Apocalypse - Chapitre 22 - Suite 21
Le chapitre 22 conclut le livre de l’Apocalypse et toute la Bible. Il présente la vie de la nouvelle création, le fleuve d’eau vive, l’arbre de vie rétabli, la présence directe de Dieu, et se termine par une série d’exhortations et de promesses centrées sur le retour imminent du Christ. Le chapitre alterne description symbolique, paroles divines, avertissements prophétiques et bénédiction finale.
| Versets | Commentaire |
| 1 Puis il me montra un fleuve d'eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l'agneau. | La vision reprend les grands motifs d’Ézéchiel 47. Le fleuve provient du trône de Dieu et de l’Agneau, ce qui signifie que la vie éternelle jaillit directement de la présence divine. La pureté du fleuve (“comme du cristal”) indique l’absence totale d’impureté ou de corruption. C’est le contrepoint exact du fleuve primordial d’Éden (Genèse 2:10), mais ici magnifié et universel. Le Fleuve de vie (22,1) qui jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau illustre encore sous forme imagée la présence trinitaire et l’importance capitale de l’Esprit Saint qui est la vie même de Dieu. Déjà saint Jean avait exprimé la grâce de l’Esprit Saint par le thème de l’eau vive (Jn 4,10,14 ; 7,37- 39, etc.). D.A. |
| 2 Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations. | L’arbre de vie réapparaît, élément fondamental pour comprendre le lien entre Genèse et Apocalypse. Dans la Genèse, l’accès à l’arbre est interdit par les chérubins (Gn 3:24). Ici, il est accessible, abondant, et régénérateur. Ses douze fruits (un par mois) symbolisent l’abondance perpétuelle et la fécondité sans interruption. Les feuilles “pour la guérison des nations” montrent que la nouvelle création inclut la restauration complète des peuples — le salut est universel et non tribal. |
| 3 Il n'y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l'agneau sera dans la cité, et ses serviteurs lui rendront un culte, | La malédiction du sol (Gn 3:17), de la souffrance (Gn 3:16) et de la mort est abolie. L’abolition complète du mal est l’acte final du salut. La présence du “trône de Dieu et de l’Agneau” dans la ville signifie que la cité entière est un sanctuaire. Les serviteurs de Dieu “le serviront” : service liturgique, joyeux, sacerdotal. |
| 4 ils verront son visage et son nom sera sur leurs fronts. | C’est une affirmation unique : dans la Bible, personne ne peut voir Dieu et vivre (Ex 33:20). Dans la nouvelle création, la vision béatifique est le sommet de la communion divine. Voir la face de Dieu signifie une connaissance directe, sans médiation, sans voile. Le “nom sur leurs fronts” exprime l’appartenance totale et irréversible. |
| 5 Il n'y aura plus de nuit, nul n'aura besoin de la lumière du flambeau ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront aux siècles des siècles. | La nuit symbolise traditionnellement le mal, l’ignorance, la peur, la séparation. La lumière éternelle est fournie par Dieu lui-même. Les serviteurs de Dieu “règneront aux siècles des siècles” : restauration de la vocation royale de l’humanité (Gn 1:26–28), ici accomplie sans risque de chute. |
Apocalypse - Chapitre 22 - Epilogue
Versets
Commentaire
6 Puis il me dit : Ces paroles sont certaines et véridiques ; le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange, pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.
La fiabilité des visions est affirmée. Le “Dieu des esprits des prophètes” relie l’Apocalypse à l’ensemble de la tradition prophétique biblique. Le but : “montrer ce qui doit arriver bientôt”. Cette imminence n’est pas chronologique mais eschatologique : l’événement final peut survenir à tout moment.
7 Voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre.
Nous retrouvons le thème du début du livre : "le temps est proche".
8 Moi, Jean, j'ai entendu et j'ai vu cela. Et, après avoir entendu et vu, je me prosternai, pour l'adorer, aux pieds de l'ange qui me montrait cela.
9 Mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis un compagnon de service, pour toi et pour tes frères les prophètes, et pour ceux qui gardent les paroles de ce livre.
C'est Dieu que tu dois adorer.
Jean tente à nouveau d’adorer l’ange, répétant l’épisode du chapitre 19. La correction est immédiate : seule l’adoration de Dieu est légitime. Le messager se dit “compagnon de service”, soulignant que la révélation n’exalte pas les intermédiaires mais recentre tout sur Dieu. L’esprit prophétique est lié au “témoignage de Jésus”.
10 Puis il me dit : Ne garde pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le temps est proche.
Contrairement au livre de Daniel (Dn 12:4), qui devait être scellé jusqu’aux derniers temps, l’Apocalypse doit rester ouverte. La révélation est pour maintenant : l’Église doit vivre à la lumière du message. L’escalade du mal et la proximité du jugement exigent une parole accessible.
11 Que l'injuste commette encore l'injustice et que l'impur vive encore dans l'impureté, mais que le juste pratique encore la justice et que le saint se sanctifie encore.
Ce verset paradoxal exprime que la prédication apocalyptique révèle les cœurs : elle confirme chacun dans son chemin. L’être humain se détermine face à la révélation. Le mal persiste jusqu’à la fin, mais la permission de Dieu n’est pas approbation ; c’est un dévoilement eschatologique.
12 Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre.
Le Christ parle comme juge. La rétribution est à la fois récompense et sanction. L’expression renvoie à Ésaïe 40:10. La venue du Christ n’est pas seulement un événement, mais un jugement personnel : chacun reçoit selon ses œuvres.
13 Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le commencement et la fin.
Comme en Ap 1:8 et 21:6, cet autoportrait divin exprime la souveraineté absolue du Christ. La cristologie de l’Apocalypse atteint ici son sommet.
14 Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de vie, et d'entrer, par les portes, dans la cité.
Dernière béatitude. Les robes lavées renvoient à Ap 7:14 : purification dans le sang de l’Agneau. Les sauvés reçoivent “droit à l’arbre de vie” — restauration de ce qui avait été perdu en Gn 3:24. L’accès à la cité est garanti par la justice reçue.
15 Dehors les chiens et les magiciens, les impudiques et les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime ou pratique le mensonge !
La liste rappelle Ap 21:8. Le terme “dehors” n’indique pas un espace géographique autour de la cité, mais l’exclusion définitive de la nouvelle création. La cité n’est pas menacée : elle est totalement pure. Tout comme dans le jardin d'Eden, le mal n'y a pas sa place.
16 Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous apporter ce témoignage au sujet des Eglises. Je suis le rejeton et la lignée de David, l'étoile brillante du matin.
Le Christ se nomme explicitement, ce qui est rare dans l’Apocalypse. Il se présente comme “la racine et la postérité de David” : accomplissement messianique complet (cf. Is 11). “L’étoile brillante du matin” évoque le renouveau, la victoire et la lumière de l’aube.
17 L'Esprit et l'épouse disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne. Que celui qui le veut reçoive de l'eau vive, gratuitement.
– L’Esprit (Dieu en action) et l’épouse (l’Église), ensemble, ils appellent le Christ à venir. La dimension liturgique est évidente.
L’invitation “Que celui qui a soif vienne” reprend le thème de l’eau de la vie : le salut est offert librement.
18 Je l'atteste à quiconque entend les paroles prophétiques de ce livre : Si quelqu'un y ajoute, Dieu lui ajoutera les fléaux décrits dans ce livre.
19 Et si quelqu'un retranche aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l'arbre de vie et de la cité sainte qui sont décrits dans ce livre.
Le texte met en garde contre toute altération du message. Cette section s’inscrit dans la tradition de Deutéronome 4:2 et 12:32 (“Vous n’ajouterez rien…”). Cela montre le caractère sacré du livre et le danger d’une interprétation abusive. L’enjeu n’est pas de reproduire un légalisme littéral, mais de respecter la vérité de la révélation.
20 Celui qui atteste cela dit : Oui, je viens bientôt. Amen, viens Seigneur Jésus !
La réponse de l’Église est “Amen ! Viens, Seigneur Jésus !” Ce verset exprime la tension eschatologique fondamentale : le monde est encore marqué par la souffrance, mais l’espérance est orientée vers la venue du Christ.
21 La grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !
Dernière phrase du Nouveau Testament. L’Apocalypse, après avoir décrit jugement, gloire, destruction du mal, paradis restauré, se clôt sur un mot : grâce. Le dernier mot de la Bible n’est ni menace ni mystère, mais grâce.
| Versets | Commentaire |
| 6 Puis il me dit : Ces paroles sont certaines et véridiques ; le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange, pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. | La fiabilité des visions est affirmée. Le “Dieu des esprits des prophètes” relie l’Apocalypse à l’ensemble de la tradition prophétique biblique. Le but : “montrer ce qui doit arriver bientôt”. Cette imminence n’est pas chronologique mais eschatologique : l’événement final peut survenir à tout moment. |
| 7 Voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre. | Nous retrouvons le thème du début du livre : "le temps est proche". |
| 8 Moi, Jean, j'ai entendu et j'ai vu cela. Et, après avoir entendu et vu, je me prosternai, pour l'adorer, aux pieds de l'ange qui me montrait cela. | |
| 9 Mais il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis un compagnon de service, pour toi et pour tes frères les prophètes, et pour ceux qui gardent les paroles de ce livre. C'est Dieu que tu dois adorer. | Jean tente à nouveau d’adorer l’ange, répétant l’épisode du chapitre 19. La correction est immédiate : seule l’adoration de Dieu est légitime. Le messager se dit “compagnon de service”, soulignant que la révélation n’exalte pas les intermédiaires mais recentre tout sur Dieu. L’esprit prophétique est lié au “témoignage de Jésus”. |
| 10 Puis il me dit : Ne garde pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le temps est proche. | Contrairement au livre de Daniel (Dn 12:4), qui devait être scellé jusqu’aux derniers temps, l’Apocalypse doit rester ouverte. La révélation est pour maintenant : l’Église doit vivre à la lumière du message. L’escalade du mal et la proximité du jugement exigent une parole accessible. |
| 11 Que l'injuste commette encore l'injustice et que l'impur vive encore dans l'impureté, mais que le juste pratique encore la justice et que le saint se sanctifie encore. | Ce verset paradoxal exprime que la prédication apocalyptique révèle les cœurs : elle confirme chacun dans son chemin. L’être humain se détermine face à la révélation. Le mal persiste jusqu’à la fin, mais la permission de Dieu n’est pas approbation ; c’est un dévoilement eschatologique. |
| 12 Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre. | Le Christ parle comme juge. La rétribution est à la fois récompense et sanction. L’expression renvoie à Ésaïe 40:10. La venue du Christ n’est pas seulement un événement, mais un jugement personnel : chacun reçoit selon ses œuvres. |
| 13 Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le commencement et la fin. | Comme en Ap 1:8 et 21:6, cet autoportrait divin exprime la souveraineté absolue du Christ. La cristologie de l’Apocalypse atteint ici son sommet. |
| 14 Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de vie, et d'entrer, par les portes, dans la cité. | Dernière béatitude. Les robes lavées renvoient à Ap 7:14 : purification dans le sang de l’Agneau. Les sauvés reçoivent “droit à l’arbre de vie” — restauration de ce qui avait été perdu en Gn 3:24. L’accès à la cité est garanti par la justice reçue. |
| 15 Dehors les chiens et les magiciens, les impudiques et les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime ou pratique le mensonge ! | La liste rappelle Ap 21:8. Le terme “dehors” n’indique pas un espace géographique autour de la cité, mais l’exclusion définitive de la nouvelle création. La cité n’est pas menacée : elle est totalement pure. Tout comme dans le jardin d'Eden, le mal n'y a pas sa place. |
| 16 Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous apporter ce témoignage au sujet des Eglises. Je suis le rejeton et la lignée de David, l'étoile brillante du matin. | Le Christ se nomme explicitement, ce qui est rare dans l’Apocalypse. Il se présente comme “la racine et la postérité de David” : accomplissement messianique complet (cf. Is 11). “L’étoile brillante du matin” évoque le renouveau, la victoire et la lumière de l’aube. |
| 17 L'Esprit et l'épouse disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne. Que celui qui le veut reçoive de l'eau vive, gratuitement. | – L’Esprit (Dieu en action) et l’épouse (l’Église), ensemble, ils appellent le Christ à venir. La dimension liturgique est évidente. L’invitation “Que celui qui a soif vienne” reprend le thème de l’eau de la vie : le salut est offert librement. |
| 18 Je l'atteste à quiconque entend les paroles prophétiques de ce livre : Si quelqu'un y ajoute, Dieu lui ajoutera les fléaux décrits dans ce livre. | |
| 19 Et si quelqu'un retranche aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l'arbre de vie et de la cité sainte qui sont décrits dans ce livre. | Le texte met en garde contre toute altération du message. Cette section s’inscrit dans la tradition de Deutéronome 4:2 et 12:32 (“Vous n’ajouterez rien…”). Cela montre le caractère sacré du livre et le danger d’une interprétation abusive. L’enjeu n’est pas de reproduire un légalisme littéral, mais de respecter la vérité de la révélation. |
| 20 Celui qui atteste cela dit : Oui, je viens bientôt. Amen, viens Seigneur Jésus ! | La réponse de l’Église est “Amen ! Viens, Seigneur Jésus !” Ce verset exprime la tension eschatologique fondamentale : le monde est encore marqué par la souffrance, mais l’espérance est orientée vers la venue du Christ. |
| 21 La grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! | Dernière phrase du Nouveau Testament. L’Apocalypse, après avoir décrit jugement, gloire, destruction du mal, paradis restauré, se clôt sur un mot : grâce. Le dernier mot de la Bible n’est ni menace ni mystère, mais grâce. |
Synthèse théologique du chapitre 22
-
Apocalypse 22 réalise la convergence de toutes les grandes thématiques bibliques :
- Retour à Éden, mais en version transfigurée :
- fleuve, arbre de vie, communion directe, absence de mort ;
- mais sous une forme intensifiée (ville, trône, lumière divine).
- Présence directe de Dieu : “Ils verront sa face” est le sommet de toute révélation.
- Achèvement de la révélation : plus aucune médiation ; le sanctuaire est la cité elle-même.
- Offre universelle du salut : “Que celui qui veut prenne de l’eau de la vie.”
- Double tension : grâce et jugement :
- invitation ;
- avertissement contre la falsification ;
- promesse de rétribution.
- Imminence eschatologique : le Christ revient “bientôt” — dimension existentielle, non chronologique.
- Unité de l’Écriture : du jardin d’Éden (Gn 2–3) à la nouvelle Jérusalem (Ap 21–22), la Bible raconte une seule histoire : Dieu crée, l’homme chute, Dieu restaure, et l’humanité retrouve son destin en Dieu.
- Ce chapitre est une révélation finale, mais aussi une invitation permanente : vivre dès maintenant selon la lumière de la nouvelle création.
L’Apocalypse peut aider chaque baptisé à saisir
l’importance du temps de l’Église,
temps d’attente de la plénitude.
Cette attente est vécue dans les fibres
profondes de l’humanité de ce XX°
siècle finissant. Elle est imperceptible,
et pourtant confusément présente.
"Il est évident que les techniques et les idéologies
occidentales d’une part, les spiritualités
orientales de l’autre, se répandant en sens
contraire, achèvent d’unifier la planète. Ainsi
se crée, mais à l’échelle de la terre entière
désormais, une situation analogue à celle que
connaissait, au début de notre ère, le monde
romano-iranien. À la fin de sens de l’hémisphère
nord semble s’opposer, mais eu réalité
correspond en profondeur, la faim de pain et
de dignité de l’hémisphère sud. Le monde est
en attente d’une civilisation, d’une révélation.
Pour nous, chrétiens, cette révélation ne
peut être, dans l’Esprit et la liberté, que le
déploiement du “Tout est accompli” de la
Croix. Sera-ce l’avènement du Royaume, à
travers la persécution et le martyre? Sera-ce
un “nouveau Moyen Age“ intégrant les élaborations
de la rationalité et de la liberté
modernes, un nouvel âge des héros et des
saints ? Nul ne le sait" (O. Clément, op.
cit., p. 154).
Nul ne le sait. Mais on s’interroge
aujourd’hui volontiers et ouvertement.
C’est ainsi que je relève cette
phrase de Paul VI dans le livre de
Jean Guitton Paul VI secret, au cours
de leur entretien du 8 septembre
1977: “Il m’arrive de relire l’Évangile de
la fin des temps et de constater qu’il y a
en ce moment certains signes de cette fin.
Est-ce que nous sommes proches de la
fin ? C’est ce que nous ne saurons
jamais. Il faut toujours nous tenir prêts à
la fin, mais tout peut durer très longtemps.“
(J. Guitton, Paul VI secret,
DDB, 1979, p. 168).
La question est posée, et l’important
est qu’elle le reste. Il est normal que
l’Église vive l’attente de la venue glorieuse
du Christ comme une dimension
permanente et constitutive de
son être ecclésial, et non plus seulement
comme un temps liturgique.
"En vérité, combien en est-il parmi nous qui
tressaillent réellement, au fond de leur coeur,
à l’espoir fou d’une refonte de notre terre ?
Quels sont ceux qui naviguent, au milieu de
notre nuit, penchés vers les premières teintes
d’un Orient réel? Quel est le chrétien en qui
la nostalgie impatiente du Christ parvient,
non pas même à submerger (comme il le faudrait),
mais seulement à équilibrer les soins
de l’amour ou des intérêts humains? Quel est
le catholique aussi passionnément voué aux
espoirs de l’Incarnation à étendre que beaucoup
d’humanitaires aux rêves d’une Cité
nouvelle? Nous continuons à dire que nous
veillons dans l’expectation du Maître. Mais
en réalité si nous voulons être sincères, nous
serons forcés d’avouer que nous n’attendons
plus rien.
Il faut, coûte que coûte, raviver la flamme. Il
faut à tout prix renouveler en nous-mêmes le
désir et l’espoir du grand Avènement. Mais
où chercher la source de ce rajeunissement?
Avant tout, c’est bien clair, dans un surcroît
d’attrait exercé directement par le Christ sur
ses membres. - Mais encore ? Dans un surcroît
d’intérêt découvert par notre pensée
dans la préparation et la consommation de la
parousie" (Teilhard de Chardin, Le Milieu
Divin, Seuil, 1957, pp. 197-199).
L’espérance chrétienne n’est pas un
rêve. Ce n’est pas une évasion. C’est
une certitude. Elle s’appuie sur la
parole immuable du Seigneur. Et
c’est sur cette parole que nous édifions
notre vie. Cette espérance est
une réalité, et saint Jean en déploie
sous nos yeux le merveilleux contenu
dans l’Apocalypse.
En méditant l’Apocalypse, c’est aussi
une prophétie que nous recevons.
L’Apocalypse est l’unique livre de
prophétie du Nouveau Testament.
Elle est parole de Dieu qui oriente
son peuple vers l’avenir, elle nous
oblige à nous mouvoir, à progresser.
Livre de l’espérance chrétienne, elle
nous fait comprendre que les événements
du monde et de nos vies ont
un sens. D.A.

