Peut-on annuler son baptême ?

Peut-on annuler son baptême ? En d’autres termes, peut-on être débaptisé ?

Pour le sacrement du mariage, il est possible d’obtenir la nullité de son engagement. Cela signifie que le mariage n’a jamais existé. Aucune procédure de la sorte n’existe pour le baptême.

Sur un plan théologique et spirituel, le baptême imprime dans le baptisé un signe ineffaçable. Il imprime dans l’âme un signe spirituel indélébile, le caractère, comme le rappelle le Catéchisme de l’Église catholique.

1272 Incorporé au Christ par le Baptême, le baptisé est configuré au Christ (cf. Rm 8, 29). Le baptême scelle le chrétien d’une marque spirituelle indélébile (" character ") de son appartenance au Christ. Cette marque n’est effacée par aucun péché, même si le péché empêche le Baptême de porter des fruits de salut (cf. DS 1609-1619). Donné une fois pour toutes, le Baptême ne peut pas être réitéré.

1273 Incorporés à l’Église par le Baptême, les fidèles ont reçu le caractère sacramentel qui les consacre pour le culte religieux chrétien (cf. LG 11). Le sceau baptismal rend capable et engage les chrétiens à servir Dieu dans une participation vivante à la sainte Liturgie de l’Église et à exercer leur sacerdoce baptismal par le témoignage d’une vie sainte et d’une charité efficace (cf. LG 10).

1274 Le " sceau du Seigneur " (" Dominicus character " : S. Augustin, ep. 98, 5 : PL 33, 362) est le sceau dont l’Esprit Saint nous a marqués " pour le jour de la rédemption " (Ep 4, 30 ; cf. Ep 1, 13-14 ; 2 Co 1, 21-22). " Le Baptême, en effet, est le sceau de la vie éternelle " (S. Irénée, dem. 3). Le fidèle qui aura " gardé le sceau " jusqu’au bout, c’est-à-dire qui sera resté fidèle aux exigences de son Baptême, pourra s’en aller " marqué du signe de la foi " (MR, Canon Romain 97), avec la foi de son Baptême, dans l’attente de la vision bienheureuse de Dieu – consommation de la foi – et dans l’espérance de la résurrection.

    Des personnes demandent néanmoins à être débaptisées. Que recouvre une telle démarche ?
  • Le témoignage d’un désaccord avec l’Église (avortement, scandales sexuels…)
  • Un rejet de l’institution catholique.
  • Etre supprimé des registres du baptême.
  • Une volonté de ne plus être comptabilisées au titre des catholiques.
  • Ne plus payer l’impôt "ecclésial" en Allemagne.

Dans une note du 7 avril 2025, le Saint-Siège réaffirme l’impossibilité d’être radié des registres de baptême. Chacun est libre de quitter l’Église. Ce qui est impossible en revanche, c’est être effacé des registres de baptême. En effet, pour l’Église, la réception de ce sacrement est un « fait historique » fondamental qui doit être enregistré avec précision, puisque la validité de tous les autres sacrements découle du baptême. Il est donc essentiel de vérifier s’il a été administré. Par conséquent, « il n’est pas permis de modifier ou d’effacer » les données inscrites dans le registre des sacrements, « sauf pour corriger d’éventuelles erreurs de transcription ».

Le droit canonique « ne permet pas de modifier ou d’annuler les inscriptions faites dans le registre des baptêmes, sauf pour corriger d’éventuelles erreurs de transcription ». Le but du registre, précise la note, est de « donner une certitude sur certains actes, en permettant de vérifier leur existence effective », et donc « représente la vérification objective des actions sacramentelles, ou relatives aux sacrements, accomplies historiquement par l’Église ».

La note rappelle l’obligation des paroisses de tenir et de garder les registres avec l’annotation des sacrements tels que le baptême, qui, en outre, est une « condition » des autres, « confirmation, ordre sacré, célébration du mariage, profession religieuse ». L’établissement de la « réception valide » de ces sacrements « exige la certitude de la réception du baptême ». En ce sens, le soin des registres paroissiaux, lit-on dans la note, sert le « bon ordre administratif et pastoral, pour des raisons théologiques », mais aussi, souligne-t-on, pour la « sécurité juridique » et « l’éventuelle protection des droits de la personne impliquée et des tiers ».

Même si le canon 535 du Code de droit canonique « ne l’affirme pas explicitement », le caractère obligatoire de « l’enregistrement et de la certification des actes en déduit indubitablement », « l’interdiction absolue » d’intervenir dans un registre de baptême, rappelle la note du dicastère pour les Textes législatifs. Ce registre, en revanche, « n’étant pas une liste de membres » mais la simple attestation d’un « fait historique ecclésial », « n’entend pas, affirme la note, accréditer la foi religieuse des individus ou le fait qu’un sujet soit membre de l’Église ». En effet, poursuit la note, « les sacrements reçus et les inscriptions effectuées ne limitent en rien le libre arbitre des fidèles chrétiens qui, en vertu de cela, décident de quitter l’Église ».

Pour l’Église, les registres de baptême ne sont pas des témoignages d’appartenance ou de profession de foi, mais ont davantage une valeur d’archives. Si elle refuse d’utiliser les termes « débaptême » ou « débaptisation », l’Église reconnaît cependant la possibilité d’une renonciation "administrative". Aussi propose-t-elle d’apposer, en marge des registres, une mention du type « a renié son baptême ».

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), saisie par une demande de radiation, avait donné raison à l’Église catholique en 2021, au nom de son besoin de garder la trace des baptisés (le baptême étant notamment nécessaire à la réception des autres sacrements).

Dans un arrêt rendu le 2 février 2024, le Conseil d’État a tranché : une personne baptisée qui souhaite rompre tout lien avec l’Église catholique ne peut exiger que la mention de son baptême soit effacée des registres de l’institution.

La question est désormais devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

    En conclusion :
  • Le sacrement du baptême, comme tout sacrement, est un signe efficace de grâce. Dieu se donne gracieusement à qui veut bien le recevoir. Dieu s'engage aux côtés de l'humanité, dans une fidélité indéfectible, libre à l'humanité de ratifier ou de rejeter cette alliance.
  • L'inscription du baptême dans un registre trace l'acte dans l'histoire, en tant que mémoire administrative et juridique de l'Église.
  • La radiation des registres traduit la volonté de sortir du corps social de l'Église.