à l’école des saints. Saint Maximilien Kolbe disait : « Sois attentif à la part de vérité qui se cache, comme un trésor qui t’appartient, au cœur de l’erreur de l’autre. » Sois attentif aussi à l’erreur qui se cache peut-être chez toi ! Les chrétiens qui s’engagent dans le débat sont bien conscients du trésor inestimable de la différence des sexes : la Bible et la tradition chrétienne l’enseignent. Je crois que, pour un engagement vrai et efficace, il est utile de distinguer ce qui, dans la théorie du genre, sonne juste, et l’idéologie par laquelle certaines personnes, en poussant à l’extrême des tendances modernes, risquent de créer beaucoup de désordre et de violence en perdant de vue une différence qui structure et fonde l’unité de l’humanité. Antoine Guggenheim. https://dioceseparis.fr/la-theorie-du-genre-en-10-29379.html

L’évidence première de l’expérience humaine montre que le corps de la personne, donné dans la génération, est sexué. Cependant, la personne est complexe. Il y a en elle le registre de la vie du corps (sexe biologique, objet de la science biologique), de la vie affective et symbolique (« genre » au sens psychologique et social, objet des sciences humaines et sociales) et de la vie morale et spirituelle (objet de la philosophie et de la foi). Cette dernière est la plus oubliée aujourd’hui et permet d’unifier les deux premiers registres dans la recherche de l’amour. Michel Boyancé. Voir le lien dans la bibliothèque.

Déclaration sur la dignité humaine (Magistère, 2 avril 2024)
Théorie du genre

55. L'Église souhaite avant tout « réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter ‘‘toute marque de discrimination injuste” et particulièrement toute forme d’agression et de violence ». C'est pourquoi il faut dénoncer comme contraire à la dignité humaine le fait que, dans certains endroits, de nombreuses personnes soient emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle.

56. En même temps, l'Église souligne les points fortement critiques présents dans la théorie du genre (gender). À cet égard, le pape François a rappelé que « la voie de la paix exige le respect des droits humains, selon la formulation, simple mais claire, contenue dans la Déclaration Universelle des Droits Humains dont nous venons de célébrer le 75ème anniversaire. Il s’agit de principes rationnellement évidents et communément acceptés. Malheureusement, les tentatives tentées ces dernières décennies d’introduire de nouveaux droits qui ne sont pas pleinement importants par rapport à ceux initialement définis et pas toujours acceptables, ont suscité des colonisations idéologiques, parmi lesquels la théorie du genre joue un rôle central, qui est très dangereuse parce qu’elle efface les différences dans la prétention de rendre tous égaux ».

57. En ce qui concerne la théorie du genre, dont la consistance scientifique fait l'objet de nombreux débats au sein de la communauté des experts, l'Église rappelle que la vie humaine, dans toutes ses composantes, physiques et spirituelles, est un don de Dieu, qui doit être accueilli avec gratitude et mis au service du bien. Vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme don, ne signifie rien d'autre que céder à la tentation séculaire de l'être humain se faisant Dieu et entrant en rivalité avec le vrai Dieu d'amour que nous révèle l'Évangile.

58. Un deuxième aspect de la théorie du genre est qu'elle cherche à nier la plus grande différence possible entre les êtres vivants : la différence sexuelle. Cette différence fondatrice est non seulement la plus grande que l'on puisse imaginer, mais aussi la plus belle et la plus puissante : elle réalise, dans le couple homme-femme, la plus admirable réciprocité et est donc à l'origine de ce miracle qui ne cesse de nous étonner, à savoir l'arrivée de nouveaux êtres humains dans le monde.

59. En ce sens, le respect de son propre corps et de celui d'autrui est essentiel face à la prolifération et à la revendication de nouveaux droits avancés par la théorie du genre. Cette idéologie « laisse envisager une société sans différence de sexe et sape la base anthropologique de la famille ». Aussi est-il inacceptable que « certaines idéologies de ce type, qui prétendent répondre à des aspirations parfois compréhensibles, veulent s’imposer comme une pensée unique qui détermine même l’éducation des enfants. Il ne faut pas ignorer que “le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés” ». Par conséquent, toutes les tentatives visant à masquer la référence à la différence sexuelle inéliminable entre l'homme et la femme doivent être rejetées : « nous ne pouvons pas séparer le masculin du féminin dans l’œuvre créée par Dieu, qui précède toutes nos décisions et nos expériences, où il y a des éléments biologiques évidents ». Ce n'est que lorsque chaque personne humaine peut reconnaître et accepter cette différence dans la réciprocité qu'elle devient capable de se découvrir pleinement, avec sa dignité et son identité propres.

Changement de sexe

60. La dignité du corps ne peut être considérée comme inférieure à celle de la personne en tant que telle. Le Catéchisme de l'Église Catholique nous invite expressément à reconnaître que « le corps de l’homme participe à la dignité de l’“image de Dieu” ». Une telle vérité mérite d'être rappelée, surtout lorsqu'il s'agit de changement de sexe. L'être humain est en effet inséparablement composé d'un corps et d'une âme, et le corps est le lieu vivant où se déploie et se manifeste l'intériorité de l'âme, y compris à travers le réseau des relations humaines. Constituant l'être de la personne, l'âme et le corps participent ainsi à cette dignité qui caractérise tout être humain. À cet égard, il faut rappeler que le corps humain participe à la dignité de la personne, dans la mesure où il est doté de significations personnelles, en particulier dans sa condition sexuée. C'est en effet dans le corps que chaque personne se reconnaît comme engendrée par d'autres, et c'est à travers leur corps que l'homme et la femme peuvent établir une relation d'amour capable d'engendrer d'autres personnes. Sur la nécessité de respecter l'ordre naturel de la personne humaine, le pape François enseigne que « la création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout l’accepter et la respecter comme elle a été créée ». Il s'ensuit que toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu'une personne a reçue dès le moment de la conception. Cela n'exclut pas la possibilité qu'une personne présentant des anomalies génitales qui sont déjà évidentes à la naissance ou qui se développent plus tard, choisisse de recevoir une assistance médicale afin de résoudre ces anomalies. Dans ce cas, l'opération ne constituerait pas un changement de sexe au sens où on l'entend ici.