Purgatoire, enfer et paradis

Le purgatoire

Les évangiles parle uniquement de l’enfer et du paradis. La doctrine du purgatoire n’est pas directement explicitée dans la Bible, d'où le rejet de cette notion par le protestantisme. Mais elle est implicite dans la pratique juive de la prière pour les morts mentionnée dans le livre des Maccabées. Or, prier pour les défunts présuppose qu’ils connaissent un état intermédiaire autre que la béatitude céleste ou l’enfer qui sont des états définitifs.

dante-purgatoire Augustin évoque un « feu purifiant ». À la fin du Ier millénaire, l'Eglise institue une fête des morts le 2 novembre. Vers le XIe siècle, le mot « purgatoire » apparaît. Il est imaginé un peu comme une « succursale » de l’enfer, une sorte d’enfer provisoire. Vers l’an 1300, grâce à Dante, il « sort » de ce contexte. Ce grand poète ose le représenter comme une montagne sous les étoiles, base de départ pour le paradis.

À partir des Xlle-XIlle siècles et avec le développement des pastorales de la peur, l'inquiétude par rapport à l'avenir immédiat des défunts grandit. Que deviennent-ils ? Peut-on encore prier pour eux ? Des scénarios d'eschatologie individuelle se mettent alors en place. C'est dans cet état d'esprit que la pratique de ta prière pour les défunts et la notion de purgatoire prennent de plus en plus d'importance. La prière pour les défunts est très tôt attestée dans l'Église. Elle suppose deux convictions : la situation des défunts n'est pas statique. Elle peut évoluer et il est possible d'intercéder les uns pour les autres y compris pour les défunts. On s'appuie généralement sur le deuxième livre des Maccabées pour légitimer la prière pour les défunts. Il s'agit d'un épisode relatant le combat des résistants juifs contre l'occupant grec, sous la conduite de Judas Maccabée. Après la bataille, on relève le corps de ceux qui ont péri durant la bataille afin de les inhumer. Stupeur : on trouve des amulettes païennes dans les tuniques de ceux qui avaient combattu pour leur peuple. La défaite apparaît aussitôt comme conséquence de cette défiance envers Dieu : cependant, il n'est pas possible que ceux qui ont combattu pour leur peuple soient séparés à jamais du Seigneur. Judas Maccabée organise alors une collecte pour offrir un sacrifice de réparation en faveur des défunts (2M 12,43-45).

Dans l'Église ancienne, on trouve très tôt des témoignages d'une pratique de la prière pour les défunts. Augustin théorise sur cette pratique dans La Cité de Dieu (au livre 21) : en Matthieu 12,32, il est dit que le péché contre l'Esprit Saint ne sera pardonné ni en ce monde ni dans le monde à venir ; s'il en est ainsi pour ce péché, cela signifie que certains péchés peuvent être pardonnés dans l'autre monde. Certains, en effet, ne subiront pas les peines temporelles dans ce monde-là, mais dans le siècle futur ; ces peines leur éviteront le supplice éternel : il s'agit de ceux qui n'ont pas mené une vie si mauvaise qu'elle ne puisse pas leur être pardonnée et cependant pas si bonne pour que leur soient épargnées des peines après la mort. L'Église peut donc prier pour les défunts qui n'ont excellé ni en bien ni en mal et dont le sort est susceptible d'évoluer après leur mort. L'idée d'une purification post mortem s'appuie sur une interprétation de la première lettre aux Corinthiens 3, 11-15. À propos des prédicateurs de l'Évangile. Paul évoque le jour du jugement au cours duquel l'œuvre de chacun se fera connaître. Le Seigneur se manifestera comme un feu prouvant ce que vaut l'œuvre de chacun : celui dont la construction subsistera obtiendra récompense, celui dont l'œuvre sera consumée sera privé de récompense et lui-même ne sera sauvé que de justesse, « comme on l'est à travers le feu ». Ce texte est lu alors dans la perspective de peines purgatoires qui permettront d'accéder à la vision de Dieu. Au Moyen Âge on ne parle plus seulement de peines purgatoires, mais on se représente un lieu intermédiaire entre l'enfer et le paradis où sont subies ces peines. Avec la naissance de ce lieu d'épreuve, intermédiaire, naît un ensemble de représentations très populaires et progressivement, on assiste à une « infernalisation » des peines du purgatoire qui devient un lieu proche de la salle de torture. Cf. J. Le Goff, La Naissance du purgatoire, 1981.

Cette solidarité entre vivants et morts est signe de la solidarité du corps tout entier de l'Église, que va développer la notion d’indulgence. L'idée est celle-ci : toute faute exige la repentance du pécheur (la coulpe) et une pénitence (la peine) proportionnelle à sa faute. Au long de l'histoire, se développe alors la possibilité d'une remise de peine pour un péché préalablement pardonné. Au XVe siècle l'application de ces indulgences aux défunts est devenue monnaie courante. Elle donnera lieu à des excès : la négociation, un tantinet marchande, permet d'apaiser ses teneurs et de s'assurer efficacement de son salut, pervertissant ainsi ce qui, à l'origine, était le signe d'une solidarité de tout le corps ecclésial. Plusieurs Conciles se prononcent sur l'existence de peines purgatoires, en débat avec les grecs, c'est-à-dire les orthodoxes, (Concile de Lyon en 1274 puis de Florence, 1439) et, plus tard, sur l'existence d'un purgatoire, en opposition aux affirmations de la Réforme (Concile de Trente, 1563).

Devant les excès de cette pratique, les Réformateurs, dès le début du XVIe siècle, contestent le système des indulgences et la prière pour les défunts. Ces pratiques induisent l'idée que le Christ n'est pas le seul intercesseur possible et encouragent un marché plus que suspect ! Orthodoxes et protestants réfutent le purgatoire considérant que rien ne l'atteste dans les Écritures. Cependant si les orthodoxes rejettent l'idée de purgatoire comme lieu, ils ne récusent pas la possibilité d'une purification après la mort et pratiquent la prière pour les défunts. S'il est possible d'utiliser cette notion de purgatoire, c'est à plusieurs conditions. Il faut d'abord se débarrasser de l'imagerie populaire qui en fait un lieu situé selon l'espace : « Après cette vie Dieu lui-même est notre lieu », écrit Augustin. Ensuite, il ne s'agit pas d'une seconde chance, comme l'est par exemple la réincarnation entendue en son sens occidental, mais d'un processus de maturation progressive. Ce processus de purification n'est pas à penser en termes de châtiment, mais comme une manière d'assumer progressivement les conséquences de mon péché : « Le purgatoire, écrit un théologien, signifie la souffrance que j'ai laissée derrière moi sur terre ». S'il en est ainsi, le purgatoire peut se penser en termes de variation d'intensité de la présence divine : ce processus de maturation permet de se trouver progressivement dans la communion de Dieu. Plus l'intimité avec Dieu a été forte au long de mon existence (que cette intimité soit explicite ou implicite « quand t'avons-nous vu avoir faim ? », plus le processus de maturation sera rapide. Cet état de purification progressive provient de la souffrance que je ressens en contemplant l'abîme entre ce que j'ai pu vivre sur terre et la plénitude de l'amour de Dieu.

Isabelle Chareire, La résurrection des morts, Tout simplement, Les Editions de l'Atelier, 1999.

Ce n’est pas une sorte de camp de concentration dans l’au-delà, où l’homme devrait subir des châtiments qui lui seraient imposés d’une manière plus ou moins positive. C’est plutôt le processus interne et nécessaire de transformation de l’homme, par lequel ce dernier devient capable du Christ. Joseph Ratzinger, La Mort et l’au-delà, 1980.

Autrefois, la théologie mettait l’accent sur l’expiation des péchés ; aujourd’hui, elle présente le purgatoire par une nécessaire purification de l’homme, comme un éblouissement de nos yeux qui doivent s’habituer à la lumière de Dieu.

Pourquoi alors parle-t­on du purgatoire ? A travers notre vie nous cachons beaucoup de choses aux autres et très souvent, nous sommes incapables de supporter la vérité sur nous- mêmes et pourtant nous sommes appelés à la vie de Dieu, qui nous le savons bien, est lumière et vérité, c’est-à-dire transparence. Par conséquent, nous ne pouvons pas y entrer sans devenir nous-mêmes lumière. Qui fait la vérité vient à la lumière dit-on ; d’où la nécessité du purgatoire qui est en soi un processus de purification. Bernard Sesboüé écrit : « le choc de la rencontre de Dieu est un feu dévorant… le purgatoire n’est pas un châtiment, il est au contraire l’expression de la grande patience de Dieu qui maintient jusqu’à l’au-delà la possibilité de notre conversion totale à la vérité »[2]. Le purgatoire parait alors être la chance que Dieu nous donne pour accéder à son amour. http://aaouestafrique.frerebenoit.net/2015/06/30/le-paradis-le-purgatoire-et-lenfer/

L'enfer

Dieu veut que tout homme soit sauvé, alors comment accepter l'idée de l'enfer.

dante-enfer Le mot « géhenne » qui désigne souvent l'enfer vient de Hinnon, nom de lieu près de Jérusalem où étaient offerts les sacrifices d'enfants (2 Chroniques 28,3). Ce lieu est devenu par la suite le lieu où étaient brûlées les ordures. Par extension et en référence à Jérémie 7,31, la géhenne désigne le lieu où les pécheurs sont punis par le feu.

2Ch 28,3 Lui-même, il offrit de l’encens dans le ravin de Ben-Hinnom et il brûla ses fils par le feu, suivant les abominations des nations que le SEIGNEUR avait dépossédées devant les fils d’Israël.

Jr 7,31 Ils érigent le tumulus du Tafeth dans le ravin de Ben-Hinnom pour que leurs fils et leurs filles y soient consumés par le feu ; cela, je ne l’ai pas demandé, je n’en ai jamais eu l’idée.

Dieu ne pouvait pas créer un être humain qui soit d’entrée de jeu déjà fixé dans le bien, car alors il ne ferait que jouer avec une marionnette. Ce qui vaut du commencement vaut aussi de la fin. Notre liberté, selon le mot très juste de Karl Rahner, est « le pouvoir unique du définitif. […] La liberté est le pouvoir de ce qui est éternel. […] La liberté est l’événement de l’éternel (Karl Rahner, Traité fondamental de la foi, Le Centurion, Paris) », c’est ce qui fait sa grandeur. C’est pourquoi l’Église a toujours été très réticente à l’égard des « Pères miséricordieux » qui enseignaient qu’à la fin des temps il y aurait une restitution ou restauration de toutes choses, et la réintégration des damnés dans l’œuvre du salut. Cela voudrait dire que l’engagement de la liberté des hommes ne serait qu’un faux semblant et que, finalement, tout s’arrangera.

Or Dieu est amour, et l’homme peut vouloir ne pas aimer : c’est cette possibilité qu’énonce l’enfer. Si Jésus évoque l’enfer dans son enseignement – et il le fait assez souvent –, c’est toujours sous la forme d’un avertissement d’importance qui veut nous mettre en garde. Il reprend les images scripturaires les plus violentes, mais généralement dans des paraboles qui invitent à la conversion. Il existe aussi le péché contre le Saint Esprit, c’est-à-dire celui qui oppose un refus définitif à toute lumière permettant la conversion. Dieu qui est Amour ne peut s’imposer par la force à notre liberté. Edith Stein, carmélite, morte en camp de concentration et récemment canonisée a écrit : « Il appartient à l’âme de décider d’elle-même. Le grand mystère que constitue la liberté de la personne, c’est que Dieu lui-même s’arrête devant elle. Il ne veut dominer les esprits créés que par le don libre qu’ils lui font de leur amour (Edith Stein, La science de la croix, Nauwelaerts). » L’existence de l’homme, qui se joue dans le choix ou le refus d’aimer, est terriblement sérieuse. L’enfer est une possibilité réelle pour chacun d’entre nous, si notre liberté refuse Dieu de manière définitive. Cet avertissement ne nous dit pas pour autant que quelqu’un soit effectivement en enfer. Il ne contredit pas l’espérance que tous les hommes puissent être sauvés, selon le dessein universel de Dieu.

L’enfer est donc une création de l’homme. L’enfer surgit quand l’amour est totalement refusé. Le curé de campagne de Georges Bernanos disait de son côté : « L’enfer, Madame, c’est de ne plus aimer. » Celui qui a dit sans doute la parole définitive, capable de convertir nos mentalités et de nous mettre dans la vérité face au redoutable mystère de l’enfer, c’est Søren Kierkegaard, parole rapportée et prise à son compte par Hans Urs von Balthasar : De ma vie, je n’ai jamais été et n’irai jamais plus loin que ce point de « crainte et tremblement » où je suis littéralement certain que tout autre que moi accédera aisément à la béatitude. Dire aux autres : vous êtes perdus pour l’éternité, voilà qui m’est impossible. Pour moi, une chose est sûre : tous les autres seront bienheureux, et c’est bien assez – pour moi seul l’affaire reste aléatoire.

Nous ne savons pas s’il y a des hommes en enfer. Nous avons le droit et le devoir d’espérer pour tous. L’Écriture nous dit maintes fois que la volonté de Dieu est que tous soient sauvés : « Dieu, notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4 ; cf. Rm 11, 32 ; Co 1, 19-20 ; Ep 1, 10 ; Jn 12, 32). Entre l’enfer toujours possible et l’enfer effectif, il y a l’amour inlassable et libérateur de Dieu. Là où nous demandons de la certitude et des assurances, le message chrétien nous renvoie à la foi, à l’espérance et à l’amour.

3. La «damnation» ne doit donc pas être attribuée à l'initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu'il a créés. En réalité, c'est la créature qui se ferme à son amour. La «damnation» consiste précisément dans l'éloignement définitif de Dieu librement choisi par l'homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état.

4. La foi chrétienne enseigne que, dans le risque du «oui» et du «non» qui distingue la liberté de la créature, certains ont déjà dit non. Il s'agit des créatures spirituelles qui se sont rebellées à l'amour de Dieu et qui sont appelées démons (cf. Concile du Latran IV: DS 800-801). Pour nous, êtres humains, leur vie résonne comme un avertissement: il s'agit d'un rappel constant à éviter la tragédie dans laquelle débouche le péché, et à modeler notre existence sur celle de Jésus qui s'est déroulée sous le signe du «oui» à Dieu.

La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître, sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont effectivement concernés. La pensée de l'enfer - et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques -, ne doit pas créer de psychose ni d'angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l'annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l'Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer «Abba, Père» (Rm 8, 15; GA 4, 6).

JEAN-PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 28 juillet 1999, L'enfer comme refus définitif de Dieu.

Il appartient à l’âme de décider d’elle-même. Le grand mystère que constitue la liberté de la personne, c’est que Dieu s’arrête devant elle. Édith Stein, carmélite morte à Auschwitz en 1942.

L’enfer est-il vide ?, se demande le théologien suisse Hans Urs Von Balthasar à la fin des années 1980. Le pape François a aussi pris acte des évolutions théologiques à ce sujet, en confiant notamment le 14 janvier dernier : « J’aime à penser que l’enfer est vide. »

Être fermé aux autres, refuser toute relation, c’est cela l’enfer. « L’enfer, c’est de ne plus aimer », écrivait Georges Bernanos dans Le journal d’un curé de campagne. L’enfer serait donc cet état de rupture, éloigné de Dieu.

CEC-1035 La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire.

Pour ce qui est du Nouveau Testament, une chose frappe d’emblée. En comparaison avec la mention omniprésente du ciel – plus de 260 fois, avons-nous vu –, celle de l’enfer s’y avère rarissime. Les doigts des deux mains suffisent en effet à y dénombrer d’un bout à l’autre les emplois du terme hadès. Absent chez Marc et Jean, on ne le trouve qu’à deux reprises chez Matthieu (en 11, 23 et 16, 18). Même chose chez Luc : une fois dans un passage commun avec Matthieu (10, 15) et une fois dans un autre qui lui est propre (16, 23). Pour le reste, hadès revient trois fois dans un passage des actes des Apôtres (2, 24.27.31) et quatre fois dans l’Apocalypse [1, 18 ; 6, 8 ; 20, 13-14]. Deuxième constatation. Parmi ces occurrences, il n’en est qu’une où l’« enfer » se rapporte au sort des pécheurs après la mort. Cela se trouve en Lc 16, dans la parabole dite du mauvais riche et de Lazare.

19« Il y avait un homme riche qui s’habillait de pourpre et de linge fin et qui faisait chaque jour de brillants festins. 20Un pauvre du nom de Lazare gisait couvert d’ulcères au porche de sa demeure. 21Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses ulcères. 22« Or le pauvre mourut et fut emporté par les anges au côté d’Abraham ; le riche mourut aussi et fut enterré. 23Au séjour des morts, comme il était à la torture, il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare à ses côtés. 24Alors il s’écria : “Abraham, mon père, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre le supplice dans ces flammes.” 25Abraham lui dit : “Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu ton bonheur durant ta vie, comme Lazare le malheur ; et maintenant il trouve ici la consolation, et toi la souffrance. 26De plus, entre vous et nous, il a été disposé un grand abîme pour que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le puissent pas et que, de là non plus, on ne traverse pas vers nous.” 27« Le riche dit : “Je te prie alors, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père, 28car j’ai cinq frères. Qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture.” 29Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.” 30L’autre reprit : “Non, Abraham, mon père, mais si quelqu’un vient à eux de chez les morts, ils se convertiront.” 31Abraham lui dit : “S’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus.” »

Lire la suite de l'étude de Michel Gourgues

Le paradis

Jésus a ouvert la porte du paradis en descendant aux enfers. « Premier né d’entre les morts », il est aussi le seul dans le Nouveau Testament à utiliser le terme « paradèisos », qu’il prononce sur la croix. Il le promet au bon larron, crucifié à sa droite :

Amen je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis (Luc 23,43).

dante-paradis Le mot Paradis vient, par l’intermédiaire des LXX, de l’antique persan « pairi-daéça » qui signifie parc, lieu planté d’arbres. En hébreu « gan-éden » le "Jardin d'Éden". Le paradis du "Jardin d'Éden" est une réalité à construire, une promesse à vivre au quotidien. Le paradis de l'au-delà est son accomplissement dans l'éternité. Mais il n'est pas une transposition matérialiste du Jardin d'Eden.

Cette vision pourrait être, d'un côté, la représentation d'un paradis perdu et, de l'autre, celle du paradis promis. Ce n'est pas un hasard si l'horizon d'un univers paradisiaque, qui est situé par la Genèse (c. 2) aux origines mêmes du monde, par Isaïe (c. 11) et par l'Apocalypse (cc. 21-22) est situé à la fin de l'histoire. On voit ainsi que l'harmonie de l'homme avec son prochain, avec la création et avec Dieu est le dessein poursuivi par le Créateur. Ce projet a été, et est, sans cesse bouleversé par le péché humain qui s'inspire d'un plan alternatif, présenté dans le livre même de la Genèse (cc. 3-11), dans lequel est décrite l'affirmation d'une tension progressive en conflit avec Dieu, avec son semblable et même avec la nature. JEAN PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 17 janvier 2001, L'engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure

Le paradis n’est pas un lieu de conte de fée, ni un jardin enchanté. Le paradis est le baiser de Dieu, Amour infini, et nous y entrons grâce à Jésus, qui est mort en croix pour nous. Là où il y a Jésus, il y a la miséricorde et le bonheur; sans Lui, il y a le froid et les ténèbres. A l’heure de la mort, le chrétien répète à Jésus: «Souviens-toi de moi». Et même si plus personne ne se souvenait de nous, Jésus est là, à nos côtés. Il veut nous emmener dans le lieu le plus beau qui existe. Il veut nous y emmener avec ce peu ou ce grand bien qu’il y a eu dans notre vie, afin que rien ne soit perdu de ce qu’il avait déjà racheté. Et dans la maison du Père, il apportera également tout ce qui en nous a besoin de rachat: les fautes et les erreurs de toute une vie. Tel est l’objectif de notre existence: que tout s’accomplisse, et soit transformé en amour.

Et à cet instant, enfin, nous n’aurons plus besoin de rien, nous ne verrons plus de façon confuse. Nous ne pleurerons plus inutilement, parce que tout est passé; même les prophéties, même la connaissance. Mais l’amour non, lui demeure. Parce que «la charité ne passe jamais» (cf. 1 Co 13, 8). PAPE FRANÇOIS, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 25 octobre 2017.

CEC-1024 Cette vie parfaite, cette communion de vie et d'amour avec la Très Sainte Trinité, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée "paradis". Le ciel est la fin ultime de l'homme et la réalisation de ses aspirations les plus profondes, l'état du bonheur suprême et définiti.

1025 Vivre au paradis c'est "être avec le Christ". Les élus vivent "en lui", mais conservant, en effet, leur véritable identité, leur propre nom.

1027 Ce mystère de communion bénie avec Dieu et avec tous ceux qui sont en Christ dépasse toute possibilité de compréhension et de description. L'Écriture en parle avec des images: vie, lumière, paix, banquet de noces, vin du Royaume, maison du Père, Jérusalem céleste, ciel: "Les choses que l'œil n'a pas vues, ni les oreilles entendues, ni jamais pénétrées dans le cœur de l'homme ceux-ci ont préparé Dieu pour ceux qui l'aiment". (1 Cor 2,9).

1028 A cause de sa transcendance, Dieu ne peut être vu tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation immédiate de l’homme et qu’Il lui en donne la capacité. Cette contemplation de Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église " la vision béatifique "

1042 A la fin des temps, le royaume de Dieu viendra à sa plénitude. Après le jugement universel, le juste régnera pour toujours avec Christ, glorifié dans le corps et l'âme, et le même univers sera renouvelé: Alors l'Église "aura son accomplissement [...] dans la gloire du ciel, quand le temps viendra pour la restauration de toutes choses et quand le monde entier, aussi, avec l'humanité, sera intimement uni à l'homme et à travers il arrive à sa fin, il sera parfaitement récapitulé dans le Christ".

1043 Ce renouvellement mystérieux, qui transformera l'humanité et le monde des Écritures, est défini par l'expression: "les nouveaux cieux et une nouvelle terre" (2 P 3,13). 639 Ce sera la réalisation définitive du plan de Dieu de "récapituler en Christ toutes les choses, celles du ciel comme celles de la terre". (Ef 1,10).

1044 Dans ce nouvel univers, 640 la Jérusalem céleste, Dieu habitera parmi les hommes. Il "essuiera toute larme de leurs yeux; il n'y aura plus de mort, ni de deuil, ni de lamentation, ni de trouble, car les premières choses ont disparu".(Ap 21,4).

1045 Pour l'homme, cet accomplissement sera la réalisation définitive de l'unité du genre humain, voulue par Dieu depuis la création et dont l'Église dans l'histoire est "comme un sacrement". Ceux qui seront unis au Christ formeront la communauté des rachetés, la "Cité Sainte" de Dieu (Ap 21,2), "l'Epouse de l'Agneau" (Apocalypse 21: 9). Il ne sera plus blessé par le péché, par les impuretés, par l'amour-propre, qui détruisent ou blessent la communauté terrestre des hommes. La vision béatifique, dans laquelle Dieu se manifestera inépuisable pour les élus, sera une source éternelle de joie, de paix et de communion mutuelle.

1046 Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde communion du destin entre le monde matériel et l'homme: "La création elle-même attend avec impatience la révélation des fils de Dieu [...] et nourrit l'espoir d'être libérée de l'esclavage de la corruption [...]. Nous savons bien que toute la création gémit et souffre jusqu'à aujourd'hui dans les douleurs de la naissance; ce n'est pas le seul, mais nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit, gémissons intérieurement, attendant l'adoption comme fils, la rédemption de notre corps".(Rm 8, 19-23).

1047 Ainsi, même l'univers visible est destiné à être transformé, "afin que le monde lui-même, restauré dans son état primitif, soit, sans aucune entrave, au service des justes", participant à leur glorification dans le Christ ressuscité.

1048 "Nous ignorons le moment où la terre et l'humanité seront accomplies, et nous ne savons pas comment l'univers sera transformé. L'aspect de ce monde, déformé par le péché, passe certainement à travers. Nous savons cependant, de la Révélation, que Dieu prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre, dans laquelle la justice habite, et dont le bonheur satufera de façon écrasante tous les désirs de paix qui montent dans le cœur des hommes".

La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ Jean 17,3.

Connaitre Dieu, voilà la finalité de l'existence, le sens ultime de la vie. Le verbe connaitre signifie "entrer dans l'intimité de", en hébreu (yada). Le verbe grec (γινώσκωσιν) utilisé par Jean n'a pas cette richesse. Mais le verset permet l'interprétation hébraïque, car Dieu est amour (1Jn 4). Et l'amour n'est pas de l'ordre du savoir, mais bien de la relation intime. La vie éternelle consistera donc en une plénitude d'amour, car nous "pénétrerons" l'amour absolu et infini.

Le paradis est "un état" de vrai bonheur, de plénitude de vie et d'amour.

Je désire vous dire que nous sommes attendus au Paradis par l’Éternel Amour ! Nous devons penser au Paradis ! La carte de notre vie chrétienne, jouons-la en pointant sur le Paradis ! Cette certitude et cette attente ne nous détournent pas de nos engagements terrestres ; au contraire, elles les purifient et les intensifient, comme en témoigne la vie de tous les Saints.

Notre vie est une marche vers le Paradis où nous serons aimés et aimerons pour toujours et de manière totale et parfaite. On naît uniquement pour aller au Paradis. Jean-Paul II – Discours aux jeunes de la paroisse romaine de San Basilio, 11 mars 1979.