Émergence de la conscience et du corps social

    La conscience de soi

  • Naissance du langage avec l’homosapiens vers -100 000. L’écriture apparaît vers -4000. L’être humain va exprimer son ressenti. Il va codifier et structurer ses relations.
  • Prise de conscience du bien et du mal. Soif de justice.
  • Questionnement sur les forces de la nature. Personnification de ces forces. L’homme a trouvé dans la nature une matrice du sacré, où le divin s’est progressivement incarné dans des dieux et déesses. Grâce aux divinités qu’il s’est imaginées, l’homme explique les phénomènes naturels, il raconte les histoires où il se fabrique une place, il construit des mythes pour pérenniser son destin, il façonne les héros donnant l’exemple de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. https://institut-iliade.com/les-divinites-europeennes-de-la-nature/
  • Boyer propose que les concepts religieux émergent « naturellement » des modules cognitifs humains — détection d’agents, théorie de l’esprit, mémoire causale — qui sont « réutilisés » pour produire représentations de personnages surnaturels, d’esprits ou d’ancêtres. Autrement dit, la propension à inférer des agents invisibles, à faire des raisonnements téléologiques et à retenir des récits contre-intuitifs favorise la diffusion de croyances religieuses. Cette perspective explique la similarité structurelle des idées religieuses à travers les cultures. https://sackett.net/BoyerReligionExplained.pdf
  • Prise de conscience de ne pas être un "animal" comme les autres.
  • Les religions répondent aux questions fondamentales des origines, de la mort, du sens de la vie, à travers des mythes. Les mythes nous disent d’où vient le monde et comment il fonctionne, le pourquoi des cycles et des saisons. Ainsi, pour les anciens Grecs, Gaïa la terre, sortie d’une profonde crevasse en compagnie de Chaos et d’Eros, est source de la vie. Elle enfanta seule Ouranos, le ciel, Pontos, les flots, Ouréa, les montagnes et toutes les nymphes. Chez les Slaves, l’union de Jarilo, dieu des forces vitales de la Nature et de sa sœur Morana, divinité de la fertilité de la terre, symbolise le rythme des saisons. Alors que Jarilo est tué pour son infidélité, sa femme endeuillée se transforme en déesse du froid et de l’hiver. Lorsque son mari renaît, Morana se radoucit, le printemps revient, jusqu’à la prochaine infidélité. Cette permanence se retrouve avec la déesse grecque Perséphone : lorsqu’elle rejoint son époux Hadès aux Enfers, l’hiver s’installe sur Terre. À son retour aux côtés de sa mère Déméter, reviennent le printemps, la fertilité et l’abondance. https://institut-iliade.com/les-divinites-europeennes-de-la-nature/
    Le corps social

  • Naissance du couple et des premières sociétés avec le néolithique vers -10 000. Prise de conscience de la mort d’un être cher.
  • Des résultats, déjà anciens, à prendre en compte ici tout d’abord sont ceux de fouilles dirigées au Liban, en Syrie et en Turquie par Jacques Cauvin, archéologue et préhistorien français (décédé en 2001). Sur base des vestiges mis au jour, ce scientifique propose la chronologie suivante :
    • vers 12 000 avant notre ère : apparition d’une nouvelle culture (appelée le Kébarien géométrique) caractérisée par un début de stabilité de l’habitat (préfigurant les villages) et l’apparition des premiers outils de mouture et de broyage en pierre ;
    • vers 10 200 avant notre ère : apparition des premiers villages (culture natoufienne) ;
    • vers 8 200 avant notre ère : apparition de représentations de la Déesse-mère et du Taureau ;
    • vers 8 000 avant notre ère : début d’une économie agricole, résultant d’une initiative culturelle.
    Sa thèse est donc que la révolution mentale a précédé le début de l’agriculture, lors de la transition vers le Néolithique eurasiatique. Voici ce qu’il écrit à ce sujet : « Nous avons montré depuis que des bouleversements idéologiques, une sorte de ‘Révolution de symboles’, avait précédé […] les débuts de l’économie agricole. »

    « Un événement s’est produit, et il est de nature psychique. Nous l’avons défini comme une déchirure nouvelle au sein de l’imaginaire humain entre un ‘haut’ et un ‘bas’, entre un ordre de la force divine personnifiée et dominatrice et celui d’une humanité quotidienne dont l’effort intérieur vers cette perfection qui le transcende peut être symbolisé par les bras levés des orants. […]. Une topologie verticale s’instaure alors dans l’intimité même du psychisme, où l’état initial d’angoisse peut se muer en assurance au prix d’un effort mental ascensionnel vécu comme un appel à une instance divine extérieure à l’homme et plus élevée que lui. Ce ‘culte’ est ici l’autre face d’une misère quotidiennement ressentie. Pouvoir du dieu et finitude humaine sont les deux pôles solidaires de cette dramaturgie inédite qui s’est installée au cœur de l’homme. »
  • La pensée symbolique - une véritable rupture mentale et comportementale - serait apparue en Europe au paléolithique supérieur (il y a environ 40 000 ans). Il s’agit d’un véritable bouleversement culturel qui permet à l’être humain d’exprimer des concepts abstraits. Grâce à la force de son imagination, l’homo religiosus développe sa pensée symbolique, commence à penser l’invisible, et forge l’identité humaine. Sa capacité à donner un sens au réel lui permet de réinventer son monde et de tracer les frontières du sacré.
    Des valeurs morales

  • Les religions proposent des points de repère éthiques (loi du Talion en Mésopotamie, décalogue dans la Bible).
  • Les premières traces attestées de panthéons et de cérémonies religieuses remontent au néolithique, il y a quelque 10 000 ans. Les vestiges de statuettes, masques et grigris de cette époque renvoient à des pratiques polythéistes et animistes. Dans ces cultes, les forces spirituelles agissent sur la nature, et parfois même punissent ou récompensent les hommes en fonction de leur conduite. « Ces religions primitives ne se réduisent pas à des croyances générales sur l’esprit et les dieux, insiste le sociologue Jean-François Dortier, auteur de L’Homme, cet étrange animal (Sciences Humaines). Elles définissent un cadre moral qui s’impose à la communauté, des règles de vie, et des rites propitiatoires pour se faire pardonner quand on y a dérogé, ainsi que des intercesseurs permettant de faire le lien avec le sacré, qu’ils soient chamane, devin ou prêtre. » En somme, c’est tout une organisation sociale que règlent ces pratiques rituelles. Revue "Ça m’intéresse".

Liens

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Suite : la structuration religieuse.