Origène (v. 185, Alexandrie – 253/254, Tyr ou Césarée)
Biographie
- Origène naît vers 185 à Alexandrie et meurt vers 253/254 à Tyr ou Césarée.
- Il est fils d’un père martyrisé, Léonide, dont il reçoit une formation biblique.
- Très jeune, il enseigne à l’école catéchétique d’Alexandrie.
- Sa vie est marquée par l’ascèse et un engagement intellectuel intense.
- Il fonde une école à Césarée après un conflit avec l’évêque Démétrius.
- Il voyage pour prêcher, débattre et enseigner en Palestine et Arabie.
- Il rédige la Hexapla, monument d’exégèse biblique comparée.
- Sa théologie valorise l’interprétation allégorique et spirituelle de l’Écriture.
- Il développe une doctrine du salut fondée sur la liberté et la pédagogie divine.
- Il croit à la purification progressive des âmes par ascèse et connaissance.
- Il hiérarchise les états de vie : virginité > continence > mariage.
- Il voit la sexualité comme une conséquence de la chute, à maîtriser.
- Le mariage est toléré mais la virginité anticiperait l’état eschatologique.
- Il prône une maîtrise du corps comme chemin vers la contemplation.
- Il valorise la prière, le jeûne, l’étude et le renoncement personnel.
- Parmi ses œuvres majeures : Contre Celse, De Principiis, Homélies, Commentaires.
- Il inspire profondément Jérôme, Basile, Grégoire de Nysse et Augustin.
- Il est contesté postérieurement et partiellement condamné au VIe siècle.
- Il subit la torture en 250 sous Dèce et en mourra lentement.
- Il est considéré comme père de l’exégèse chrétienne et du monachisme spirituel.
Origène - Commentaire du Cantique des cantiques
3. « Qu’il me baise des baisers de sa bouche ». C’est l’usage de l’Époux dans les Écritures de mettre l’impératif pour l’optatif, comme en ces mots : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié» au lieu de «puisse-t-il être sanctifié » ; de même ici : « qu’il me baise des baisers de sa bouche », au lieu de « puisse-t-il me baiser » . Ensuite, l’Épouse aperçoit l’Époux ; il vient ruisselant de parfums, et pouvait-il venir autrement vers l‘Épouse ? Le Père pouvait-il envoyer autrement le Fils aux noces ? De divers parfums s’il l'a oint, et l’a fait Christ. Il vient en exhalant diverses odeurs et s’entend dire : « Tes seins sont meilleurs que le vin ». C’est avec raison que la Parole divine nomme une seule et même chose de noms divers, selon les endroits. Quand une victime est offerte dans la Loi et que la divine Parole veut en designer l’intelligence, elle nomme « le haut de la poitrine mis à part ». S’agit-il de quelqu’un qui repose avec Jésus et qui jouit de la communion de ses sentiments, elle ne parle pas du haut de la poitrine, comme précédemment, mais de la poitrine même. Et lorsque l’Épouse s’adresse à l’Époux — c’est ici un cantique nuptial -, l’Écriture ne parle ni du haut de la poitrine, comme dans le sacrifice, ni de la poitrine comme à propos de Jean le disciple, mais elle parle de seins : « Tes seins, dit-elle, sont meilleurs que le vin ». Sois en communion, comme l’Épouse, avec les sentiments de l’Époux, et tu sauras que de telles pensées enivrent et donnent la joie. Tout comme le calice enivrant du Seigneur est bon au-delà de toute expression (ps., 22. 5) de même les seins de l’Époux sont meilleurs que le vin, parce qu'il est dit : « Tes seins sont meilleurs que le vin »2. En pleine prière, elle adresse la parole à l’Époux : « Et l’odeur de tes parfums est au-dessus de tous les aromates ». Ce n’est pas d'un seul parfum , c’est de tous les parfums qu’est oint l’Époux quand il arrive. Et si l’Époux daigne venir aussi vers mon Âme devenue son épouse, combien doit-elle être belle pour l’attirer à soi du haut du ciel, pour le faire descendre sur la terre, pour qu’il vienne auprès de l’aimée ? De quelle beauté doit-il resplendir, quelle doit être l’ardeur de son amour, pour qu’il lui dise ce qu’il a dit à l’Épouse parfaite : ton cou, tes yeux, tes joues, tes mains, ton ventre, tes épaules, tes pieds ? Au sujet de tout ceci, nous rechercherons, si le Seigneur nous l’accorde, comment il se fait qu’on énumère les divers membres de l’Épouse, qu’on fasse un éloge différent de chacune de ses parties. Ensuite, après l’exposé, nous chercherons comment notre âme pourrait recevoir le même éloge. « Tes seins sont donc meilleurs que le vin ». Quand tu verras l’Époux, tu comprendras qu’elle, dit vrai : « Parce que tes seins sont meilleurs que le vin, et l’odeur de tes parfums est au-dessus de tous les aromates ». Beaucoup ont eu des aromates : la Reine du Midi apporta des aromates à Salomon ; et plusieurs autres possédèrent des aromates. Mais qu’on en ait tant qu’on voudra, jamais ils ne pourront être comparés aux parfums du Christ, dont l’Épouse dit ici : « L’odeur de tes parfums est au-dessus de tous les aromates ». Je crois que Moïse et Aaron et chacun des prophètes ont eu des aromates, mais quand je vois le Christ, et que je hum e la douceur de ses parfums, je décide aussitôt : « L’odeur de tes parfums est au-dessus de tous les aromates ».

