logo-sacrements logo-sft

Site de Formation Théologique

Fêtes et rites

À l'origine

Pour comprendre les sacrements, il est important de remonter aux sources. Sur le plan théologique, Jésus-Christ est le fondement de tout sacrement. Sur le plan doctrinal, la liste des 7 sacrements ne s’établit que vers le XIIème siècle. Sur le plan anthropologique, bien des gestes, paroles et symboles existent avant l’avènement de l’Église.

Le peuple d'Israël connaissait des pratiques culturelles, des rites et des fêtes tirés de la vie de tous les jours par exemple la naissance, la maladie, le mariage ou encore le changement de levure ; tirés de la vie agraire et pastorale, par exemple les moissons ou l’agnelage ; tirés de la cosmologie avec le changement de saisons. Le peuple d’Israël a progressivement sacralisé ces événements pour en faire des signes de l’alliance. Tous ces événements au départ très ancrés dans la vie et la nature sont devenus des occasions de rencontre avec ce Dieu que les Hébreux découvraient dans le cadre de l’alliance. Les rites sont devenus en ce sens les signes de l’alliance entre Dieu et l’humanité.

Les fêtes dans l'Ancien Testament

repos De multiples fêtes jalonnent l’Ancien Testament. Nombreuses d’entre elles s’enracinent dans une pratique culturelle préexistante à l’histoire religieuse du peuple élu. Israël leur a donné un sens religieux dans le cadre de l’alliance.

Une convocation à des solennités

Une remarque préliminaire concerne la manière dont le peuple se réunit. Il ne s’agit pas vraiment d’un rendez-vous qui pourrait faire l’objet d’une négociation entre Dieu et son peuple. Dieu invite ou plus exactement convoque son peuple, ici par l’intermédiaire de Moïse.

Lev 23,1-2 Yahvé parla à Moïse et dit : Parle aux israélites ; tu leur diras : Les solennités de Yahvé auxquelles vous les convoquerez, ce sont là mes saintes assemblées.

L’assemblée convoquée assure ainsi l’unité religieuse et politique du peuple tout en rendant un culte à Dieu. La convocation a pour effet de rassembler au nom d’un même Dieu. On note le caractère solennel qui tranche avec le quotidien, ainsi que la sainteté des assemblées, c’est-à-dire qui appartiennent à Dieu. En résumé :

  • Dieu prend l’initiative ; il nous précède ou vient à notre rencontre.
  • Une médiation humaine en la personne de Moïse qui est chargé de dire la parole de Dieu.
  • Une assemblée est appelée à se réunir : signe de l’ekklésia.
  • L’assemblée est convoquée.
  • L’assemblée est sainte : elle appartient à Dieu.
  • Il s’agit de solennités, c’est-à-dire d’événements qui sortent de l’ordinaire.

Le livre du Lévitique donne la liste détaillée des festivités solennelles :

fêtes

Ces différentes fêtes rythment l’année et l’enrichissent en lui donnant du sens. Elles traduisent la présence agissante de Dieu dans l’histoire du peuple d’Israël.

Le sabbat

L’origine

L’origine de ce jour de repos en fin de semaine n’est pas fermement établie. Il est connu chez les Babyloniens. Leur vie sociale est rythmée par un calendrier lunaire constitué de mois de 29 et de 30 jours. Le chiffre parfait pour les Babyloniens est le 6 ; le nombre 7 étant considéré comme néfaste. Cette superstition arithmétique impose de ne rien entreprendre les 7, 14, 21 et 28 du mois pour éviter des catastrophes. Ils observent ainsi la trêve du septième jour. Il faut préciser que les 7 jours font écho aux 7 planètes connues à cette époque et que saturne est la septième et dernière planète. Selon la cosmologie babylonienne, elle est habitée par le dieu de la paresse. Ce repos relève aussi d’une nécessité humaine après une semaine de travail. Hommes libres et esclaves cessent tout travail en ce dernier jour de la semaine.

Dieu se repose

Le peuple d’Israël bénéficie de ce jour de repos lors de son exil à Babylone (597-538) et il interprète ce septième jour comme un temps de repos pour Dieu. Il y a continuité et rupture par rapport au passé. Continuité dans la conservation du jour de repos et rupture dans le sens que les Hébreux lui donnent. Le sabbat devient un jour bénit et saint durant lequel Dieu se repose après avoir terminé la création en 6 jours :

Gn 2,2-3 Au septième jour Dieu avait terminé tout l’ouvrage qu’il avait fait et, le septième jour, il chôma, après tout l’ouvrage qu’il avait fait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création.

De la nécessité humaine, on passe à une prérogative divine. Le social prend une signification religieuse. Bien sûr Dieu n’a nul besoin de repos. Mais dans la logique religieuse, il fallait que Dieu se repose avant l’homme, car celui-ci est à l’image de Dieu et non le contraire. La fin du premier récit de la création est donc placée sous le signe du repos de Dieu. Repos qui est modèle pour l’homme, repos où Dieu attend l’homme. Le repos de Dieu est le temps où Dieu cesse d’agir, où il s’arrête, où il se retire pour laisser toute initiative à l’homme. Il est donc aussi le temps de la patience de Dieu.

Un temps pour le culte à Dieu

Le sabbat est en ce sens un temps dont l’homme dispose pour rendre un culte à Dieu et faire vivre l’alliance. Le livre de l’Exode demande à l’homme de se reposer comme son créateur et de sanctifier le jour de sabbat. Le mot hébreu lequadesho montre que le sabbat est considéré comme un jour tout à fait à part qu’il faut consacrer à Dieu. Ainsi Dieu a créé le sabbat pour la sanctification, la mise à part du jour lui-même en vue du culte à lui rendre :

Ex 20,8-11 Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours Yahvé a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour, c’est pourquoi Yahvé a béni le jour du sabbat et l’a consacré.

Le Deutéronome fait remonter le sabbat à l’acte libérateur de Dieu pour son peuple alors qu’il était en esclavage en Égypte. Ici l’institution est liée à l’histoire du salut et non à la création. Ainsi, le sabbat est le symbole du jour de la liberté tant pour l’homme que pour tout ce qui lui appartient : Dt 5,15 Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d’Égypte et que Yahvé ton Dieu t’en a fait sortir d’une main forte et d’un bras étendu ; c’est pourquoi Yahvé ton Dieu t’a commandé de garder le jour du sabbat. À partir des deux versions du décalogue dans Exode et Deutéronome, on peut dire que le sabbat qui est le jour du repos du Seigneur garantit le caractère sacré du septième jour. L’homme doit mettre ce jour à part comme devant servir à l’adoration du créateur. Par ailleurs, on découvre le caractère humanitaire du sabbat. L’homme ainsi que les autres créatures ont besoin de repos afin de refaire leurs énergies. Les esclaves et ceux qui ne peuvent décider de leur propre jour de repos trouvent en ce commandement une garantie pour qu’ils puissent se reposer aussi.

Un temps de réjouissance

Terminons ce tour d’horizon du sabbat par une invitation à la joie. Le respect du sabbat est en effet assorti d’une promesse de vie bienheureuse en Yahvé :

Is 58,13-14 Et si tu t’abstiens de violer le sabbat, de vaquer à tes affaires en mon jour saint, si tu appelles le sabbat « délices » et « vénérable » le jour saint de Yahvé, si tu l’honores en t’abstenant de voyager, de traiter tes affaires et de tenir des discours, alors tu trouveras tes délices en Yahvé…

Le terme « délices » évoque un jardin des délices plus connu sous le nom de jardin d’Eden. Le sabbat contient certes de nombreuses restrictions au travail, mais il est aussi une loi libératrice pour profiter des plaisirs de la vie. Le Talmud enseigne d’ailleurs que le quatrième commandement du décalogue sous-entend des prescriptions positives du sabbat, à savoir que le délice du sabbat (oneg shabbat), est une invitation à profiter de ce jour et de s’en réjouir.

Pâque

pâques L’origine

La Pâque s’enracine dans une fête annuelle des bergers nomades.

Ex 5,1 Moïse et Aaron se rendirent ensuite auprès de Pharaon, et lui dirent : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Laisse aller mon peuple, pour qu’il célèbre au désert une fête en mon honneur.

Elle est fêtée à la pleine lune de printemps pour célébrer l’agnelage et les nouvelles pâtures. Elle commence le 14 nissan à la tombée de la nuit (qui correspond, selon les années, à la fin du mois de mars ou au mois d’avril Nb 9,2-3). Elle célèbre le renouveau de l’année. La Pâque se rattache aussi aux sacrifices que les pasteurs offrent pour la protection de leur troupeau. Le sang des victimes est répandu sur les poteaux des tentes : il est censé assurer la bienveillance des dieux en écartant les épidémies.

Le sang signe de reconnaissance

Lors de la 10e plaie d’Égypte, Yahvé demande aux israélites de sacrifier un mouton ou une chèvre d’un an, de la rôtir au feu et de la manger avec des herbes amères et des pains sans levain. Ce mode de cuisson permet de ne rien garder, de brûler les restes ; c’est un repas de nomades. Les herbes amères rappellent l’amertume de l’esclavage. Yahvé demande également d’enduire le linteau et les deux montants de la maison avec le sang de la bête.

Ex 12,7-8 On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu ; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères.

Tout comme les pasteurs en montagne, le sang assure la protection des personnes. Le sang est un signe de reconnaissance :

Ex 12,13 Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai (Pâque) outre et vous échapperez au fléau destructeur lorsque je frapperai le pays d’Égypte. Ainsi le sang répandu sur les linteaux des portes fait que Yahvé épargne les Hébreux et les fait passer de l’esclavage à la liberté. Il est le signe de l’alliance, c’est-à-dire de la présence agissante de Dieu dans l’histoire d’Israël.

Un mémorial

Toute la vie d’Israël se construit en référence à ce passage de la mort à la vie, passage qui se concrétise lors de la sortie d’Egypte. Il est l’événement fondateur auquel toutes les générations se rattachent dans une cohésion à la fois sociale, politique et religieuse. Il devient le mémorial de tout un peuple :

Ex 12,14-27 Ce jour-là, vous en ferez mémoire et vous le fêterez comme une fête pour Yahvé, dans vos générations vous la fêterez, c’est un décret perpétuel… Vous observerez cette disposition comme un décret pour toi et tes fils, à perpétuité. Quand vous serez entrés dans la terre que Yahvé vous donnera comme il l’a dit, vous observerez ce rite. Et quand vos fils vous diront : « Que signifie pour vous ce rite ? » vous leur direz : « C’est le sacrifice de la Pâque pour Yahvé qui a passé au-delà des maisons des israélites en Égypte, lorsqu’il frappait l’Égypte, mais épargnait nos maisons. » Le peuple alors s’agenouilla et se prosterna.

Le peuple hébreu respecte cette prescription dès l’année suivante.

La seconde Pâque se célèbre le quatorzième jour du premier mois (Nisan), coïncidant ainsi avec le premier anniversaire de la sortie d’Égypte. En Nb 9,1-5, on relate le début de la série rituelle des Pâques d’Israël, c’est-à-dire de ces célébrations que le judaïsme rabbinique qualifiera plus tard de « Pâque des générations » pour les distinguer de l’unique « Pâque d’Égypte ». Cette première Pâque rituelle se célèbre dans le désert du Sinaï, l’année suivant la sortie d’Égypte. Jos 5,10-12 mentionne une autre Pâque similaire, la première en terre de Canaan (Félix GARCIA LOPEZ, Comment lire le Pentateuque, Labor et Fides, 2005, p. 255.).

Après le retour d’exil (édit du roi Cyrus, en 538 av. J.-C.), la Pâque devient la fête par excellence, dont l’omission entraînerait une véritable excommunication (Nb 9,13).

Au fil du temps, la fête familiale se transforme en fête au temple. Le sang n’est plus versé sur les murs et linteaux des maisons, mais sur l’autel du temple. Le sacrifice de l’agneau ne se fait plus dans les maisons, mais au temple. Pour cette fête de la Pâque, chaque famille apporte dans l’enceinte du Temple un agneau pour l’immolation, puis se réunit pour le repas pascal où chacun reçoit une portion des aliments traditionnels. On chante les Psaumes du Hallel (113 à 118 et 136, la grande litanie d’action de grâce ).

Pâque devient ainsi un mémorial qui non seulement rassemble des hommes et des femmes d’une même génération, mais unit aussi des personnes dans le temps. Des peuples d’hier, d’aujourd’hui et de demain tissent des liens à travers un mémorial commun . La Pâque juive célèbre donc un événement central dans l’histoire et la foi d’Israël : l’Exode, c’est-à-dire, la sortie d’Égypte où les Hébreux étaient esclaves de Pharaon. Fête centrale du rituel juif, la pâque commémore le passage de la captivité à la liberté et la délivrance donnée par Dieu.

Ce repas est donc le rappel que Dieu sauve son peuple. Ce repas de la Pâque est un mémorial. Il devra être répété, dans ses moindres détails, d’année en année, de génération en génération.

La Pâque n’est pas seulement tournée vers le passé, mais aussi vers l’avenir : puisque Dieu a déjà sauvé, il sauvera encore. Répéter ce repas avec sa symbolique, c’est vivre à nouveau le passage, savoir que l’on a toujours à devenir libre en recevant de Dieu cette liberté. L’agneau est au cœur de ce repas pascal .

Pour les juifs, la fête de Pâque ne rappelle pas seulement un souvenir, elle dit qu’aujourd’hui encore Dieu est le libérateur. « À chaque génération, chacun doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Égypte, car il est écrit : Tu diras à ton fils : c’est à cause de ce que l’Éternel a fait pour moi, quand je sortis d’Égypte » dit la tradition rabbinique dans la Mishnah (Mishnah, Pesahim 10, 5). Aujourd’hui comme jadis, les Juifs célèbrent la Pâque par ce repas familial rituel. Au cours de ce repas, à une question posée par l’enfant, le père répond : « je fais cela en mémoire de ce que Dieu a fait pour moi lorsque je suis sorti d’Égypte. Le Seigneur n’a pas délivré seulement nos pères. Il nous a délivrés nous-mêmes avec eux ». Cela signifie que chaque personne doit se considérer comme étant elle-même sortie d’esclavage, étant elle-même libérée par Dieu, et doit lui rendre grâce.

Azymes

pain azyme Les Azymes, également appelée « fête des pains sans levain », s’enracinent vraisemblablement dans une fête rurale héritée des Cananéens et célébrée par les sédentaires au début de la moisson des orges, afin de signifier un recommencement, une nouvelle saison. Elle a lieu durant la même période que la Pâque. On offre la première gerbe, accompagnée de pains non levés. Avec la sédentarisation d’Israël, aux alentours du Xème siècle, la fête des nomades et la fête des sédentaires, vont peu à peu se mêler, se conjuguer l’une à l’autre dans une même solennité.

La jonction est définitive à partir de 622 av. J.-C. Luc dit d’ailleurs « La fête des Azymes, appelée la Pâque, approchait (Lc 22,1) ». La pâque juive unit un rituel pastoral (l'agneau) et un rituel agricole (le pain). La tradition israélite rattache cette fête des Azymes à la sortie d’Egypte, et évoque le départ à la hâte, si rapide que les Israélites ont dû emporter leur pâte avant qu’elle n’ait levé. Pendant 7 jours on mange du pain "neuf" donc sans levain en signe de renouveau.

Note : Au temps de l’Exode, l’année commence en automne. Puis Israël adopte le calendrier babylonien durant l’exil. Pour le Lévitique écrit dans le cadre de la tradition sacerdotale de l’exil, l’année commence au mois de mars-avril, c’est-à-dire au mois des épis (mois d’aviv en hébreu ou nisân suite à l’exil). Le judaïsme postérieur réintroduit l’année commençant en automne.
Note : La fête des azymes est sans rapport avec le lundi de Pâque. L’empereur Constantin (272-337 après JC) a introduit sous son règne l'"Octave de Pâques", une période qui désigne les huit jours qui suivent la fête de Pâques. Napoléon Bonaparte négocie ainsi avec l’Eglise catholique, sur le nombre de fêtes chômées. Il en réchappera quatre, rythmant les saisons : la Toussaint à l’automne, Noël en hiver, l’Ascension au printemps et l’Assomption en été. La semaine de l’Octave de Pâques n’échappe pas au coup de ciseau, et seul subsiste de ces huit jours fériés le lundi de Pâques.

Certains exégètes et historiens pen¬ sent, au vu des éléments qui y intervien¬ nent, que cette célébration pascale se serait elle-même greffée sur une très ancienne fête pastorale, située à la pleine lune de printemps et remontant à l’époque où les ancêtres des Hébreux étaient enco¬ re des bergers nomades: un sacrifice d’agneau suivi d’un repas de communion aurait eu pour but d’attirer la protection divine sur les troupeaux au moment où les brebis mettaient bas. On sait que certains nomades arabes connaissent toujours un pain non levé, mangé chaud, tandis que dans les villages voisins on fabrique un pain au levain et salé. D’autre part, en arrivant dans la Terre promise et en se sédentarisant, les Israélites se seraient mis à observer, peut-être à l’imitation des Cananéens, une fête agraire de printemps, sans date bien fixe, lorsqu’en mars-avril (le mois d’abib ou « mois des épis », plus tard appelé nizan) débutait la moisson de l’orge. On allait en pèlerinage à un sanctuaire, on apportait en guise d’offrande les premiers fruits de la récolte et le « pain des prémices », et pendant sept jours on mangeait de ce pain fait avec des grains nouveaux, sans levain, donc sans rien qui vienne de l’ancienne récolte. Le symbolisme dominant était celui du renouvellement, du recommencement, du nouveau départ. Depuis les plus anciens codes, les azymes accompagnaient les sacrifices et le levain était exclu des offrandes cultuelles, sans doute parce qu’on y voyait un symbole de corruption, un élément rituellement impur, proche du pourrissement. Erny Pierre. Une question de boulange sacrée : le pain eucharistique doit-il être azyme ou fermenté ?. In: Revue des sciences sociales, N°27, 2000. Révolution dans les cuisines. pp. 12-17. blé

Chavouot

La fête des semaines (Chavouot) ou fête de la Pentecôte (du grec πεντήκοντα (pentêkonta), « cinquante »), célèbre la fin des moissons des blés, sept semaines après Pâque, soit cinquante jours. Elle est également appelée fête de la moisson ou fête des prémices (Ex 23,16). On compte, de fait, une cinquantaine de jours entre la coupe des premiers épis lors de la moisson des orges et la fin de la moisson des blés. Pour Israël, elle devient la fête de l’alliance et du don de la torah au Sinaï.

Rosh-Ha-Shana

Le nouvel an (Rosh-Ha-Shana) - jour du souvenir et d’acclamation - correspond à la néoménie d’automne. Rosh-Ha-Shana célèbre l'anniversaire de la création et plus précisément de la création de l'homme. Il s’accompagne d’un repas festif, le seder. Rosh-Ha-Shana est aussi le jour du jugement de Dieu. Il est l'occasion de faire le bilan de l'année écoulée et de réfléchir à l'orientation de sa vie. Il conduit aux 10 jours de pénitence qui précèdent la fête de Yom Kippour.

Yom Kippour

Le jour des expiations ou grand pardon (Yom Kippour) est introduit assez tardivement dans la tradition juive, vraisemblablement après la réforme d’Esdras (620 av. J.-C.). Il s’agit d’un rite solennel de purification et de pardon des péchés. Il est célébré après 10 jours de repentir qui suivent le Rosh-Ha-Shana. Pour obtenir le pardon, trois démarches sont essentielles : la prière, le jeûne et l'aumône.

Pendant vingt-cinq heures, on observe un jeûne absolu, sans manger ni boire. Le jour de Yom Kippour, il y a cinq offices. À la synagogue, on a tête et corps recouverts de châles de prières blancs. On lit le livre de Jonas qui appelle à la conversion. On se frappe la poitrine pour dire que l’on regrette sincèrement les mauvaises choses que l’on a faites. À la fin de cette journée, le son du Chofar (corne de bélier) retentit, afin d’annoncer la fin du jeûne le pardon de Dieu, le grand pardon. Le rituel des Kaparoth qui représente le transfert symbolique de la culpabilité d’une personne à un animal qui est sacrifié est aujourd’hui remplacé par de l’argent à un pauvre. En signe de purification, il est coutume de s’immerger dans un miqve (bain rituel).

Souccot

La fête des tentes également appelée fêtes des tabernacles ou fêtes des moissons est liée aux récoltes de l’automne. Elle se rattache à l’usage de dresser des huttes ou des cabanes pour surveiller les vergers au moment des récoltes. Pour Israël, elle commémore la sortie d’Égypte durant lequel le peuple vivait sous des tentes.

En conclusion

La plupart de ces fêtes s’enracinent donc dans une pratique préexistante. Le peuple d’Israël en transforme le sens afin de donner aux gestes et paroles une signification conforme à l’expérience qu’ils font de Dieu. Les grandes fêtes ne commémorent plus les rythmes de la nature, mais les grands événements de l’histoire du peuple d’Israël. Comme le souligne G. Van der Leeuw,

Lorsque à l’antique fête lunaire du printemps, liée à des tabous, fut substituée la célébration de l’acte salutaire de Dieu faisant sortir les Israéliens d’Égypte, ce fut quelque chose de totalement nouveau qui commença (G. VAN DER LEEUW, La religion dans son essence et ses manifestations, Payot, 1970, p. 384).

Les grandes fêtes deviennent des temps forts de l’alliance entre Dieu et l’humanité.

Gestes rituels

La circoncision

Voir la page sur la circoncision.

La purification

Voir la page sur le baptême.

L'imposition des mains

Voir la page consacrée au sujet.

La bénédiction

Voir la page consacrée à l'imposition des mains.

L’onction

Voir la page consacrée au sujet.

Les cendres

La coutume des cendres - et à l'origine de se revêtir aussi d'un sac - est une ancienne pratique pénitentielle. Elle veut montrer la petitesse et la condition pécheresse de l'homme à l'égard de Dieu.

Gn 18,27 Abraham reprit, et dit: Voici, j'ai osé parler au Seigneur, moi qui ne suis que poudre et cendre

Jos 7,6 Josué déchira ses vêtements, et se prosterna jusqu'au soir le visage contre terre devant l'arche de l'Éternel, lui et les anciens d'Israël, et ils se couvrirent la tête de poussière.

2S 13,19 Tamar répandit de la cendre sur sa tête, et déchira sa tunique bigarrée; elle mit la main sur sa tête, et s'en alla en poussant des cris.

Jon 3,5-9 : Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits. La chose parvint au roi de Ninive; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d'un sac, et s'assit sur la cendre

Jr 6.26 Fille de mon peuple, couvre-toi d'un sac et roule-toi dans la cendre, prends le deuil comme pour un fils unique, verse des larmes, des larmes amères! Car le dévastateur vient sur nous à l'improviste

Jr 25,34 Gémissez, pasteurs, et criez! Roulez-vous dans la cendre, conducteurs de troupeaux! Car les jours sont venus où vous allez être égorgés. Je vous briserai, et vous tomberez comme un vase de prix

Mt 11,21 Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre

Est 4,3 Dans chaque province, partout où arrivaient l'ordre du roi et son édit, il y eut une grande désolation parmi les Juifs; ils jeûnaient, pleuraient et se lamentaient, et beaucoup se couchaient sur le sac et la cendre Gn 3,19 Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras

Mc 1,15 Convertissez-vous et croyez à l'Evangile