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Définition des sacrements

Le mot « sacrement »

La racine indo-européenne sak a donné sacré, sacrement, saint.

Le mot vient du latin sacramentum, terme formé à partir de la racine sacr-, « sacré ». Il s'agissait à l'origine d'un dépôt fait au prêtre d'un dieu, comme garantie de bonne foi, accompagné d'un serment solennel. Par la suite, le terme désigne un serment personnel et volontaire, par opposition au jusjurandum, serment collectif et obligatoire. On le retrouve dans l’engagement que prend un soldat vis-à-vis de son empereur ; il s’agit d’un serment de fidélité à l’empereur.

Le mot « sacrement » traduit le mot grec « mystérion » qui désigne une réalité secrète. Le mot grec mysterion provient probablement du verbe « muein » qui signifie « fermer la bouche », comme l'indiquent les mots français « mutisme » et « muet ». Dans le Nouveau Testament, « mystère » est un terme technique de théologie. Dans l'Ancien Testament, le mot n'apparaît que dans les livres tardifs comme Sagesse, Sirac, Tobie et Daniel. Ce terme désigne en matière profane une délibération et un plan de guerre du roi (Jdt 2.2). Et en matière religieuse, il désigne le dessein créateur de Dieu sur le monde et la révélation que Dieu en fait (Dn 2.19). Pour les premiers chrétiens, ce terme désigne : « le dessein secret de Dieu qui veut sauver l’homme et qui se révèle progressivement ».

Différentes définitions

Les sacrements sont des rites de l’Église qui commémorent l’alliance de Dieu. À travers des paroles et des gestes symboliques, ils révèlent le salut de Dieu pour l’humanité. Ils font mémoire de la vie du Christ tout au long de notre existence. Noël Higel.

Ainsi les sacrements sont des signes visibles du don gratuit de Dieu (la grâce), qui permettent aux hommes de prendre conscience de la présence de Dieu au milieu d´eux. Ce sont des actes d’alliance qui unissent au Christ par l’action de l’Esprit Saint, relient les hommes à Dieu et à leurs frères par le plus intime d’eux-mêmes et incorporent dans l’Eglise. Site de l'Eglise catholique en France

Les sacrements sont des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels la vie divine nous est dispensée. Les rites visibles sous lesquels les sacrements sont célébrés, signifient et réalisent les grâces propres de chaque sacrement. Ils portent fruit en ceux qui les reçoivent avec les dispositions requises. Catéchisme de l’Église catholique n° 1131.

Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le corps du Christ, enfin de rendre le culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement. Non seulement ils supposent la foi, mais encore, par les paroles et par les choses, ils la nourrissent, ils la fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils sont dits sacrement de la foi. Concile œcuménique Vatican II, La Sainte Liturgie n° 59.

Un engagement avec Dieu, vécu en Eglise, qui marque un temps fort dans l’existence et qui nourrit la foi. Élèves du centre Ozanam.

Depuis le concile de Vatican II, I ’emploi du mot « sacrement » s’est élargi. Tout en désignant au sens strict les rites chrétiens, il s’enrichit ainsi de ce que traduisait le mot « mystère ».

Lumen Gentium 1 : L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle.

Classification

Les sacrements d'initiation : baptême, confirmation, eucharistie (les deux premiers n'étant reçus qu'une fois et laissant une marque indélébile, le caractère).
Les sacrements de guérison : confession, onction des malades (reçus chaque fois que cela est nécessaire).
Les sacrements du service (de l’engagement) ou encore de l'organisation de la vie chrétienne : mariage (reçu une seule fois pour un couple), ordre (trois degrés : diacre, prêtre, évêque).

Extraits bibliques

Jdt 2.2 Il convoqua tous ses officiers et tous ses grands, tint avec eux son conseil secret (mystérieux) et décida de sa propre bouche tout le châtiment de la terre.

Tob 12,7 Il convient de garder le secret (mystère-sacramentum) du roi, tandis qu'il convient de révéler et de publier les œuvres de Dieu.

Dn 2.19 Alors le mystère (sacramentum) fut révélé à Daniel dans une vision de nuit. Alors Daniel bénit le Dieu du ciel.

Sg 6,22 Ce qu'est la Sagesse et comment elle est née, je vais l'exposer; je ne vous cacherai pas les mystères (sacramenta), mais je suivrai ses traces depuis le début de son origine, je mettrai sa connaissance en pleine lumière, sans m'écarter de la vérité.

Si 27,21 Car on panse une blessure, on pardonne une injure, mais pour qui a révélé un secret (mystère), plus d'espoir. Lc 8,10 Il répondit : Il vous a été donné de connaître les mystères (musterion) du royaume de Dieu; mais pour les autres, cela leur est dit en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils ne comprennent point.

Eph 1,9-10 : Il nous a fait connaître le mystère (sacramentum) de sa volonté, ce dessein bienveillant qu'Il avait formé en lui par avance, pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres.

Eph 3,4 : C'est par révélation que j'ai eu connaissance du mystère (sacramentum) sur lequel je viens d'écrire en peu de mots. En les lisant, vous pouvez vous représenter l'intelligence que j'ai du mystère de Christ.

Eph 5,32 Ce mystère (sacramentum) est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l'Eglise.

1 Co 4,1 Qu'on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu.

Pourquoi des sacrements ?

Depuis toujours, les sacrements ont été le cœur battant des communautés chrétiennes. Mais aujourd’hui ils ne font plus battre celui de la société. On l’a suffisamment répété, la « civilisation de la paroisse » a vécu. Il semble déjà loin le temps où l’ensemble de la société vivait à l’ombre des clochers au rythme des saisons et du calendrier liturgique de l’Eglise. Dans ce monde majoritairement chrétien, les sacrements marquaient les grandes étapes de l’existence individuelle et collective...
La fin de la chrétienté, la « sortie de la religion », s’est manifestée de façon visible par l’effondrement de la pratique sacramentelle et par la dislocation du septenaire sacramentel, qui avait si longtemps et si harmonieusement structuré la vie chrétienne... Mais, paradoxalement, c’est cette crise des sacrements qui a fait redécouvrir à l’Eglise que, au delà des actes religieux dont elle a la garde, il appartient à sa mission première d’être elle-même sacrement, signe vivant du Christ pour les hommes, et donc de rendre visible au cœur des réalités sociales, politiques et culturelles la bonne nouvelle du salut pour l’humanité....
Il faut rappeler qu’en leur principe les sacrements ne relèvent pas du culte religieux à proprement parler. Le Nouveau Testament l’atteste par sa discrétion sur le sujet : même s’ils empruntent le langage de la ritualité humaine et demeurent inscrits, pour une part, dans la liturgie juive, les sacrements ne sont pas le produit d’une fondation religieuse. Ils sont nés de l’absence de Jésus, de sa disparition qui, dans l’Evangile de Luc, s’accomplit dans le geste de bénédiction qu’il adresse à ses disciples : « Or, comme il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel » (Luc, 24, 51). Et aussitôt après, est-il précisé, ce sont eux que l’on retrouve au temple de Jérusalem où « ils étaient sans cesse à bénir Dieu » (Luc 24, 53). Quant à la fraction du pain à laquelle ils étaient assidus (Ac 2, 42), c’est comme geste testamentaire, au cours d’un repas d’adieu, qu’elle leur avait été léguée. C’est sans doute la grâce propre du christianisme d’être héritier d’un geste de vie et non pas d’un patrimoine à conserver.
« Au cœur des sacrements se trouve non pas le rite, mais la Parole. Le rite n’est sacrement que s’il est habité par la Parole et converti par l’Esprit (Louis-Marie Chauvet, op. cit., p. 222.)» Il faut aussi les réinscrire dans la médiation sacramentelle fondamentale de l’Eglise, qui est « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (Vatican II, Lumen Gentium) ». Enfin, parce que l’Eglise est sacrement de salut dans le monde et pour le monde, il est nécessaire de ne pas délier la pratique des sacrements de la sacramentalité de la vie des chrétiens engagés dans la rencontre avec les non-chrétiens.
Robert Scholtus, Dans Études 2004/11 (Tome 401), pages 491 à 499.