Athanase (vers 296–373)

Biographie

  • Naissance : Né vers 296 à Alexandrie, en Égypte, dans une famille chrétienne.
  • Formation : Étudia la théologie et la philosophie sous la direction d'Alexandre, évêque d'Alexandrie.
  • Diacre : Ordonné diacre par l'évêque Alexandre, il l'accompagna au concile de Nicée (325).
  • Rôle à Nicée : Joue un rôle clé dans la rédaction du Symbole de Nicée, affirmant la divinité du Christ contre l'arianisme.
  • Évêque d'Alexandrie : Devient évêque en 328, succédant à Alexandre, et dirige l'Église d'Alexandrie pendant 45 ans.
  • Lutte contre l'arianisme : Passe sa vie à défendre la foi nicéenne contre les ariens, qui nient la divinité du Christ.
  • Exils : Exilé cinq fois (335, 339, 341, 356, 362) en raison de ses positions théologiques, mais reste ferme dans sa défense de l'orthodoxie.
  • Œuvres majeures : Auteur de nombreux écrits, dont Sur l'incarnation du Verbe et La Vie d'Antoine.
  • Sur l'incarnation : Dans ce traité, il explique comment le Christ, en tant que Dieu, s'est fait homme pour sauver l'humanité.
  • La Vie d'Antoine : Biographie d'Antoine le Grand, fondateur du monachisme chrétien, qui influence profondément la spiritualité monastique.
  • Relations avec les empereurs : Soutenu par certains empereurs (comme Constantin et Théodose), mais persécuté par d'autres (comme Constance II).
  • Défense de la Trinité : Insiste sur l'égalité des trois personnes divines (Père, Fils, Saint-Esprit) contre les hérésies.
  • Mort : Décède le 2 mai 373 à Alexandrie, après une vie entière consacrée à la défense de la foi chrétienne.
  • Héritage : Considéré comme l'un des plus grands Pères de l'Église, surnommé "l'Athanase le Grand" pour son courage et sa clarté théologique.
  • Influence : Ses écrits et sa défense de la foi nicéenne ont façonné la théologie chrétienne pour les siècles suivants.

Synthèse

Athanase a été sans aucun doute l'un des Pères de l'Eglise antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l'incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui - comme le dit le prologue du quatrième Evangile - "se fit chair et vint habiter parmi nous" (Jn 1, 14). C'est précisément pour cette raison qu'Athanase fut également l'adversaire le plus important et le plus tenace de l'hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature "intermédiaire" entre Dieu et l'homme, selon une tendance récurrente dans l'histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd'hui aussi. Probablement né à Alexandrie vers l'an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l'Evêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son Evêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l'empereur Constantin en mai 325 pour assurer l'unité de l'Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème né quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.

Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l'authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n'était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être "intermédiaire" entre Dieu et l'homme, ce qui rendait ainsi le vrai Dieu toujours inaccessible pour nous. Les Evêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le "Symbole de la foi" qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental - qui exprime la foi de l'Eglise indivise, et que nous répétons aujourd'hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique - figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis: celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est "de la même substance" que le Père, il est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par le ariens.

A la mort de l'Evêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme Evêque d'Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l'égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s'étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l'hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l'issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau - dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et elles furent soutenues pour des raisons politiques par l'empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l'unité de l'empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible - à son avis - à tous ses sujets dans l'empire.

La crise arienne, que l'on croyait résolue à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l'Eglise. Et à cinq reprises au moins - pendant une période de trente ans, entre 336 et 366 - Athanase fut obligé d'abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d'Alexandrie, l'Evêque eut l'occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d'abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l'Evêque d'Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.

L'oeuvre doctrinale la plus célèbre du saint Evêque alexandrin est le traité Sur l'incarnation du Verbe, le Logos divin qui s'est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu "s'est fait homme pour que nous devenions Dieu; il s'est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l'incorruptibilité" (54, 3). En effet, avec sa résurrection le Seigneur a fait disparaître la mort comme "la paille dans le feu" (8, 4). L'idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n'est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement "Dieu avec nous".

Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l'Eglise - qui demeurent en grande partie liées aux événements de la crise arienne - rappelons ensuite les autres lettres qu'il adressa à son ami Sérapion, Evêque de Thmuis, sur la divinité de l'Esprit Saint, qui est affirmée avec netteté, et une trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d'année aux Eglises et aux monastères d'Egypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et en les préparant à cette grande solennité.

Enfin, Athanase est également l'auteur de textes de méditation sur les Psaumes, ensuite largement diffusés, et d'une œuvre qui constitue le best seller de la littérature chrétienne antique: la Vie d'Antoine, c'est-à-dire la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint, précisément alors que l'Evêque d'Alexandrie, exilé, vivait avec les moines dans le désert égyptien.

BENOÎT XVI, AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 20 juin 2007, https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070620.html

Sexualité, mariage et virginité

Athanase est surtout connu pour ses contributions à la christologie et à la défense de la divinité du Christ, mais ses écrits touchent aussi indirectement à la sexualité et à la virginité, notamment à travers ses lettres pastorales et ses textes sur la vie monastique.

1. La virginité comme idéal de sainteté

Athanase valorise la virginité comme un état de consécration totale à Dieu, en lien avec la tradition ascétique naissante de son époque. Pour lui, la virginité est un moyen de se détacher des préoccupations terrestres pour se consacrer à la prière et à la contemplation divine. Athanase encourage les vierges et les moines à persévérer dans leur engagement, en soulignant que la virginité est une voie vers la sainteté et une anticipation de la vie éternelle.

"La virginité est un don de Dieu, une imitation de la pureté des anges. Celui qui se consacre à la virginité devient un temple du Saint-Esprit et participe déjà, sur cette terre, à la vie céleste. [...] La virginité n'est pas seulement l'absence de relations conjugales, mais une disposition du cœur tournée vers Dieu." Lettre aux vierges, in Patrologia Graeca, vol. 26, col. 1161-1176.

2. Le mariage : une institution divine, mais secondaire

Athanase reconnaît la légitimité du mariage comme une institution créée par Dieu, mais il le considère comme inférieur à la virginité. Pour lui, le mariage est destiné à ceux qui n'ont pas reçu le charisme de la continence. Athanase cite souvent l'Écriture pour justifier sa position, en s'appuyant sur des passages comme 1 Corinthiens 7, où Paul compare la virginité et le mariage.

"Le mariage est honorable et le lit conjugal est sans souillure (Hébreux 13:4), mais la virginité est plus élevée, car elle libère l'homme des soucis de ce monde et le rend entièrement disponible pour le service de Dieu. [...] Celui qui peut comprendre cela, qu'il comprenne !" Lettre festale 14, in Patrologia Graeca, vol. 26, col. 1409-1424. Contexte : Référence :

3. La sexualité : une réalité à maîtriser

Athanase aborde la sexualité avec prudence, en insistant sur la nécessité de la maîtriser pour éviter le péché. Il ne condamne pas la sexualité en elle-même, mais il la considère comme un domaine où l'homme doit exercer sa volonté pour rester fidèle à Dieu. Dans sa Vie d'Antoine, Athanase décrit les combats spirituels du célèbre ermite Antoine le Grand, y compris ses luttes contre les tentations de la chair. Ce texte a eu une influence majeure sur la spiritualité monastique.

"Le diable attaque souvent les moines et les vierges par des pensées impures, mais celui qui résiste avec la prière et le jeûne triomphera. La chasteté n'est pas l'absence de tentations, mais la victoire sur elles." Vie d'Antoine, in Patrologia Graeca, vol. 26, col. 837-976. Contexte : Référence :

4. La virginité de Marie : un modèle de pureté

Athanase défend la virginité perpétuelle de Marie, qu'il considère comme un symbole de la pureté et de la sainteté. Pour lui, Marie est un modèle pour tous les chrétiens, en particulier pour les vierges et les moines. Dans ce traité christologique, Sur l'incarnation du Verbe, Athanase lie la virginité de Marie à la pureté de l'Église, en soulignant que la virginité est un signe de la consécration totale à Dieu.

"Marie est restée vierge avant, pendant et après la naissance du Christ. Elle est le symbole de l'Église, qui doit elle aussi rester pure et fidèle à son Époux, le Christ." Sur l'incarnation du Verbe, in Patrologia Graeca, vol. 25, col. 99-198. Contexte : Référence :

5. Synthèse de la pensée d'Athanase

    Pour Athanase :
  • La virginité est l'idéal le plus élevé, car elle permet une consécration totale à Dieu.
  • Le mariage est légitime, mais il est destiné à ceux qui n'ont pas reçu le don de la continence.
  • La sexualité doit être maîtrisée, car elle peut devenir une source de tentation et de péché.
  • Marie incarne la virginité parfaite et sert de modèle pour tous les chrétiens, en particulier pour les vierges et les moines.

Voir les liens dans la bibliothèque.

Retour à la page principale.