L'Esprit source de vie
Notion physique de l'Esprit dans la Bible
Le mot hébreu ruah revêt de multiples significations : vent, souffle, air, humeur, esprit mauvais ou impur…
Le mot hébreu ruah exprime à l’origine l’idée de vent qui soulève les flots, qui agite les arbres, le vent créateur du mouvement où l’homme primitif trouva sans doute sa première émotion religieuse : ce qui remue est animé.
Le vent frappait aussi l’imagination parce qu’il révélait sa présence dans l’invisibilité, l’immatérialité et le mystère.
Gn 3,8 Or ils entendirent la voix du SEIGNEUR Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour.
Jr 2,24 Une ânesse sauvage habituée à la steppe ! En chaleur, elle renifle le vent ; son rut, qui peut le refouler ? Tous ceux qui la cherchent n’ont pas à se fatiguer, ils la trouvent en son mois.
Jb 37,21 On ne peut fixer le soleil qui resplendit dans les cieux, lorsqu'un vent passe et en ramène la pureté.
Ex 14,21 Moïse étendit sa main sur la mer. Et l'Eternel refoula la mer par un vent d'orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent.
Os 8,7 Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête.
Nb 11,31 L'Eternel fit souffler de la mer un vent, qui amena des cailles, et les répandit sur le camp.
Ps 1,4 Il n'en est pas ainsi des méchants : Ils sont comme la paille que le vent dissipe.
Ps 18,11 Il (le Seigneur) était monté sur un chérubin, et il volait, Il planait sur les ailes du vent.
Qoh 1,6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
Jn 1,4 Mais l'Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s'éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage.
Jn 3,8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient et où il va…
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Au commencement dans la Bible
Gn 1,1 Commencement de la création par Dieu du ciel et de la terre. La terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle (ruah) de Dieu planait à la surface des eaux.
Gn 2,7 Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine (nismat) de vie, et l’homme devint un être vivant (néfesh haya).
Jb 33,4 L'esprit (ruah) de Dieu m'a créé, Et le souffle (nismat) du Tout-Puissant m'anime.
Jb 17,1 Mon souffle (ruah) se perd, Mes jours s'éteignent, Le sépulcre m'attend.
Ps 33,6 Les cieux ont été faits par la parole de l'Eternel, Et toute leur armée par le souffle (ruah) de sa bouche.
Ps 31,6 Je remets mon esprit (ruah) entre tes mains
Ps 104,29 Tu caches ta face : ils sont tremblants (les animaux); Tu leur retires le souffle (ruah) : ils expirent, Et retournent dans leur poussière. 30 Tu envoies ton souffle (ruah) : ils sont créés, Et tu renouvelles la face de la terre.
Qoh 3,19 Car le sort des fils de l'homme et celui de la bête sont pour eux un même sort; comme meurt l'un, ainsi meurt l'autre, ils ont tous un même souffle (ruah), et la supériorité de l'homme sur la bête est nulle; car tout est vanité. 20 Tout va dans un même lieu; tout a été fait de la poussière, Et tout retourne à la poussière.
Qoh 12,1 Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse… 7 avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l'esprit (ruah) retourne à Dieu qui l'a donné.
Sg 15, 7 (grec) Ainsi ce potier (idolâtre) qui pétrit laborieusement de la terre molle… 11Car il ignore celui qui l’a façonné, qui a soufflé en lui une âme (psychè) active et insufflé un esprit (pneuma) qui fait vivre.
Ez 37,1La main de l'Éternel fut sur moi, et l'Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements.
2Il me fit passer auprès d'eux, tout autour; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs.
3Il me dit: Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre? Je répondis: Seigneur Éternel, tu le sais.
4Il me dit: Prophétise sur ces os, et dis-leur: Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel!
5Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel, à ces os: Voici, je vais faire entrer en vous un esprit, et vous vivrez;
6je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez. Et vous saurez que je suis l'Éternel.
7Je prophétisai, selon l'ordre que j'avais reçu. Et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os s'approchèrent les uns des autres.
8Je regardai, et voici, il leur vint des nerfs, la chair crût, et la peau les couvrit par-dessus; mais il n'y avait point en eux d'esprit.
9Il me dit: Prophétise, et parle à l'esprit! prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent!
10Je prophétisai, selon l'ordre qu'il m'avait donné. Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds: c'était une armée nombreuse, très nombreuse.
Lc 1,35 L'ange lui répondit : « L'Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira comme d'une ombre. C'est pourquoi l'enfant qui va naître sera saint, on l'appellera Fils de Dieu.
Mt 1,18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.
Rm 8, 11 Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
L'intériorité
Ps 142,4 Mon esprit est abattu au dedans de moi, Mon coeur est troublé dans mon sein. 5 Je me souviens des jours d'autrefois, Je médite sur toutes tes oeuvres, Je réfléchis sur l'ouvrage de tes mains. 6 J'étends mes mains vers toi; Mon âme soupire après toi, comme une terre desséchée. 7 Hâte-toi de m'exaucer, ô Eternel ! Mon esprit se consume. Ne me cache pas ta face !
Pr 15,4 La langue douce est un arbre de vie, Mais la langue perverse brise l’âme (ruah).
Souffle de Dieu au commencement de toute vie
L'Esprit est le souffle de Dieu au commencement de toute vie. Les écritures offrent de nombreux exemples de cette présence originelle du souffle de Dieu. L'Esprit plane à la surface des eaux lorsque Dieu crée le monde par la puissance de sa parole (Gn 1, 1). Dieu insuffle son souffle dans les narines de l'homme pour qu'il devienne un être vivant (Gn 2, 7). Il vient ranimer les ossements desséchés (Ez 37). Il renouvelle l'alliance (Is 60, 81). Il crée un nouveau pays où règnent le droit et la justice (Is 32, 15-16). L'Esprit vient sur Marie afin que le verbe se fasse chair (Lc 1, 35). La mission de Jésus s'accomplit avec la force de l'Esprit (Lc 4, 1; 4, 14). L'Esprit est aussi aux origines de la vie de l'Église à la Pentecôte (Ac 2, 1-4). Il redonne vie aux corps mortels (Rm 8, 11). En somme, il est présent dans toute l'économie du salut. La création, l'humanité de Dieu et la naissance de l'Église manifestent une radicale nouveauté dans la mouvance de l'Esprit. L'Esprit est source d'une vie nouvelle (Rm 7, 6).
Le passage de l'Esprit transforme également le cours naturel des choses. L'Esprit possède une force de pénétration inépuisable et mystérieuse aussi bien lors de phénomènes naturels que dans le corps humain. Il précipite les murs à terre (Ez 13, 14). Il refoule la mer (Ex 14, 21). Il enveloppe Gédéon comme dans un manteau (Jg 6, 34). Il pénètre Samson pour lui donner une force surhumaine. Son tarissement entraîne la mort (Jb 34, 14; Qo 12, 7). L'Esprit remplace le cœur de pierre par un cœur de chair (Ez 36, 26). Il pénètre jusqu'au fond des entrailles (Pr 20, 27). Il transporte dans des visions divines (Ez 8, 3). Il conduit Jésus dans le désert (Mt 4, 1). Il distribue des dons différents afin de former un seul corps dans le Christ (1Co 12).
Ainsi, la puissance créatrice de l'Esprit inaugure des temps nouveaux. Il ouvre sur un horizon en opérant une séparation avec le passé. Tout commencement est, par définition, une rupture dans le temps, un événement eschatologique. L'Esprit annonce ce qui n'est pas encore donné. Il est la vie même de ce qui est toujours en devenir. Il est toujours en mouvement, comme le vent. Il ne s'attarde pas sur le passé dans la nostalgie d'un paradis perdu. Il accomplit ainsi une libération intérieure. Il est source de liberté.
En étant au commencement, l'Esprit dévoile le manque. Sa fonction créatrice inaugure un temps nouveau dans lequel se creuse le désir. Il accomplit la séparation pour projeter sur le chemin du pas encore. Il transforme dans le dessein d'une mission prophétique où parole et corps sont tendus vers un horizon eschatologique. Il ouvre la porte du royaume; en effet, «nul s'il ne naît d'eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3, 5).»
Source de liberté et de communion
L'Esprit libère de l'esclavage de la loi. «Tout m'est permis, mais tout ne me convient pas», déclare Saint Paul (1Co 6, 12). A la problématique du permis et du défendu se substitue celle du savoir ce qui est en accord ou non avec la vie nouvelle du chrétien transformé par l'Esprit. Ainsi, la loi est pour l'homme et la femme, non pas une limite à leurs activités, mais
Le signe en ce monde d'une parole et d'un Esprit qui éclairent et permettent la communauté (communion) des hommes (Ch.-M. GUILLET, Représentation de Dieu, Représentation de la loi, Le Supplément, 135, 1980, p. 511).
L'Esprit souffle et inspire les consciences; l'Esprit est à la source de tout amour. L'Esprit ne dispense pas d'accomplir la loi. Il libère de sa domination (Ga 5, 18). Ainsi, l'homme et la femme ne sont pas esclaves de la loi. Ils se laissent guider par le souffle de l'Esprit, afin que la loi habite leur cœur. L'Esprit, source de liberté, ouvre à la reconnaissance de l'autre. Il libère d'une loi qui condamne l'autre. Il suscite le pardon. La loi qui juge et qui lapide n'a plus d'emprise sur celui qui vit dans l'Esprit. Les fruits de cette liberté sont l'amour, la paix et la joie (Ga 5, 22).
L'Esprit libère aussi des tentations charnelles comme l'enseigne saint Paul. Les tensions intérieures sont animées par le désir charnel. La chair laissée à elle-même est source de libertinage, impureté, débauche (Ga 5, 19). Mais la chair n'est pas le mal et l'Esprit le bien. La chair est le lieu où l'Esprit vibre. Et si saint Paul oppose l'Esprit à la chair (Ga 5, 17), il donne à ce mot un sens particulier, le mot «chair» désigne chez cet apôtre, non seulement la finitude humaine, mais aussi sa condition pécheresse et mortelle. L'Esprit est en ce sens celui qui donne la vie, alors que la chair tend à la mort (Rm 8, 6). Au-delà de la définition du mot «chair» chez saint Paul, l'homme et la femme sont inévitablement confrontés à des désirs charnels dont la maîtrise leur échappe. La volonté laissée sous l'emprise de la chair oriente le combat vers la défaite. L'Esprit apparaît alors comme l'agent qui offre une alternative. En desserrant l'étau de la tentation, il rend libre. L'Esprit vient en aide à notre faiblesse (Rm 8, 26), non par magie, mais par grâce.