Le livre d'Amos

Le prophète

Amos est originaire de Thekoa, une ville située au sud-est de Jérusalem et à une dizaine de kilomètres de Bethléem. Fréquemment citée dans l’A.T. (2S 14,2)  ; Néh (3,5, 27), Thekoa fut fortifiée par le roi Roboam lors de la scission du royaume de Salomon (900 av. J.-C., 2 Ch 11, 6). thekoa

Dans l'introduction du livre, Amos est dit "éleveur" (noqed) et d'autres passages du livre nous confirment qu'il possède du petit et du gros bétail, et qu'il exploite également des cultures. Nous avons donc à faire à un agriculteur sans doute d'une certaine aisance. Dans le chapitre 7, Amos précise en tout cas à son interlocuteur qu'il n'a pas besoin de prophétiser pour gagner sa vie.

Amos est le contemporain d'Osée. Tous deux sont les premiers prophètes dont l'enseignement figure dans la Bible. Il vient de Juda, le royaume du sud. Mais il est envoyé au royaume d'Israël. Il n'est ni prêtre ni prophète reconnu. Plutôt prophète improvisé. Une sorte d'observateur de son temps, "le premier journaliste", dira Ernest Renan. Mais un journaliste engagé, qui fustige les puissants. (La Croix, 17/08/2012).

Rédaction

Les oracles d’Amos dateraient de la fin du règne de Jéroboam, c'est-à-dire vers 750 avant Jésus-Christ. Plusieurs versets ne proviennent pas d’Amos lui-même, mais sont l’œuvre de rédactions successives, en particulier à l’époque de l’Exil (VIe) et après.

Le livre fait partie de la division du canon appelé "prophètes mineurs" ou "petits prophètes" (entendez les livres prophétiques plus courts). Amos est chronologiquement le premier des prophètes écrivains, mais le troisième dans la Bible (Osée, Joël, Amos).

Plan

I- Versets introductifs (1,1-2)

II- Jugement des nations et d'Israël (,13-2,16) nations

  • Damas (1,3-5)
  • Gaza et la Philistie (1,6-8)
  • Tyr et la Phénicie (1,9-10)
  • Edom (1,11-12)
  • Ammon (1,13-15)
  • Moab (2,1-3)
  • Juda (2,4-5)
  • Grand oracle sur Israël (2,6-16)

III- Oracles contre Israël (3-6)

  • L'élection ne préserve pas du jugement (3,1-2)
  • La vocation prophétique qui s'impose au prophète (3,3-8)
  • Annonce de la fin de Samarie (3,9-12)
  • Contre le luxe de Béthel (3,13-15)
  • Contre les riches femmes de Samarie (4,1-3)
  • Dénonciation des illusions (4,4-12) et doxologie (4,13)
  • Lamentation funèbre (5,1-3)
  • Nécessité de la conversion (5,4-6) et doxologie (5,8-9)
  • Avertissements divers (5,10-17)
  • Le jour de Yahvé (5,18-20)
  • Le culte extérieur (5,21-27)
  • La fausse impression de sécurité (6,1-7)
  • Un châtiment terrible va arriver (6,8-14)

IV- Les visions d'Amos (7-9,10)

  • Vision des sauterelles (7,1-3)
  • Vision du feu (7,4-6)
  • Vision du fil à plomb (7,7-9)
  • Récit : l'expulsion d'Amos hors du sanctuaire de Béthel (7,10-17)
  • Vision de la corbeille de fruits mûrs (8,1-3)
  • Contre les fraudeurs (8,4-8)
  • Annonce de châtiment (8,9-14)
  • Vision de la fin du sanctuaire (9,1-4)
  • Doxologie (9,5-6)
  • Jugement des pécheurs (9,7-10)

V- Oracles tardifs de restauration (9,11-15)

Contexte

histoire Amos

Comme nous le voyons sur la frise historique, le grand royaume unifié par David (-1000) est désormais divisé en royaume du Nord (Israël, avec Samarie pour capitale) et le royaume du sud avec Jérusalem pour capitale. Amos prophétise juste avant la disparition du royaume du Nord suite à l'invasion pas l'Assyrie (Sargon II et 721).

La paix règne encore en -750, mais la situation sociale génère un grand nombre de pauvres et d’exclus. C’est contre cette situation que va s’élever Amos, dénonçant le mal social et la perversion de la religion : pour lui, ceux qui ont été délivrés de l’esclavage en Égypte font maintenant régner l’injustice et la superstition.

Am 1,1 Paroles d'Amos, qui fut l'un des éleveurs de Teqoa, paroles dont il eut la vision, contre Israël, aux jours d'Ozias, roi de Juda, et aux jours de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël, deux ans avant le tremblement de terre.

    Le premier verset d’Amos nous donne le contexte historique :
  • 1. Ozias régna entre 783 et 742 av. J.-C.
  • 2. Jéroboam II régna entre 786 et 746 av. J.-C.
  • 3. Le tremblement de terre est aussi une tentative de dater le livre (cf. Amos 1:1; 8 : 8; 9:1,5; Zach. 14:5). Flavius Josèphe a rapporté cela à 2 Chron. 26:16-21 quand Ozias offrit un sacrifice. Les études archéologiques menées à Hatsor suggèrent environ 760 av. J.-C..

Une éclipse est mentionnée dans Amos 5,8 et 8,9. C’était peut-être la même que celle mentionnée dans les documents Assyriens, comme ayant eu lieu le 15 juin 763 av. J.-C. (Archives Assyriennes), cependant, il y a eu une autre éclipse totale le 9 février 784 av. J.-C.

Message

Amos va délivrer son message à Béthel, l’un des deux sanctuaires idolâtriques fondés jadis par Jéroboam Ier et où le culte de Jahvé fut célébré sous Jéroboam II au milieu de fêtes somptueuses sous l’image d’un taureau d’or. Le mot qui revient le plus souvent dans les discours d’Amos, c’est celui de justice et c’est dans ce mot que l’on voit généralement le caractère principal de son message : c’est ce mot qui résume toutes ses prédications. Il est le prédicateur de la justice, le premier prophète qui ait trouvé des accents aussi émouvants pour prêcher la justice. Avant lui, d’autres prophètes avaient dénoncé l’iniquité ou plutôt des iniquités. Élie avait condamné l’injustice du roi Achaz à l’égard de Naboth et, avant Élie, Nathan avait condamné l’iniquité de David. Mais ces iniquités avaient été poussées jusqu’au crime, elles avaient engendré le meurtre qui, selon la doctrine prophétique, n’était pas plus permis à un roi qu’à ses sujets. Ici, c’est l’injustice en soi qui est condamnée, c’est l’oppression des faibles, l’exploitation des pauvres, la vénalité des juges. Amos est le justicier. Jamais après lui ne seront prononcés des discours plus violents, des oracles plus terrifiants soit sur des individus, soit sur le peuple d’Israël. Du premier coup le prophétisme a atteint un stade de sévérité qui ne sera jamais dépassé. Telle est l’impression que donne la lecture de ses discours et de ses visions; cette impression assurément fondée est encore renforcée si l’on considère comme inauthentiques les promesses de relèvement par lesquelles s’achève son livre et si le dernier mot d’Amos est un rejet total d’Israël : Yahvé n’aura pas plus d’égards pour son peuple que pour les païens : « N’êtes-vous pas pour moi, fils d’Israël, sur le même rang que les Coushites ? Si j’ai fait monter Israël d’Égypte, n’ai-je pas fait monter les Philistins de Caphtor et les Araméens de Qir ? Mes yeux sont sur le royaume pécheur, pour l’abolir de la surface de la terre ».

Amos est par excellence le prophète de la justice et le prédicateur d’une haute notion de la justice, mais il est avant tout le dénonciateur de la colère de Dieu et, s’il dénonce cette colère, ce n’est pas pour terrifier Israël par la perspective de châtiments inévitables, c’est pour le détourner de la voie qui le conduit à la ruine. Son ministère est un effort désespéré pour convaincre Israël de la perdition où le mènent à la fois sa corruption morale et ses égarements religieux. Ce qui lui a inspiré son message, c’est donc cette claire perception de la colère de Dieu suspendue sur son peuple. Lors de sa conversion ou de sa vocation, il a entendu Yahvé qui rugissait de Sion et qui prononçait des arrêts sévères, non seulement contre les petits peuples païens d’alentour, mais contre Israël. Israël vivait dans une fausse sécurité, et il n’entendait pas la voix de son Dieu, il avait fermé la bouche des prophètes. Il avait « fait boire du vin aux Naziréens et ü avait dit aux Nabis : Ne prophétisez pas ». S’il n’y avait plus de prophètes en Israël, lui, le Judéen, il irait à Béthel et il transmettrait les oracles de Dieu. C’est une pensée de pitié pour Israël qui a inspiré son message et l’a poussé à se rendre à Béthel; c’est aussi une pensée de salut, car, au moins jusqu’à ses dernières visions, il a eu l’espoir que les Israélites reviendraient à leur Dieu et que leur Dieu pardonnerait. Peut-être a-t-on insisté outre mesure sur la brusque apparition d’Amos à Béthel et a-t-on considéré un peu trop son ministère comme un acte de violence révolutionnaire. Amos serait apparu inopinément, serait entré en conflit avec le clergé dès ses premières prédications et, chassé par Amatsia, serait rentré aussi brusquement dans l’ombre. Les trois parties de son livre — les oracles contre les peuples étrangers, les discours contre Israël, les visions — semblent indiquer cependant une activité plus prolongée. Il ne semble pas, en particulier, que les visions, qui sont ici toutes rapprochées, aient été données à Amos le même jour ou sans un certain intervalle de temps. On peut en dire autant des discours, qui supposent une durée de son ministère plus longue qu’il n’est généralement admis. Surtout, il n’est pas impossible de saisir un certain développement dans la pensée du prophète. Son message n’est pas d’un seul jet et ne tient pas dans un seul moment. Les trois parties de son livre ne correspondraient-elles pas en somme à trois stades de sa pensée ? Je ne serais pas éloigné de le croire. Il n’y a pas là seulement un artifice littéraire, il y a une gradation dans le message même d’Amos, gradation qu’il n’est pas impossible de définir. Mais s’il en est ainsi, son ministère n’a pas eu le caractère brusque et éphémère qu’on lui attribue.

Premier stade. — Amos s’est proposé de sauver Israël en l’amenant à la repentance et, quand il est parti pour Béthel, il a jugé le moment favorable. Il ne s’est pas présenté à Israël sans appuyer ses oracles de certaines preuves destinées à justifier son intervention et sans montrer dans les événements passés la preuve de la colère de Dieu. En effet, Israël avait été visité par divers fléaux, et, dans ces fléaux, il aurait dû voir déjà un châtiment, il aurait pu voir une menace pour l’avenir. Les pâturages des bergers étaient dans le deuil, les pentes du Carmel couvertes de beaux vignobles étaient desséchées; c’est que Dieu avait envoyé successivement la sécheresse, une invasion de sauterelles, et une épidémie. Malgré cela, Israël n’était pas revenu à l’Éternel, il ne s’était pas repenti. Cependant, on pouvait espérer que de tels malheurs l’avaient préparé à entendre l’appel prophétique et que ces épreuves porteraient leurs fruits, si un prophète venait leur dénoncer dans ces épreuves la colère de Dieu. Amos, en apparaissant à Béthel, pensait donc venir à un moment propice et se trouver sur un terrain bien préparé. Peut-être n’était-ce pas là une pure illusion et il semble bien que le peuple tout au moins l’accueillit assez favorablement. Son premier acte public fut probablement de lancer ces courtes malédictions contre les peuples étrangers, par lesquelles il appelait tout d’abord la vengeance de Dieu, non sur son peuple, mais sur les oppresseurs de son peuple. S’il étend par la suite ses oracles à Juda et à Israël, il est facile de saisir la différence : tandis que de véritables crimes sont reprochés aux Araméens ou aux Ammonites (leurs massacres dans le pays de Galaad : ils ont broyé les Galaadites sous des traîneaux de fer et massacré les femmes), tandis qu’il reproche à Tyr et à Gaza la foule de captifs Israélites qu’elles ont livrés aux Bdomites, — les reproches faits à Juda et à Israël sont d’un tout autre ordre : à Juda, il reproche son infidélité religieuse, à Israël l’orgueil et l’iniquité de ses dirigeants.

Dès ce premier stade, nous voyons la préoccupation morale et humanitaire mise au centre même de la religion. Qu’est devenu ce peuple que Yahvé avait fait monter du pays d’Égypte ? Il a montré son ingratitude et son infidélité en abandonnant la voie de la justice, car ce que Yahvé exige de son peuple, pour qu’il soit son peuple, c’est la justice. Mais, pour Amos, qu’est-ce que la justice ? Ce n’est pas l’observation d’un code de lois qui n’existait pas encore, ou en tous cas qui n’avait pas été promulgué par une autorité suffisante pour être accepté dans toutes les tribus des deux royaumes, mais c’est l’équité, une justice faite de compassion et de fraternité. Amos blâme, non seulement les violations flagrantes de la loi morale, telle que nous la trouvons dans le décalogue, mais les abus du droit, l’exigence excessive du droit strict, le summum jus qui est à ses yeux, déjà, la summa injuria. « À cause de trois crimes d’Israël et même de quatre, parce qu’ils ont vendu le juste pour de l’argent et l’indigent pour une paire de sandales... » Les riches créanciers ont vendu comme esclaves leurs débiteurs insolvables, pour une créance minime, une paire de sandales, c’était leur droit, reconnu par la coutume et par la loi, ils n’ont fait qu’user de ce droit, mais Amos voit dans l’exercice strict de ce droit une violation de la justice, laquelle ne va pas sans la miséricorde et l’humanité. « Ils écrasent la tête des misérables et ils égarent les humbles. » La notion prophétique de la justice marque un progrès sensible sur la notion populaire, et même sur la notion mosaïque. Elle surpasse déjà celle des légistes, des scribes de cette époque. Le prophète prend d’emblée parti pour le peuple opprimé contre ces nouveaux enrichis, qui corrompent les mœurs du royaume du nord, qui se mettent à la tête de ce royaume et qui, lorsque viendront les jours funestes, quand la guerre se rallumera, ne trouveront pas le courage nécessaire pour le défendre.

Deuxième stade. — Un second stade est marqué par les discours des chapitres 3 à 6, dont le premier seul englobe les deux royaumes. Désormais Amos va mettre tout son effort à dissiper les malentendus et à combattre les égarements qui précipitent Israël à la catastrophe.

Le premier malentendu à dissiper, c’est celui de la fausse sécurité où vivent cette cour et ce peuple. Amos parle plus encore pour Samarie que pour Béthel. Jéroboam II a cessé de payer le tribut à l’Assyrie et se voit délivré de cette sujétion. Mais Amos ne se fait pas d’illusion. Il connaît la force réelle de cet empire et prévoit la vengeance qu’il exercera contre ceux qu’il considère comme des rebelles. « Je vous déporterai au-delà de Damas » (5,27). Pour la première fois un prophète admet et prêche que l’étranger servira les desseins de Dieu pour châtier son peuple. Quelle révolution dans la pensée religieuse ! Dieu abandonnant, mieux que cela, livrant à l’ennemi son propre peuple pour l’obliger, par une telle épreuve, à revenir à lui et à marcher dans la voie de la justice. « Vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Ëtemel; c’est pourquoi, Israël, prépare-toi à la rencontre de ton Dieu » (4,12). Le second malentendu, c’est l’attente du jour de Yahvé. Les Israélites sont confiants, ils se fient à la promesse du jour de Yahvé, jour de victoire sur tous leurs ennemis, jour prédit par les prophéties antérieures. Amos veut les détromper : le jour de Yahvé ne leur sera pas favorable, « il sera ténèbres et non lumière » (5,18-20). Ce sera le jour de leur châtiment. Car ils ont péché — et Amos dénonce avec énergie toutes les iniquités des grands, tous les crimes des forts contre les faibles. Plus il avance, plus il trouve des expressions violentes pour stigmatiser l’injustice. « Ils haïssent celui qui les convainc de péché à la porte (devant les juges) et ils détestent celui qui parle avec droiture » (5,10). Après avoir dissipé ces malentendus, Amos s’élève contre l’influence des coutumes et des religions étrangères. Il dénonce l’infiltration à la cour et dans les hautes classes de la civilisation et des mœurs assyriennes. Il la dénonce comme un grave péril : les riches donnent des festins où ils mangent couchés sur des fits d’ivoire et mollement étendus sur des divans (6,4). Quoi qu’en ait jugé Renan, ce n’est pas la civilisation en elle-même qu’Amos condamne et ce n’est pas même le luxe des grands, mais c’est l’infidélité à Yahvé, à laquelle entraîne nécessairement cette adoption des coutumes assyriennes. Avec le luxe oriental, c’est peut-être aussi la religion assyro-babylonienne qui gagne quelque complaisance dans les hautes sphères israélites, si du moins nos versions récentes sont en droit de trouver dans un texte, il est vrai très obscur et passablement altéré, la mention d’une divinité assyrienne sous les noms de Sakkout et de Kévan. Mais plus probablement il s’agit, là comme ailleurs, de l’opiniâtre attachement du peuple aux vieilles divinités cananéennes dont le culte a toujours voisiné dans les hauts lieux avec celui de Yahvé. Ce n’étaient pas encore des divinités du panthéon assyro-babylonien que l’on adorait concurremment avec Yahvé dans les sanctuaires éphraïmites de Béthel et de Guilgal et surtout là-bas dans le midi de Juda à Béer Shéba, mais les Baals et les Astartés contre lesquels luttera plus vigoureusement encore le prophète Osée. C’est pourquoi les Septante me semblent avoir vu juste en lisant ici le nom de Moloch (leur texte portait sans doute Milcom au lieu de Malkekèm, votre roi) et, bien qu’ils aient lu plus loin un nom propre Kaïphan appliqué à une divinité astrale, il me paraît que cette étoile divine, portée en procession à côté du tabernacle (ou du dais) de Moloch, désigne tout naturellement la planète Vénus-Astarté ! Quoiqu’il en soit le reproche d’infidélité religieuse et d’idolâtrie, bien que peu fréquent chez Amos, apparaît certain dans cette seconde période de sa carrière.

Mais plus encore que le penchant idolâtrique, ce qu’Amos dénonce, c’est l’hypocrisie religieuse des Israélites. Il fait dire à Yahvé : « Je hais, je méprise vos fêtes;... éloignez de moi le bruit de vos chants;... que l’équité coule comme l’onde et la justice comme un torrent intarissable. » Ce n’est pas le culte du veau d’or auquel s’attaque Amos. Il n’y a pas dans ses discours un blâme précis pour cette forme du culte de Yahvé. Il ne reprend pas le vieux thème : « Tu ne te feras pas d’image taillée. » Osée sera plus rigoureux que lui dans la proscription de l’idolâtrie yahviste, mais c’est le ritualisme, c’est la confiance mise dans les rites du culte, dans les cérémonies et les sacrifices, comme si là était l’essentiel de la religion, comme si Dieu pouvait par¬ donner les iniquités à la faveur des holocaustes, comme si les offrandes suffisaient à détourner sa colère.

Or, pour savoir ce que Dieu veut de ses enfants, ne faut-il pas regarder à la période du désert ? Osée dira : Ne faut-il pas revenir au désert ? Là, dans le désert, Yahvé a conduit son peuple et l’a protégé, gardé pendant quarante ans. Eh bien ! « Pendant quarante ans dans le désert, m’avez-vous offert sacrifices et offrandes, maison d’Israël ? » (5,25). Ce texte célèbre, que l’on juge capital, que tous les théologiens ont discuté comme s’il renfermait à lui tout seul le secret de la critique et de la théologie bibliques, d’où l’on a tiré les conséquences les plus extrêmes et les plus imprévues, ne doit pas, je crois, être trop pressé. Il ne peut pas prouver à lui tout seul l’inauthenticité de toutes les lois du Pentateuque, aussi bien des lois jéhovistes ou élohistes que des lois sacerdotales, il ne peut pas prouver que les sacrifices fussent inconnus, non seulement de la législation mosaïque, mais des coutumes religieuses des Hébreux. On nous dit : le fait est là. Amos assure que, pendant la période du désert, les Israélites ne connaissaient pas le sacrifice. Cependant toute la tradition biblique attribue des sacrifices aux patriarches, long¬ temps avant le séjour en Égypte. Les Hébreux avaient-ils perdu en Égypte cette coutume religieuse qui leur était commune avec tous les sémites orientaux ? La tradition attribue positivement à Moïse, lorsqu’il rencontre son beau-père Jéthro, au campement du Sinaï, une cérémonie religieuse au cours de laquelle est offert un holocauste (2). Les ruines du temple de Sérabit el Qadem, fouillées et décrites par Flinders Petrie, ont montré à cet archéologue une énorme masse de cendres, qui selon lui ne peuvent provenir que des sacrifices qui y ont été offerts. Ceci se passait pourtant avant l’époque mosaïque dans ce même désert sinaïtique.

Dès lors, que signifie la parole d’Amos ? Elle ne dit pas que dans le désert les Israélites ignoraient les sacrifices, mais elle assure que pendant ces quarante années de pèlerinage, ils n’ont pas offert tous les sacrifices et toutes les offrandes que le clergé du temps d’Amos exigeait de la part de Yahvé. Yahvé a aimé son peuple dans le désert et cependant on ne lui offrait pas des sacrifices réguliers. C’est la preuve que l’essentiel pour Yahvé n’est pas dans l’observation du rite, mais dans la fidélité à son nom. C’est pourquoi il serait exagéré de dire qu’Amos fut violemment anticultuel et considérait toutes ces cérémonies comme étrangères au yahvisme. Il les considérait comme des injures à Yahvé, comme des outrages à la sainteté de son nom, lorsqu’on n’y pouvait voir que des manifestations de l’orgueil national et lorsqu’elles s’associaient à l’idolâtrie. Malentendus à dissiper, crimes à dénoncer, tel était le ministère qu’Amos avait reçu de Dieu. Mais dans ce second stade de son ministère, Amos ne désespère pas du succès. Dans des passages non contestés, ni contestables, il presse Israël de se convertir : « Recherchez-moi et vous vivrez », dit Yahvé. La catastrophe qui menace Israël n’est pas inéluctable. Israël pourra subsister, s’il se repent. « Recherchez le bien et non le mal, afin que vous restiez en vie et qu’ainsi Yahvé soit avec vous, comme vous le dites. Haïssez le mal, aimez le bien, alors peut-être Yahvé aura-t-il pitié ? » (4,14-15). Le prophète insiste assez pour qu’on ne se méprenne pas sur son amour pour son peuple, sur son espoir de le sauver.

Troisième stade. — Mais alors suit le troisième stade et assurément le message d’Amos se fait plus désespéré. S’il lutte encore de toute son âme, c’est avec l’Éternel, auquel il s’efforce d’arracher le pardon de son peuple. Il intercède en faveur de Jacob, après chacune de ses visions de plus en plus terrifiantes. Il demande à Dieu d’arrêter les dévastations opérées par les sauterelles et par la pluie de feu. « Seigneur Yahvé, mets-y un terme ! Comment Jacob pourrait-il subsister ? Il est si faible » (i). Alors Yahvé se repent par deux fois de son dessein et il révoque son décret. C’est la preuve de la puissance qu’a sur le cœur de Yahvé la prière d’intercession. Là est le vrai rôle du prophète, déjà indiqué par Samuel au moment de quitter ses fonctions de juge, et, lorsque Dieu ne voudra pas se laisser fléchir, il dira par la bouche de Jérémie : « Quand Moïse et Samuel intercéderaient, je ne serais pas favorable à ce peuple ». C’est aussi la preuve que les châtiments annoncés sont conditionnels. Yahvé se repent de ses décrets, parce qu’il y a encore quelque espoir qu’Israël, éprouvé par le malheur, revienne à son Dieu. Mais dans les dernières visions, Amos désespère de détourner le châtiment. C’est la fin : les fêtes seront changées en deuil et les cantiques en chants funèbres. La famine surviendra, la faim et la soif d’entendre la parole de Yahvé, mais aucun oracle ne se fera plus entendre : ce sera le silence de Dieu planant sur ce peuple qui a étouffé la voix de ses prophètes. Ainsi, malgré tous les avertissements prophétiques, malgré tous les appels et toutes les prières d’Amos, la ruine est inévitable, le royaume coupable périra. Seulement si l’Israël des Dix-Tribus doit périr en tant que royaume, il ne saurait périr en tant que peuple de Dieu; il sera passé au crible par sa captivité parmi les nations, puis il reviendra purifié pour retrouver sur ses montagnes une ère de bonheur. Amos ne désespère du présent que pour reporter sur un avenir de prospérité et de gloire tout ce qu’il attend de son peuple. Il achève sa carrière sur une vision réconfortante. Lui refuser cette vision serait bien mal comprendre tout ce que ce ministère de douleurs et de combats a comporté chez Amos de confiance en Dieu et de foi dans les destinées éternelles d’Israël. Rentré en Judée, Amos a pu constater les ravages que la vieille rivalité de Samarie et de Jérusalem avait opérés dans la cité de David. Les brèches faites dans les remparts de Jérusalem par le roi Joas d’Israël n’étaient pas encore fermées et c’est ce qui inspire à Amos les deux dernières péricopes de son livre. Dans l’une, il annonce que la « cabane de David » (la cité forte réduite à une masure) sera rebâtie en un solide édifice et, dans la dernière, il salue le rétablissement définitif d’Israël dans la réconciliation complète des fils de Jacob. Cette réconciliation, que les efforts des prophètes n’ont pu obtenir, sera réalisée par l’épreuve de l’exil. Les Israélites du nord passés au crible reviendront sur les montagnes de Samarie pour y mener une vie nouvelle de fidélité à Yahvé et de fraternité envers Juda.

Edouard Bruston. Voir le lien dans la bibliothèque.

Texte

La version ci-dessous est celle de la TOB. Les noms de Dieu ont été remplacés par les mots hébreux. Cf. par ex https://emcitv.com/bible/strong-biblique-hebreu-adonay-136-page-27.html#find

Titre

1,1 Paroles d'Amos, qui fut l'un des éleveurs de Teqoa, paroles dont il eut la vision, contre Israël, aux jours d'Ozias, roi de Juda, et aux jours de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël, deux ans avant le tremblement de terre.

    Le nom “Amos” pourrait signifier:
  • 1. “être un fardeau”
  • 2. “porter un fardeau”
  • 3. “soutenir”. Il pourrait s’agir d’une forme abrégée d’Amasia, qui signifie “YHWH entend,” cf. 2 Chron. 17:16).
  • 4. Une tradition rabbinique affirme que c’était un titre que lui avaient donné ceux qui s’opposaient à son message, sous-entendant qu’il ne s’exprimait pas clairement ou bégayait.

Vision : Amos est un "voyant". Voir l'introduction générale du prophétisme. Amos reçoit les paroles à transmettre à travers une vision, une façon d'exprimer que Dieu le précède.

Prologue

2Il disait : De Sion, Yahvé rugit et de Jérusalem, il donne de la voix, les pâturages des bergers sont désolés, et la crête du Carmel desséchée.

Le mot hébreu Sion est le nom de la colline sur laquelle Jérusalem fut bâtie, le noyau originel et plus ancien de la ville. Au retour d'exil, Sion désigne directement le site du Temple (Is 60, 140; 1 M 4, 37, 60).

Oracles contre les nations voisines et contre le royaume d'Israël

Contre Damas

3Ainsi parle Yahvé : A cause des trois et à cause des quatre rébellions de Damas, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont haché le Galaad sous des herses de fer, 4je mettrai le feu à la maison d'Hazaël et il dévorera les palais de Ben-Hadad ; 5je ferai sauter le verrou de Damas ; de Biqéath-Awèn, j'extirperai le monarque ; de Beth-Eden, celui qui tient le sceptre ; et alors le peuple d'Aram sera déporté à Qir – dit Yahvé.

Contre Gaza et les Philistins

6Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions de Gaza, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont déporté en masse des déportés, pour les livrer à Edom, 7je mettrai le feu aux murs de Gaza et il dévorera ses palais ; 8d'Ashdod, j'extirperai le monarque, et d'Ashqelôn, celui qui tient le sceptre ; je tournerai la main contre Eqrôn, et le reste des Philistins périra – dit Yahvé Adonaï.

Contre Tyr et les Phéniciens

9Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions de Tyr, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont livré des déportés en masse à Edom, sans avoir gardé la mémoire du pacte entre frères, 10je mettrai le feu aux murs de Tyr, et il dévorera ses palais.

Contre Edom

11Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions d'Edom, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'il a poursuivi de l'épée son frère, et qu'il avait étouffé sa pitié ; parce que sa colère n'a cessé de déchirer et que sa rancune, il l'avait obstinément gardée, 12je mettrai le feu à Témân, et il dévorera les palais de Boçra.

Contre Ammon

13Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions des fils d'Ammon, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont éventré les femmes enceintes du Galaad, afin de pouvoir élargir leur territoire, 14je bouterai le feu aux murs de Rabba et il dévorera ses palais, au cri de guerre d'un jour de bataille, dans la tempête d'un jour d'ouragan ; 15leur roi s'en ira en déportation, lui avec ses officiers en même temps – dit Yahvé.

Contre Moab

2,1 Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions de Moab, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'il a brûlé à la chaux les os du roi d'Edom, 2je mettrai le feu à Moab et il dévorera les palais de Qeriyoth ; Moab mourra dans le fracas, au cri de guerre, au son du cor ; 3de son sein, j'extirperai le juge ; et tous les officiers, je les tuerai avec lui – dit Yahvé.

Contre Juda

4Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions de Juda, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont rejeté l'enseignement de Yahvé, et n'ont pas observé ses décrets ; parce que leurs mensonges les avaient égarés, ceux que suivaient leurs pères, 5je mettrai le feu à Juda, et il dévorera les palais de Jérusalem.

Contre Israël

6Ainsi parle Yahvé : À cause des trois et à cause des quatre rébellions d'Israël, je ne révoquerai pas mon arrêt : parce qu'ils ont vendu le juste pour de l'argent et le pauvre pour une paire de sandales ; 7parce qu'ils sont avides de voir la poussière du sol sur la tête des indigents et qu'ils détournent les ressources des humbles ; après quoi le fils et le père vont vers la même fille, profanant ainsi mon saint Nom ; 8à cause des vêtements en gage qu'ils ont extorqués près de chaque autel et du vin confisqué qu'ils boivent dans la maison de leur Elohim. 9Alors que moi, j'avais exterminé devant eux l'Amorite, dont la majesté égale la majesté du cèdre, et la puissance, celle du chêne ; j'en avais exterminé les fruits par-dessus et les racines par-dessous ; 10alors que moi, je vous avais fait monter du pays d'Égypte, et vous avais conduits quarante ans au désert pour prendre possession du pays de l'Amorite ; 11alors que j'avais suscité, d'entre vos fils, des prophètes et, parmi les meilleurs d'entre vous, des nazirs ; oui ou non, est-ce vrai, fils d'Israël ? – oracle de Yahvé. 12Mais vous faites boire du vin aux nazirs et vous donnez cet ordre aux prophètes : Vous ne prophétiserez pas ! 13Me voici donc pour vous écraser sur place, comme écrase un char qui est tout plein de paille : 14le refuge se dérobera devant l'agile, le courageux ne rassemblera pas ses forces, le héros ne s'échappera pas, 15l'archer ne tiendra plus debout, le coureur agile n'en réchappera pas, le cavalier ne s'échappera pas , 16le plus vaillant de ces héros s'enfuira, tout nu, ce jour-là – oracle de Yahvé.

Oracles contre Israël - Rappel de l'élection, annonce du châtiment

3,1Ecoutez cette parole, celle que Yahvé prononce contre vous, fils d'Israël, contre toute la famille que j'avais fait monter du pays d'Égypte : 2Vous seuls, je vous ai connus, entre toutes les familles de la terre ; c'est pourquoi je vous ferai rendre compte de toutes vos iniquités.

Action de Dieu et prophétie

3Deux hommes vont-ils ensemble s'ils ne se sont pas concertés ? 4Un lion rugit-il dans la forêt sans avoir une proie ? Un lionceau donne-t-il de la voix dans sa tanière s'il n'a pas fait de capture ? 5Un oiseau tombe-t-il à terre sur un piège sans qu'il y ait un appât ? Un piège se soulève-t-il du sol sans avoir fait de capture ? 6Si le cor retentit dans une ville, le peuple n'a-t-il pas été alarmé ? S'il arrive malheur dans une ville, n'est-ce pas Yahvé qui l'a fait ? 7Car Yahvé Adonaï ne fait rien sans révéler son secret à ses serviteurs les prophètes. 8Un lion a rugi, qui ne craindrait ? Yahvé Adonaï a parlé, qui ne prophétiserait ?

Contre Samarie

9Clamez sur les palais, dans Ashdod, sur les palais, dans le pays d'Egypte, et dites : Assemblez-vous sur les montagnes de Samarie , voyez quel amas de désordres en son sein, quelles oppressions au milieu d'elle ! 10Ils n'ont pas le sens de l'action droite, ces entasseurs de violences et de rapines dans leurs palais – oracle de Yahvé. 11C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé Adonaï : L'ennemi encerclera le pays, on te dépouillera de ta puissance, et tes palais seront pillés. 12Ainsi parle Yahvé : Tout comme le berger arrache de la gueule du lion deux pattes ou un bout d'oreille, ainsi seront arrachés les fils d'Israël, ces gens installés à Samarie, au creux d'un divan, au confort du lit. 13Ecoutez et témoignez contre la maison de Jacob – oracle de Yahvé Adonaï, l'Elohim de l'univers (sabaot/des armées): 14c'est qu'au jour où j'interviendrai contre Israël à cause de ses forfaits, j'interviendrai contre les autels de Béthel, on cassera les cornes de l'autel et elles tomberont à terre ; 15je frapperai la maison d'été puis la maison d'hiver, les maisons d'ivoire disparaîtront et les grandes maisons crouleront – oracle de Yahvé.

Amos utilise de nombreux mots pour désigner Dieu : Yahvé, Elohim, Adonaï.

Voir l'étude sur les noms de Dieu.

Contre les femmes de Samarie

4,1 Ecoutez cette parole, vaches du Bashân qui paissez sur la montagne de Samarie, exploitant les indigents, broyant les pauvres, disant à vos maîtres : Apporte à boire ! 2Yahvé le jure par sa sainteté : Oui, voici venir sur vous des jours où l'on vous enlèvera avec des crocs et vos suivantes avec des harpons, 3vous sortirez par les brèches, chacune pour soi, et vous serez rejetées vers l'Harmôn – oracle de Yahvé.

Contre le zèle dans les rites

4Venez à Béthel et révoltez-vous, au Guilgal, multipliez vos révoltes, offrez dès le matin vos sacrifices, le troisième jour, vos dîmes ; 5fais fumer sans levain un sacrifice de reconnaissance, proclamez en public des dons volontaires, car c'est ainsi que vous aimez, fils d'Israël – oracle de Yahvé Adonaï.

L'endurcissement

6C'est moi déjà qui vous ai donné le vide à vous mettre sous la dent en toutes vos villes, la disette de pain en toutes vos demeures, mais vous n'êtes pas revenus jusqu'à moi – oracle de Yahvé. 7C'est moi déjà qui vous avais refusé l'averse à trois mois encore de la moisson, j'avais fait tomber la pluie sur telle ville, et non sur telle autre ; tel champ était arrosé de pluie et le champ sans pluie se desséchait ; 8deux, trois villes, titubant, étaient allées vers une autre ville pour boire de l'eau, sans être désaltérées, mais vous n'êtes pas revenus jusqu'à moi – oracle de Yahvé. 9Je vous avais frappés par la rouille et la nielle, les richesses de vos jardins, de vos vignes, de vos figuiers et de vos oliviers, la chenille les avait dévorées, mais vous n'êtes pas revenus jusqu'à moi – oracle de Yahvé. 10J'avais jeté sur vous la peste venue d'Égypte, j'avais tué par l'épée vos jeunes gens tout en capturant vos chevaux et j'avais fait monter à vos narines la puanteur de votre camp, mais vous n'êtes pas revenus jusqu'à moi – oracle de Yahvé. 11Je vous avais bouleversés autant qu'au bouleversement divin de Sodome et de Gomorrhe, et vous étiez comme un tison arraché de l'incendie, mais vous n'êtes pas revenus jusqu'à moi – oracle de Yahvé. 12Eh bien, voici comment je vais te traiter, Israël : et puisque c'est ainsi que je vais te traiter, prépare-toi à rencontrer ton Dieu, Israël : 13Car voici : Celui qui façonne les montagnes, qui crée le vent, qui révèle à l'homme quel est son dessein, qui, des ténèbres, produit l'aurore, qui marche sur les hauteurs de la terre, il se nomme Yahvé, l'Elohim de l'univers.

Lamentation funèbre sur Israël

5,1 Écouter cette parole, cette lamentation que je profère sur vous, maison d'Israël : 2Elle est tombée, elle ne se relève plus, la vierge d'Israël, elle gît sur sa terre, sans personne pour la relever. 3Car ainsi parle Yahvé Adonaï : De la ville qui recrute un millier d'hommes, il ne restera qu'une centaine ; de celle qui en recrute une centaine, il ne restera qu'une dizaine, pour la maison d'Israël.

Ou la vie ou la mort

4C'est ainsi que parle Yahvé à la maison d'Israël : Cherchez-moi et vous vivrez. 5Mais ne cherchez pas à Béthel, au Guilgal, n'entrez pas, à Béer-Shéva, ne passez pas ; car le Guilgal sera entièrement déporté et Béthel deviendra iniquité. 6Cherchez Yahvé et vous vivrez. Prenez garde qu'il montre sa force, maison de Joseph, tel un feu qui dévore, sans personne pour éteindre, à Béthel. 7Ils changent le droit en poison et traînent la justice à terre. 8L'auteur des Pléiades et d'Orion, qui change l'obscurité en clarté matinale, qui réduit le jour en sombre nuit, qui convoque les eaux de la mer pour les répandre sur la face de la terre : il se nomme Yahvé. 9C'est lui qui livre au pillage l'homme fort, et le pillage force l'entrée de la citadelle… 10Ils haïssent celui qui rappelle à l'ordre le tribunal, celui qui prend la parole avec intégrité, ils l'abominent. 11Eh bien ! puisque vous pressurez l'indigent, lui saisissant sa part de grain, ces maisons en pierre de taille que vous avez bâties, vous n'y résiderez pas ; ces vignes de délices que vous avez plantées, vous n'en boirez pas le vin. 12Car je connais la multitude de vos révoltes et l'énormité de vos péchés, oppresseurs du juste, extorqueurs de rançons ; ils déboutent les pauvres au tribunal. 13Voilà pourquoi, en un tel temps, l'homme avisé se tait, car c'est un temps de malheur. 14Cherchez le bien et non le mal, afin que vous viviez, et ainsi Yahvé, l'Élohim de l'univers, sera avec vous, comme vous le dites. 15Haïssez le mal, aimez le bien, rétablissez le droit au tribunal : peut-être que Yahvé, l'Élohim de l'univers, aura pitié du reste de Joseph. 16Eh bien ! ainsi parle Yahvé, l'Élohim des armées, mon Adonaï : Sur toutes les places, il y aura des funérailles, dans toutes les rues, on dira : Hélas ! hélas ! on invitera le paysan au deuil, aux funérailles, les initiés en complaintes ; 17dans toutes les vignes, il y aura des funérailles, quand je passerai au milieu de toi – dit Yahvé.

Une espérance illusoire

18Malheureux ceux qui misent sur le jour de Yahvé ! A quoi bon ? que sera-t-il pour vous, le jour de Yahvé ? Il sera ténèbres et non lumière. 19C'est comme un homme qui fuit devant un lion et que l'ours surprend ; il rentre chez lui, appuie la main au mur, et le serpent le mord. 20Ne sera-t-il pas ténèbres, le jour de Yahvé, et non lumière, obscur, sans aucune clarté ?

Dieu récuse le culte d'Israël

21Je déteste, je méprise vos pèlerinages, je ne puis sentir vos rassemblements, 22quand vous faites monter vers moi des holocaustes ; et dans vos offrandes, rien qui me plaise ; votre sacrifice de bêtes grasses, j'en détourne les yeux ; 23éloigne de moi le brouhaha de tes cantiques, le jeu de tes harpes, je ne peux pas l'entendre. 24Mais que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable ! 25M'avez-vous présenté sacrifices et offrande au désert, pendant quarante ans, maison d'Israël ? 26Mais vous avez porté Sikkouth, votre Roi, et Kiyyoun , vos images, l'étoile de vos dieux, que vous vous êtes faits. 27Je vous déporterai au-delà de Damas – dit Yahvé, l'Elohim de l'univers, c'est son nom.

Contre l'euphorie des autorités

6,1 Malheureux ceux qui ont fondé leur tranquillité sur Sion et ceux qui ont mis leur sécurité dans la montagne de Samarie, eux, l'élite de la première des nations, vers qui vient la maison d'Israël : 2« Passez par Kalné, disent-ils, et regardez, de là, rendez-vous à Hamath, la grande, puis descendez à Gath des Philistins ; seraient-elles plus prospères que ces royaumes-ci ? et leur territoire serait-il plus grand que votre territoire ? » 3En voulant repousser le jour du malheur, vous rapprochez le règne de la violence. 4Allongés sur des lits d'ivoire, vautrés sur leurs divans, ils se régalent de jeunes béliers et de veaux choisis dans les étables ; 5ils improvisent au son de la harpe, chantant comme David leurs propres cadences, 6buvant du vin dans des coupes, et se parfumant à l'huile des prémices, mais ils ne ressentent aucun tourment pour la ruine de Joseph. 7C'est pourquoi, maintenant, ils vont être déportés en tête des déportés, et finie la confrérie des avachis !

La destruction de la capitale

8Yahvé le jure par lui-même – oracle de Yahvé, l'Élohim de l'univers : Moi qui abhorre l'orgueil de Jacob, et qui déteste ses palais, je livrerai la ville tout entière ; 9s'il arrivait que dix hommes restent dans une même maison, ils mourraient. 10Le parent qui emportera les cadavres hors de la maison pour les brûler dira à celui qui est au fond de la maison : « Y a-t-il encore quelqu'un avec toi ? » Il répondra : « C'est fini ! » On dira : « Silence ! » Plus personne pour invoquer le nom de Yahvé ! 11Oui, voici Yahvé qui commande ; il frappe : la grande maison s'écroule, même la petite se lézarde.

La justice devenue folle

12Est-ce que des chevaux galopent sur les rochers, y laboure-t-on avec des bœufs, pour que vous fassiez tourner le droit en poison et le fruit de la justice en ciguë ?

Victoire pour rien

13Ils se réjouissent pour Lodevar – pour rien – et disent : « N'est-ce pas par notre force que nous avons fait, nous, la conquête de Qarnaïm – les deux cornes ? » 14Me voici donc, je vais lever contre vous, maison d'Israël, – oracle de Yahvé, l'Élohim de l'univers – une nation, pour vous opprimer depuis Lebo-Hamath jusqu'au torrent de la Araba .

Visions

Première vision : les sauterelles

7,1 Voici ce que me fit voir Yahvé, mon Élohim : il produisait des sauterelles, quand le regain commençait à pousser – c'était le regain qui vient après la fenaison du roi ; 2comme elles avaient dévoré toute l'herbe du pays, je dis : « Adonaï, Yahvé, pardonne, je t'en prie, Jacob pourrait-il tenir ? il est si petit ! » 3Yahvé s'en repentit : « Cela n'arrivera pas », dit Yahvé.

Deuxième vision : le feu

4Voici ce que me fit voir Adonaï Yahvé, Adonaï Yahvé intentait procès par un feu qui avait dévoré le grand Abîme et dévorait le territoire ; 5je dis : « Adonaï, Yahvé, arrête, je t'en prie, Jacob pourrait-il tenir ? il est si petit ! » 6Yahvé s'en repentit : « Cela non plus n'arrivera pas », dit Adonaï Yahvé.

Troisième vision : l'étain

7Voici ce qu'il me fit voir : mon Adonaï, debout sur une muraille d'étain, tenait de l'étain à la main. 8Yahvé me dit : « Que vois-tu, Amos ? » Je dis : « De l'étain. » Mon Adonaï me dit : « Voici que je viens mettre l'étain au milieu d'Israël, mon peuple ; pour lui, je ne passerai pas une fois de plus. 9Les hauts lieux d'Isaac seront dévastés, les sanctuaires d'Israël, rasés, quand je me lèverai avec l'épée contre la maison de Jéroboam. »

Amos expulsé de Béthel

10Le prêtre de Béthel, Amacya, envoya dire à Jéroboam, le roi d'Israël : « Amos conspire contre toi au sein de la maison d'Israël ; le pays ne peut plus rien tolérer de ce qu'il dit. Car c'est ainsi que parle Amos : 11C'est par l'épée que mourra Jéroboam et Israël sera entièrement déporté loin de sa terre. » 12Amacya dit alors à Amos : « Va-t'en, voyant ; sauve-toi au pays de Juda : là-bas, tu peux gagner ton pain et prophétiser, là-bas ! 13Mais à Béthel, ne recommence pas à prophétiser , car c'est ici le sanctuaire du roi, le temple royal ! » 14Amos répondit à Amacya : « Je n'étais pas prophète, je n'étais pas fils de prophète, j'étais bouvier, je traitais les sycomores ; 15mais Yahvé m'a pris de derrière le bétail et Yahvé m'a dit : Va ! prophétise à Israël mon peuple . 16Maintenant donc, écoute la parole de Yahvé : Tu déclares : Tu ne prophétiseras pas contre Israël, tu ne baveras pas sur la maison d'Isaac ! 17C'est pourquoi, ainsi parle Yahvé : Ta femme, elle se prostituera dans la ville ; tes fils et tes filles, ils tomberont sous l'épée ; ta terre, elle sera partagée au cordeau ; toi, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera entièrement déporté loin de sa terre. »

Quatrième vision : la fin de l'été

8,1 Voici ce que me fit voir Adonaï Yahvé : c'était une corbeille de fruits de fin d'été. 2Il dit : « Que vois-tu, Amos ? » Je dis : « Une corbeille de fruits de fin d'été. » Yahvé me dit : « La fin est arrivée pour Israël, mon peuple ; pour lui, je ne passerai pas une fois de plus. 3Les chants du temple gémiront, ce jour-là – oracle de Yahvé, mon Élohim – nombreux seront les cadavres, partout s'impose le silence . »

La rapacité des marchands

4Ecoutez ceci, vous qui vous acharnez sur le pauvre pour anéantir les humbles du pays, 5vous qui dites : « Quand donc la nouvelle lune sera-t-elle finie, que nous puissions vendre du grain, et le sabbat, que nous puissions ouvrir les sacs de blé, diminuant l'épha, augmentant le sicle, faussant des balances menteuses , 6achetant des indigents pour de l'argent et un pauvre pour une paire de sandales ? Nous vendrons même la criblure du blé ! » 7Yahvé le jure par l'orgueil de Jacob : Jamais je n'oublierai aucune de leurs actions ; 8à cause de cela, la terre ne va-t-elle pas frémir et tous ses habitants prendre le deuil ? Elle gonflera, tout entière, comme le fleuve, elle s'enflera et s'affaissera comme le fleuve d'Égypte. Le jour de Yahvé : jour de deuil, de silence et de mort 9Il arrivera, ce jour-là – oracle de Adonaï Yahvé – où je ferai se coucher le soleil en plein midi et enténébrerai la terre en plein jour ; 10j'y ferai tourner en deuil vos pèlerinages, en lamentations tous vos chants ; je mettrai sur tous les reins un sac, je raserai toutes les têtes ; je vous le ferai porter comme le deuil d'un fils unique, et ce qui s'ensuivra ressemblera à un jour d'amertume. 11Voici venir des jours – oracle de Yahvé, Adonaï – où je répandrai la famine dans le pays, non pas la faim du pain, ni la soif de l'eau, mais celle d'entendre la parole de Yahvé. 12On ira titubant d'une mer à l'autre, errant du nord à l'est, pour chercher la parole de Yahvé, et on ne la trouvera pas ! 13Ce jour-là, les vierges en leur beauté et les jeunes hommes dépériront de soif ; 14ceux qui jurent par le Péché de Samarie, et qui disent : « Vive ton Elohim, Dan ! Vive la Puissance de Béer-Shéva ! » tomberont et ne se relèveront plus !

Cinquième vision : le sanctuaire ébranlé

9,1 Je vis mon Seigneur debout sur l'autel, qui disait : Frappe le chapiteau, et les seuils trembleront ; retranche tous ceux qui sont en tête, et les suivants, je les tuerai par l'épée ; ils n'auront pas un fuyard qui pourra s'enfuir, ils n'auront pas un rescapé qui pourra s'échapper ; 2s'ils forcent l'entrée du séjour des morts, ma main les en retirera, s'ils montent au ciel, je les en ferai descendre ; 3s'ils se cachent sur la crête du Carmel, je les rechercherai et les en tirerai ; s'ils se dérobent à mes yeux au fond de la mer, je donnerai l'ordre au Serpent de les y mordre ; 4s'ils se rendent en captifs au-devant de leurs ennemis, je donnerai l'ordre à l'épée de les y tuer ; j'aurai l'œil sur eux, pour le mal et non pour le bien. Yahvé, maître de la terre et du ciel 5Adonaï Yahvé de l'univers (des armées), touche-t-il la terre, qu'elle tremble, et que tous ses habitants prennent le deuil ; elle gonfle, tout entière, comme le fleuve, elle s'affaisse, comme le fleuve d'Égypte ; 6celui qui dresse son escalier dans le ciel et qui érige son palais au-dessus de la terre ; celui qui convoque les eaux de la mer et qui les répand sur la face de la terre, Yahvé, c'est son nom.

Israël sans privilèges ?

7Pour moi, n'êtes-vous pas comme des fils de Nubiens, fils d'Israël ? – oracle de Yahvé. N'ai-je pas fait monter Israël du pays d'Égypte, les Philistins de Kaftor et Aram de Qir ?

Le châtiment des coupables

8Voici les yeux de Yahvé, Adonaï, sur le royaume coupable : Je vais l'exterminer de la surface du sol, toutefois, je n'exterminerai pas entièrement la maison de Jacob – oracle de Yahvé. 9Oui, voici que je vais donner des ordres : je vais secouer, parmi toutes les nations, la maison d'Israël, comme on secouerait dans un crible sans que la plus petite pierre tombe à terre ; 10c'est par l'épée que vont mourir tous les coupables de mon peuple, eux qui disaient : « Il ne s'approchera pas, il ne nous arrivera pas, le malheur ! »

La restauration du royaume de David

11Ce jour-là, je relèverai la hutte croulante de David , j'en colmaterai les brèches, j'en relèverai les ruines, je la dresserai comme aux jours d'autrefois, 12de sorte qu'ils posséderont le reste d'Edom et de toutes les nations sur lesquelles mon nom a été prononcé – oracle de Yahvé, qui va l'accomplir.

La restauration d'Israël

13Voici que viennent des jours – oracle de Yahvé – où le laboureur suit de près celui qui moissonne, et le vendangeur celui qui sème ; où les montagnes font couler le moût et chaque colline ruisselle ; 14je change la destinée d'Israël, mon peuple : ils rebâtissent les villes dévastées, pour y demeurer, ils plantent des vignes, pour en boire le vin, ils cultivent des jardins, pour en manger les fruits ; 15je les plante sur leur terre : ils ne seront plus arrachés de leur terre, celle que je leur ai donnée – dit Yahvé, ton Élohim.