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Hospitalité eucharistique

Définitions

Faut-il accueillir tout le monde à la table du seigneur dans le cadre d'une hospitalité eucharistique ? Ou faut-il réserver ce temps de partage de la parole et du pain à des initiés qui partagent la même foi ?

L’hospitalité eucharistique désigne l’accueil à la Table du Seigneur et à la communion, de chrétiens issus d’autres confessions. Cette notion doit être distinguée de l’intercommunion, qui est un accueil sans restriction et réciproque à la célébration de l’une ou l’autre Eglise.

Pour les orthodoxes, à de rares exceptions près, la participation des autres chrétiens à la communion n’est pas possible. Les Eglises protestantes sont par contre très ouvertes. Toute personne baptisée qui confesse que Jésus-Christ est le Seigneur est accueillie à sa table. «Le synode des Eglises Berne-Jura-Soleure a même décidé que la communion devait être accessible non seulement aux baptisés, mais aussi à toute personne qui se présente».

L’Eglise catholique romaine se situe à mi-chemin entre protestantisme et orthodoxie. Si une personne d’une autre confession veut communier, elle doit accepter et reconnaître ce que les catholiques vivent et célèbrent lors de l’eucharistie. Sur ces critères-là, elle pourra, après autorisation de l’évêque ou de son de représentant, communier dans le cadre d’un culte catholique.

L’hospitalité eucharistique est donc accordée sur la base d’une réponse individuelle, de l’histoire personnelle, de la motivation qui pousse l’individu à faire sa demande. Il ne s’agit pas d’une réponse générale et communautaire, comme le suppose l’intercommunion, que refuse l’Eglise catholique. En d’autres termes, l’hôte doit accepter le cadre dans lequel celui qui invite accueille.

Arguments

Parce que la communion eucharistique et la communion ecclésiale sont indissociables : l’Église fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Église. Le corps eucharistique du Christ est ordonné à la construction de son corps ecclésial. La communion à la même eucharistie engage donc la communion à la même Église, de même qu’elle suppose le partage de la même foi. La question de ne peut donc être abordée dans la seule perspective des besoins spirituels individuels ou des liens de fraternité existant entre des groupes limités. Seule la réconciliation entre les Églises aujourd’hui divisées peut rendre normal l’accueil mutuel à la table de l’eucharistie qu’elles célèbrent.

Dans le cas où des prêtres et des fidèles catholiques accueillent des frères protestants à la table eucharistique, une hospitalité authentique suppose de la part de ces derniers un « réel besoin » ou un désir spirituel éprouvé des liens de communion fraternelle profonds et continus avec des catholiques (tels qu’ils sont vécus dans certains foyers mixtes et dans quelques groupes œcuméniques durables), une foi sans ambiguïté quant à la dimension sacrificielle du mémorial, quant à la présence réelle et à la relation entre communion eucharistique et communion ecclésiale, enfin un engagement actif au service de l’unité que Dieu veut. Conférence des évêques de France.

Le sujet de l’hospitalité eucharistique concentre toutes les divergences sur la conception de l’Église, les sacrements et les ministères et donc renferme les enjeux œcuméniques les plus importants. Il y a ainsi la question de la foi en ce qu’est l’Eucharistie. Tous les chrétiens ont-ils la même conception, dans toutes ses dimensions ? Croient-ils tous en la présence réelle ? La question du ministre qui célèbre l’Eucharistie est également importante – ordonné ou non ? dans la ligne de la succession apostolique ou non ? –, puisqu’on touche à des divergences ecclésiologiques de premier plan. Journal La Croix, Marie Malzac, le 20/01/2017.

Réflexions

«L'accès à la table du Seigneur est ouvert en principe à tout chrétien baptisé qui s'en approche en confiance aux promesses du Christ, telles qu'elles ont été prononcées par les paroles d'institution» (p. 24). Non moins significative est la directive pratique dite Handregel dont l'auteur est le Cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, qui estime «possible la communion au-delà des limites confessionnelles» - ce qu'il explicite dans une lettre adressée à un chrétien protestant, publiée en 1999: «Celui qui peut prononcer d'un coeur sincère l'Amen qui clôt la prière eucharistique peut également recevoir d'un coeur sincère la communion qui est le fruit de cette prière. Il peut répondre, à celui qui lui donne la communion en disant « le corps du Christ », par un « Amen » sincère et plein de foi» (p. 32). Le partage eucharistique entre les Églises est possible. Thèses sur l'hospitalité eucharistique, tr. J. Courtois.

La question de l'hospitalité eucharistique résulte d'une division entre les Eglises chrétiennes. Il est recevable que chaque communauté formule ses exigences dans l'accueil d'un non initié. Ce principe s'applique dans toute forme de vie communautaire, même en-dehors de l'Eglise chrétienne. L'Islam a des exigences encore plus drastiques.

Dans le respect de chacun ne serait-il pas possible d'inventer un nouveau rite chrétien qui rassemblerait toutes les confessions chrétiennes ? Un rite qui ne s'appellerait ni sacrement, ni eucharistie, ni cène pour ne pas pencher vers une confession particulière ? La Tradition ne doit pas empêcher le renouveau. Il revient à chacun de faire un pas vers l'autre pour que nous soyons rassemblés autour d'une même table pour partager la parole et le pain, et bien sûr du bon vin.

« La Cène ou l’Eucharistie ne nous appartient pas ; comme sacrement — don de Dieu, elle nous donne l’unité en Christ et par conséquent les uns avec les autres ; nos divisions ecclésiales ne peuvent pas aller contre cela ; c’est le Christ seul qui préside, invite et fait notre unité dans la Cène. » Entre une telle position — représentative du protestantisme — et le respect d’autres familles confessionnelles pour lesquelles il n’y a d’accueil possible que dans l’unité ecclésiale réalisée et visible, y a-t-il une position médiane qui ne soit ni un compromis diplomatique, ni le discernement d’une seule personne (fut-elle en charge du ministère d’unité), ni le résultat de la pression toujours aléatoire d’une situation particulière ; mais un signe mutuellement reconnu, annonciateur de l’unité en Christ du peuple de Dieu, une avancée spirituelle ? Article en ligne (pdf).