Marie Mater unitatis

De l’anthropologie de la filiation.
Marie, « typos » du Peuple de Dieu et de l’humanité en marche.

Père Marc RAVELONANTOANDRO
UCM Madagascar
Coopérateur en Pastorale, Enseignant-chercheur, académicien
Mail : marcravelonantoandro@gmail.com
www.ucm.mg

Résumé

Notre étude se situe dans les domaines de l’anthropologie théologique et de la dogmatique. Le Christ, « l’homme parfait » (GS 22) en est les points de départ et d’arrivée. Alors, le discours sur sa Mère, notamment sur la Theotokos (la Maternité divine) se réfère à la christologie trinitaire. Notre objectif dans cet article consiste à élaborer une théologie mariale dans laquelle l’esprit, la foi et l’expérience de foi des Malgaches trouvent effectivement leur place incontournable dans l’histoire de la Grande Ile. D’ailleurs, la Mère (« Reny » en Malgache) constitue l’un des éléments principaux de notre identité culturelle. Nous nous demandons s’il ne serait pas temps de rehausser nos valeurs et notre foi sur la table des discours scientifiques internationaux. Nous essayerons donc de conjuguer notre expérience de foi et la vie même de l’Église avec les données de la Révélation et de l’enseignement du Magistère universel. Pour ce faire, en plus des références et approches diachroniques classiques, nous utiliserons quelques textes du Magistère local, entre autres le « Ankalazao ny Tompo – Louez le Seigneur » (livre liturgique), « Nampihavaniny Aminy isika – Il nous a réconciliés avec Lui) (livre catéchétique) et quelques lettres pastorales. Nous signalons que Marie est la première patronne de Madagascar, elle est la « Mater Unitatis » du peuple Malgache.

Mots-clés : « Ankalazao ny Tompo – Louez le Seigneur », foi, Marie, Mater, Theotokos

Abstract

Our study lies between the fields of theological anthropology and the dogmatic. Christ, “the perfect man” (GS 22) is the starting and ending points. So, the discourse on his Mother, in particular on the “Theotokos” (divine Motherhood) refers to trinitarian Christology. Our objective in this article is to develop a Marian theology in which the spirit, faith and believer’s experience of the Malagasy people find effectively their essential place. Moreover, the Mother (“Reny” in Malagasy) constitutes one of the main elements of our cultural identity in the history of the Great Island. We wonder if it might not be time to raise our values and our faith on the table of international scientific discourses. We will therefore try to combine our experience of faith and the very life of the Church with the data of Revelation and the teaching of the universal Magisterium. To do this, in addition to classic diachronic references and approaches, we will use some texts from the local Magisterium, among others the “Ankalazao ny Tompo” (liturgical book), “Nampihavaniny Aminy isika” (catechetical book) and some pastoral letters. We point out that Marie is the first patroness of Madagascar, she is the “Mater Unitatis” of the Malagasy people.

Keywords: “Ankalazao ny Tompo – Praise the Lord”, faith, Mary, Mater, Theotokos

Introduction

Après avoir défini la vérité de foi sur la Maternité divine de la Vierge Marie, Theotokos en 435 (1), le Magistère a continué à donner des textes d’enseignement sur le mystère de la Mère du Seigneur. Au cours des siècles les Papes n’ont pas cessé d’écrire des textes sur la théologie mariale (2). Le concile Vatican II a bien déterminé que le mystère de Marie est en lien avec celui de Jésus Christ et de l’Église (cf. LG, ch.8, 52-69) (3). C’est la raison pour laquelle le fil conducteur du présent article consiste à présenter la figure de Marie en tant qu’archétype de la filiation parfaitement réalisée, en tant qu’« image de la création transfigurée » (RV 6) (4). Si l’existence humaine et chrétienne, appelée par L.-M. Chauvet comme « l’archi-sacramentalité » (5) du projet divin est une tension vers l’accomplissement de l’homme en Dieu (la filiation adoptive dans le Christ) (6), le parcours spécifique (7) de la Mère du Sauveur est devenu un modèle à imiter, à penser et à enseigner.

Nous n’allons pas décrire le contexte duquel est partie notre inspiration et dans lequel s’est développée notre réflexion. Seulement, nous nous demandons quel discours valide et légitime pourrions-nous proposer aux Malgaches ayant la Vierge Marie comme patronne de sa chère partie et comme sa « Mater Unitatis » ? Et nous pensons que la réalisation du dessein de Dieu selon les promesses après la chute de nos premiers parents (8) (cf. LG 55 ; CEC 489 ; 484) fait émerger l’importance de notre liberté à nous approprier l’appel filial prononcé par le Père. Marie, par son « fiat » (oui- ou « eny » en malgache), se présente comme l’archétype, le « typos » de l’humain totalement disponible à participer avec foi et charité à ce projet insondable de Dieu. De même, c’est le « fiat » prononcé librement lors de notre baptême, qui nous permet d’être témoins, nous aussi, dans la foi, car nous sommes devenus « fils (zanaka) dans le Fils » (cf. Ep 1,4-5), enfants de Dieu.

Ce qui caractérisera notre méthode dans cette réflexion mariale, c'est l'insertion du Magistère de l'Église locale à Madagascar dans un discours dogmatique sur Marie. Il s'agit d’analyser les livres liturgiques, catéchétiques et pastoraux malgaches en les considérant comme des références nécessaires quand on s’adresse aux enfants de la Grande Ile. Citons entre autres le « Vavaka isan'andro » (VIA) ou Prière du temps présent en version malgache, le « Nampihavaniny Aminy Isika » (NAI) ou « Il nous a réconciliés avec Lui », ainsi que quelques lettres pastorales du feu Cardinal Armand Gaëtan Razafindratandra dans les années 90.

Nous essayerons d’abord de démontrer l’itinéraire de la foi et de la vocation de Marie. Ensuite, nous présenterons comment et pourquoi Marie peut être appelée « Mère des croyants », avant de montrer qu’elle est la « Mater Unitatis » - « la Mère qui ré-unit ».

I. L’itinéraire de la foi de Marie et de sa vocation

Marie, Mère de l’Unique Sauveur devient éducatrice et étoile de l’Espérance dans la mesure où par son « fiat-oui-eny », en l’accomplissant, elle actualise et transcende même la foi biblique (abrahamique) (9). Elle est éducatrice de Jésus, unique Espérance du monde, car pendant neuf mois, le Logos incarné a grandi et s’est développé selon le processus normal du genre humain (10) en son sein maternel. Ensuite, selon la tradition juive, avant sa douzième année, un enfant juif apprend la Torah, les Prophètes et les Sapientiaux à la maison, c’est-à-dire sous l’égide de ses parents, cela ne fait que renforcer le lien intime entre Marie et Jésus son Fils unique (cf. CEC 487). Enfin, avant sa vie publique, Jésus a partagé au sein de la Sainte Famille les joies et les peines de la vie présente. Bref, « de Marie, nous apprenons la disponibilité à la Parole et la fidélité à notre vocation » (RV 24).

Nous essayons de voir la foi de Marie à travers sa figure décrite par le texte de Ave Maris Stella (11) : choisie Mère du Messie, devenue « Mère des croyants », Marie est modèle de notre processus de filiation, de par ses qualités prophétiques et mystiques.

1. Marie selon la tradition lucanienne : l’attente et l’accueil du Messie

Le texte de l’hymne Ave Maris Stella est une prière qui date de VIIe -IXe siècle. C’est un hymne à Marie. Le sujet auquel s’adressent donc les paroles est certainement Marie, du début à la fin de la prière. Mais quel type de personnage est Marie selon l’hymne ? En analysant les neuf passages évangéliques lucaniens cités dans l’hymne (12), avec le mouvement langagier de la prière, on pourrait dire que Marie est une véritable « Maris Stella » ou l’Étoile de la mer. Comme « les saintes femmes d’Israël », entre autres Sarah, Anne, Déborah, Ruth, Judith, Esther (CEC 489) et « les humbles et les pauvres du Seigneur » (LG 55) notamment Siméon et Anne, elle attendait et espérait le Messie dans la prière et la confiance. « Lorsque est venue la plénitude des temps (Ga 4, 4) (13), celui-ci arrivât, et en acceptant librement d’être sa Mère, c’est-à-dire en acceptant avec foi la joie et les douleurs y afférentes, elle devient son « associée » (LG 61).

Il fut annoncé de tous les prophètes,
La Vierge Mère l’attendait et le portait dans
Son sein avec un amour ineffable
Jean Baptiste proclamait sa venue
Et indiquait sa présence dans le monde (14).

Appelée dorénavant la Mère du Messie-Fils de Dieu, elle joue principalement le rôle maternel de la nouvelle famille née au pied de la Croix. Cette famille avait d’abord son germe pendant la vie publique de son fils Jésus, elle était ensuite officialisée comme telle au pied de la Croix, et finalement a commencé sa mission à partir de la Pentecôte. I. Siviglia a parlé de la Maternité universelle qui se rapporte à l’universalité du salut de son Fils. Il dit que « les deux [Jésus et Marie] forment une seule réalité dans l’abandon à la volonté du Père, en vue de la réalisation de l’économie salvifique, chacun avec la spécificité de sa mission » (15). De même, A. Begasse de Dhaem parlait autrement de la maternité universelle de Marie en la considérant comme « mère de l’humanité ». « La filiation divine de tout homme, et non seulement de tout disciple de Jésus, serait par conséquent double : par rapport au Père et par rapport à la mère de Jésus, mère de Dieu et mère des hommes » (16), disait-il.

Après l’ascension du Seigneur, comme elle a déjà reçu effectivement la puissance l’Esprit Saint par son « ombre » lors de l’Annonciation (17), elle demandait avec les apôtres le don de l’Esprit pour la nouvelle famille des croyants dont elle est la Mère. « Avec les Apôtres, d’un seul cœur Marie priait pour les dons de l’Esprit Saint » (Actes 1,14). Avec elle, la nouvelle famille, qu’est l’Église, nouvellement constituée s’est formée donc dans un esprit de partage, de communion et de prière. Elle s’appelle maintenant Mère commune ou Mater de la « koinònia », notamment la Mère de la Communion (18).

Par l’œuvre de l’Esprit Saint,
Elle a conçu ton Fils unique
Et toujours intacte dans sa gloire virginale
Elle a projeté au monde la Lumière éternelle,
Jésus Christ notre Seigneur (19).

À l’exemple du Peuple de l’Ancienne Alliance qui attendait avec tant d’espérance la venue du Messie, la nouvelle famille se formant en un Peuple de la nouvelle et éternelle Alliance attendait au Cénacle, dans la foi et les prières intenses, la venue de l’Esprit Saint. Ce concept de l’attente va de pair avec celui de l’espérance ; leur point de rencontre se trouve dans la réalisation de la promesse, c’est-à-dire dans la venue de Dieu qui se donne en envoyant son propre Fils (pour l’attente messianique) et par la descente de son Esprit (lors de la Pentecôte). Comme Marie déployait sa foi dans cette double attente du Seigneur et de son salut, l’Église la considère comme « modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (LG 63).

2. Marie selon l’enseignement johannique : archétype des pèlerins de la filiation

En commentant la prière Ave Maris Stella, le Pape Benoit XVI a cité quatre références johanniques : Jn 1,14 ; 14,27 ; 16,33 ; 19, 26. À partir de ces versets ainsi que de l’enseignement du Pape, nous essayons de montrer que, à l’instant de l’Annonciation où « Dieu se fait chair, devint l'un de nous, planta sa tente au milieu de nous » (cf. Jn 1,14) (20), les attitudes de Marie peuvent être considérées comme celles de l’archétype de tous ceux qui sont en quête de l’union filiale avec le Père éternel dans le Fils et par l’Esprit. En effet, la foi de Marie est caractérisée par deux éléments principaux, à savoir l’aspect méditatif ou mystique qui est inséparable de l’autre qu’est l’élément prophétique (21). Ses attitudes méditatives et prophétiques ont été manifestes lorsqu’elle conservait dans son cœur les événements de son Fils (22), depuis son silence et son effacement après Cana (Jn 2,1-12), jusqu’au pied de la Croix (Jn 19, 25-27) où elle a été confirmée comme « la Mère de Dieu, Mère du Christ et Mère des hommes, des croyants en premier lieu » (cf. supra LG 54).

De ce fait, l’icône de Marie au pied de la Croix (23) répond au drame de l’homme contemporain qui n’arrive pas à trouver une réponse à la tragédie de la souffrance et de la douleur. La kénose de Marie au pied de la Croix, associée à celle de son Fils qui a choisi la voie descendante de l’anéantissement total pour rejoindre l’humanité victime de la fragilité et de la corruption des péchés (cf. Phil. 2, 6-11), est une descente maternelle à l’abîme du souffrir pour accompagner son Fils qui par sa mort sur la Croix a conduit les hommes rachetés au Père par la voie ascendante et glorieuse de la Résurrection (24).

Les événements, selon la prophétie de Siméon lors de la présentation au Temple, ont bien montré que le monde des ténèbres refuse carrément la Lumière. Marie en est consciente. Elle a déjà bien médité la Parole pleine d’espérance de son Fils disant : « Ayez confiance : moi je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33) et « Ne soyez donc pas bouleversés ni effrayés » (Jn 14,27).

À la fin de sa mission terrestre, sur la Croix avant de mourir pour le salut du monde entier, son Fils lui a donné la mission d’être la Mère du disciple bien-aimé (25). Il a dit : « Femme, voici ton fils » (Jn 19,26). Il s’agit d’une Maternité spirituelle universelle, car « ce n’est plus Jésus, mais le disciple désormais qui sera son fils » (26). « La maternité de Marie qui devient l’héritage de l’homme est un don, que le Christ lui-même fait à chaque homme » (27).

Le livre « Ankalazao ny Tompo » - Prière du Temps Présent en Malgache présente un magnifique hymne intitulé « une voix qui t’appelle ».

Une voix t’appelle
Écoute Marie !
Voici la Parole du Seigneur prononcée par le prophète :
« Le descendant de la femme détruira le Malin ».
Celle qui a été choisie comme sa Mère, c’est toi.
Es-tu prête à croire le dessein du Seigneur ? (VIA 382) (28).

L’itinéraire de la foi et de la vocation de Marie nous aide à prendre en main notre vie et notre foi, c’est-à-dire notre processus de la filiation adoptive ou vocation filiale. D’une part, Marie accueillait avec foi la parole « voici ton fils » comme sa mission personnelle, vu l’universalité du salut apporté par la mort sacrificielle de son Fils dont elle est le premier témoin. D’autre part, associée profondément à ces œuvres salvifiques jusqu’au pied de la Croix en tant que Mère et disciple bien-aimée, elle joue le rôle maternel non seulement pour l’Église et les croyants, mais pour l’humanité tout entière. Elle nous montre comment vivre notre propre « oui ».

« Notre « oui » à Dieu s’incarne dans notre Congrégation (ou notre communauté respective) avec son histoire, ses orientations, ses décisions. Vivre l’obéissance du Christ au Père, c’est pour nous entrer librement et par amour dans cette histoire, y voir le lieu de notre rencontre avec Dieu. C’est le pays où Il nous a appelées » (cf. Gen 12,1). (RV 27).

Bref, Marie est celle qui a pu anticiper « l’heure de Jésus » (Jn 2, 1ss). Pourquoi et pour quoi avait-elle une telle faveur ?

3. Marie et le dessein insondable de Dieu

Notre Dieu est un Dieu vivant qui s’est manifesté dans l’histoire à travers ses alliances sans cesse renouvelées avec le peuple élu, peuple d’Israël, et surtout ses relations intimes avec des personnages bien connus dans l’histoire du salut. Pour Le nommer d’après la description de l’Ancien Testament, les juifs emploient le Tétragramme, ils l’appellent également le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Ces trois noms des Patriarches ont condensé les fondations historiques et spirituelles du Peuple d’Israël en tant que Peuple élu. C’est un Credo historique du Judaïsme.

Le dessein de Dieu s’est réalisé d’abord dans la création. Ensuite, quand nos premiers parents Adam et Ève ont chuté, tout en condamnant le serpent, Il a promis un Rédempteur : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien ; il t’écrasera la tête, et tu l’atteindras au talon » (Gen 3,15). Cette femme de la promesse ou la Nouvelle Ève – Mère de tout vivant, c’est Marie (29).

En interprétant l’Historia salutis dans le sillage de cet esprit, une anthropologie théologique de la filiation confirme que notre Dieu, selon l’enseignement du Nouveau Testament, est un Dieu vivant, un Père très Bon ou « éminemment Bon » (St. Anselme). Pour Le nommer, nous pourrions affirmer que le Christ de la Foi qui a été promis par les Prophètes, attendu comme Messie par le Peuple élu, professé et proclamé Fils de Dieu par les Apôtres et a révélé par des paroles, des signes et par son propre don de soi que « Dieu est Amour » (1 Jn 4, 16). Dorénavant, on pourrait L’appeler symétriquement au credo historique des Patriarches, « le Dieu de Marie » (30), de Pierre et de Paul ainsi que des apôtres- notre Père Céleste. Il est Amour (St Jean).

Marie et les Apôtres, avec les communautés primitives, ont transmis la grandeur d’être enfant de Dieu, car étant incorporés dans Christ, nous devenons une créature nouvelle, revêtue du Christ (cf. VIA 484) nous bénéficions d’une nouvelle dignité (rite baptismal). Parmi ces grandes figures qui ont su poursuivre le parfait chemin de la filiation ou la quête du règne de Dieu, Marie, la Mère du Sauveur « occupe la première place » (CEC 489). Elle reste historiquement et spirituellement la figure à la fois de l’Amour gratuit de Dieu et de la profondeur de l’affection maternelle de l’Église. Sa fidélité silencieuse, la profondeur de ses expériences de foi avec celles des Apôtres donnent à tous la possibilité de s’ouvrir à la Lumière du Christ.

En plus de la promesse vétérotestamentaire de la genèse susmentionnée, le Magistère explique le mystère de la Vierge-Mère à l’intérieur du mystère du Christ et de celui de l’Église, en partant justement de l’hymne dans l’Épître aux Éphésiens (Ep 1, 3sq). Le Concile Vatican II a développé le discours marial dans une double perspective christologique et ecclésiologique. Sauvée par le Christ de façon singulière (ou la rédemption préservatrice) (31), Marie a accueilli avec foi le salut (le concept de salut comprend à la fois la rédemption et le Rédempteur) (32) et le porte à l’humanité (33). Comme membre singulière et éminente, elle s’appelle la Vierge de l’écoute (dans sa relation intime avec la Parole de Dieu), la Vierge en prière qui éduque l’Église au dialogue confident et orant avec Dieu, la Vierge-Mère qui exprime la fécondité spirituelle de l’Église, la Vierge offrant en tant que modèle par son don total de soi qui se donne pour Dieu et pour l’humanité (34). La Préface de la Sainte Vierge dit :

Tu as fait de merveilles, Seigneur,
Pour toute l’extension de la terre,
Et Tu as prolongé dans les siècles
L’œuvre de ta miséricorde
Lorsqu’en regardant ton humble servante,
Par elle, Tu nous as donné le Sauveur du monde,
Ton Fils, Jésus Christ, Notre Seigneur (35).

L’enseignement du Magistère en parlant de « la prédestination de Marie » souligne la dialectique entre le dessein du Père et l’acceptation ou la coopération de Marie (36). « Dieu a envoyé son Fils, mais pour lui façonner un corps, Il a voulu la libre coopération d’une créature » (CEC 488). Ou « le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l’œuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à la vie » (cf. LG 56 et 61). « En accueillant et en méditant dans son cœur des événements qu'elle ne comprend pas toujours (cf. Lc 2, 19), elle devient le modèle de tous ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent (cf. Lc 11, 28) et elle mérite le titre de « Trône de la Sagesse ». (VS 120, § 2). Marie met en œuvre sa foi par l’acceptation, la coopération ou la contribution au dessein de salut ; de telle manière qu’elle est devenue la Mère des croyants. Pour conclure, le parcours de Marie se définit ainsi par la dialectique entre la foi et le dessein divin : d’une part, la foi de Marie est une vertu « lumineuse », elle est « pétrie de la Grâce divine » (37), « kecharitoméne – la privilégiée, pleine de grâce » (38) ; et d’autre part, être Mère du Fils de Dieu relève uniquement du dessein insondable de Dieu.

II. Marie, « Mère des croyants »

1. Par le Christ au Père : “personne ne va vers le Père sans passer par Moi” (Jn 14, 6b)

De prime abord, parlons de l’identité du Christ. Le Pape Benoît XVI a dit que « Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l'histoire » (cf. SS 49). Il souligne ainsi l’expression johannique « le Christ est la Lumière du monde » et l’enseignement du Concile Vatican II disant : « Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l'Esprit-Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l'Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Église » (LG 1). Le Christ est l’unique Médiateur, a dit saint Paul (1Tm 2,5) (39). Et dans les Évangiles, Il a dit qu’il faut prier avec insistance et persévérance au Père « en son Nom ». De même, personne ne va au Père sans passer par Lui. Il est l’Unique Médiateur et Intercesseur auprès du Père (cf. LG 62).

Pourquoi devons-nous d’abord aller vers le Christ ? Parce que la vie humaine, la prière Maris Stella la compare à un dur voyage sur la mer de l’histoire, où l’on a besoin d’une Lumière pour connaître la direction, l’orientation et le parcours effectué, ainsi que pour avoir la force d’aller jusqu’au bout, jusqu’à l’autre rive où le Père nous attend.

En outre, la présence de Marie au pied de la croix de son Fils nous rappelle la lutte acharnée entre la lumière et les ténèbres. « La vie de Marie, de manière paradigmatique, porte le sceau de la réalité chrétienne : béatitudes et douleur, souffrance et joie apparaissent comme les deux faces d’une unique médaille et cela en vertu de l’unité inséparable et circulaire qui existe entre le mystère pascal de la croix et de la Résurrection », a dit Siviglia (40). Il s’agit d’une métaphore du combat spirituel, où nous avons besoin d’un Sauveur pour nous libérer, pour nous justifier, pour nous rendre vainqueurs (victorieux) et heureux, c’est-à-dire pour nous rendre vraiment « fils dans le Fils ».

L’expression « par le Christ au Père » souligne donc la Médiation de Jésus-Christ dont l’originalité n’est pas exclusive (41). En effet, "l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source" (LG 62). Ainsi, en vertu de sa maternité, Marie jouit de la prérogative (42) d’une participation ou d'une coopération à l’unique Médiation de son Fils. Cette maternité divine "dans l'économie de la grâce se continue sans interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus" (43) : d’où l'Église emploie l’expression « per Mariam ad Jesum » (ou à Jésus par Marie). De quoi s'agit-il exactement ?

2. Ad Jesum/in Christo per Mariam

L’expression « per Mariam ad Jesum » fonde l’anthropologie théologique de la piété mariale. Elle montre que pour arriver, pour aller à Jésus, on peut passer par Marie, sa Mère. Il s'agit d'une dévotion humainement compréhensible et théologiquement soutenable. Le premier signe à Cana (44) de Galilée en parle clairement. Là, s’adressant aux serviteurs, Marie disait : « ce qu’Il (Jésus) vous dira » (Jn 2,5). Ainsi, elle a anticipé l’heure du ministère public de son Fils qui « exige d’elle son effacement et son silence » (45) en devenant sa première disciple. D'où, les diverses formes de piété mariale approuvée par l'Église signifient que "à travers l'honneur rendu à sa Mère, le Fils […] peut être comme il le doit, connu, aimé, glorifié et obéi dans ses commandements" (LG 66).

Les exemples d’une vie héroïque des saints nous aident à bien mener notre combat spirituel, a dit le Pape expliquant l’hymne Ave maris Stella. Ces personnes se sont présentées comme des lumières proches « qui ont su vivre dans la droiture » (SS 49). En effet, il n’existe personne d’autre que Marie qui puisse intervenir de manière plus efficace auprès de Jésus en notre faveur ; car de par son « oui », s’ouvre à Dieu la porte de notre monde par le mystère de l’Incarnation ; et « à l’instant de son oui, Marie est Israël en personne, l’Église en personne et comme personne » (46). Il s'agit d'un acte de foi de Marie où en disant oui, elle a conçu le Logos dans son esprit avant de le concevoir dans son sein (47). Le Concile dit que lors de l'Annonciation elle "reçut le Verbe de Dieu à la fois dans son cœur et dans son corps" (LG 53). Elle devient ainsi Mère du Fils de Dieu, et celle des fils dans le Fils. « Depuis que Marie dit oui, on ne peut pas ne pas être fils de Dieu. Elle a dit oui à quoi ? Elle a dit oui pour être Mère du Fils de Dieu. À quelle condition ? Cela supposait qu’elle soit prophète, mais aussi qu’elle soit acteur. Prophète et acteur de cette réalité que nous sommes fils de Dieu » (48).

Selon les enseignements officiels du Magistère, quatre sont les mystères de Marie : la maternité divine, l’Immaculée Conception, la virginité perpétuelle ainsi que l’assomption. Et nous voudrions souligner ce que nous venons d’expliciter : la médiation de grâce de Marie, relative aux quatre mystères, ne devrait pas être minimisée, car elle constitue un élément de base de la liturgie et de la pastorale de l’Église. Il suffit d’être attentif au calendrier liturgique et aux différents sanctuaires dans le monde.

Mais pourquoi et comment se présente-t-elle cette préférence du Père Éternel ?

3. Marie et le Père : de la Servante à la Maternité

À partir de l’incarnation, Marie est devenue « la vivante Arche de l'Alliance » (SS 49). En partant d’une exégèse théologique, par laquelle « l’Écriture est commentée par l’Écriture » (49), nous nous référons tout de suite à la fois à « l’Arche de l’Alliance » dans le désert et à « l’Arche de Noé » lors du déluge. Marie, en acceptant l’invitation de l’Archange Gabriel (50),"Sumens illud ave Gabrielis ore" (Prière Maris Stella)-, ne se réduit pas à un simple voyageur, mais l’Arche elle-même. Elle est l’Arche qui porte la Parole du nouveau et grand commandement de l’Amour. Elle a enfanté Celui qui a accompli l’Alliance Nouvelle et Éternelle. Elle porte la Vie et le Vivant, car "la réalité naît de la Parole" (VD 9) qui s’est faite chair en elle (cf. Jn 1,14).

Dans son dialogue avec l’Archange Gabriel, elle a dit : « je suis la servante du Seigneur » (cf. VIA 385). Le concept de servante est la traduction du grec « doulou - doulè » qui signifie esclave, anonyme, insignifiante, petite et misérable (51). Mais, lors de la visitation de sa cousine Élisabeth, à qui Dieu montre que rien ne Lui est impossible, Marie en chantant le Magnificat prophétisait : « toutes les générations me proclameront bienheureuse » (Lc 1, 48b ; VIA 3). Cette célébrité est sans doute rattachée à son statut de Theotokos, Mère de Dieu (52), à son union parfaite avec la Trinité : elle dit fiat à la volonté du Père, elle a conçu dans son sein le Logos éternel après l’avoir conservé dans son cœur, et elle a bénéficié de l’ombre et de la grâce de l’Esprit (cf. VIA 569).

En effet, le Père Éternel, lors de l’Annonciation, l’a « bénie entre toutes les femmes », l’a faite « pleine de grâce ». Autrement dit, dans son dessein éternel, décrit déjà au début des trois Lettres jumelles de St Paul aux Philippiens, Éphésiens et Colossiens, Dieu le Père avait établi, avant la création du monde et de notre création à son image et à sa ressemblance, nos élections comme fils dans le Fils et notre salut éternel par les mystères de l’incarnation, de la vie publique, de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.

De cette affirmation, nous présentons une anthropologie théologique de la filiation fondée sur un discours mariologique à la fois trinitaire et inculturé. Il s’agit également d’une mariologie œcuménique. Mais comment se présente-t-elle ?

III. Marie, « Mater Unitatis »

En parlant de l’œcuménique, nous nous référons aux efforts réels de l’Église Catholique à animer le dialogue avec les autres Églises sœurs et les autres Religions (donc dialogue œcuménique et dialogue interreligieux). Il s’agit de souligner ses capacités à s’ouvrir et à marcher ensemble avec les autres Églises et Religions pour le bien de l’humanité. Le Décret sur l’œcuménisme (Unitatis Redintegratio) surtout le n°8 sur « la prière en commun » et réactualisé par « l’esprit d’Assise » (53) où toutes les Religions se sentent responsables de la paix, sont pour nous parmi des références fondamentales. Toujours dans cette ligne, le Pape François est encore allé plus loin en développant le paradigme de la « fraternité et amitié sociale » dans « Fratelli tutti » mettant l’accent sur le primat de l’union et de la communion entre tous les êtres humains rassemblés dans « une maison commune » à sauvegarder (Fratelli tutti, 2020 et Laudato si’, 2015).

Dans notre recherche en anthropologie théologique de la filiation, nous essayons de justifier comment et par quels arguments théologiques devrions-nous fonder une mariologie œcuménique axée sur l’universalité du salut du Christ et sur la « Mater Unitatis ». Elle part effectivement de la confession commune des Églises sur le mystère de la Trinité, de Jésus-Christ comme l’Unique Sauveur et de l’importance de la foi fondée sur les mystères de l’incarnation, de la vie publique, de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur. Se pose alors la question principale : dans quelle mesure Marie pourrait-elle être « Mater Unitatis » pour tous les croyants et pour le genre humain, du fait qu’il n’existe pas encore un discours marial commun ? Nous pensons qu’Elle l’est du fait que dans son dessein insondable, Dieu le Père l’a choisie pour être Mère de son Fils ; il s’avère historiquement qu’elle a assumé avec foi et humilité cette mission ; de telle manière que, selon les Écritures et la Tradition, elle est devenue « la Mère des croyants ».

Pour ce faire, nous considérons comme point de départ de la réflexion, l’analyse du texte de Magnificat, dans lequel Marie reformule en prière les données théologiques de son union progressive, personnelle, totale et définitive avec Dieu. En effet,

Elle est celle en qui Dieu assume personnellement l’humanité et par qui, en Jésus, cette humanité devient intérieure au mystère des relations intra-trinitaires. Le Fils prie désormais son Père dans l’humanité qu’il a reçue de Marie, et le Père voit et engendre son Fils dans l’humanité que Marie lui a offerte. Marie, icône de l’humanité, est donc, par son Fils Jésus, comprise dans le mystère trinitaire (54).

Nous rappellerons la mariologie selon le Concile Vatican II, avant d’aborder notre mariologie œcuménique et terminer par son application dans la pratique pastorale actuelle.

1. Marie et l’Église

Nous trouvons les textes conciliaires sur Marie dans la Constitution ecclésiologique Lumen Gentium, chapitre huitième. La Mariologie du Vatican II est inscrite dans la Constitution dogmatique sur l’Église. Nous essayons de souligner ici le lien entre Marie et l’Église. Cela implique un essai de redéfinition de ce qu’est l’Église. D’après l’approfondissement du Cardinal Ratzinger, Pape Benoît XVI, l’Église est à la fois « Populus Dei » (peuple de Dieu) et « Mystici Corporis Christi » (corps mystique du Christ). La première expression se rapporte à « son principe masculin activiste, structurel et sociologique », dit-il. Elle est très importante, mais elle reste incomplète sans la référence à « son principe féminin, c’est-à-dire, c’est au mystère de la maternité et de l’amour conjugal » que nous puissions l’atteindre à partir de l’expression « Corps mystique du Christ » : un corps sacré ayant le Christ comme Tête. Une réalité spirituelle bien décrite par saint Paul dans la Lettre aux Éphésiens. (Ep. 5, 21-33) (55).

En effet, l’expression « Corps du Christ » signifie d’abord l’Eucharistie que l’Église célèbre et qui la constitue, ensuite l’expression « Corps mystique du Christ » désigne l’Église en tant qu’organisme du Christ, et enfin l’on y souligne le Corps humain né de Marie. Alors, « le mystère eucharistique et christologique de l’Église, qui s’énonce dans l’expression « Corps du Christ », ne garde sa juste mesure que s’il inclut le mystère marial : la servante qui écoute, qui – devenue libre dans la grâce – prononce son fiat, et par là devient épouse et ainsi corps »(56). Cela implique une conception de l’Église selon « sa forme personnelle grâce à la figure personnelle et irremplaçable de Marie » (57). Faudrait-il rappeler que Marie s’appelle également « la femme eucharistique » (cf. EE 53-58).

À partir de cette mariologie plus ou moins ecclésio-centrique, nous allons chercher des arguments qui puissent présenter une mariologie beaucoup plus ouverte à l’œcuménisme.

2. Marie et l’humanité

Nous entendons par mariologie œcuménique l’exégèse théologique sur la mission de Marie dans le plan insondable de Dieu Trinité. C’est une mission bien définie dans le Credo de l’Église, bien inscrite dans les Écritures (Luc, Matthieu, Jean, Paul et Marc) et transmise par la Tradition. Une mission liée à sa vocation de Theotokos. Une mariologie qui considère Marie comme une Mater Unitatis, car il est de nature que la Mère unit la famille, a fortiori non seulement la grande famille spirituelle des tous les disciples du Christ, mais l’humanité tout entière pour laquelle le Sauveur a versé son sang.

De prime abord, en 1912 la Commission Biblique Pontificale devait préciser que le Magnificat qui est le point de départ de notre réflexion, est certainement le cantique de Marie, mais non d’Élisabeth (58). En effet, ce cantique évangélique (Lc 1,46-55) s’adresse au Seigneur, Père de l’espérance. En commentant la prière Ave Maris Stella, le Pape Benoît XVI disait : « Mais à côté de la joie que, dans ton Magnificat, par les paroles et par le chant tu as répandu dans les siècles, tu connaissais également les affirmations obscures des prophètes sur la souffrance du serviteur de Dieu en ce monde » (SS,50). Alors, Marie exprime dans Magnificat sa grande joie et confesse sa profonde foi, tout en reconnaissant le long et difficile chemin qu’elle devrait parcourir tout au long de sa difficile mission.

Quant à notre analyse, nous découvrons dans le Magnificat douze séquences dont quatre parlent à la fois de Dieu et de Marie (les versets 46, 47, 48a et 49a), sept parlent de la Nature (Être) et des Opérations de Dieu le Père (les versets 49b, 50, 51, 52, 53, 54 et 55) et une seule concerne l’identité de Marie (le verset 48b). Les quatre points communs présentent la louange de la Vierge montée vers Dieu le Père. Cette louange est à comprendre comme une réponse humaine à l’initiative divine qui l’a choisie et l’a comblée de grâce. C’est une réponse qui condense l’épaisseur de la foi de la Fille de Sion. Car, en fait, par suite de l’amour insondable du Père, l’honneur de Marie a suscité l’hommage de toutes les générations successives. Voici les quatre séquences :

« Mon âme exalte le Seigneur, (v.46)
Mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. (v. 47)
Il s'est penché sur son humble servante ; (v. 48a)
Le Puissant fit pour moi des merveilles !
» (v. 49a)

Les sept séquences qui parlent de Dieu, relatent en réalité ses deux attributs de la nature divine : la Sainteté et la Miséricorde. La Sainteté entraîne le Jugement droit pour établir la Justice. D’après cet hymne, il existe trois formes de Justice : la corrective condamnant les orgueilleux, la rétributive où chacun sera jugé selon ses puissances ou humilités, et la proportionnelle où seront maximalisés les biens aux plus nécessiteux. Bref, la Justice divine n’est jamais indifférente à la misère humaine.

Quant à l’Agir direct de Dieu, ou aux opérations divines (59), il en est question de la mise en œuvre de son Alliance et de la réalisation de sa promesse. Alliance et Promesse considérées comme les deux pôles de l’Ancien Testament trouvent leur accomplissement dans le Mystère du Christ, à partir du consentement actif de Marie. Voici les sept séquences :

Saint est son nom ! (v.49b)
Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. (v.50)
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. (v.51)
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. (v.52)
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. (v.53)
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour (v.54)
De la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais (v.55).

Enfin, une seule séquence suffit à présenter l’identité de Marie : la bienheureuse. « Désormais tous les âges/toutes les générations me diront bienheureuse » (v. 48b). Parce qu’elle chante son expérience de foi en Dieu, sa vocation et sa mission, elle est devenue éducatrice de l’Espérance.

La théologie du Magnificat (60) est la théologie existentielle de Marie, à laquelle elle va/veut entraîner tous ses enfants spirituels, c’est-à-dire l’humanité tout entière. En effet, dans le Magnificat, Marie a développé en genre poétique (61) son itinéraire spirituel, sa compréhension de l’économie du salut et sa propre fonction dans le projet millénaire de Dieu des Patriarches. Elle renferme sans doute le fondement scripturaire du discours dogmatique de notre parcours de la filiation complètement achevé (cf. VIA 3 et 19).

Quelle est la stratégie pastorale que nous pourrions proposer ?

3. Pratique pastorale : faire connaître et aimer le Jésus Christ, Bon Pasteur par Marie, sa Mère et notre Mère

La pastorale est une activité missionnaire qui se réfère au mystère de Jésus-Christ, Bon Pasteur et Chef de son Peuple. Elle a été décrite par l’Évangile de Jean (Jn 10, 1-10) et développée par le Magistère dans ses documents de base tels que les textes du Concile Vatican II (surtout LG, AG, PO et GS : 1965). Le Concile lui-même est considéré comme un Concile pastoral. Il faut se référer également à l’Exhortation Apostolique Christifideles Laici – CFL (1988) et à l’Exhortation apostolique Pastores dabo vobis – PDV (1992), et surtout à l’Evangelii Gaudium (2013), au Laudato si’ (2015) et Fratelli tutti (2020) du Pape François.

Le rôle du Bon Pasteur se caractérise par : l’envoi pour annoncer l’Évangile (la connaissance de ses brebis, le fait qu’il est connu et reconnu par les siens, la recherche de ce qui est perdu, la protection de son troupeau face aux différentes sortes de danger) et la recommandation de renouveler chaque jour le Sacrifice de son corps et de son sang (le don de sa vie pour ses brebis) (PDV, n°1, § 3). En mettant en œuvre ces paroles de Jésus Christ, l’Église, par le biais de la triple fonction d’enseigner, de sanctifier et de gouverner, assume la vocation et la mission d’annoncer, de célébrer et de témoigner de sa foi fondée sur l’incarnation, la vie publique ainsi que le mystère pascal de son Époux et Tête.

La pastorale consiste donc dans l’annonce, la célébration et le témoignage de la foi et de l’Évangile. Dans notre discours, nous délimitons notre réflexion sur l’importance et même le primat de la « prière » ou de la célébration de la foi. Partant de la prière Ave Maris Stella, nous voudrions entraîner les fidèles, les jeunes, les fidèles des Églises sœurs à prier « à l’école de Marie » (cf. EE 53sq). Certes, à Madagascar comme en Afrique (62), la dévotion mariale est très forte et profonde, mais il faut aider les fidèles pour qu’ils puissent aller au-delà de la simple dévotion (63). Autrement dit, il faut les aider à contempler le visage humain, ecclésial et eucharistique du Bon Pasteur avec et par Marie, Mère des croyants et de l’humanité.

« Dieu a choisi Marie pour être Mère de son Fils, et l’honneur en est destiné non seulement à celle qui est «bénie entre les femmes », mais à l’humanité tout entière. Le Fils de Dieu est, en effet, devenu fils de l’homme, pour que les fils de l’homme deviennent des fils [adoptifs] de Dieu » (64).

IV. Conclusion

Marie : de l’anonymat à la Maternité universelle. Herméneutique de Ave Maris Stella. Tel est le paradigme nous permettant d’appeler Marie comme l’archétype de l’être humain autoréalisé dans le Christ. Il s’agit d’une réflexion sur l’enseignement de la foi à partir de la conclusion mariale de l’encyclique Spe Salvi, ainsi que du magistère de l’Église locale à Madagascar. Dans la réflexion, nous avons intégré également la dimension mariale de la spiritualité de la Congrégation des Sœurs du Christ. En effet, Marie est vraiment « la table intellectuelle de notre foi qui a procuré au monde le pain de la Vie » (65). Nous avons pu approfondir trois grands éléments : l’itinéraire de la foi et de la vocation de Marie, Marie comme Mère des croyants, et enfin comme Mater Unitatis. Alors cette réflexion sur la personne, la vocation et la mission de la Vierge Marie nous a permis d’affirmer que :

Premièrement, dans l’économie du salut, notre Dieu s’est révélé en montrant qu’Il a un visage humain. C’est le sens fort de l’Incarnation où a été mise en exergue la liberté engageante humaine par le biais du fiat d’une femme, fille de Sion, devenue Mère des Croyants.

Deuxièmement, en parallélisme avec l’Ancienne Alliance où les croyants, pour nommer le Dieu vivant, se réfèrent à la foi des patriarches Abraham, Isaac et Jacob ; nous aussi, nous pouvons affirmer que dans le contexte actuel, pour présenter à nos contemporains ce même Dieu Unique, nous sommes invités à vivre le mystère de la Nouvelle Alliance accomplie en la Personne de Jésus-Christ, en nous référant à la foi de Marie et des Apôtres, notamment de Pierre et Paul.

Et troisièmement, si étymologiquement, éduquer signifie à la fois educare (allevare/augmenter, coltivare/cultiver) et educere (tirare fuori/faire sortir, sviluppare/développer) (66), Marie soit doublement éducatrice dans la mesure où elle est « Médiatrice » de grâce et « modèle à imiter » dans notre processus de la filiation adoptive.

Pour conclure, prenons la parole du Pape François en présentant la petite voie de la sainte Thérèse de Lisieux qui dit que : « Jésus lui-même veut que Marie soit l’exemple de l’âme qui le cherche avec une foi dépouillée. Marie a été la première à vivre la “petite voie” dans la foi pure et l’humilité” » (67). Bref,

Choisie par Dieu pour donner au Verbe un corps, Marie a une place unique dans le Mystère du Christ. Comme elle, nous essayons d’accueillir l’Esprit et de laisser grandir en nous la Parole de Dieu. (RV 58).

V. Bibliographie

1. Sources principales

VAOMIERAN’NY EVEKA MIKARAKARA NY FANDALINAM-PINOANA (Commission Épiscopale pour la Catéchèse), Ankalazao ny Tompo. Vavaka isan’andro (VIA) – Louez le Seigneur. Prière du Temps Présent, Ed. Ambozontany Fianarantsoa 1975.
BENOIT XVI, Pape, Lettre encyclique sur l’espérance chrétienne Spe salvi (SS), Librairie vaticane, Cité du Vatican 2007.

2. Magistère

PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA (1912) : Autore, tempo di composizione e verità storica dei vangeli secondo Marco e secondo Luca, in AAS 4 (1912) 463-465 (pp.463- 464).
CONCILE VATICAN II : Lumen Gentium (LG) ; Dei Verbum(DV) ; Gaudium et Spes (GS) ; Ad Gentes (AG) ; Nostrae Aetate (NA), Éditions Bayard Paris, 1967.
CATECHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE (CEC), Mâme Plon, Paris 1992.
JEAN PAUL II, Pape, Redemptoris mater, Librairie vaticane, Cité du Vatican 1987.
Id, Rosarium Virginis Mariae sur le Rosaire, Librairie vaticane, Cité du Vatican 2002.
RATZINGER J. Cardinal & H.U.V BALTHASAR, Marie, première Église, Ed. Mediaspaul, 3è édition, Paris, 1998.
RATZINGER G. Pape BENEDETTO XVI, Gesù di Nazareth. Dall’ingresso in Gerusalemme fino alla risurrezione, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 2011.
FRANÇOIS PAPE, Exhortation apostolique Gaudete et exsultate (GE). Sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, Librairie vaticane, Cité du Vatican 2018.
ID, Exhortation Apostolique sur “La confiance en l’amour miséricordieux de Dieu”. À l’occasion du 150è anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte Face, 15 octobre 2023, n°36.

3. Sources malgaches

Ny Baiboly Masina - La Sainte Bible en version malgache, Soeurs Missionnaires de St Pierre Claver, Rome 1982.
VAOMIERAN’NY EVEKA MIKARAKARA NY FANDALINAM-PINOANA (Commission Épiscopale pour la Catéchèse), Nampihavaniny Aminy isika - Il nous a réconciliés avec Lui (jereo 2 Kor 5, 17-21), I et II, (NAI), Ed. Société de St Pierre Claver, Rome 1976.
ID., Vavaka sy Hira. Iombonan’ny Katolika eran’ny Nosy, Ed. Ambozontany, Fianarantsoa 1985.
ID., Sorona Masina. Alahady sy andro fety, Ambozontany, Fianarantsoa (1989), 2004.
RAZAFINDRATANDRA, A.G. (Card.), Tonga zanak’olombelona ny Zanak’Andriamanitra mba hahatonga ho Zanak’Andriamanitra Ny zanak’olombelona – Le Fils de Dieu est devenu fils de l’homme pour que celui-ci devienne fils de Dieu, Ed. Imprimerie Catholique Antanimena, Antananarivo 1997.
ID., Lettre Pastorale. “Efa nandray ny Fanahy Masina ve ianareo ?” – “Avez-vous reçu l’Esprit Saint” (Actes 19,2). Ch. 5, II : « La Sainte Vierge, chef d’œuvre de l’Esprit Saint », Ed. Imprimerie Catholique Antanimena, Antananarivo 1998.
GAIDE G. – ANDRIANTSIFA S. A., L'Amour chante. Ankalazao ny Tompo. Liturgie Malgache (ACh), Ed. Ambozontany Analamahitsy Antananarivo 2001.

4. Ouvrages d’études

ACADEMIA MARIALE PONTIFICALE INTERNATIONALE, La Mère du Seigneur. Mémoire – Présence – Espérance. Quelques questions actuelles sur la figure et la mission de la Bienheureuse Vierge, Paris, Salvator, 2005.
BEGASSE DE DHAEM A., « La théologie de la filiation de Joseph Wresinski », in NRT (Nouvelle Revue Théologique), 134 (2012) 38-57.
ID., Théologie de la filiation et universalité du salut. L’anthropologie théologique de Joseph Wresinski, Coll. « Cogitatio Fidei », n° 277, Cerf, Paris 2011.
CHAUVET, L-M, Symbole et Sacrement. Une relecture sacramentelle de l’existence chrétienne, Coll. « Cogitatio Fidei » n°144, Cerf, Paris 2008b.
CONGAR Y., Jésus-Christ. Notre Médiateur, Notre Seigneur, Coll. « Foi Vivante – Pensée chrétienne », Cerf, Paris 1995.
DURAND J. D., L’Esprit d’Assise. Discours et messages de Jean Paul II à la communauté de Saint Egidio. Une contribution à l’histoire de la paix, Cerf, Paris 2005.
FRANÇOISE, T. (dir), Marie et la « Fête aux Normands » : dévotion, images, poésie. Nouvelle édition (en ligne), Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2011.DOI : https://doi.org/10.4000/boks.purh.10833 (13/08/2023).
HOLZER, Vincent, « Foi trinitaire, similitudes et dialectique. Pour une intelligence de la foi trinitaire », Revue des sciences religieuses [En ligne], 92/4 | 2018, mis en ligne le 01 mars 2019, consulté le 29 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsr/5755 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsr.5755
LADARIA L.F., « Maria nel piano salvifico del Dio trinitario », in M. G. Masciarelli (a cura di), Il mistero della Vergine-Madre. Lezioni di teologia mariana, Ed. Arte della Stampa, Pescara 1991.
ID., Gesù Cristo, salvezza di tutti, Trad. dallo spagnolo di G. Pulit, EDB, Bologna 2009.
LAFLAMME, R. (1976). Christologie fondamentale et christologie dogmatique. Laval théologique et philosophique, 32(3/1976), 229–260. https://doi.org/10.7202/1020543ar (24/11/2023).
NANNI C., « Educazione », in J.M. Prellezo – C. Nanni – G. Malizia (a cura), Dizionario di Scienze dell’Educazione, Torino 1997, pp. 340-343.
PAGANO, G. « Che cos’è un dogma ? I dogmi mariani della Chiesa Cattolica ». in Bella Prof. Youtube. URL : https://www.youtube.com/watch?v=yr--bOxFDg0 consulté le 17-01-2025).
PERROT P., Marie de Nazareth au regard des chrétiens du premier siècle, « Lectio divina », n°255, Cerf, Paris 2013.
RADERMAKERS J.,« Marie », Nouvelle Revue Théologique, 2005/3 (tome 127), p. 480-494. doi : 10.3917/nrt.273.0480. url : https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2005-3-page-480.htm (22/11/2023).
SOEURS DU CHRIST. UNION MYSTERIUM CHRISTI, Règle de vie (RV), Ed. Gedit, Tournai, 1987, n°6, 24, 27, 33, 58.
SIVIGLIA I., Antropologia teologica in dialogo, EDB, Roma 2007.
SCOLA A., Gesù. Destino de l’uomo. Cammino di vita cristiana, Ed. San Paolo, Balsamo-Milano 1999.
WACHE, B. « L'entrée de la piété mariale dans la liturgie. Exemple du XIXe siècle », Transversalités, vol. 122, no. 2, 2012, pp. 201-219.

VI. Notes

1. « Comme on sait, ce titre grec, sous forme de crase, a été lancé au concile d’Éphèse en l’an 431 ». (C. PERROT, Marie de Nazareth au regard des chrétiens du premier siècle, Cerf, Paris 2013, p. 235).
2. Citons entre autres les grandes encycliques mariales de ces deux derniers siècles : Augustissimae virginis Mariae du Pape Léon XIII (1897), ainsi que le bulle Ineffabilis Deus du Pape Pie IX (1854), Deiparae Virginis Mariae du Pape Pie XII (1946), la constitution apostolique Munificentissimus Deus du Pape Pie XII (1950), la Constitution dogmatique du Concile Vatican II, Lumen Gentium ch. 8 (1965) et l’exhortation apostolique Marialis cultus du Pape Paul VI (1974), Redemptoris Mater (1987) et Rosarium Virginis Mariae (2002) du saint Pape Jean Paul II ou Prier avec Marie du Pape François (2020).
3. “Fankalazana an’i Masina Maria” (Commun de la Vierge Marie) (cf. VIA 382-405). °VIA = Vavaka isan’andro Ankalazao ny Tompo. (Prière du Temps Présent en langue Malgache).
4. « Marie, Mère de Dieu et de l’Église, image de la création transfigurée, nous devance et nous accompagne. Comme elle, en réponse à l’appel de l’Esprit, nous nous laissons configurer à Jésus Christ » (SOEURS DU CHRIST. UNION MYSTERIUM CHRISTI, Règle de vie (RV), Ed. Gedit, Tournai, 1987, n°6). La Vierge Marie est à la fois Mère qui soigne, accompagne, éduque et Maîtresse en tant que modèle et intermédiaire entre nous et son Fils. Elle est notre guide sur le chemin de la foi et de la sainteté.
5. Cf. L-M. CHAUVET, Symbole et Sacrement. Une relecture sacramentelle de l’existence chrétienne, Coll. « CF 144 », Cerf, Paris 2008b.
6. Cf. R. LAFLAMME, « Christologie fondamentale et christologie dogmatique ». Laval théologique et philosophique, 32/3 (1976), 229–260. https://doi.org/10.7202/1020543ar
7. Un parcours spécifique qui se caractérise par un saut dépassant la logique purement humaine : « la servante (è doulè) devient Mère « Theotokos » (C. PERROT, op. cit., p.234). Elle se présente dans l’histoire du salut comme « miroir de la Trinité » (cf ACADEMIA MARIALE PONTIFICALE INTERNATIONALE, La Mère du Seigneur. Mémoire – Présence – Espérance. Quelques questions actuelles sur la figure et la mission de la Bienheureuse Vierge, Paris, Salvator, 2005).
8. Cf. A.G. RAZAFINDRATANDRA (Card.), Lettre Pastorale. “Efa nandray ny Fanahy Masina ve ianareo ? » – “Avez-vous reçu l’Esprit Saint” (Actes 19,2). Ch. 5, II : « La Sainte Vierge, chef d’œuvre de l’Esprit Saint », Ed. Imprimerie Catholique Antanimena, Antananarivo 1998.
9. En effet, la foi d’Abraham s’exprime par son acceptation à sacrifier son fils unique Isaac qui n’a été réalisé que spirituellement, tandis que la foi de Marie est allée au-delà en offrant comme sacrifice réel et spirituel son fils Unique sur le mont des oliviers. (cf. J. RATZINGER & H. U. VON BALTHASAR, Marie, première Église, Ed. Mediaspaul, 3è édition, Paris, 1998, p. 70).
10. Il s’agit du développement biologique, psychologique et spirituel. Mais la Tradition nous enseigne qu’avant de s’incarner dans son sein, la Parole s’est conçue dans son cœur. 11. PAPE BENOIT XVI, Spe salvi, 2007, n°49-50.
12. Lc 1,30. 33. 38. 55 ; - 2, 25. 35. 38 ; - 4,28ss ; -11,27.
13. Cf. “Rehefa tonga ny fotoana – Quand le temps fut accompli” (VIA 386).
14. Cf. “Préface de l’Avent II”, in Messale Romano, p. 314.
15. Cf. I. SIVIGLIA, Antropologia teologica in dialogo, EDB, Roma 2007, p. 184.
16. A. BEGASSE DE DHAEM, Théologie de la filiation et universalité du salut. L’anthropologie théologique de Joseph Wresinski, Coll. « Cogitatio Fidei, n° 277”, Cerf, Paris 201, p. 258.
17. Cf. “Aza matahotra e ry Maria – N’aie pas peur Marie” (VIA 384 – 385) ; “Aleloia, Arahaba ry Renin’Andriamanitra – Alléluia, réjouis-toi, o Mère de Dieu” (VIA 388). 18. I. SIVIGLIA, op.cit., pp. 158 et 187.
19. Cf. “Préface de la Sainte Vierge Marie I”, in Messale Romano, p. 354.
20. « Dans cette courte phrase se trouve contenue la totalité de l’Évangile ; on est incité à se rappeler les mots des Pères : ‘’Le Logos s’est contracté, il s’est fait petit’’. Ce qui est doublement vrai : le Logos infini est devenu petit, un petit enfant. Mais, aussi, l’incommensurable Parole, toute la plénitude de l’Écriture sainte s’est condensée en cet unique verset, où sont réunis la loi et les prophètes ». (cf. J. RATZINGER – H. U. Von BALTHASAR, Marie, première Église, pp. 93-94).
21. Ibid., pp. 70-71.
22. Pour St Luc, il s’agit de la méditation de la prophétie de Syméon. (cf. Lc 2,19).
23. Cf. “Nijoro teo am-pototry ny Hazo nifantsihan’i Jesoa Maria Reniny – Marie, sa Mère s’est mise débout au pied de la Croix de Jésus” (VIA 394) ; « Préface de la Sainte Vierge Marie III », in Messale Romano, p. 356.
24. I. SIVIGLIA, op. cit., pp. 181-182.
25. Cf. “Talohan’ny nahafatesany i Jesoa – Avant sa mort, Jésus” (VIA 386).
26. Ibid., p.77. Voir l’analyse du mot femme dans J. RATZINGER Pape BENEDETTO XVI, Gesù di Nazareth. Dall’ingresso in Gerusalemme fino alla risurrezione, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 2011.
27. J. Ratzinger – H. U. Von Balthasar, Marie, première Église, p.56. ; RM 45.
28. Notre traduction. La version malgache est : « Misy feo miantso anao ka henoy ry Maria ! ‘Zao ny Tenin’Izy Tompo nolazain’ny mpaminany : « ny tarana-behivavy no hamotika ny Ratsy ». Tsy iza fa ianao ‘zay voafidy mba ho Reniny. Moa vonona hino ‘zay voalahatr’Izy Tompo » ? (VIA, 382, couplet 1).
29. Cf. A. Begasse de Dhaem, Théologie de la filiation et universalité du salut. « Marie et la filiation », pp. 259 ; “Misy feo miantso anao – Une voix qui t’appelle” (VIA 382).
30. Nous voudrions souligner surtout l’expression « le Dieu de Marie ». Notre Dieu, c’est le Dieu de Marie.
31. C’est le thème central de la Liturgie de la Solennité de l’Immaculée Conception de Marie (Oraison, Préface). Il s’agit de l’effet rétroactif de la grâce salvifique de Jésus Christ (Duns Scot). Le dogme a été déterminé par le Pape Pie IX, Bulle Ineffabilis Deus (8 décembre 1854) (DS 2803-2804). Voir aussi Thelamon FRANÇOISE, (dir), Marie et la « Fête aux Normands » : dévotion, images, poésie. Nouvelle édition (en ligne), Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2011.DOI : https://doi.org/10.4000/boks.purh.10833 (13/08/2023).
32. Cf. L. F. LADARIA, Gesù Cristo, salvezza di tutti, Trad. dallo spagnolo di G. Pulit, EDB, Bologna 2009.
33. Cf. L. F. LADARIA, « Maria nel piano salvifico del Dio trinitario », in M.G. MASCIARELLI. (a cura di), Il mistero della Vergine-Madre. Lezioni di teologia mariana, Ed. Arte della Stampa, Pescara, 1991, pp. 15-26.
34. Ibid., pp. 26-32.
35. Cf. « Préface de la Sainte Vierge Marie II », in Messale Romano, p. 355.
36. Cf. “Mananjara ianao Maria – Tu as été prédestinée, Marie” (VIA 383-384).
37. C. PERROT, op. cit., pp.234-235.
38. Les vérités de foi enseignées par l’Église catholique dans la théologie mariale sont : la maternité divine, l’Immaculée Conception, la virginité perpétuelle, l’assomption. Dans les pratiques liturgiques et la dévotion populaire, il faut y ajouter la « médiation de grâce », ou l’intercession de Marie. (G. PAGANO, « Che cos’è un dogma ? I dogmi mariani della Chiesa Cattolica”. in Bella Prof. Youtube. URL : https://www.youtube.com/watch?v=yr--bOxFDg0 consulté le 17-01-2025).
39. Cf. Y. CONGAR, Jésus- Christ. II- « Notre Médiateur », pp. 49-138.
40. I. SIVIGLIA, op. cit., p. 183.
41. J. RATZINGER – H.U.V. BALTHASAR, Marie, première Église, p. 52.
42. « La médiation de Marie repose sur sa participation à la fonction médiatrice du Christ et elle est comparée à un service de dépendance ; c’est une médiation anticipée […]. Cette tache découle de l’abondance des mérites du Christ, elle s’appuie sur sa médiation dont elle dépend en tout, d’où elle tire sa vertu ». (Ibid., p. 53 ; cf. RM 22 et LG 62).
43. Cf. LG 62.
44. J. RATZINGER – H.U.V. BALTHASAR, Marie, première Église, p. 54.
45. Ibid., p. 74.
46. Ibid., p. 27.
47. C’est l’idée de Saint Augustin, cf. Ibid., p. 48.
48. J. Wresinski cité par A. Begasse de Dhaem (cf. A. BEGASSE DE DHAEM, Théologie de la filiation et universalité du salut. « Marie et la filiation », p. 257).
49. J. RATZINGER – H.U.V. BALTHASAR, Marie, première Église, p. 38. Telle est la méthode choisie par le Pape. Il la considère comme la meilleure pour rejoindre les vérités de la foi pour comprendre le tout de la Révélation.
50. Cf. “O, Mifalia, ry Maria – Réjouis-toi Marie” (VIA 385).
51. J. RATZINGER – H.U.V. BALTHASAR, Marie, première Église, pp. 55 et 85.
52. Cf. A. SCOLA, Gesù. Destino de l’uomo. Cammino di vita cristiana, Ed. San Paolo, Balsamo-Milano 1999. pp. 116-117.
53. Cf. J. D. DURAND, L’Esprit d’Assise. Discours et messages de Jean Paul II à la communauté de Saint Egidio. Une contribution à l’histoire de la paix, Cerf, Paris 2005.
54. A. BEGASSE DE DHAEM, Théologie de la filiation et universalité du salut, p. 256.
55. Certes, beaucoup de théories féministes remettent en question cette péricope, mais nous voudrions souligner plutôt ici l’ecclésiologie paulinienne sur le « Mystici Corporis Christi ». C’est une image, une métaphore pour dire l’unité effective entre le Christ et l’Église, en tant que réalité (vérité) de base, et l’unité sacramentelle du consentement entre le mari et l’épouse dans le sacrement du mariage, en tant qu’actualisation dans la foi. De ce fait, le mariage sacramentellement valide est un et indissoluble.
56. J. RATZINGER – H.U.V. BALTHASAR, Marie, première Église, p. 23.
57. Idem.
58. Cf. PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA (1912) : “Autore, tempo di composizione e verità storica dei vangeli secondo Marco e secondo Luca”, in AAS 4 (1912) 463-465 (pp. 463-464) :
“IV. Utrum rarissima illa et prorsus singularia documenta in quibus Canticum Magnificat non beatae Virgini Mariae, sed Elisabeth tribuitur, ullo modo praevalere possint ac debeant contra testimonium concors omnium fere codicum tum graeci textus originalis tum versionum, necnon contra interpretationem quam plane exigunt non minus contextus quam ipsius Virginis animus et constans Ecclesiae traditio ? R. Négative”.
Soit « IV. Les documents rares et totalement particuliers dans lesquels le cantique du Magnificat n'était pas attribué à la Bienheureuse Vierge Marie, mais à Élisabeth, peuvent et doivent en quelque sorte prévaloir contre les témoignages unanimes de presque tous les codes, soit le texte original grec, soit les versions diverses, et contre l'interprétation qu’exige le contexte, contre la disposition de l’âme même de la Vierge et la tradition constante de l'Église ? Réponse : Non”.
59. Beaucoup de théologiens sur la Sainte Trinité soulignent la triple opération divine : la création, le salut et la glorification. (voir Vincent Holzer, « Foi trinitaire, similitudes et dialectique. Pour une intelligence de la foi trinitaire », Revue des sciences religieuses [En ligne], 92/4 | 2018, mis en ligne le 01 mars 2019, consulté le 29 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsr/5755 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsr.5755)
60. Cf. K. H. RENGSTORF, Il Vangelo secondo Luca, Brescia 1980.
61. Nous entendons par « genre poétique » le texte qui expose ses messages moyennant des expressions pleines de références historiques, contextuelles et métaphoriques. Il existe effectivement d’autres genres comme le narratif, le descriptif (ou argumentatif), fictif et l’apocalyptique.
62. Cf. I. HAKIZIMANA, "La devozione alla Madonna Carmine in Africa", in Institutum Carmelitanum Collationes Mariales, v.4 (2003) 272-281.
63. Les théologiens essayent de soigner un discours qui puisse éviter le déséquilibre entre le dogme marial et la dévotion des fidèles. Des discours trop maximalistes ou minimalistes ne correspondent pas à la vérité de foi sur la Mère du Seigneur. La référence principale, Brigitte Waché l’a bien soulignée, se trouve dans la relation réciproque entre la liturgie au cours des siècles, surtout depuis le concile Vatican II dans la Constitution sur la Liturgie, Sacrosanctum concilium, 13. (cf. Brigitte WACHE, « L'entrée de la piété mariale dans la liturgie. Exemple du XIXe siècle », Transversalités, vol. 122, no. 2, 2012, pp. 201-219).
64. Cf. A. G. Card. RAZAFINDRATANDRA, Lettre Pastorale, Tonga zanak’olombelona ny Zanak’Andriamanitra mba hahatonga ho Zanak’Andriamanitra Ny zanak’olombelona – Le Fils de Dieu est devenu fils de l’homme pour que celui-ci devienne fils de Dieu, Ed. Imprimerie Catholique Antanimena, Antananarivo 1997, n°24.
65. Cf. A. M. APOLLONIO, “Editoriale. Maria, mensa intellettuale della nostra fede”, in Immaculata Mediatrix. Rivista Internazionale di Teologia Mariana, 1 (2012) 5-17. 66. Cf. C. NANNI, « Educazione », in J.M. Prellezo – C. Nanni – G. Malizia (a cura), Dizionario di Scienze dell’Educazione, Torino 1997, pp. 340-343.
67. PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique sur “La confiance en l’amour miséricordieux de Dieu”. À l’occasion du 150è anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte Face, 15 octobre 2023, n°36.

VII. Table des matières

INTRODUCTION

I. L’ITINERAIRE DE LA FOI MARIE ET DE SA VOCATION
1. MARIE SELON LA TRADITION LUCANIENNE : L’ATTENTE ET L’ACCUEIL DU MESSIE
2. MARIE SELON L’ENSEIGNEMENT JOHANNIQUE : ARCHETYPE DES PELERINS DE LA FILIATION
3. MARIE ET LE DESSEIN INSONDABLE DE DIEU

II. MARIE, « MERE DES CROYANTS »
1. PAR LE CHRIST AU PERE : “PERSONNE NE VA VERS LE PERE SANS PASSER PAR MOI” (JN 14, 6B)
2. AD JESUM/ IN CHRISTO PER MARIAM 9 3. MARIE ET LE PERE : DE LA SERVANTE A LA MATERNITE

III. MARIE, « MATER UNITATIS »
1. MARIE ET L’ÉGLISE
2. MARIE ET L’HUMANITE
3. PRATIQUE PASTORALE : FAIRE CONNAITRE ET AIMER LE JESUS CHRIST, BON PASTEUR PAR MARIE, SA MERE ET NOTRE MERE

IV. CONCLUSION
V. BIBLIOGRAPHIE
1. SOURCES PRINCIPALES
2. MAGISTERE
3. SOURCES MALGACHES
4. OUVRAGES D’ETUDES


VI. NOTES

VII. TABLE DES MATIÈRES

Lien pour télécharger l'article en PDF.

Mis en ligne le 05/05/2025.

Pour citer l'article :

RAVELONANTOANDRO, Marc, Mater Unitatis - De l’anthropologie de la filiation. Marie, "typos" du Peuple de Dieu et de l’humanité en marche, (2025, 5 mai). https://www.sacrements.fr/mater-unitatis.php